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Plaisir inattendu

 

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Claquée dans l'ensemble ces jours-ci (entre le contre-coup des retours de difficiles santés et celui des un ans sans) particulièrement en ce jeudi, je me satisfaisais presque à l'idée d'une soirée passée à la maison afin de prendre des forces pour les deux jours suivants prévus de librairie avec (réjouissantes) soirées. 

Et puis voilà quelques textos et une invitation lancée et vers 16h30 l'orientation de la soirée change du tout au tout avec un tonifiant concert d'Olivier Mellano (1). Ces moments où soudain Paris devient une ville magique qui offre des surprises culturelles d'une grande qualité et qui offrent intérieurement d'autres voyages qu'on n'a pas faits.

Siri, Olivier, who else ?

 

(1) Qui plus est dans la salle où l'an passé Proust avait été lu.

PS : Et en plus en rentrant le bonheur d'une très belle carte postale, contenu et contenant. Ça compte. 


Coupe du monde, de quoi déjà ?


Via @marcelsel cette chronique de John Oliver, si j'ai bien compris une régulière sur HBO, et qui dit juste, sous couvert d'humour.

En fait l'un des problèmes du capitalisme et du fait qu'à ce point sans limites l'argent gouverne le monde et le quotidien de nos vies, c'est qu'il pourrit de l'intérieur chacun de nos plaisirs, jusqu'à l'amour aussi. J'ai aimé le foot enfant, c'était avec les livres ma passion. La violence et le monstrueux business que c'est devenu, le mépris dans lequel les dirigeants mêmes, qui en vivent grassement, tiennent les tifosi, les petites gens, m'en ont éloignée. Je ne dois pas être la seule.

Il sera difficile de regarder le moindre match sans arrière-pensées, et en 2022 ça sera pire. Que faire ?

(Je reste encore sensible à la beauté d'un but)(mais pour combien de temps ?)


Splendid spam

Bonjour je suis Awa SANKOH, l'épouse du défunt FREDERICK SANKOH. Avant l'assassinat de mon époux par les forces royales du Major JOHN PAUL KOROMAH, il était le Directeur Général de la production de l'Or et du Diamant. Deux jours avant son assassinat, mon époux m'a demandé de quitter la SIERRA LEONNE ; mes enfants PRINCE KINGSLEY et MAXWELL avec 25 millions de dollar USD.Je demande votre assistance pour le transfert de ce fond dans votre pays et investir dans une affaire rentable.Pour votre assistance je vous promet 15% de la somme totale.J'attends votre réponse pour plus de détails. Mme Awa SANKOH
 

Reçu aujourd'hui. En plus que tout était dans l'objet.

(et que j'adore les prénoms mentionnés)


Bernache nonnette

 

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Grâce à Charles Lemaire qui sur FB m'a renseignée (1), je sais que pour la première fois aujourd'hui, ou du moins la première fois dans Paris, j'ai vu une bernache nonnette. C'était au square des Batignolles après une brève incursion sur un chantier (en simple visiteuse mais j'ai tant aimé rejoindre un brin mon (glorieux ;-) ) passé, et ce plaisir qu'il y a à tout encore piger). J'aime apprendre. J'aime les premières fois. J'aime que malgré d'avancer en âge elles ne se raréfient pas tant que cela. J'aime qu'elles portent sur des choses qui peuvent paraître insignifiantes mais ne le sont pas pour moi.

Grand merci à celui qui m'a informée.

 

(1) après une tentative incomplète par @MGZALLP mais dont l'écran était par trop intermittent


Le nombre de choses

 

 

J'en parlais ces jours-ci avec l'un de mes jeunes collègues (1), c'est un grand bonheur de l'internet par rapport aux temps d'antan, que lorsqu'on adore apprendre ou ne pas patauger dans les questionnenements, on puisse toujours trouver sinon des réponses du moins des documents et pléthores de renseignements - parmi lesquels il faut apprendre à faire le tri, certes -.

