Comme tout change (tandis qu'au fond rien n'a changé)
29 novembre 2013
Partie au festival d'Arras puis requise par différentes contraintes, occupée aussi à déposer ici ou là mon CV - très difficile de chercher un emploi après une rupture subie, cette sensation profonde que de toute façon on n'est plus LA bonne personne pour personne -, je n'étais pas venue à la BNF depuis le 7 novembre. Entre-temps l'accès Est est ouvert à nouveau. Deux ascenseurs et des escaliers remplacent les rampes glissantes et malcommodes qui n'étaient pas tout à fait assez larges pour que deux personnes de front puissent passer.
Ça sera mieux.
On dirait cependant qu'une sorte de malédiction préside à tous les choix systématiquement : l'escalier est fait de grilles métalliques c'est transparent on voit le sol. Je ne suis pas concernée sauf aux jours de tension vraiment trop basse, mais je plains ceux et celles qui sont sujets au vertige. Les portiques de contrôle pour l'instant ne sont pas bien réglés. Trop sensibles ils sonnent on ignore bien pourquoi. J'ai eu beau vider mes poches, les retourner, je faisais sonner d'alarme. Un jeune homme avant moi connut le même tracas. De guerre lasse et parce que d'autres attendaient, il a bien fallu nous laisser passer. Peut-être y aurait-il une part métallique au chagrin et que lui aussi (il avait l'air triste) en serait atteint ?
Le nouveau système de réservation s'est débarrassé du bug qui obligeait à s'y reprendre à deux fois pour les postes audiovisuels. Finalement pouvoir en arrivant choisir une place dont l'internet est disponible (puisque que le wi-fi n'y est pas et qu'un poste sur deux seulement est équipé) se révèle plutôt pratique même si devoir demander une place en arrivant fait perdre un peu de temps.
Étrange de retrouver ces lieux qu'il y a encore quelques mois j'occupais entre mes journées salariées et dûment accompagnée de la lointainte présence d'un correspondant bien-aimé. Les commentaires de films qu'on pouvait s'échanger. À présent, un grand vide, même si même sans guide je ne manque pas d'idées de classiques à rattraper.
Comme tout change ! Ce n'est plus la même façon d'habiter ces lieux. Comme rien n'a changé ! Je retrouve les places habituelles, la connexion filaire, mes documents en cours d'étude que je n'ai pas lâchés. Depuis ce sombre été, j'ai tout continué sur ma lancée, mais l'élan n'y est plus. Vis ta vie a écrit celui que j'ai aussi soutenu. Je suis une femme jetable, qui aide les autres à aller mieux, dont on se débarrasse après. Que puis-je changer ?
J'aimerais pouvoir venir tous les jours sans avoir sur d'autres tâches à me disperser (1). J'aimerais au moins pouvoir écrire en paix.
(1) Bon, éplucher les haricots verts comme la veille je veux bien et même les cuisiner. Mais devoir me rendre à d'inutiles convocations, ou traverser la ville pour remettre un CV dont j'ignore à cette heure s'il a seulement été regardé ou bien directement jeté (réponse obtenue mais en insistant), c'est absurde. La période est pour moi suffisamment pénible, je n'ai pas besoin que l'on vienne me charger d'autres contraintes et corvées, d'efforts non reconnus.