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(Le) coup (du) torchon

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À l'heure d'emmitoufler délicatement le gâteau préparé dans un torchon protecteur en vue d'un bref déplacement qu'il faudra effectuer afin de parvenir à son lieu de partage, je remarque que celui que j'ai pris, en haut de la pile des propres et repassés, ne fait pas partie de nos vieux lots familiaux usés, qu'il ne m'appartient pas.

Je me souviens alors d'une histoire de brioches vanillées à tester, que peut-être ça date de là, du temps où les livres et le bazar n'ayant pas encore pris possession de l'appartement ni l'écriture de tout mon temps, et les chagrins du reste, nous invitions encore les amis, dont certains n'étaient pas tout à fait tranquilles de quitter leur banlieue huppée pour notre quartier alors mal famé. Quel gag qu'il se soit embourgeoisé à présent que nous ne recevons plus (1). Et que donc voilà le torchon qui emballait les brioches de test, Oh tu me le rendras la prochaine fois. Et puis : la prochaine fois n'a pas eu lieu. Comme il y avait du côté des amis du déménagement dans l'air, que j'ai changé trois fois d'ordis depuis (non par attrait des nouveaux modèles mais après quelques pannes d'où des pertes d'infos), que les amis ont peut-être écrit à mon adresse professionnelle de "l'Usine" qui aura été brutalement dégagée (ou plus probablement : continue à engranger des messages qui s'entassent dans l'ombre et que personne ne consultera jamais, ou a atteint son niveau de saturation et renvoie inlassablement un message de mailbox is full) et ne savent plus non plus trop ou me joindre ou n'en ont plus envie (je n'avais pas trop fait honneur aux brioches, ou bien fait quelque gaffe dont je serais inconsciente - la bouderie est inoppérante avec moi, fors mes très proches, je peux mettre des mois à me rendre compte que quelqu'un se tait inhabituellement, tout occupée par mon grand amour avec la perpétuelle fatigue et une existence forrest gumpique -). 

Bref, j'ai un beau torchon, une idée à peu près précise de la personne à qui il est et peu de moyens de le lui rendre actuellement (2).

Je dispose également d'un meuble, un grand, qu'une amie qu'il gênait nous avait confié mais qu'entre temps mes bonheurs de l'internet ont fâchée. D'un gros volume de Pierre Bordage qui appartient à mon ami Frédéric que nous n'avons pas revu depuis que j'ai quitté ma vie de cadre surmenée (3) - à ce propos si tu passes par là, sache que j'écris une fiction dont l'un des personnages se prénomme comme toi mais n'a rien à voir, c'est l'un de ceux qui l'ont inspiré qui m'avait dit qu'il aimerait aussi être ainsi nommé ; mais tu n'as aucun rapport avec eux -. Madame N. m'avait passé deux vêtements, mais il semble que nous n'existions l'une pour l'autre que par librairie interposée et les derniers temps furent compliqués (4).

Il est difficile de garder contacts avec ceux qui refusent et l'internet et les téléphones portables.

Je préfère ne pas parler du chagrin récent, il y a des livres et des DVD qui sont répartis ici ou là au petit bonheur la chance grand chagrin la peine. Longtemps plus tard je tomberai sur un film qu'il m'avait confié, que je devais lui rendre en juin puisqu'il passait à Paris, qu'on allait se voir, sans doute la semaine suivante ou celle d'après, et puis, voilà, non, soudain The End.

Il y a un livre d'une amie de longue date, dédicacé, que j'avais confié à mon amie si proche durant la période du comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun : la première y évoquait sa vie à Bagdad. La désaffection brutale et inexplicable de la seconde a laissé le volume chez elle. Peut-être l'a-t-elle entre-temps donné ou revendu sans plus se souvenir d'où il provenait (5). Le déni englobe, j'ai pu par deux fois hélas le constater, les éléments matériels qui le concernaient.

Tu peux ainsi rester avec entre les mains non seulement un sentiment qui t'encombre, puisque l'autre ne veut plus que tu l'éprouves pour lui, mais aussi des choses concrètes, matérielles, dont il nie l'existence ou qu'il tente, si c'est trop flagrant, d'attribuer à un moment d'égarement. Et la personne qui t'a effacé(e), contemple probablement avec perplexité quelque vestige du rôle renié que tu jouas dans sa vie. Qui donc m'avait filé ça ?

