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Pédaler si ça peut aider

Parfois on ne peut pas savoir si les choses sont significatives ou pas

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C'est un café accueillant des beaux quartiers (si, si il en existe, je suis en train de cartographier), enfin accueillant, bon, sauf les prix (il ne faut pas rêver) (1). La terrasse était chauffée et vraiment j'ai apprécié (oui, oui, à Paris, à la fin du mois de mai).

J'y suis passée avant un rendez-vous médical, j'étais en avance ; puis après, pour me remettre avant d'entreprendre le trajet de retour. J'étais seule.

Au premier passage je me suis trouvée à voisiner avec deux fois deux personnes, dans les deux cas un homme et une femme, de façon amusante placés l'homme face à la rue la femme face à l'intérieur du café (2), dans les deux cas l'homme passait visiblement à la femme des consignes professionnelles avant de partir en week-end (probablement prolongé). Dans les deux cas la femme notait avec rapidité et au stylo. Ce qui m'a semblé curieux au vu du quartier, professions fortunées, et des outils dont on peut disposer de nos jours pour prendre des notes et qu'elles soient conservées. Ce n'était pas non plus question de confidentialité : les uns comme les autres parlaient à voix suffisamment haute pour ne rien cacher. C'était même assez plaisant : des consignes sérieuses, concises et respectueuses pour avancer dans tel ou tel dossier ; je me disais que j'aurais volontiers fait appel à leurs services (il m'a semblé que les uns faisaient du placement financiers et que les autres étaient avocats d'affaires, mais je peux me tromper, j'ai quitté ce monde depuis plus de cinq ans). En fait c'est ce détail qui a attiré mon attention : tiens, on prend donc encore des notes au stylo.

Donc voilà, d'où j'étais placée ils donnaient l'impression à l'ancienne d'un responsable et sa secrétaire son assistante qui allait devoir garder la boutique le vendredi d'un pont de férié. So cliché.

Seulement il se trouve qu'à mon second passage, c'était l'heure de la glutte entre collègues amicaux en sortie de bureau (3) et qu'alors j'ai été entourée de tablées juvéniles (4), tous les participants équipés de pintes, les femmes en blanche les hommes en pas-la-blonde-de-base-mais-juste-un-cran-au-dessus, presque à parité hommes femmes et visiblement à égalité de métiers. Et s'efforçant assez vite de parler d'autre chose [que le travail]. Roland Garros était le sujet. 

Eussé-je été une belle étrangère (tant qu'à inventer autant se faire plaisir) de passage et n'étant venue qu'une seule des deux fois dans ce café, je serais repartie dans un cas en songeant que la France était décidément un pays rétrograde avec une répartition peu évoluée et fort sexuée des rôles, dans l'autre en ayant l'image d'un monde professionnel dynamique et en mouvement, avec, fors dans le choix des boissons, un réel équilibre de traitement.

La réalité des choses étant comme souvent entre les deux et fluctuante. Avec des vestiges, et des perspectives de changements. Il faut décidément beaucoup beaucoup beaucoup se méfier des seules impressions et des généralisations. 

 

(1) Alors si j'ai bien compris le nouveau truc à Paris c'est de servir la bière de fin d'après-midi / début de soirée avec de bonnes petites choses (olives marinées par exemple) et faire payer l'ensemble 5 € ou peu s'en faut, avec la pinte à peine plus cher, ce qui pour les dames n'est pas sympa (souvent 25 cl nous suffisent).

(2) Hasard ou pour qu'il puissent mieux mater les éventuelles passantes aux jambes interminables ? Leur placement était-il intentionnel ou ne l'était-il pas ?

(3) La seule chose qui me manque de mes premières années de vie de bureau, d'ailleurs, celles pendant lesquelles les collègues pouvaient encore être aussi des amis ; avant le libéralisme effréné qui fit de chacun l'autre le concurrent, le presque ennemi et des relations humaines au travail un permanent enjeu de stratégie et de placement [de soi-même comme] produit.

(4) Je suis à l'âge où presque tout le monde me paraît très gamin. C'est à ça qu'on voit qu'on vieillit.

 

 

PS : Et à part ça j'ai vraiment apprécié le service diligent et discret, le serveur qui marque sans pour autant le dire qu'il reconnait que vous êtes déjà passée - alors que je ne suis pas le genre de femme que l'on remarque habituellement, n'y tient pas trop d'ailleurs ; mais pas non plus à être vouée à la transparence éternelle - et qui s'enquiert, sans doute d'avoir remarqué le pansement peu discret, de petits détails de confort, Voulez-vous que je rallume le chauffage ?, sert plus rapidement, ne hâte pas l'encaissement ... Bref, je note l'oloé (pour des périodes mieux fortunées).

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