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Petits bonheurs du jour

De ceux qui surviennent lorsque l'on a le temps, ou qu'on le prend, parce que flâner sur l'internet un jour où rien n'est trop pressé ce n'est pas le perdre, si l'on est avisés.

Ce mot nouveau, bravigou, offert par une inconnue qui a lu un de mes touites 

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Cette video émouvante, d'un photographe japonais, Eikoh Hosoe, dont je n'ai pas su noter qui l'avait partagée (cliqué au vol), mais que je remercie car c'est un bonheur chaleureux d'écouter s'exprimer ce vieil homme passionné (1)

 

 

Et puis ce clin d'œil d'un camarade, dont j'ignore où il se trouve actuellement (si ça tombe, en vacances non loin d'où je suis) et qui est en train au même moment que moi de déguster les mêmes biscuits, ou quasi

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Enfin un bel éclat de rire grâce à Thomas Gunzig (2) et son café serré du jour et que je suis très heureuse de suivre au jour le jour, même si j'en parle peu.

 

(1) C'est terrible, d'avoir été traité à ce point cavalièrement par un bien-aimé, je ne peux désormais m'empêcher lorsque je trouve un homme touchant dans ce qu'il exprime par exemple sur son travail de me demander si avec les femmes il se comporte correctement ou lui aussi en "maître des pions". J'espère que ça va me passer. Je n'aime pas cette personne méfiante et désabusée qu'à force d'encaisser des coups affectifs je deviens.

(2) L'auteur entre autre du "Petit manuel de survie à l'usage des incapables" qui est dans ma pile mais que tout accaparée par les "Écrivains pluralistes" je n'ai pas encore abordé.

 


Le François président qui avait fait la même école que moi et ne s'en vantait pas

(rêve rigolo)

C'est un rêve de milieu de nuit, je me souviens très rarement de ceux-là, mais le vent s'est levé, réveillée j'ai dû aller aux toilettes et le fait de bouger m'a gravé le songe en mémoire. Le fait aussi qu'il m'a fait marrer. Je pense qu'il est lié à mon inquiétude sourde d'être sans emploi - alors que ça me va parfaitement de pouvoir consacrer mes journées à mon travail personnel, mais voilà, on ne peut pas vivre (de chagrin) d'amour et d'eau fraîche -.

*        *        *

J'ai trouvé du boulot dans un café restaurant temporaire lié à une manifestation ; un peu comme celui qui est sous la tente pendant le festival de cinéma d'Arras. Sauf qu'il semblerait qu'il s'agisse plutôt d'un salon du livre puisque mes clients sont des écrivains - ou alors : leurs œuvres ont été adaptées et ils sont là en tant que scénaristes -. Parmi eux Gilda Piersanti et Caryl Férey (1). Nous passons un bon moment. Sur ces entrefaites arrive un copain de promo, perdu de vue depuis des années mais qui est de la région (2) et donc passe en voisin curieux. Du coup, nous voilà partis lui et moi à causer chantiers, ESTP, trucs d'ingénieurs travaux publics. Je sens que mes amis fatiguent un peu, en plus que je dois servir d'autres clients. C'est alors qu'une agitation a lieu à l'autre bout des lieux (qui soudain ressemblent à la vaste salle du palais du grand large à Saint Malo, avec le bar à un bout et le lieu des conférences assez ouvert), des caméras, des micros, quelqu'un qui se déplace entouré. Mon collègue de promo qui semble au courant de se qui se passe dans sa ville me dit qu'il s'agit de François Hollande et m'apprend au passage qu'il a fait la même école que nous. Il connaît même son année de promo. Je pense qu'il blague, il m'assure que non, sur son téléphone (un des outils perfectionnes de maintenant pas comme le mien) consulte en direct l'annuaire de l'école et le who's who et me fait voir : Tu vois, c'est bien lui et pas un homonyme et il a fait la même école que nous.

Mes amis des polars en sont tout amusés. Ainsi donc le président a fait du BTP ?

Je me réveille sur cette pensée : - Mais pourquoi ce président tient-il donc tant à le cacher ? (et au fond de moi je me demande comment il a fait pour mener à bien ces études qui sont assez prenantes et le militantisme politique qui devait déjà être le sien - moi qui peine tant à faire plus d'une seule chose en plus de la tenue du quotidien -).