Plus légèrement, il y a des livres que j'ai prêtés et pour lesquels j'ignore (j'ai oublié) chez qui ils se trouvent. J'y pense parfois, lorsque j'aimerais en relire un passage. Souvent l'internet y pourvoit ou la BNF depuis que j'ai le privilège d'y être inscrite.

Il y a un manuscrit qui n'est plus chez personne (absolue bizarrerie). Ce cas est un peu à part (ce n'est pas l'amie qui manque, mais l'objet). 

Il y a aussi le cas des choses qui réapparaissent alors qu'on en avait oublié l'existence. Une amie, récemment m'a rendu un pull - je me déplace rarement sans un pull de secours, parfois il ne dépanne pas que moi -. J'avais oublié et le lainage et de le lui avoir confié.

Il n'empêche que globalement je trouve un peu triste ces traces de notre facilité à perdre au cours d'une vie les gens. Comme si nous étions de frêles esquifs sur une mer déchaînée et que nous ne pouvions guère que nous côtoyer un temps avant que les courants ne nous éloignent, chacun désormais équipé de ce que l'autre lui avait passé alors que se touchaient nos embarcations.

 

(1) Je n'ai pas tout à fait perdu espoir de reconquérir l'espace normal d'un appartement lorsque notre fille aura quitté la maison et que sa chambre pourra me servir de bureau d'où que la cuisine redeviendrait cuisine et que comme elle est assez vaste nous pourrions à nouveau disposer d'une table où rassembler, manger, boire, festoyer.

(2) Contrairement à ce qu'on pourrait croire, être au chômage ne libère pas excessivement de temps, on ne peut rien prévoir au delà des jours suivants, qui peuvent être réquisitionnés par Pôle Emploi ou ses annexes ou bien des entretiens urgents mais qui ne débouchent pas forcément. Je me vois mal entamer des recherches en vue de retrouvailles en ce moment.

(3) Je ne crois pas qu'il y ait un lien autre que les périodes un tantinet chaotiques qui ont immédiatement précédé ou suivi. Pendant ce temps il devenait cadre très supérieur ce qui occupe un peu.

(4) Elle essayait d'en savoir plus que nous ne pouvions lui dire.

(5) Ce qui peut donner lieu à un terrible effet d'apparence trompeuse : imaginons que par un circuit de revente et se le repasser, le livre dédicacé pour moi réapparaisse dans le circuit de l'occasion et que comme il n'est pas facile à trouver quelqu'un qui connait l'auteure l'y déniche. Cette dernière risque de croire que c'est moi qui fais fort peu de cas d'un présent qui bien au contraire m'était précieux. J'avais simplement commis l'erreur de le prêter à la personne au monde à laquelle je faisais une confiance absolue.

PS : Je ne parle pas ici de prêts longue durée en cours, Nicolas j'ai toujours un de tes DVD (pas encore vu) et Jeannine celui que j'avais emmené à la Brosse pour te le rendre en repartant sans te le confier (il avait pris l'air de la campagne, il est en pleine santé).


D'accord d'accord c'est de la publicité (mais je la trouve excellente)

(oui ça m'arrive)

C'est une réclame d'une société de biotechnologies qui  commercialise des tests et des systèmes de diagnostics destinés aux laboratoires d'analyses médicales (entre autres). Elle a été faite je crois en 2007 (j'ignore pourquoi c'est en 2013 qu'elle a rebondi par camarades touitons interposés jusqu'à moi), et évoque ce qui était alors un clip promotionnel pour de nouveaux réactifs de PCR (ou réaction en chaîne à polymérases). Ne pas avoir peur, c'est expliqué tout bien ici chez le biologeek Jay.

(et là le fiston va me dire : - Mais maman t'étais vraiment obligée de mettre plein d'explications relouds avant la video ? Et je vais répondre : - Oui mon enfant. Parce que c'est encore plus drôle quand on comprend (tout) (ou presque))

PS : Cela dit j'espère que je n'ai pas compris de travers et du coup mal expliqué ou transmis de douteuses approximations.


