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Le mariage des Biboux
29 juin 2014
Alors en vrai j'assistais à un événement
29 juin 2014
qui a mis tout Clohars-Carnoët à sa fenêtre.
PS : Restera le mystère du "Merci, depuis le temps" prononcé par le vieux monsieur d'un couple au café à la table d'à côté, juste après. A-t-il vraiment dit ça, ou avons-nous pris nos rêves pour une réalité ?Week-end en Écosse
29 juin 2014
La recette du best-seller ou le plagiat par clients
21 juin 2014
Un jour de travail de libraire que j'avais plus que d'autres trouvé rempli de conseils pour cadeaux d'hôpital, je n'ai rien contre, notez, simplement j'avais été marquée par la répétition des demandes semblables, j'ai écrit à une amie qui écrit par métier que si elle voulait commettre un best-seller honorable, il convenait de s'atteler à répondre à la demande suivante :
"Je cherche un livre, c'est pour un(e) ami(e) qui est à l'hôpital, alors pas trop triste, et qu'on peut lire par petits moments et qui ne pèse pas trop lourd."
Voilà qu'elle me répond, réjouie, qu'en 2001 dans un de ses recueils de nouvelles une dame dit à un écrivain censé signer dans un salon du livre, qu'elle "souhaitait offrir à une amie âgée, récemment hospitalisée un livre pas trop lourd à tenir, pas trop triste dans son état vous comprenez, mais bien écrit quand même vous voyez ..."
Je confirme que non seulement c'est une condition nécessaire (1) (mais pas suffisante, ni à ce point inévitable (ouf)) pour un best seller mais que me voilà donc coupable d'un splendide plagiat par clients. Ou que mes clients sont victimes d'un merveilleux plagiat par anticipation.
Merci à eux, grand merci à l'amie, immense sourire grâce à tous.
(1) Sur la question du volume et du poids je ne plaisante vraiment pas : j'ai vu des clients s'orienter vers un livre plutôt qu'un autre pour ces simples raisons et qui n'avaient strictement rien à voir avec le texte mais bien avec la faiblesse physique présumée du lecteur final ou à des contrôles drastiques de poids dans les avions. À quoi ça tient, les choses.
Une fois par mois
20 juin 2014
Une fois par mois sauf l'été (trêve estivale) je vais à l'encyclopédie des guerres (pourquoi persisté-je à l'appeler "petite", curieux) à Beaubourg. C'est Jean-Yves Jouannais qui se livre à se travail de fou, la guerre, les guerres (enfin jusqu'en août 45) de A à Z. Je sais précisément pour quelles raisons j'y vais avec une assiduité de noyée envers sa bouée et la plus évidente et avouable est que j'y écoute la guerre telle que mon grand-père aurait voulu me la raconter, lui qui avait "fait" Verdun et en était revenu (blessé), lui qui un jour dans la 4L de mon cousin Vincent avait voulu m'en raconter et que sa fille ma mère l'avait engueulé en s'en apercevant, engueulé sans respect. D'où que tout ce qu'il avait pu me dire pendant ce trajet de la maison de mes oncles et tantes au lieu de promenade ou de restaurant de cette fête de famille, aujourd'hui oubliée s'est envolé. Je me souviens seulement que c'était fichtrement intéressant, que j'avais tout à fait l'âge d'entendre et de comprendre, je savais déjà de la dureté de la vie, je lisais en catimini les magazines d'infos de mon père - ô temps béni des emballages craft dans lesquels les magazines était simplement glissé -. Mais voilà ma mère écume Il ne faut pas parler de la guerre aux enfants. Alors que c'était à elle qu'il ne fallait pas en parler. J'avais 10 à 12 ans. Et la Grande Guerre celle qu'on avait si naïvement prise pour la Der des Der, a pour moi pour toujours la forme d'une 4L bleu pâle. Ce qui demeure curieux.
Alors voilà, Jean-Yves peu à peu m'aide à rectifier le tir. J'ai soif de savoir ce qu'on ne m'a pas transmis.
L'écouter me rapproche de ma grand-mère inconnue aussi. Elle qui mourut en novembre 1944 des conséquences indirectes du débarquement qui avait laissé tant de gens sans presque de maison. Il faisait froid, elle avait accouché depuis peu, le bébé est tombé malade dans les courants d'air de début d'hiver d'une maison sans chauffage central ni toit, il est mort et la grand-mère qui en avait vu d'autres et s'était cramponnée jusque-là a peu après suivi. Pneumonie. (à ce qu'on m'a dit).
