Flouée
02 janvier 2014
C'est bien le sentiment dominant qui me restera de cette année 2013 (après confirmation toute récente de quelque chose de plus dont je me doutais, mais comme souvent, pas au point que les choses en était).
Après, on me dira que c'est à moi enfin de cesser d'être so gullible. Généralement je pige un peu (oui ce voyage à Paris sans trouver le temps de me voir, oui ces deux missions que tu me confies sans même proposer qu'on se voie, oui ce soudain regain d'intérêt pour l'italien au point d'en parler au cœur de la nuit, oui ce cadeau d'anniversaire qui est un cadeau tout autant pour toi, d'autant plus qu'in fine, c'est moi qui l'organise, oui cette absence de nouvelles parce que finalement c'est autre chose qui s'est passé et puis que quelqu'un d'autre - le "tu" n'es pas forcément le même à chaque fois -), généralement trop tard et puis de toutes façons que faire.
Je lis ces jours-ci l'excellent "Avant de disparaître" de Sylvain Pattieu sur les ouvrier de PSA Aulnay, que j'avais croisés un jour dans le métro à Champs-Élysées Clémenceau à l'automne 2012, alors que j'avais encore un emploi. Et j'éprouve un sentiment d'impuissance mâtinée d'écœurement qui doit être assez proche du leur. Sauf qu'ils se battaient collectivement contre quelque chose qui est de l'ordre du système, même s'il a ses représentants séculiers. Et qu'en ce qui me concerne ce sont des personnes à titre individuel qui m'ont déçue.
Heureusement il y a les amis, vraiment, et qui dans la débine se montrent secourables.
Avec cette absurdité (1) que je finirais presque par me demander s'ils ont à ce point fiables et de confiance précisément parce qu'ils ne sont pas trop proches, et donc peuvent se permettre ce luxe d'être formidables et de m'épargner leur part sombre, entre petits mensonges et autres lâchetés. Après tout c'est sans doute moi qui suis sous-équipée, à toujours dire les choses, à ne jamais tricher.
Bref, par la faute de trois hommes (2) ma confiance en les autres a très grièvement morflé. Once and again.
Heureusement aussi que trois amies à titres divers ont redressé la barre, relevé le niveau. De façon assez classique : alors que je n'attendais rien de particulier de leur part ; ou en tout les cas pas à cette hauteur là. La vraie aide concrète qui permet de ne pas se noyer. Et qui au vu de ce qui est encaissé par ailleurs permet de ne pas désespérer de toute l'humanité. Continuer pour le 5% qui ne te repousseront que s'ils sont en train de mourir de faim ou physiquement menacés et que c'est soi ou l'autre, mais qui en l'absence de disette et en temps de paix, resteront respectueux, quand bien même un raccourci un peu brutal dont vous seriez les victimes les aura tenté.
Heureusement aussi qu'il reste (mais pour combien de temps ?) en ce pays un filet social qui permet du moins de tenir quelques temps si les choses tardent à s'arranger. Est-ce qu'on se rend compte à quel point c'est précieux tant qu'on n'y a pas soi-même été confronté ? (3)
Heureusement qu'il reste des potes pour passer un coup de fil, envoyer un message, un texto et dire, Tiens au fait, tu (ou vous) fai(te)s quoi ce soir ? Passe(z) donc à la maison.
Mais on aimerait tant qu'il n'y ait rien à réparer, et personne qui n'ait agi à notre égard de manière à dormir moins bien la nuit. Souvent il ne s'en faudrait que d'un gramme de courage, d'un renoncement à la menterie, faire face franchement et avant pourrissement de la situation, d'un minimum de cohérence dans le comportement et de ne pas se dire (je suppose que c'est ça qu'ils se disent), allez, ça n'est pas grave, elle s'en remettra. Alors que si, c'est grave, dès lors que ça a une incidence sur des éléments essentiels de l'existence (4) ; même si précisément tu t'arranges pour que ça ne soit plus ton existence à toi (5).
Et que oui, je m'en remettrai, d'ailleurs tu vois, c'est presque fait ; mais pas l'estime que j'avais pour toi.
(1) C'est une variante du Mauvais Sort du Cheminot Non Gréviste : on s'en prend à qui est là de ce qu'on reproche aux autres mais comme ils brillent par leur absence c'est le collègue qui trinque qui précisément des absents, n'en est pas.
(2) et d'une femme, mais il y a huit ans de cela. Et j'ai appris plus tard qu'elle se comportait comme une sorte de serial killeuse affective. N'étant ni de son milieu social ni (alors) professionnel, j'étais une nouvelle proie parfaite, tout ignorante de ses antécédents.
(3) Même chose pour la prise en charge, même incomplète des dépenses de santé.
(4) OK, pour la fausse blonde, disons qu'on oubliera que tu as pu te montrer zéro-neurones à ce point-là. Mais pour les autres "tu" et le reste, ça va être un peu plus difficile que ça.
(5) Stratégie bien connue du Je déconne puis je déconnecte (et comme ça je fais même au fond de moi comme si rien ne s'était passé puisque j'ai effacé le survivant à ma connerie, c'est sans doute qu'elle n'a pas eu lieu. Du tout. Rien. Nada)