Le tracas relatif

Alors qu'on discute sur l'autre chaîne des rapports compliqués entre maladie grave et travail,

d'une part parce qu'à de mêmes traitements certains réagissent en ne tenant plus debout (physiquement) alors que d'autres se dressent encore vaillamment (1) et
d'autre part parce que beaucoup ont un travail qui est un fardeau - c'est pour payer le loyer mais ce boulot n'est pas un choix, c'est un pis-aller, il est subi et fait peiner, ils ne se sentent pas défini par lui -, tandis que pour d'autres il est la colonne vertébrale de l'existence, sa justification, un accomplissement, quelque chose qui la justifie. Avec bien sûr toutes les nuances entre ces deux extrêmités. Un peu comme les gamins pour l'école, en fait,

il me vient en mémoire un bref échange dont j'ai été témoin hier soir entre deux hommes pas tout jeunes (2) que je ne connaissais pas mais qui semblaient de bons copains. 

Le local associatif où avait lieu les belles lectures auxquelles j'ai assisté comportait entre deux pièces plus grandes un couloir étroit et suivant le mouvement d'un endroit à l'autre je me suis trouvée toute proche d'eux.

Le premier (visiblement tout content) : - Oh [prénom prononcé d'un ton affectueux], ça faisait longtemps ! Content de te voir, dis-donc. T'étais passé où ?

Le second (tranquille, serein) : - J'ai eu quelques tracas de santé, mais là ça va ça y est. Je suis content de revenir.

Le premier pose une question muette avec les yeux : - (Ah bon qu'est-ce qui t'est arrivé ?)

Le second (exactement du ton où il aurait dit Un rhume) : - Un cancer du poumon. 

Il fait silence un très bref instant, j'ai l'impression qu'il cherche quelque chose d'atténuant à dire mais sans le trouver parce que c'est comme ça et pas autrement (mais j'interprète je peux me tromper. Seule certitude : ça n'était pas un silence de type Je cherche à faire mon petit effet), l'autre ne dit rien, et encaisse (Merde alors, j'ai failli te perdre, pense-t-il si fort qu'à deux pas je l'entends) mais, voilà, ne dit rien (Que dire ?).

Le second alors concède : - C'est vrai que ça a quand même été un peu long.

Et puis ils ont parlé de poésie, le premier respectant l'évident besoin de son ami de ne pas faire de sa maladie toute une maladie et de justement passer à autre chose, il est la pour ça, et on était tous là pour la poésie, d'ailleurs. Auprès d'un galopin de 95 ans, qui pétillait de plaisanteries et semblait pour le coup se porter comme un charme. Et si l'humour majeur était dans certains cas un facteur de survie ?

J'ai été très touchée par l'affection qu'ils se portaient, toute muette et un peu distante (s'ils avaient été proches la maladie de l'un aurait été connue de l'autre) qu'elle était.

 

(1) Je crains l'attitude qui consiste à dire, Je me suis secoué(e) faites-en autant. Non, la maladie et les effets néfastes de certains traitements sont plus forts que la volonté des plus héroïques. C'est comme face aux typhons, tornades et autres ouragans, sur le moment on ne peut que se planquer, et vite ; après, peut-être que votre maison sera encore pour partie debout et celle du voisin totalement à terre ou carrément volatilisée. Qui oserait alors dire au voisin Allons faites un effort, ça ne tient qu'à vous que votre maison soit encore là. De plus, tout le monde n'a pas un amour, une passion, un achèvement majeur, une extrême ambition à quoi se raccrocher. La maladie peut avoir pour effet de nous arracher à ce(ux) qui nous aidai(en)t paisiblement à tenir et nous rendre incapables d'assumer nos obligations. Comme l'écrivait tout à l'heure @tellinestory, "ras le bol des injonctions "souffrir selon les pointillés".

(2) Autrement dit : de mon âge, à peine un peu plus. Il serait peut-être temps que je me (re)mette en tête que je n'ai pas vingt-cinq ans. En fait je parcours ma vie à l'envers : j'ai été adulte enfant et je suis enfin jeune vieille.


