28/ 397 - Dans la vie en vrai
28 février 2014
Depuis qu'a commencé cette jolie série imaginée par Franck Paul j'ai parfois du mal à écrire à partir des chansons d'Anne Sylvestre tant celles-ci me sont proches et que je ne vois pas trop ce que j'y pourrais ajouter. Par exemple si j'en avais eu le talent j'aurais pu et dû écrire :
Mais on découvre en soulevant un coin de toile
Qu´on a raté la grande scène des amoureux
Qu´on sait pas se faire embrasser sur fond d´étoiles
Qu´on a sommeil et que le rôle est ennuyeux
Tellement c'est ce qui correspond à ma peine de ces temps (à ceci près que je n'ai jamais trouvé le rôle d'amoureuse ennuyeux, c'est plutôt moi qui ne suis pas assez attirante pour l'homme, à la réflexion).
Peut-être aussi qu'à l'inverse de la chanson, la vie me semble supérieure au roman. Même si la mienne penche vers le triste amoureusement, il est peu dire que ses péripéties en sont plus farfelues qu'une fiction. À tel point que si je devais les relater à plat, un récit simple sans fioritures, ni rien inventer mais rien non plus omettre, ça ne se croirait tout simplement pas. Les lecteurs diraient, quand même cette auteure, quelle imagination elle a, où va-t-elle chercher tout ça ?
Tout s'est passé comme si, depuis ma rencontre avec V. (1) et que je finisse sur son impulsion et sa suggestion par laisser l'écriture prendre place dans ma vie, un dieu paternaliste mais assez malicieux contemplant mon fil de vie s'était dit : Alors comme ça, on veut écrire ? On veut du roman ? On ne veut plus se contenter du métro-boulot-marmots-dodo pour lequel on était programmée ? Le football et le bâtiment, tu ne trouvais pas que tu en avais assez fait comme ça ? Tu l'auras voulu, femme trop atypique, prends ça ! et m'avait embringuée dans des péripéties dignes d'"Au cœur du temps".
Le petit dieu des livres qui depuis le début s'en voulait d'avoir laissé mal se situer la naissance d'une recrue de choix a tenté de dire, Halte là, déjà il y a 40 ans vous me l'aviez piquée, celle-ci elle était pour moi, déjà que vous n'avez pas voulu qu'elle soit un gars, à présent qu'elle a enfin pigé, laissez-là moi.
Mais le petit dieu des livres par rapport au dieu paternaliste de l'organisation générale n'a que des pouvoirs limités. Alors pendant que ses collègues ne me font aucun cadeau, surtout celui de l'amour qui me fait probablement payer une malédiction ancestrale, je ne vois que ça, sinon pourquoi serais-je traitée si mal à chaque fois ?, il multiplie les coïncidences, les encouragements, l'aisance quand enfin les autres m'accordent une trève et que je peux à mon travail me consacrer. Les belles rencontres aussi. Les amitiés qui sauvent et empêchent de mourir ou de désespérer.
Au fond je ne rêve pas la vie comme c'est écrit, j'essaie d'écrire la vie qui surgit, les sentiments qui dépassent de trois têtes ceux des plus mouvementés romans, je me débats avec le personnage que les autres m'assignent, incarnant fort mal la méchante qu'on voudrait faire de moi - ça commence à bien faire, déjà par trois fois -, n'étant effectivement pour pas grand chose dans tout ce qui survient et tentant désespérément de surnager, puis survivre là où j'ai échoué.
Mais, dans la vie, mais dans la vie en vrai
Comme je t´aime, je t´aimerai
Que ce soit de loin ou de près
Ce que j´ai dit, le redirai
Et pour de rire et pour de vrai
car en amour, la marche arrière est très difficile à trouver, du moins si elle est imposée par celui qui s'est (il a trouvé mieux désormais et tellement plus sexy) ravisé.
Par rapport à la chanson, il n'y a guère que les voisins que je n'aurais pu mentionner : trop occupée à me débattre face à ce qui peut m'arriver, j'avoue ne pas m'en soucier, même si souvent je m'interroge : Mais comment font les autres pour y arriver ? en particulier vers les fins du mois et de relations primordiales et pour l'amour (mais jamais pour la natation).
J'aimerais tant me retrouver avec mon cœur au grand complet et le corps qui revivrait. Quand on est bien, je sais le remarquer.
Les paroles intégrales (ce billet n'a de sens que si on les connaît) : source Lyrics Copy
C´est vrai qu´on dit : "C´est beau la vie comme dans les livres"
On rêve de la vivre aussi comme c´est écrit
Mais c´est déjà bien assez compliqué de vivre
On écrit son petit chapitre et ça suffit
Si on insiste, on voit surgir entre les pages
Des sentiments qui poussent pas dans les romans
On n´est pas d´accord sur le choix des personnages
On n´est pour rien dans l´histoire, finalement
{Refrain:}
Mais, dans la vie, mais dans la vie en vrai
Comme je t´aime, je t´aimerai
Que ce soit de loin ou de près
Ce que j´ai dit, le redirai
Et pour de rire et pour de vrai
C´est vrai qu´on aime s´inventer comme au cinoche
On voit les plans bien découpés comme au ciné
Le scénario se déroule sans anicroche
Quand le mot "fin" s´allume, on n´est pas étonné
Mais on découvre en soulevant un coin de toile
Qu´on a raté la grande scène des amoureux
Qu´on sait pas se faire embrasser sur fond d´étoiles
Qu´on a sommeil et que le rôle est ennuyeux
{au Refrain}
C´est vrai qu´on pourrait même y croire comme dans le poste
Sûr qu´on pourrait se regarder à la télé
On pourrait tout chanter sans craindre la riposte
Et saluer sans jamais risquer les sifflets
En éteignant, on se sent un peu mal à l´aise
Et si on pleure, ce n´est pas en trois couplets
Sans le play-back on oublie tout jusqu´aux fadaises
On se retrouve avec son cœur au grand complet
{au Refrain}
C´est vrai qu´on dit : "C´est beau la vie comme chez les autres"
On rêve de vivre aussi bien que les voisins
On écoute facilement les bons apôtres
On admet que nos sentiments ne valent rien
Mais si on veut bien se pencher à la fenêtre
On voit qu´ils regardent tout aussi bien chez nous
Que notre vie leur donne des regrets, peut-être
Qu´on était bien et qu´on n´y pensait pas du tout
{au Refrain}
La chanson d'Anne Sylvestre : Dans la vie en vrai
Participation aux 397 chansons à prise rapide proposées par Franck Paul :
explications collégiales par ici (par exemple)
liste des chansons par là.
(1) La personne qui inspira le Wytejczk des débuts de ce blog, puis sortit de ma vie, et à force d'éloignement de mon blog aussi.
Parfois il serait bon que je relise mes billets.