Une vieille amie
La recette du best-seller ou le plagiat par clients

Une fois par mois

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Une fois par mois sauf l'été (trêve estivale) je vais à l'encyclopédie des guerres (pourquoi persisté-je à l'appeler "petite", curieux) à Beaubourg. C'est Jean-Yves Jouannais qui se livre à se travail de fou, la guerre, les guerres (enfin jusqu'en août 45) de A à Z. Je sais précisément pour quelles raisons j'y vais avec une assiduité de noyée envers sa bouée et la plus évidente et avouable est que j'y écoute la guerre telle que mon grand-père aurait voulu me la raconter, lui qui avait "fait" Verdun et en était revenu (blessé), lui qui un jour dans la 4L de mon cousin Vincent avait voulu m'en raconter et que sa fille ma mère l'avait engueulé en s'en apercevant, engueulé sans respect. D'où que tout ce qu'il avait pu me dire pendant ce trajet de la maison de mes oncles et tantes au lieu de promenade ou de restaurant de cette fête de famille, aujourd'hui oubliée s'est envolé. Je me souviens seulement que c'était fichtrement intéressant, que j'avais tout à fait l'âge d'entendre et de comprendre, je savais déjà de la dureté de la vie, je lisais en catimini les magazines d'infos de mon père - ô temps béni des emballages craft dans lesquels les magazines était simplement glissé -. Mais voilà ma mère écume Il ne faut pas parler de la guerre aux enfants. Alors que c'était à elle qu'il ne fallait pas en parler. J'avais 10 à 12 ans. Et la Grande Guerre celle qu'on avait si naïvement prise pour la Der des Der, a pour moi pour toujours la forme d'une 4L bleu pâle. Ce qui demeure curieux.

Alors voilà, Jean-Yves peu à peu m'aide à rectifier le tir. J'ai soif de savoir ce qu'on ne m'a pas transmis. 

L'écouter me rapproche de ma grand-mère inconnue aussi. Elle qui mourut en novembre 1944 des conséquences indirectes du débarquement qui avait laissé tant de gens sans presque de maison. Il faisait froid, elle avait accouché depuis peu, le bébé est tombé malade dans les courants d'air de début d'hiver d'une maison sans chauffage central ni toit, il est mort et la grand-mère qui en avait vu d'autres et s'était cramponnée jusque-là a peu après suivi. Pneumonie. (à ce qu'on m'a dit).

Elle aussi fait partie de la génération des deux guerres ; celle à laquelle je pense quand je me sens flancher, celle qui aura connu une guerre à 20 ans et l'autre à 40 ; celle qui nous fait honte de nous plaindre de nos contemporains tracas.

Les séances que nous offre Jean-Yves non seulement sont instructives mais aussi consolantes.

Encore une fois solide merci à lui.

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