Autre surprise mais terrifiante celle-là

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J'ai donc passé une bonne journée, objectivement, avec une fort belle soirée (merci à Seyhmus Dagtekin et à la compagnie Résonnances) avec de gros moments de faiblesse dus à cette sensation de ne pas m'en sortir (chômage et chagrin), je me suis secouée, j'ai avancé d'écrire (mais pas comme il faudrait), on a beau vouloir ne pas baisser les bras devant les adversités cumulées il y a des moments où l'on se cogne à nos limites. 

Je m'apprête à éteindre après quelques échanges apaisants avec mes amis - en fait j'utilise beaucoup les réseaux sociaux avec des amis d'en vrai, parce qu'on ne peut pas non plus être partout et de sorties tous les soirs, mais que c'est quand même chouette d'échanger quelques mots avec les bons copains -, quand un ami retouite ces mots de Christina O'Neill (que je ne connais ni ne suis - follow -), "Horrible plane descending sound, big crash". Très vite un article du Soir embraye : un hélicoptère (de la police, mais qu'est-ce que ça change ?) s'est écrasé en Écosse sur un pub. La jeune femme continue de témoigner de ce qu'elle voit (si j'ai bien compris de la fenêtre de son appartement), elle se souviendra tout le restant de sa vie de ce soir là où juste avant elle plaisantait au sujet du football.

Sa qualité et qu'aussi je m'imagine parfaitement eussé-je été écossais(e) en train d'aller prendre quelques pintes le vendredi soir avec les copains, semaine de taf bouclée, besoin de se détendre, font que je me sens immédiatement concernée. Mon esprit n'a pas pu s'empêcher d'imaginer celui qui revient du pub en pleine nuit et doit expliquer à sa famille Je n'ai pas pu rentrer plus tôt, un hélico s'est écrasé sur le pub.

Même loin de ce qui est survenu, même à Paris où tout semble calme (1), je me sens concernée. J'ai honte aussi de ma faiblesse de la journée : je suis au chaud tranquille et certaines personnes avec lesquelles je me sens un bon coefficient d'humaine fraternité viennent d'achever leur vie ou d'être gravement blessées parce que pendant que j'écoutais paisiblement un très vieux et malicieux poète, ils avaient, pour se détendre, choisi d'aller prendre une ou deux pintes pas loin de chez eux. Qu'un truc improbable survient et qu'alors tout s'achève.

Il ne faut jamais oublier que la vie est un scénariste fou, dangereux et déjanté. Never forget. And as long as your body's all right enough never try to die before your day. Le pire comme le meilleur peuvent toujours arriver.

 

(1) Encore que, ayant traversé des zones de prostitution pour rentrer, j'ai observé une certaine ... euh ... fébrilité. Je crois que la pénalisation des clients ne va pas rendre la vie facile aux femmes de la profession. Déjà que.

 

Many thanks to Christina O'Neill. I appreciate and admire the way she's trying to cope with it.

01:48 Je lis qu'il n'y aurait pas eu de morts (à part peut-être ceux qui étaient dans l'hélicoptère ?)

PS : Il faudrait un billet à part entière pour exprimer ce que ça change et qui n'est pas rien d'être depuis quelques années en prise directe avec le moindre événement presque où qu'il survienne. C'est sans doute un des changements les plus cruciaux depuis mon enfance. Le travail des journalistes que l'on suit en amont (ils contactent les témoins par les réseaux directement) est aussi (malheureusement dans de telles circonstances) très intéressant.
J'ai vu le monde changer.


Un instant de surprise

 

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À part que tu trouves peu charitable d'avoir conçu un escalier à claire-voie et où l'on voit trop bien le sol par transparence plus bas (1), tu t'es retrouvée toute surprise de constater que les longs trajets en tapis inclinés l'un roulant et l'autre non, correspondaient en fait à une simple volée de marches aisément montées ou descendues, et qu'il eût été si facile que dès le début cette possibilité soit au moins en option.

Tu aimes bien le petit côté Lieu de science fiction futuriste des années 60 de la BNF, et qui fait volontiers frétiller ton imaginantion, en revanche pour ce qui est du sens pratique ce bâtiment est une sorte d'anti-exemple parfait (ne serait-ce que le stockage des livres dans des tours et les toilettes loin loin loin).