 

(1) Ce qui n'est pas sans lien, il était présent à Arras cette année et nous nous étions croisés à un salon du polar à Montigny il y a un paquet d'années. Mes rêves sont souvent d'une fantaisie très inspirée par un moment ou un autre de réalité.

(2) Apparemment dans le rêve lui-même je sais où ça se passe.

PS : Je me rends compte (avais bien fait d'écrire un billet, tiens) que ça fait deux fois en peu de jours où des rêves que je fais ont trait à François Hollande - qui me laisse royalement indifférente en vrai, je lui sais juste gré de nous faire moins honte sans arrêt que son prédécesseur -. Que se passe-t-il ?

(en même temps, tant que je ne croise pas Vladimir Poutine, auquel cas ça serait des cauchemars, au secours et sauve qui peut, je ne me plains pas ; mais bon vraiment si j'avais le choix je préférerais infiniment rencontrer dans mes rêves Barack Obama ;-) poke @Mitternacht )


La fin toute simple d'une amnésie (il suffisait d'aller au supermarché en fait)

 

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La mémoire, généralement, ne me fait pas défaut. Je suis même pour les choses stupides et inutiles à la limite de l'hypermnésie : le nombre de chansonnettes des années 60, 70 et 80 dont je connais encore les paroles par cœur sans jamais les avoir apprises ni même appréciées, mais simplement parce que ça restait scotché me fait honte.

Pour autant je ne suis pas très physionomiste (j'ai le don d'accrocher ma mémoire à des éléments impermanents : typiquement me souvenir d'une personne en tant que femme enceinte (ce qu'elle ne sera plus si tu la croises un an après), ou des lunettes d'une autre, ou d'une couleur de cheveux ...). 

Et par ailleurs ma vie qui depuis environ 10 ans a essuyé quelques grands vents voire même deux ou trois ouragans (affectifs) et un changement professionnel formidablement brutal, a effacé de mon cerveau certaines données. J'ai ainsi perdu la mémoire de ce sur quoi je travaillais en entreprise les trois dernières années, je me souviens seulement que ça n'avait pas vraiment de sens, c'était la structure hiérarchique qui autogénérait des trucs à faire, perpétuellement urgents, mais c'était du boulot de Shadok, inutile au monde et sans enjeu technique (1). 

J'oublie aussi assez facilement le mal qu'on me fait, sauf si c'est particulièrement pervers (auquel cas je m'en souviens pour tenter de ne pas retomber ultérieurement dans de semblables filets) ou que ça porte tort aussi à quelqu'un d'autre et que j'aimais.

Ces oublis-là me semblent salutaires. Je les vis sans regrets.

Enfin arrivent depuis environ cinq ans, et peut-être aussi du fait de mon changement de vie ce que j'appellerais des amnésies d'âge : lorsqu'on connaissait quelque chose ou qu'on pratiquait une activité ou qu'on possédait certaines connaissances fines dans un domaine précis et que l'on n'y est pas retourné depuis fort longtemps, voilà qu'on oublie. Typiquement : la pratique d'un instrument de musique, d'une langue étrangère ou l'étude de la physique quantique. Je ne saurais même plus vous expliquer la théorie de la relativité, alors qu'à 16 ans, sur un tel sujet (qui me passionnait) j'étais capable non seulement de faire comprendre mais aussi de faire rêver. Ça vaut aussi pour ce qui est lié aux sensations. Parfois en très bien : j'ai oublié la souffrance que c'était d'accoucher, ne me souviens plus que des effets induits et que j'ai cru mourir et de l'étonnement qu'à un tel niveau de douleur on en ressorte vivant(e)(s). Parfois en triste, toute une combinaison de circonstances et d'ennuis de santés, m'ayant fait perdre la mémoire d'une part de très bon.

Dans ce lot-là figurent des goûts et des saveurs. Certains produits de mon enfance ont disparu. D'autres existent encore mais ont changé de goût, la production de base étant devenue très industrielle. Lait, beurre, fruits et légumes sont devenus plus difficiles à trouver si l'on recherche les vrais. Les fromages semblent n'avoir pas trop mal résisté. 

