La pause des pipis (billet dans le ton du jour, on aura remarqué)
Sotto casa (Citadins ne manquez pas)

Un ami de mes amis

 

Après avoir une fois de plus réglé quelques tracas para-plombiers (une coupure d'eau longue concernant tout l'immeuble), et fait trois rêves bizarres (deux érotiques et un très très "La maison des feuilles" (1) - je découvrais même un pub irlandais en annexe à un appartement que nous occupions et qui ne cessait de croitre de l'intérieur tandis que je cherchais la salle de bain afin de remplir quelques seaux en vue de la (très réelle et prévue) coupure d'eau -), je peux enfin m'asseoir à mon bureau / prendre mon petit-déjeuner tranquille dans ma cuisine (2).

Je commence par voir si aucun message personnel n'est arrivé dans la nuit qui serait porteur d'une urgence, puis lire très vite quelques fils d'infos généralistes dès fois qu'une guerre nucléaire ait été déclarée à l'aube et que ce jour soit le dernier. Le mercredi je jette un premier coup d'œil de balayage au Canard Enchaîné. Puis vient l'heure la plus agréable, du moins en général, de la tournée des popotes à savoir des blogs, sites, touites ou pages des amis. Comment allez-vous ?

C'est exactement comme si je descendais prendre mon crème et croissant dans un troquet sympathique où vous seriez tous là, passant plus ou moins vite fait avant d'aller vaquer à vos occupations, sauf que y compris ceux qui logent loin et qu'en plus si quelqu'un aborde un sujet qui ne m'intéresse pas ou qui est trop triste alors que je suis déjà trop triste, je puis sans impolitesse passer voir un autre copain.

Alors tout à l'heure je suis passée chez Anne dont une des narratrices possède pour moi des initiales troublantes. Sur FB elle partageait un lien chez Piero (de Belleville) lequel évoquait la perte récente d'un ami dont le nom ne m'était pas inconnu, mais sans parvenir à préciser ma mémoire. Piero renvoyait chez Pierre qui ne s'appelle pas Pierre, un billet d'hommage pour un ami proche, les mots justes comme toujours chez lui, lequel rappelle un texte précédent et arrivée là je comprends soudain que si l'ami dont ils parlent est le gars sur la photo, je le connaissais de loin, un peu, de se croiser en différents lieux autour de l'écriture. Comme dans certains cas les femmes amoureuses et l'esprit très accaparé, je n'avais guère prêté attention à cet homme sympathique, pas au point d'être capable d'associer son nom et qui il était. Je suis navrée pour lui et pour les siens. Si je devais me souvenir de quelque chose c'était "Nadia est ragoutée par ce climat" (lu sans doute chez Liminaire, justement ou entendu au jour de l'atelier hors les murs et qui s'était achevé devant Litote en tête) et je m'aperçois aujourd'hui qu'il s'agissait de Julia (d'où sors-je ce Nadia ?).

Si l'internet a changé quelque chose des relations entre humains, c'est peut-être aussi ça : bien davantage de liens, lointains mais existants, ténus mais qui sauf aux esprits chagrins, ne sont pas rien. Ce qui augmente nos petits bonheurs quotidiens - je me réjouis souvent des bonnes nouvelles des autres, elles me rassurent sur l'état du monde -, mais également la diffusion des nouvelles tristes, forcément. Il fut un temps où seuls ceux qui excerçaient des professions en contact avec un public (par exemple un soignant qui voit bien des patients, un commerçant qui a bien des habitués comme clients) disposaient ainsi d'un important vivier de frères humains non méconnus. Qui bossait comme je l'ai fait tant d'années dans un quelconque bureau ne connaissait qu'un lot à peu près constant et pas si étendu de collègues, sa famille et ses amis, quelques personnes périphériques (boulangier, pharmacien, marchand de journaux, soignants ...). À présent, pour peu qu'on ait une vie aussi sur l'internet et les rencontres réelles qui tôt ou tard s'ensuivent (3), nous finissons tous par connaître au moins de vue et de quelques mots (écrits ou dits) et moments partagés, une foule de personnes. Et surtout dont le lien géographique est parfois très lointain.

C'est un changement. Il n'est pas immédiatement spectaculaire, mais discret et diffus. On n'y prête peut-être pas suffisamment attention (pour l'instant). 

En ce qui me concerne, j'en suis heureuse même si comme aujourd'hui pour Pierre Baldini, l'an passé pour Maryse Hache, plus tôt pour La Fille aux Craies c'est inévitablement porteur également de chagrins ou de tristesses compassionnelles que nous n'aurions pas eu à connaître, si les personnes rencontrées ne l'avaient pas été.

 

(1) Quand tu penses qu'en le lisant tu étais l'air de rien en train de faire la connaissance d'un certain Claro, mais qu'à l'époque employée d"'Usine" je n'imaginais même pas aux traducteurs une existence réelle et incarnée, m'étais juste dit, Putain, le mec qui s'y est collé, quel boulot ça a dû être !

(2) Il y a quand même de gros avantages à avoir son bureau dans sa cuisine en fait. C'est surtout pour la maisonnée que ce n'est pas commode. Et parce qu'in fine tout le monde ne mange plus que dans son coin.

(3) Salut Catherine, si tu viens à passer. Très contente qu'on se soit enfin vues en "pour de vrai".

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