Il n'en demeure pas moins qu'il est fort agréable de retrouver un accès direct par l'est sans avoir à faire un kilomètre à pied. Ça usera moins les souliers.

 

(1) Jusqu'à il y a quelques mois je fréquentais entre autre un grand échalas sujet au vertige. Ça m'a rendue attentive


Comme tout change (tandis qu'au fond rien n'a changé)

 

 

Partie au festival d'Arras puis requise par différentes contraintes, occupée aussi à déposer ici ou là mon CV - très difficile de chercher un emploi après une rupture subie, cette sensation profonde que de toute façon on n'est plus LA bonne personne pour personne -, je n'étais pas venue à la BNF depuis le 7 novembre. Entre-temps l'accès Est est ouvert à nouveau. Deux ascenseurs et des escaliers remplacent les rampes glissantes et malcommodes qui n'étaient pas tout à fait assez larges pour que deux personnes de front puissent passer. 

Ça sera mieux. 

On dirait cependant qu'une sorte de malédiction préside à tous les choix systématiquement : l'escalier est fait de grilles métalliques c'est transparent on voit le sol. Je ne suis pas concernée sauf aux jours de tension vraiment trop basse, mais je plains ceux et celles qui sont sujets au  vertige. Les portiques de contrôle pour l'instant ne sont pas bien réglés. Trop sensibles ils sonnent on ignore bien pourquoi. J'ai eu beau vider mes poches, les retourner, je faisais sonner d'alarme. Un jeune homme avant moi connut le même tracas. De guerre lasse et parce que d'autres attendaient, il a bien fallu nous laisser passer. Peut-être y aurait-il une part métallique au chagrin et que lui aussi (il avait l'air triste) en serait atteint ?

Le nouveau système de réservation s'est débarrassé du bug qui obligeait à s'y reprendre à deux fois pour les postes audiovisuels. Finalement pouvoir en arrivant choisir une place dont l'internet est disponible (puisque que le wi-fi n'y est pas et qu'un poste sur deux seulement est équipé) se révèle plutôt pratique même si devoir demander une place en arrivant fait perdre un peu de temps.

Étrange de retrouver ces lieux qu'il y a encore quelques mois j'occupais entre mes journées salariées et dûment accompagnée de la lointainte présence d'un correspondant bien-aimé. Les commentaires de films qu'on pouvait s'échanger. À présent, un grand vide, même si même sans guide je ne manque pas d'idées de classiques à rattraper.

Comme tout change ! Ce n'est plus la même façon d'habiter ces lieux. Comme rien n'a changé ! Je retrouve les places habituelles, la connexion filaire, mes documents en cours d'étude que je n'ai pas lâchés. Depuis ce sombre été, j'ai tout continué sur ma lancée, mais l'élan n'y est plus. Vis ta vie a écrit celui que j'ai aussi soutenu. Je suis une femme jetable, qui aide les autres à aller mieux, dont on se débarrasse après. Que puis-je changer ?

J'aimerais pouvoir venir tous les jours sans avoir sur d'autres tâches à me disperser (1). J'aimerais au moins pouvoir écrire en paix.

 

(1) Bon, éplucher les haricots verts comme la veille je veux bien et même les cuisiner. Mais devoir me rendre à d'inutiles convocations, ou traverser la ville pour remettre un CV dont j'ignore à cette heure s'il a seulement été regardé ou bien directement jeté (réponse obtenue mais en insistant), c'est absurde. La période est pour moi suffisamment pénible, je n'ai pas besoin que l'on vienne me charger d'autres contraintes et corvées, d'efforts non reconnus.

 


Non reçus

 

Du temps a passé, je crois donc pouvoir constater sans plus d'espoir qu'il y a deux cadeaux qui m'étaient destinés pour mon anniversaire et que je n'ai pas reçus. Du tout. Pas d'avis dans la boîte à lettres, rien. Deux ... à ma connaissance.

Pour autant la semaine de la date fatidique, l'appartement était habité (donc il y avait une bonne probabilité de réponse si un livreur sonnait), j'ai reçu pas mal de paquets, des livres essentiellement (ça vous étonne, hein !) donc ce n'est pas que le courrier dans son ensemble ne marchait pas.

