Bombe affective à retardement (petite)
08 décembre 2013
À la recherche de ce que j'avais écrit le 8 décembre 1980 - je me souviens que j'avais rédigé la nécrologie ... d'un voisin de mes parents dont j'ai depuis totalement oublié qui il était, alors que visiblement c'était un homme sympathique que j'appréciais -, j'ai par curiosité parcouru les 8 décembre ultérieurs, histoire de voir si par hasard une année où l'autre j'avais songé à Lennon (1). Je me souviens avoir tant aimé son "Grow old along with me" par exemple.
Et je suis tombée lors d'une entrée datant du mitan des années 80 sur quelques phrases pragmatiques et sans gras ni émotivité dans lesquelles je note qu'une amie ce week-end là en avait allègrement profité pour vivre en amoureux avec un autre tandis que son fiancé était ailleurs (obligations familiale ?). Je ne dis pas allègrement, justement, je dis juste, dans mon style de marin tenant un carnet de bord : tel jour telle heure : Machine a passé le week-end avec Truc pendant que Bidulon était à Perpète-la-Ouache. Et je me note, parce que décembre est pour moi une période de grande fatigue et que j'ai peur d'oublier, noyée dans mon occupation principale de survivre tout en ne manquant pas les cours, ceux que je donnais pour gagner quelques sous, ceux que je suivais en vue de mon diplôme, de bien veiller à Bidulon dans la semaine qui suit, car j'ignore si Machine joue une fois de plus les manipulatrices (2) ou s'il y a réellement quelque chose entre Truc et elle. Je l'écris sans jugement, mais seulement pour me dire que dans tout les cas prendre soin de Bidulon qui risque d'aller mal (3), et que comme il est du genre qui ne dit pas quand ça ne va pas ...
Le gag c'est que Machine et Bidulon sont toujours ensemble plus de trente ans après. Et que je n'ai plus la moindre idée de qui Truc était (son prénom est courant de notre génération).
En revanche, si les lignes exactes de mon journal d'antan avec les prénoms et les lieux précis venaient à fuiter, je ne suis pas certaine - j'ignore si in fine l'un a su pour l'autre -, que ça plongerait mes vieux (4) amis dans un bonheur conjugal infini.
D'où une pinte de rigolade, parce que quand même. Il est drôle longtemps plus tard de lire une histoire dont on connaît le dénouement, alors qu'au moment même non. J'ai en quelque sorte involontairement auto-créé, le fun gossip-writing du long future. Ça pourrait faire un genre conceptualisé : écrivez aujourd'hui les petites affaires pas forcément très nettes (ni forcément toutes amoureuses, ça peut être dans le business aussi, la politique ...) du moment et balancez-les vous pour dans 30 ans, vous verrez, sauf si un drame s'en est suivi, vous rigolerez.
Et quelques réflexions : on n'a pas attendu les blogs et autres réseaux sociaux pour potentiellement divulguer des trucs déconseillés. Ce qui hier pas plus qu'aujourd'hui ne voulait dire qu'on le faisait. Disons simplement que les fails de passwords étaient moins courant et s'appellaient plus fréquemment Maman fait le ménage.
Ne pas oublier de prendre ses dispositions lorsque l'on est diariste et qu'on aime bien les gens afin que l'intégralité n'en soit pas publiée (numérique ou papier) avant 20 ans au moins après notre mort. Le temps que les amis survivants soient eux-mêmes dans le même état ou trop âgés pour que des conséquences néfastes puissent survenir comme suite aux révélations.
De Lennon, aucune traces (so far).
(1) Sans être raide fan, j'appréciais les Beatles dont les chansons joyeuses avaient accompagné ... mes tours de manèges.
(2) Au vu de mes notes c'était régulièrement un sujet de discussion musclé entre nous. Elle maîtrisait tout des procédés sournois de séduction féminine et moi j'étais l'amie des garçons et de la franchise en toutes circonstances. Le fait est qu'ils lui ont donné raison.
(3) Bidulon, Machine et le futur Homme de la Maison étions de bons amis.
(4) Oups quand on atteint ces âges ou finalement vieux amis ne signifie pas uniquement "de longue date"
PS : L'autre gag étant bien sûr que les principaux intéressés ont probablement tout oublié de la péripétie en question. Mais disons qu'elle est un bon exemple, une parfaite illustration.