Je tombe donc ce soir car je profite du jour férié pour tenter de rattraper des lectures mon (immense) retard, sur ce billet de Xave, particulièrement instructif. Ce qui est amusant c'est qu'étant de l'ancien temps, il me reste que souvent des lectures en papier précèdent encore ce que je peux apprendre sur l'internet, mais plus le temps passe plus l'écart se réduit. J'ai ainsi presque achevé celle de "Je suis à l'est" de Josef Schovanec, lequel m'a sauté dans les mains à la librairie (2), et recoupe en de nombreux points ce que Xave décrit. Outre que j'adore son humour au gars, il fait partie des livres qui auront changé quelque chose ou auraient pu si je les avais croisés plus tôt ou si j'avais eu des parents moins limités dans leur propre vie et par ricochets leurs modes de pensées ou si désireux de trop bien faire.

Je reste cependant légèrement sceptique, car j'ai l'impression toutes ces dernières années qu'un mouvement venu du monde anglo-saxon tend à "caser" les gens afin de mieux éviter de remettre la société en question. On est donc dépressifs, bipolaires ou Aspies, catalogués ainsi dès lors que des composantes de notre personnalité pourraient remettre en question ce monde de concurrence et de surproduction effrénés. J'aurais tendance à ne penser autistes que les personnes pourvues d'un réel handicap relationnel. De même que pour moi le diagnostic de dépression ne s'entend que si la vie ne va pas mal, quelqu'un en deuil ou qui peine à se remettre d'une rupture, d'un licenciement n'est pas dépressif, il ou elle est en deuil d'avoir subi un sale coup. Et l'on a tendance à étiqueter comme bipolaires, façons de les excuser pour leurs sautes d'humeur, des personnes qui sont tout simplement "soupe au lait" (par exemples) et que c'est peut-être de mettre les gens au boulot sans arrêt sous pression qui tend à les rendre encore plus ainsi.

On ne dira jamais assez à quel point l'internet, malgré que les instances dirigeantes cherchent à tout prix à le diaboliser car il offre à leurs yeux trop de liberté, et que oui d'accord il s'y passe et s'y disent des choses aussi moches que dans la vie concrète, aura permis de réduire globalement la solitude et l'isolement, aura offert de formidables et secourables échanges d'informations, aura permis à tous ceux que limitent des difficultés physiques, sociales ou de déplacements de ne pas rester ignorants dans leur coin. 

Le nombre de choses que l'internet aura permises pour certains de mes amis et moi est impossible à dénombrer.

(1) On sait qu'on a vieilli lorsque presque tous les collègues nous paraissent jeunes.

(2) C'est ainsi, les amoureux me fuient, mais les livres, eux, viennent vers moi.

 

 

Lire la suite "Le nombre de choses " »


Auto-blague de lectrice (trop) pressée

 

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Je n'avais pas à proprement parler de retard de lecture, c'est simplement que je devais à la fois avancer dans mes lectures pour le prix biblioblog, suivre celles du club des lecteurs inguérissables de l'Attrape-Cœurs, assurer des lectures et notes afférentes pour la librairie où je travaille, et ne pas oublier mon plaisir (pour une fois qu'une satisfaction ne dépend que de soi), ni mon instruction. 

La période n'était pas avare de perturbations (j'écris ce billet en avril ; avec un optimisme forcené, je suppose qu'en juin ce qui me préoccupe actuellement, les questions de santé (not mine) seront en bonne voie de résolution, que par ailleurs un an après ce qui m'a abattue je serai parvenue à refaire surface enfin, qu'au travail tout ira bien, que j'aurais repris d'écrire (pour du long) ...).

Il n'est donc pas exclu que j'ai lu son début dans les transports en commun et l'esprit ailleurs. Lequel début prenait la forme d'un préambule, procédé que je goûte assez peu, à moins d'en faire quelque chose de drôle. Or il s'agissait là d'un préambule classique destiné à appâter un peu le lecteur. S'y glissait une discrète indication temporelle que je n'ai pas retenue. Sans doute ici et là quelques autres par la suite mais le roman étant de Japon bucolique, jardins expressifs, peintures sur éventails, thés et traditions (comme je l'expliquais à qui j'ai fait sourire alors), j'étais persuadée qu'on était juste avant ou juste après la seconde guerre mondiale, plutôt avant, car on y parlait peu de retombées radioactives et autres pollutions. On y parlait peu jusque vers la page 139 où je pris soudainement conscience que ce tremblement de terre, suivi d'un fort tsunami lui-même à l'origine de sérieux tracas nucléaire n'était autre que celui de Fukushima 11 mars 2011 et que donc j'avais parcouru les deux tiers du roman dans une tout autre époque que celle qu'il décrivait.

