L'étrange retour
07 mars 2014
Ça m'arrive assez régulièrement comme ça : je dois rentrer chez moi quelle que soit l'heure et j'ai la flemme de faire efficace (métro ou RER ou train de banlieue), la flemme de prendre un vélib (mâtinée de peur de manquer de place pour le raccrocher) (1), alors j'y vais à pied.
Même si ça fait une trotte.
Ça me fatigue bien moins.
Ce soir ce fut le cas. J'ai raccompagné une amie, puis je pensais prendre un vélib à la station voisine généralement bien garnie, et puis j'ai eu comme ça, avec ce temps si doux, l'envie de rentrer en marchant.
Et peut-être que je n'étais pas la seule à être gagnée par ces prémices de printemps, mais je me suis trouvée à parler à 4 personnes successivement, dont un type qui vu le lieu où je l'ai croisé et son allure de Mackie Messer exerçait probablement un métier d'oppression des femmes ou assimilées (2), et qui avec moi ce soir ce sont montrées adorables, 3 demandant un renseignement, un me saluant comme un jeune tout heureux et qui trouve que la vie est belle. Ce qui n'empêchait pas le monde d'être tout aussi coupant qu'à son ordinaire, les types qui surveillaient les femmes qui tapinaient, les flics en civil qui surveillaient tendus les types qui surveillaient les femmes, des automobilistes aux conduites agressives. Mais c'était comme si mon petit chemin personnel détenait une protection particulière. Jusqu'à des gens qui discutaient sur toute une largeur de trottoir et qui me voyant arriver se sont écartés, courtois. Pour un peu j'aurais eu le sentiment de déternir un pouvoir qui rendait les gens paisibles, sereins et doux.
Je ne sais pas d'où je l'aurais tenu mais qui que soit le responsable, ma foi, pour du rab c'est quand vous voulez.
Peut-être tout simplement que ça se voit que j'aime mon quartier cet endroit en pleine transformation perpétuelle avec ses habitants de partout. Et qu'en me voyant passer, tranquille et visiblement heureuse d'être là, ils se disent soudain Mais ça n'est pas si mal, la vie qu'on a.
(1) ou bien j'ai envie de prendre des photos ou c'est soir d'encombrants et j'ai envie de faire les soldes.
(2) Tiens, ce soir le ou la transexuel(le) en caricature de fantasme hétéro masculin occidental (jambes interminables, silhouette élancée, blondeur marilynesque, seins conséquents et tout ce qu'il faut de talons aiguilles (3) et de portes-jaretelles borderline d'être apparents) avait repris sa place sur le banc numéro 3. On en est presque à se saluer à force de se croiser. Le boulot que ça doit être de tant travailler son apparence. En quelque sorte s'autophotoshoper (sans même parler des transformations pour avoir le sexe voulu ou l'apparence de)
(3) Hélas en 46 fillette, seule ombre au tableau