Elle aussi fait partie de la génération des deux guerres ; celle à laquelle je pense quand je me sens flancher, celle qui aura connu une guerre à 20 ans et l'autre à 40 ; celle qui nous fait honte de nous plaindre de nos contemporains tracas.
Les séances que nous offre Jean-Yves non seulement sont instructives mais aussi consolantes.
Encore une fois solide merci à lui.
Une vieille amie
19 juin 2014
Ce jeudi-là tu avais eu besoin de monnaie et comme c'était le jour du Monde des Livres tu t'étais dit, tiens, pourquoi pas, accordons-nous la folie luxueuse d'un journal en papier. Depuis que la dèche relative mais persistante a commencé à poindre, à l'époque où deux salaires sur deux de la maisonnée de quatre s'étaient trouvés versés en décalés, d'où comptes dans le rouge, frais d'anomalie, comptes encore plus dans le rouge et que le four micro-onde en accord avec la machine à café étaient tombés en panne alors qu'on payait par ailleurs la mise aux normes de l'ascenseur (afin qu'il puisse entre autre accueillir un fauteuil roulant ... qui n'y rentrera jamais pour cause d'exiguité), bref, tout ce que les habitants des pays riches peuvent inventer pour se retrouver dans cette sorte d'étrange pauvreté de nantis. Bref, depuis ce sale moment dont nous ne sommes pas encore remontés, j'ai cessé d'acheter les journaux papiers à part le sagement hebdomadaire et peu coûteux Canard Enchaîné.
Donc oui, acheter le Monde ce jeudi-là c'était un peu d'un luxe. Aussitôt j'ai vu qu'il était accompagné moyennant un supplément encore raisonnable, d'un bref livre de genre policier écrit par l'un de mes amis (1). Je l'avais acheté puis lu avec plaisir.
J'avais ce jour-là une double soirée - l'Encyclopédie des guerres à Beaubourg, que je ne manquerai qu'en cas d'absence de la ville ou de force majeure ; puis une soirée chez les camarades de Charybde -, ce qui fait que ce n'est qu'au lendemain matin que j'ai ouvert Le Monde des Livres. Sur une des pleines pages intérieures, longue interview d'une femme écrivain avec sa photo, qui est la première chose que je vois et j'ai le temps de me demander (très brièvement mais cependant) Tiens qui est cette dame un peu âgée avant de l'identifier. Une ancienne grande amie, pas revue depuis longtemps et voilà que soudain, la photo doit être récente, malgré les usual artifices - que je me suis promis pour ma part d'éviter -, cheveux teints et peau tirée, elle a franchi un cap de l'âge. La "jeune écrivain prometteuse" que j'avais au siècle dernier rencontrée est devenue une vieille dame confirmée. Et je prends conscience que puisque nous sommes du même âge ou peu s'en faut, je vais bientôt moi aussi y passer - la confirmation en moins puisque j'en suis encore à me battre aux fins de mois et forts chagrins -.
Je me rends compte que l'épouvantable peine qu'il y avait pour moi à s'être perdues a très efficacement été éteinte par le chagrin suivant, lequel reste sévère malgré qu'à l'été il aura un an. Que j'aimerais bien néanmoins qu'on se reprenne elle et moi nos habitudes "d'après l'Usine" (2), même si la bourgeoise confirmée que l'image du journal me tend ne prendrait sans doute plus une bière ou deux (voire trois) aussi allègrement mais bien plutôt un verre fin de vin blanc.
(1) Alors dans la vie il y a ceux qui se font plein d'auto-promotion et ceux qui ne préviennent même pas les copains qu'il y a ici ou là un truc qu'ils font, vont faire, ont fait et qu'on aimerait lire ou auquel on aimerait assister.
(2) J'adore que l'on vienne me chercher au boulot pour m'offrir (ou s'offrir si l'autre sort aussi de son propre travail ou a achevé sa journée d'écrire) une sorte de sas de décompression, un interstice chaleureux avant de reprendre la course de nos existences. J'ai moins l'impression d'avoir vendu [tout] mon temps.
140516 0913
Le ressenti et l'aspect
15 juin 2014
Grâce à Raoul (1) j'ai pu remplacer sur mon front un inquiétant inguérissable et repoussant bouton (2) par une marque pâle qui finalement d'à quelques pas peut se voir davantage.
Je m'aperçois que ça m'est égal.
Je ne suis pas, n'ai jamais été sur terre pour faire joli. Je laisse ça à ceux qui sont nés photoshopés (3).
Ce que je ne supportais pas c'était le relief à cet endroit inhabituel et la sensation d'héberger un intrus si réduit fût-il.
