Dépréciation des bouquins (signe de la)
08 décembre 2013
En bonne Bécassine Béate (appellation Samantdi contrôlée) tu t'es d'abord dit en voyant dans ce magasin japonais des livres, des vrais (un lot de Stock, deux lots de Grasset) chargés de garnir les étagères qu'ils vendaient, Oh tiens, les livres sont donc encore considérés comme des éléments de déco acceptables ?
Et ça t'a paru une excellente nouvelle (1). Tu t'es amusée de leur précaution à n'avoir disposé que de publications déjà un peu anciennes, dernière décennie du siècle dernier (à vue de nez).
Puis un neurone s'est réveillé - tu en as encore, mais l'hiver ils dorment le plus souvent -. Si des livres avaient été mis là, dans cette boutique au fort passage d'un centre commercial ultra-moderne, c'était tout simplement qu'ils ne risquaient en rien d'être pris pour des objets à vendre, ni même de tenter le moindre voleur.
Leur présence n'était que le signe qu'ils ne valaient plus rien.
Tu as beau savoir depuis un moment que leurs jours comme les tiens sont comptés, ça t'a fichu un coup, un brin démoralisée.
Profitons à fond des dernières années.
(1) D'autant plus que tu as lu il y a quelque temps quelque part que le magasin de meubles nordique n'allait plus dimensionner ces étagères mythiques aux petits budgets en fonction de la taille des livres en papier. Et que c'était un signe du début de la fin des temps (du moins pour les textes sous cette forme).
PS : Pour vérification scientifique, tu as été tentée de demander avec courtoisie à un vendeur si tu pouvais te permettre d'en emprunter un. Mais tu étais accompagnée par quelqu'un aux yeux duquel tu juges prématuré de passer pour une vieille dame indigne. Alors tu n'as pas osé.