J'utilise en désespoir de cause le biais du billet public, car j'ignore si d'autres colis ne se sont pas égarés, pour signaler que si vous m'avez envoyé quelque chose et qu'il vous revient en "non réclamé" ou autres variantes, je n'ai ni déménagé, ni rien refusé.

Et que j'ai remercié en temps et en heure (si, si, ça m'arrive) ceux dont j'ai reçu les cartes et les envois. Donc si vous n'avez pas de réponse de ma part, après avoir tenté de me faire parvenir quelque chose c'est que ça n'est pas arrivé jusqu'à moi.

(Ce matin un livreur a sonné chez moi au lieu des voisins d'en face, si c'est le même qui assure le secteur depuis un moment, ceci peut expliquer cela) (mais j'imagine mal mes beaux voisins garder pour eux un paquet qui serait pour moi, d'autant qu'il devait s'agit de livres. CD ou DVD de trucs aussi antiques que moi et donc pas à la mode jusqu'à leur support même) 


Souris des Champs et autres petits habitants

Visiblement deux collègues, sans doute aux cuisines d'un restaurant situé sur les Champs et rentrant tard après leur service. Ligne 13, avant dernier train.

Ils parlent des conditions d'hygiène, celles qu'ils appliquent et celles que les locaux leur empêchent de pleinement pratiquer. L'un des deux, sans doute nouveau, s'inquiète d'avoir vu une souris. Vivante, précise-t-il.

- Des souris, t'en verras partout de chez partout, le rassure son camarade, en mode Tant qu'elles ne bouffent pas tout. Les Champs sont infestés.

Et j'entends bien qu'il évite de lui dire que les souris ce n'est rien, s'il savait pour les rats. Puis il enchaîne sur un exposé fort juste et bien documenté sur les blattes. Je descends alors qu'ils s'approchent sans doute des mites alimentaires.


se tenir par la main (du danger qu'il y a de)

 

J'étais partie, sous l'air goguenard des amis pour partager grâce @plouga cette video dans laquelle Barack Obama fait preuve d'une maestria impériale dans l'art du C'est pas moi c'est les autres (1) et puis via @eric_fallourd, j'ai lu cet article sur le site du Nouvel-Observateur : 

Homophobie : j'ai été agressé car je lui tenais la main, à Paris, en 2013

Il se trouve que Tibo Leclerc fait partie des personnes formidables que j'ai rencontrées à cause du difficile passage de la loi pour le mariage pour tous (3). Tous plus ou moins sonnés de découvrir qu'un pan entier du pays où nous vivions était rétrograde, imbus de sa soit-disant supériorité et borné, souvent jusqu'à la haine. Munis d'une sorte d'impunité de droit divin, leur dieu à eux, qui n'est pas forcément le tien ni le mien, ni celui d'autres voisins, surtout si nous faisons parti des irréductibles qui ne croient à aucun Père Noël.

Je l'admirais déjà pour des propos qu'il a tenus, quelques confidences échangées, sa capacité sans pour autant se laisser faire à maintenir le dialogue ouvert avec ceux qui (alors moralement) lui faisaient du mal.  

À présent qu'un mauvais soir le danger est devenu concret et aux longues conséquences, constater qu'il n'en est pour autant pas devenu revanchard et à son tour haineux me fait chaud au cœur, j'en connais qui auraient craqué pour moins. C'est peu dire que son témoignage m'a émue. Sa force, sa dignité. Il me redonne une confiance en (une partie de) l'humanité, que les derniers développements de mon existence pour de tout autres raisons avaient en cette année 2013 salement ébranlée.

Je voudrais vivre dans un monde où mes amis, tous et toutes et avec qui qu'ils soient, pourraient marcher dans la rue en se donnant la main si c'est ainsi qu'ils se sentent bien. Sans devoir être sur le qui-vive comme s'ils commettaient un larcin. Est-ce être une naïve ahurie que d'espérer autant de respect pour chacun ? 

Tibo, j'aimerais que tu n'aies jamais eu à écrire ce texte mais puisque c'est ainsi, de tout cœur merci.