Je me suis rendue compte récemment que j'étais parvenue à cet âge où si mon souvenir intellectuel reste précis - je peux ainsi me rappeler avoir bu du Fernet Branca en 1978 chez la très vieille Grand-Tante Maria -, mon souvenir sensuel, gustatif, a foutu le camp depuis bien longtemps.

Pour certains aliments ou boissons, c'est très bien. J'avais ainsi oublié le goût du pied de veau, retenté l'été dernier, je crois que je n'aurais pas envie d'y revenir avant un moment (expérience culinaire étrange). J'ai oublié totalement le goût du Coca : je trouvais ça trop sucré, pas agréable, ne désaltérant pas. J'ai dû en boire la dernière fois en 1989 lors d'un voyage face aux traditionnels symptômes de turista. Je ne sais plus du tout le goût que ça a. 

Et j'en suis presque fière : pour parvenir à éviter cette boisson là il faut une constance presque religieuse. Une abstinence de teetotaler face à l'alcool.

Pour d'autres, j'en suis fort marrie. 

Il en allait ainsi de cet apéritif très français dont les réclames peintes ont bercé mon enfance. Elles dataient peut-être des années 50, il était sans doute déjà passé de mode alors que je grandissais. Mais voilà les bonnes vieilles publicités peintes, entre autre sur les murs de vieilles maisons de villages au crépi par ailleurs gris, avaient de la durée de vie. Il y avait ce jeu de mots inclus et qui me ravissait (2). Et puis surtout : les peintures allaient se nicher même sur les murs des tunnels entre deux stations de métro. Et j'éprouvais gamine la même fascination pour ce que je considérais comme un exploit que pour les bateaux miniatures dans les bouteilles. Comment était-il possible d'arriver jusque-là, de peindre à cet endroit-là (qu'enfant j'estimait totalement inaccessible), comment on peut construire le bateau à l'intérieur ? Preuve que le matraquage publicitaire paie, je n'avais de cesse que d'atteindre l'âge requis pour avoir le droit de goûter à la boisson tant vantée (3). Je me souviens donc bien de quelques fêtes de famille où j'en avais bu, trouvant le goût pas mauvais, plutôt bon. Et que je ne comprenais pas pourquoi on me disait de me méfier car ça me semblait très léger, et pas plus fort que le vin en tout cas (4). 

Seulement voilà, a déboulé alors la terrible mode du Kir, lequel a détronné au passage le Porto (que je n'aimais que dans le melon, pas tant que ça en dehors), et surtout s'est mis à exercer une sorte d'hémémonie absolue. Aux apéritifs des repas festifs non estudiantins, n'était plus servi que ça. Au prétexte que puisque le Crémant ou le vin blanc était débouché, tout le monde suivait.

J'ai donc perdu de vue mon apéritif des murs peints.

Devenue plus tard amateure de whiskies, j'ai fini par ne plus boire que lui du moins quand de bonnes bouteilles étaient proposées et sinon me laisser porter par l'offre - va pour le Kir, 15 ans plus tard : va pour le Mojito - et dès que ça pouvait profiter du fait qu'une excellente bière (sauf à Paris) reste bon marché.

Je crois que c'est en voyant un tag très réussi dans un tunnel de la ligne 13 - et me dire, tiens ils ont fini par supplanter les vieilles pub D... - qu'il y a environ un an et demi j'ai repensé à cet apéritif que j'avais jadis croisé, apprécié puis qui était tombé dans (mon) oubli. J'ai supposé qu'il n'était plus fabriqué. Et me suis prise à espérer que dans le vieux meuble bar d'amis de longues dates, ou un beau jour dans un vieux café j'en retrouverai un fond oublié qui me redonnerait la mémoire. 

J'en ai parlé à plusieurs ami(e)s. Les plus jeunes ne voyaient pas trop de quoi je parlais. Les plus jeunes mais cinéphiles se souvenaient des murs peints entrevus dans quelques "Tontons Flingueurs" (5).