Au demeurant cette fiction n'est pas sans charmes, je l'ai lue avec un plaisir croissant. Particulièrement touchée par une certaine rupture amoureuse, laquelle sauvera probablement la vie du supplanté et par les descriptions d'états de choc après la catastrophe qui m'ont semblée bien saisies, pour le peu que j'ai eues (de moins graves) à en traverser.

PS : Pour répondre à la question d'une amie, non, je ne crois pas que ce fût volontaire de la part de l'auteur. Simplement ses personnages mènent une vie quotidienne singulièrement filtrée de l'essentiel de la modernité. En retrait du monde. Qui les rattrapera.

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Des voyages palliatifs aux lecteurs arborés

 

J'ai renoncé aux voyages le jour où en plus d'être parents nous avons acheté dans cette région parisienne à l'immobilier fou, un appartement. J'espérais vaguement en cas de survie, retrouver après le grandissement de la progéniture et la fin de notre endettement une mobilité géographique correspondant à mes aptitudes - ma vie n'en porte pas trace mais je suis nomade en mon âme -. Hé bien non, voire même au contraire : travail (je ne m'en plains pas), amours manquées et manque d'argent m'arriment à Paris comme une moule à son rocher.

J'ai cru un moment m'être adaptée y compris à l'absence d'Italie (qui m'a tant fait souffrir les premières années) ; mais il se trouve qu'à nouveau comme pour l'amour revient le manque. Google street view permettant d'assez jolis voyages virtuels, je connais même un spécialiste (1), depuis quelques temps je me console en jetant parfois un coup d'œil sur les lieux qu'indique mon outil statistique de blog. Je sais qu'ils ne correspondent généralement pas à l'endroit réel de localisation des lecteurs (j'ai testé avec quelques amis), souvent c'est là où sont les serveurs, parfois c'est d'une grande fantaisie (2). Bref, le but du jeu n'est pas tant de savoir où sont les visiteurs que d'obéir à une sorte de contrainte oulipienne qui guide des voyages immobiles effectués de ma table de cuisine, mais dans le monde entier.

Il n'empêche que le plus souvent le résultat indique sinon une ville du moins un lieu avec des bâtiments (souvent de type universités ou data center) ; et qu'il est assez surprenant lorsque la géolocalisation fantaisiste semble indiquer un lecteur assidu en un lieu tel que celui-là : 

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(1) Olivier Hodasava

(2) Un de mes camarades, francilien, se retrouve à Kiev, lui-même ignore au gré de quel reroutage, lui qui ne se sait pas compétences en bidouillages de proxys. Moi-même suis géolocalisée le plus souvent en Basse Normandie (tant qu'elle existe), assez fréquemment vers la Défense, sans doute des centres de traitements de mon opérateur.

PS : L'avantage des arbres c'est qu'au moins ils ne risquent pas de me faire le coup du déni (un an d'avoir été quittée-escamotée, si long, et nonobstant déjà)


Ça tient un peu du quai 9 3/4

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Je tombe de sommeil, alors il faudra attendre demain avant que je ne puisse vous parler d'un endroit étrange au cœur de la ville auquel j'ai accédé presque par inadvertance. On s'attendrait presque à s'y transformer en Alice (1), d'autant plus qu'il s'en fallait de peu d'y croiser une reine.  et qu'on sentait que ni le lapin blanc ni le chapelier fou n'étaient vraiment loin.

 

(1) celle de Lewis Carroll, of course


Choses qu'on savait mais qu'à voir ça peine

 

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Je n'étais pas retournée depuis sa pré-fermeture à la librairie où j'ai aimé travailler et où j'aurais appris malgré les temps difficiles grâce à un homme passionné (et qui quoi qu'il en disait le restait) les beautés du métier. (Les difficultés pas besoin de les apprendre on se les mange en plein dans le nez). 