 

(1) Que les choses soient claires même si je manque de cohérence sur ce coup-là : je ne suis pas dupe, ni des artifices du politicien ni du rôle dangereux que jouent pour la planète les États-Unis - pour autant j'ai vaguement l'impression que bien pire est possible alors je ferme ma gueule et je trouvais George Bush junior carrément flippant quand j'ai relativement confiance en Barack Obama pour ne pas appuyer sur le bouton rouge -. Il se trouve que je suis sensible en tant que femme au charme et au charisme fou de ce type là. C'est un peu le même problème que j'ai eu envers #MaGrandeDiva, je n'ai été dupe qu'au début, ses mots doux j'y ai cru, j'ai vite perçu intellectuellement que j'avais affaire à #anotherTed, mais le mâle était fait. Heureusement qu'il reste Tony Leung et Krešo Mikic pour me consoler. 
Tout ça pour dire concernant cette contestation publique et la réponse que le président y donne, que je pense à la fois Crapule ! Faux derche ! Barratineur ! et Trop fort ce type, le calme, la classe, le sang-froid (2), quel dommage qu'il ne soit pas polyamoureux ce gars.

(2) N'oublions pas qu'il s'agit d'un pays où les gens ont des guns et défouraillent à tout va.

(3) Il faut bien que dans les conséquences des peines, nous trouvions parfois quelques compensations. 


Cadeau(x)

 

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La vie vous en fait voir de toutes les couleurs depuis un paquet de mois, vous y aviez déjà eu droit en 2005/2006, c'est en mode mineur - les santés pour l'instant vont à peu près - un bis repetita ; à part de n'être pas une fausse blonde sexy encore un peu jeune et déjà publiée, vous n'avez rien à vous reprocher, c'est une pré-tempête de vents contraires, au boulot vous n'aviez pas non plus démérité et pourtant la boutique a fermé, trop longtemps déjà que le patron luttait contre vents et marées, vous n'avez pu par votre élan lui offrir qu'un sursis de quelques années, vous écrivez c'est tout ce qu'il vous reste, mais c'est long, très long et si difficile quand manquent en même temps une partie de l'amour, qu'en tout cas la confiance n'y est plus, et par ailleurs un gagne-pain. Un festival de cinéma formidable, offert par l'homme des anciens jours heureux qui semble vous aimer (encore) (un peu) (en l'absence de la st... non, rien), vous a accordé une respiration. Mais il a fallu rentrer et reprendre le collier. Vous vous cramponnez à une comédie croate pour ne pas perdre pied.

 

Et puis c'est un bon copain qui pense à vous puisqu'il a une place en rab (merci, merci), c'est un concert qui s'avère magique, et pour l'artiste et pour la présence de la femme qui filme et que l'existence vous a déjà fait croiser, étrangement, lors de moments clefs. Il vous fait oublier une tragédie de juin - un artiste ancien ouvrier, par l'âge et l'alcool dévasté - qui préludait sans que vous ne le sachiez à cette tragédie intime qu'est une rupture soudaine et subie - quelle qu'en soit la nature, vous continuez à aimer ou aimer bien quelqu'un qui caracole déjà auprès de quelqu'un d'autre sans que vous ne le sachiez et a décidé de lui accorder la totale exclusivité, vous gênez, vous l'ignoriez et puis un jour, pourquoi celui-là plutôt qu'un autre ?, au détour d'un message, d'une conversation on vous dit, Hé au fait, va-t-en (1) -. Ce soir l'artiste, un autre qu'alors, est déchaîné, joyeux, la voix fiable. Le public est heureux, exulte, applaudit, debout, longuement. Les musiciens assurent, leur plaisir est palpable. Seuls certains hauts-parleurs crachouillent quelque peu et il y a cette jeune femme qui ne sait pas danser, dont vous trouvez la voix criarde. Les hommes, eux, semblent apprécier.

 

En rentrant, une annonce qu'on vous transmet pour un emploi éventuel immédiat. Vos amies sont plus attentives (à votre avenir) que vous.

Et si les choses rentraient dans l'ordre ? (un peu) (au moins)

*        *        *

Ce n'est plus mon anniversaire et pas encore Noël, mais des cadeaux sont là. Il ne faut jamais renoncer tant que la vie peut encore jouer les scénaristes fous.

 

(1) variante : Je reste, mais ne compte plus sur moi pour t'aimer comme avant.