L'une d'elles, que ma quête amusait, a cherché en ma présence sur l'internet pour découvrir très vite qu'il en était toujours produit, selon la même logique commerciale qui il y a plusieurs années (et pour mon grand bonheur, car là aussi j'avais perdu le souvenir de la saveur) a permis de redonner vie à l'Amer Picon. 

C'était moins drôle mais rendait le succès moins improbable. Fin à prévoir de l'amnésie.

Pour autant et depuis, pas un café (6), ni restaurant n'en avait. Ni un hypermarché dans lequel les circonstances m'avaient entrainées. Ni d'autres magasins plus réduits et spécialisés. Ce vieil apéritif semblait bel et bien tombé en désuétude.

Voilà que ce soir, dans la petite ville normande, en l'un de ses magasins où nous allons rarement (en bons parisiens qui prennent peu la voiture - il est excentré -) j'en ai trouvé une bouteille. Même pas cher.

J'ai donc liquidé ma mini-amnésie et retrouvé ce goût amer mais parfumé (moins amer que le Picon, beaucoup moins), vieux vins, vieilles écorces, quelque chose qui sent bon l'antique troquet ou le coin du feu. Je ne (re)deviendrai pas forcément amateure, je bois peu et préfère donc me réserver pour les whiskies rares ou certains fins calva, mais je suis heureuse d'avoir réactivé ma mémoire.

Puisse 2014 marquer aussi la fin de celles de mes amnésies qui ne sont pas souhaitables ni souhaitées.

 

(1) Les premières années de mot boulot alimentaire, je retirais quand même quelques satisfactions de solutions trouvées à des problèmes techniques pas tous faciles et quand je revois certains programmes (car c'était du temps où l'on imprimait) je suis assez espantée du niveau de certains.   

(2) Mon appétence du calembour date du berceau. J'ai dû être une enfant éprouvante.

(3) Dans ma famille le credo était : pas d'alcool tant que tu n'as pas achevé ta croissance. Quelques entorses avec les vins italiens que les oncles allaient chercher dans de magnifiques damigiana et un peu de champagne lorsque quelque chose devait être fêté. Comme je n'étais pas rebelle pour ce qui me semblait soluble dans la patience (il y avait déjà suffisamment de combats à mener comme ça), j'attendais donc patiemment mes 18 ans avec une liste mentale des choses qui avaient éveillé prématurément ma curiosité.

(4) Au début seule la bière m'étourdissait mais parce que j'en buvais avec mon premier amour (c'était lui, l'effet) - assez vite plus du tout (il m'avait quittée) -. Ce n'est que très longtemps plus tard que j'ai compris que j'avais une forme d'imperméabilité aux effets de l'alcool. J'ai traversé toutes les fêtes d'une carrière étudiante à me demander en voyant les autres se comporter étrangement, mais qu'est-ce qui leur prend ? Je croyais jusque-là que les seuls effets de l'alcool étaient de rendre globalement les femmes un peu plus bavardes et certains hommes soudain violents. Mon naturel étant passablement déjanté, je profitais des fêtes pour me laisser aller et dans ces moments-là ça ne surprenait personne, mais je n'étais pas ivre, seulement moi-même sans retenue. C'est en lisant "Le club des incorrigibles optimistes" de Jean-Michel Guenassia que j'ai enfin vraiment compris. 

(5) Lequel n'en comporte pas car c'est une marque italienne qui sponsorisait. Et que l'on voit dans des moments parfois inattendus.

(6) Comme quoi contrairement à ce croi(en)t d'aucun(s) je ne vais pas si souvent au café. 

PS : Véronique, merci !

PS' : Et grâce à ces retrouvailles vous avez échappé à un billet un tantinet moins léger sur les morts de Normandie.

PS" : Et merci à Jean-Marc qui me fait suivre ce lien grâce auquel je sais désormais que j'ai avec la reine d'Angleterre un point commun et que j'ai donc une alliée pour sortir ce charmant apéro de l'oubli ;-) 


Yesterday

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Je m'apprête à mettre cette photo à bonne taille pour un site ami où je compte la confier. Mais soudain je me rappelle combien une simple promenade en bord de mer, même en hiver peut être belle. Et j'ai envie d'en garder la trace ici aussi. L'avenir (individuel (le mien, le nôtre) et collectif (en tant qu'humains sur cette planète qu'on est en train de bousiller)) comporte de nettes menaces, même s'il n'est pas sans belles promesses. Je viendrais revoir cette photo quand le sombre m'épuisera.