Ce qui est rigolo c'est que personne ne disait rien ou n'osait rien dire au sujet de l'affreux squatter dermatologique qui pourtant certains jours avait mauvais aspect, alors que de la marque bien des personnes s'inquiètent - de façon bienveillante, ça part d'un bon sentiment, je n'exprime pas un reproche, il s'agit d'une constatation -.
Et ce qui est (pour moi) instructif, c'est qu'à cette occasion j'ai pigé que mon peu d'attirance et de goût pour les tatouages et autres piercings n'était pas tant une question de génération et de manque de narcissisme (4), mais d'un truc viscéral et primaire : l'animal en moi éprouve le besoin de laisser en paix sa peau, soumise qu'elle est déjà à toutes sortes d'accidents ou incidents de la vie. De la laisser respirer, de la tête aux pieds, des cheveux aux ongles. Mon boulot essentiel étant de la protéger des brûlures et du froid et pathologies éventuelles.
La conscience d'être complètement à contre-courant des tendances de l'époque du moins en Occident est, comment dire, assez aigüe. J'espère vivre assez vieille pour connaître l'avènement d'un retour de balancier dont j'aurais été (avec d'autres) précurseure.
Demain, je parlerais d'épilation. Non je rigole mais là aussi, je précède le prochain tour. Et ça n'a rien à voir avec le fait d'être ou de se négliger.
Mais tout avec un très élémentaire : pour être bien dans sa peau, il faut la respecter.
(à moins d'exercer un métier de professionnel(le) de l'apparence et de souhaiter en priorité se conformer aux diktats standardisés des sélectionneurs ; bravo aux courageuses qui au risque d'y perdre résistent parfois).
PS : Le plus important et agréable étant de ne plus avoir mal, ni à cause de la bricole qui n'allait pas ni à cause de ce qui fut entrepris pour y remédier.
(1) Hé oui, maintenant Je sais qui c'est Raoul.
(2) Le nom technique était intéressant entre latin et science fiction mais j'ai omis de le noter et il s'est envolé.
(3) L'expression est de mon amie Agnès.
(4) Pour s'en sortir dans notre société il en faut quelque(s) dose(s). Je le déplore.
Demarcaçao
15 juin 2014
C'est un article du blog du Monde Copa do Brasil qui a attiré mon attention sur un fait que je connaissais puis avais oublié : que notre monde de propriété et de capitalisme s'est arrogé bien des droits sauvages sur les zones de la planète où un système plus ouvert prévalait, et qu'il convient de préserver à l'heure où tout doit être évalué selon des critères financiers et de possession, cadastré.
Sao Paulo : l’étrange omission télévisée de la cérémonie d’ouverture
Il ne s'agit pas de bons sentiments mais de survie de l'espèce : si nous épuisons la planète à tout vouloir rentabiliser en particulier les zones forestières, nous allons tous crever. Bien des civilisations indiennes étaient de l'équilibre et soucieuses de ne pas prélever à l'excès sur l'environnement (1). Tout le contraire de notre suicidaire "produire toujours plus". Elles ont pour beaucoup disparu ou sont en danger. Ce serait peut-être bien de s'en préoccuper.
Demarcaçao a dit le gamin. Et ça n'était pas pour rien. Même si dans un premier temps il s'est trouvé omis.
(1) Je ne dis pas qu'elles étaient sans défaut, en particulier sur la place des femmes ; je dis que sur bien des points nous autres du monde prédateur et performant occidental avons à apprendre.
Cadenas cornichons
15 juin 2014
Grâce à Anne un article de Marie-Claude Martin dans Courrier International et qui dit mieux que je n'aurais su le faire tout le mal que je pense de ce stupide et récent usage :
Cadenas d'amour : la partouze touristique
Mon seul écart avec l'article porte sur les cœurs gravés dans les arbres, pratique que je déplore aussi, il ne faut pas blesser les arbres, pour eux c'est une écorchure.
Ce qui est néanmoins intéressant dans la stupide néo-coûtume cadenassière c'est de l'avoir vue poindre, s'accroître et atteindre un point d'insupportabilité. Je pense que sociologiquement c'est un exemple parfait de pleins de trucs, un cas d'école. Je me souviens que la première mon amie Florence de La Libreria m'en avait parlé qui avait été interviewée au sujet de cette pratique issue semble-t-il à l'origine d'un roman italien Trois Mètres au-dessus du ciel de Federico Moccia ; qu'à l'époque on en était encore à se dire voyant un cadenas sur un pont, Tiens c'est bizarre pourquoi quelqu'un a-t-il mis un cadenas là ?