L'homme de la maison est venu ce soir me chercher à mon nouveau travail et c'était un peu comme si nous marchions au hasard, mais un peu pas totalement. À un moment donné il m'a proposé puisque nous nous sommes trouvés à dîner non loin, de passer, allez.

Je crois qu'il avait compris que comme pour les chutes de cheval, il ne faut pas trop attendre pour remonter en selle lorsqu'elles ne furent ni handicapantes ni mortelles. Je crois qu'il a compris aussi qu'il vallait mieux à causes des chagrins coordonnés, que je n'y passe pas en étant seule et que comme il n'y a plus personne d'autre pour le faire, il s'est finalement dévoué. 

Qu'enfin il était peut-être plus que moi un peu curieux de voir ce que ça donnait, qui préférais ne pas me hâter d'être confrontée au fait que déjà mes années là étaient de l'ordre du pur souvenir.

Voilà donc en lieu et place d'une librairie qui ne manquait pas d'âme, une prochaine boutique d'une enseigne générique vinicole. C'est plutôt honorable, au vu du quartier et je peux supposer que c'est le moins pire des successeurs possibles. Des personnes repartaient de ces lieux avec un bon livre, elles repartiront avec une bonne bouteille, l'endroit restera un lieu où l'on vient chercher des pièces de réconfort.

J'étais presque avertie, je n'ai pas été prise par surprise, rien de cet ordre. Il n'empêche que c'est le même écart qu'entre être quitté(e) par la personne qu'on aime et du coup ne plus se voir et finalement un jour la croiser au bras de son ou sa nouvelle bien-aimée. On était super bien placé pour le savoir, ce nouveau couple qui s'était formé, mais le voir tripe les entrailles.

Finalement la boutique et moi avons subi sort semblable, d'être éliminée pour un produit plus standard, mieux adapté à ce monde d'apparences, de fric et de rendement. Un monde où l'on a de moins en moins la possibilité d'être différents, d'avoir sa façon, de refuser le "faire semblant".

Et je suis très consciente que mon pincement au cœur devant le nouvel aspect des lieux n'est rien à côté de ce que doit éprouver mon ancien patron si d'aventure il vient à passer - peut-être que comme je l'ai fait pendant près d'un an, il a évité d'avoir à le faire récemment -. Malgré mes limites physiques qui m'ont empêchées d'écrire comme je voulais (surtout la dernière année, cet hiver qui refusait d'en finir), j'aurais connu grâce à lui en ces lieux un vrai temps de bonheur professionnel. C'est quelque chose qui ne s'oublie pas.

Il est étrange pour moi de constater à quel point la destruction de mes lieux de travail successifs semblent être une constante ; dans la mesure où je n'y suis pour rien, je me demande s'il ne s'agirait pas d'un élément symptômatique de notre époque, que tout salarié s'y trouve même si à moindre degré concerné.

Enfin, cette crise dont on souhaite nous faire croire qu'elle est derrière, continue ses ravages : le nombre de boutiques il y a un an encore actives désormais vides équipées d'un panneau "bail à céder" et de "Bureaux à louer" dans les étages dans les avenues et rues entre mon ancien lieu de travail et la gare Satin Lazare a augmenté d'une façon qui s'impose à l'œil.  CIMG7705

Comme chantait Souchon dès 2005, "Putain, ça penche. On voit le vide à travers les planches"

 

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Le corps gommé

 

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La consigne m'a d'abord fait sourire car en la lisant j'ai aussitôt eu la vision de l'homme invisible ou plutôt du passe-muraille, en femme qui tenant une gomme en main s'auto-effaçait. Pensez donc, il était formellement interdit de se gommer le corps.

Et puis j'ai eu la sensation que c'était aussi les mots juste pour qualifier ce que quelques bien-aimés m'ont fait : me gommer le corps. Pour eux il n'existe plus. Ils m'ont éliminée ; ils estimaient que j'encombrais.

Alors le panneau ne m'a plus fait rire. Ou disons : nettement moins.

 

PS : À part ça et si j'ai bien compris qu'il s'agissait d'un soin cosmétique, je ne vois pas très clairement en quoi peut consister ce gommage si formellement interdit dans le hammam (dans le sauna aussi).