La recette du best-seller ou le plagiat par clients
21 juin 2014
Un jour de travail de libraire que j'avais plus que d'autres trouvé rempli de conseils pour cadeaux d'hôpital, je n'ai rien contre, notez, simplement j'avais été marquée par la répétition des demandes semblables, j'ai écrit à une amie qui écrit par métier que si elle voulait commettre un best-seller honorable, il convenait de s'atteler à répondre à la demande suivante :
"Je cherche un livre, c'est pour un(e) ami(e) qui est à l'hôpital, alors pas trop triste, et qu'on peut lire par petits moments et qui ne pèse pas trop lourd."
Voilà qu'elle me répond, réjouie, qu'en 2001 dans un de ses recueils de nouvelles une dame dit à un écrivain censé signer dans un salon du livre, qu'elle "souhaitait offrir à une amie âgée, récemment hospitalisée un livre pas trop lourd à tenir, pas trop triste dans son état vous comprenez, mais bien écrit quand même vous voyez ..."
Je confirme que non seulement c'est une condition nécessaire (1) (mais pas suffisante, ni à ce point inévitable (ouf)) pour un best seller mais que me voilà donc coupable d'un splendide plagiat par clients. Ou que mes clients sont victimes d'un merveilleux plagiat par anticipation.
Merci à eux, grand merci à l'amie, immense sourire grâce à tous.
(1) Sur la question du volume et du poids je ne plaisante vraiment pas : j'ai vu des clients s'orienter vers un livre plutôt qu'un autre pour ces simples raisons et qui n'avaient strictement rien à voir avec le texte mais bien avec la faiblesse physique présumée du lecteur final ou à des contrôles drastiques de poids dans les avions. À quoi ça tient, les choses.