La mer

S'il ne faisait pas si froid (1), je pourrais passer des heures et des heures, à regarder les vagues, seulement guetter cet instant-là, lorsque se crée l'ourlet [d'écume]. Je ne suis pas capable de dire pourquoi je trouve cela si beau.

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[photo : plage de Carteret, aujourd'hui en milieu d'après-midi]

(1) Même s'il ne fait pas très froid mais surtout venteux, il fait froid pour moi.


Présidentielles anticipées (l'étrange songe tourmenté des)

  

Depuis quelques temps, ayant ce privilège inouï de ne pas devoir répondre à des horaires de matin contraignants (1), et profitant de ce que l'homme de la maison bénéficie de jours de congés (bien mérités), je me réveille à mon sommeil fini. Il se trouve qu'au normal de moi, j'ouvre assez naturellement les yeux vers 7h ou 7h30, 8h l'hiver ; mais qu'en ce moment, à ces heures en France il fait encore bien nuit. 

Alors l'animal en moi choisit le plus souvent de se conformer au soleil et de prolonger son somme. Mais la fatigue courante a été éclusée, ce qui laisse la porte ouverte à des rêves en conscience effleurée dont la plupart du temps je me souviens après.

Celui de ce matin, un rêve de rendors donc, était pour une fois loin de mes préoccupations strictement personnelles, presque drôle (ou inquiétant) et donc partageable.

*        *        *

J'ai rêvé qu'au lieu d'être en petites vacances impromptues en Normandie j'étais chez moi à Clichy, un jeudi de semaine normal avec le radio réveil qui se déclenche à 6 heures et demie. Ayant depuis longtemps abandonné NRJ au profit de France Culture (2), cela signifie que nous nous réveillons peu ou prou avec un flash d'informations, assez bref et concis.

Dans mon songe de Normandie j'étais donc en train de me réveiller en banlieue parisienne en entendant que puisque François Hollande devait prendre place au siège laissé vacant par Nelson Mandela dans l'Académie (une sorte d'académie française mais internationale où il était question de politique au lieu de belles lettres), le poste de président de la république se trouverait bientôt vacant et que des élections anticipées devaient avoir lieu.

On nous expliquait que c'était une sorte de promotion automatique à laquelle pour le rang et l'honneur de la France il ne pouvait déroger. 

Je songeais Oh putain le souk ! Et effectivement le prédécesseur déjà se précipitait pour sauver le pays assommant ses dauphins (au secours !), à gauche personne n'était présentable, malgré les ambitions déclarées du ministre de l'intérieur, le parti qui prétend n'être pas d'extrême droite se frottait les mains certain d'avoir une représentante au second tour et de peser lourd, très lourd. Et je ne pouvais même plus me réfugier en Belgique auprès de ... non, rien. L'Italie ? (3)

C'est peu dire que je me suis réveillée effarée, même si j'ai tenté de sourire de cette étrange académie que je venais de créer.

*        *        *

PS : Je n'ai rien de grave contre l'actuel président même si, comme prévu mais un peu pire, il me déçoit. J'espérais que la gauche avancerait à très grands pas sur les sujets de société, qui ne coûtent pas à mettre en place et ne mécontentent (tant pis) que ceux qui de toutes façons sont déjà mécontents de par le fait que pour une fois dans ce pays le pouvoir leur échappe et que leurs valeurs (à mes yeux rétrogrades) ne prévalent pas. 

Je crois que ce rêve vient de l'info lue quelque part d'une voiture qui a tenté de rentrer dans l'Élysée et d'autre part d'une interview de Cécilia Attias retracée dans le Canard Enchaîné où il était fait mention de femmes qui auraient divorcé pour "se rendre disponibles" pour le président précédent alors qu'il venait de se séparer d'elle. Et que j'ai du mal à le croire. Mais du coup ça aura mis le mot "président" dans mes pensées.

  

(1) sauf aux jours de piscine mais d'une part c'est avec joie et d'autre part les entraînements n'ont pas lieu pendant les congés scolaires.

(2) Hé oui, on vieillit. 

(3) On remarquera mon peu d'appétence pour l'option pourtant la plus probable compte tenu de mes limites amoureuses et financières, Rester sur place et (tenter au moins vaguement de) résister


Niveau de jeu

 

Quand on a traversé deux grosses dizaines d'années de travail en entreprise avec des plannings, des urgences, des pannes informatiques à résoudre avant qu'elles ne soient arrivées, des ans 2000 et des passage à l'euros avec courses contre la montre y afférentes, des hiérarchiques qui déboulaient pour un oui pour un non et décréter que tout soudain il fallait abandonner l'urgence (une fausse urgence, une urgence juste pour plaire au chef du dessus, mais rien qui n'aurait pu être fait paisiblement avec un brin d'organisation non infantile) en cours pour une nouvelle urgence et qu'il faut que ça soit terminé hier,

quand on a mené jusqu'à l'âge adulte deux enfants, certes adorables, mais qui ont eu leur temps d'être petits, de requérir une attention permanente, plus tard de devoir être accompagnés ici ou là, et en vacances d'être occupés, car le repos n'était pas pour eux une option raisonnable, et qu'ils n'auront de bons souvenirs que des choses un peu inhabituelles qu'ensemble nous aurons faites (1).

Bref, dans un cas comme dans l'autre, des activités, des réactions à des demandes qui nous sont imposées, parfois contre notre rythme - une sieste serait requise, ou de la concentration lente pour résoudre un problème d'un certain niveau -. Des heures et des jours qui se trouvent confisquées à notre volonté personnelle et notre propre sens de leur déroulement souhaité.

Vient un temps où le bonheur le plus extrême est :

 

DE N'AVOIR PENDANT QUELQUES JOURS RIEN DU TOUT DE PRÉVU

 

et certes des choses à faire (2), mais à notre guise, notre rythme, qui pourront attendre d'être rentrés sans que le ciel ne nous tombe sur la tête si elles sont reportées, et des repas seulement quand vient la faim.

Tiens, si on allait voir la mer ?

Attends, je finis mon chapitre ! 

Et la tombée de la nuit pour seule limite, ou le lever du jour, et encore pas pour tout :-) .

C'est un peu comme d'avoir traversé, victorieux (de fort peu mais quand même), certains niveaux de jeu, et d'être parvenus à une sorte de plateau calme, en ayant encore quelques points de vie, solidité et autres protection face à l'adversité et qu'elle ne repointerait pas immédiatement son nez, même si je sens bien qu'elle fourbit ses armes.

J'oubliais ce plaisir infini qu'il y a à pouvoir se consacrer à des activités qui nécessitent plusieurs heures sans interruptions, de n'en rompre le fil que pour des raisons élémentaires liées à son propre corps (faim, soif, sommeil, envie de pisser - j'y ajouterais bien autre chose mais il faut être idéalement deux et soudain c'est plus compliqué -) ou une éventuelle (et chez moi très rare) lassitude de l'esprit. Je sais que ce paragraphe parlera à ceux de mes amis qui sont récents ou encore parents d'enfants petits, surtout encore les mères (mais j'espère qu'au fil des ans un équilibre un jour s'instaurera - je connais quelques jeunes pères qui font de gros efforts pour ça ; qui sait si le mariage possible à tous n'aura pas un effet bénéfique sur le décloisonnement des tâches, comme un bon petit coup d'accélérateur - (sans parler de certaines jeunes mères qui considèrent qu'il en va de leur honneur de se gâcher la vie, après tout c'est leur droit, tant qu'elles ne font pas peser sur enfants et conjoints le poids de leur sacrifice volontaire)). Pouvoir se consacrer à quelque chose sans interférence est devenu un privilège infini.

Ces jours-ci j'y ai droit et savoure à l'envi.

 

(1) Oui mon fils, je sais : le téléphone qui ne marchait pas, le film qui n'existait pas, le musée vide ... #lantimèreexemplaire (mais de bonne volonté)

(2) Au fond de moi somnole un programme très chargé, mais je m'efforce présentement de ne pas faire de bruits pour ne pas le réveiller.