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Nos annulations (écho d'un billet sur "Passages")

 

Je m'accorde un dernier billet de lecture avant de repasser au travail (personnel), tout en sirotant voluptueusement un excellent thé que j'ai retrouvé en esquissant quelques rangements, et c'est une pépite qui m'est offerte :

L'annulation

Elle fait rebondir en moi, non seulement des souvenirs (1) mais l'écho de récentes réflexions surtout quand en juin à la place d'un bonheur attendu depuis plusieurs mois a déboulé, en plus d'une suppression de retrouvailles, un violent chagrin.

"ces abdications quotidiennes, ces annulations d’événements intimes, ces petits gestes qui n’aboutissent pas."

Comment mieux dire ?

Je m'aperçois alors que je ne suis jamais, sauf à ce qu'on ait tenté très fort (ou la pression des circonstances, comme récemment pour un travail que j'acceptais par nécessité financière mais auquel j'ai finalement physiquement dû renoncer) de me forcer la main, l'élément qui décide de l'annulation. Ce sont les autres qui se défilent, ou des événements extérieurs qui imposent leur loi. Quand j'emprunte un chemin, à moins de tomber malade, je le suis jusqu'au bout. D'où sans doute cette souffrance que m'infligent ceux qui changent brutalement d'avis, car je ne les comprends pas.

"Mais il me reste l ‘espoir que des détours sont toujours possibles, et je m’engage sur d’autres chemins.". Il me faut désormais tenter d'appliquer cette sagesse à mon propre destin.

 

Merci à l'auteure de ce blog dont je lis les mots sans la connaître, du moins je ne crois pas (2).

 

(1) Ah cette annulation sous trombes d'eau du premier concert de Johnny au Stade de France il y a de  cela ... 😱 15 ans, alors que nous étions tous fin prêts.Capture d’écran 2013-09-30 à 18.04.04

 

(2) Je suis méfiance quant à la qualité de ma mémoire à cause de mes périodes noires : 2005/2006 puis début 2009 et le changement radical de vie, et à présent les fins brutales, professionnelle et affective, que l'été 2013 m'a imposées. Les états de choc emportent avec eux des bribes de souvenirs qui peuvent n'avoir rien à voir avec ce qui les induit. 


Tout n'est pas si réfléchi (alors pour eux, tant pis)

 

Ce sont deux choses qui n'ont au départ rien à voir, mais dont on parle sur les réseaux ces jours-ci.

Un patron d'une boîte de pâtes a décrété que les homosexuels n'étaient pas aussi dignes que d'autres de déguster ses spaghetti. Appels au boycott, infos contradictoires, rétractation (mais peu d'excuses et quand bien même : quelle sincérité ?), dérivation de la discussion vers la présence dans les produits de cette marque d'OGM ou non.

Par ailleurs, un musicien dont les drames de la vie ne sont pas sans rappeler ceux de Ted Hughes va sortir un nouveau disque et en plus d'une maladresse détestable dans la date initialement choisie, l'affaire fait grand bruit, entre ceux qui disent "On oublie" et ceux qui trouvent inique qu'il puisse continuer malgré les graves dégâts alentours à vivre la même vie (professionnelle).

Je suis une mangeuse de spaghetti et par ailleurs j'aimais autrefois bien le groupe dont le chanteur faisait partie.

Il se trouve que je suis un brin sceptique quant au boycott, d'une façon générale. Il faut vraiment être très très nombreux et tenir sur longtemps pour que ça soit efficace. Et puis les ricochets de la démarche, si elle l'est, peuvent faire d'autres victimes qui n'étaient pour rien dans ce qui nous mécontente, nous colérifie.

Il se trouve aussi que je suis pour empêcher les gens dangereux de récidiver, mais que je suis fort bien placée pour savoir qu'en matière amoureuse rien n'est plus difficile, on se laisse prendre si facilement et une fois embarquées dans des sentiments forts il est si dur de prendre ses distances - on se persuade si bien que d'accord, l'homme en question, a quelques choses très graves sur la conscience mais qu'on sera celle avec qui enfin tout se passera bien -. Je suis aussi favorable à ce que les gens aient droit à d'autres chances, seuls les créateurs de génocides méritent d'être traités sans humanité puisqu'à des groupes entiers de personnes ils l'ont, pour prendre ou consolider leur pouvoir, déniée.

(pour ne prendre que deux exemples dans ces domaines que l'actualité nous fournit ces jours-ci, mais je pourrais aussi parler d'un certain politicien jadis fortement compromis et qui tente un retour aux affaires ou de bien d'autres sujets où le même mécanisme est à l'œuvre).

Il n'en demeure pas moins que bizarrement, depuis la déclaration fracassante du patron homophobe, je ne trouve plus les "numéro 5" de sa production aussi bons. Que j'ai à présent envie d'aller voir ce que donnent les autres marques, alors que satisfaite j'étais restée fidèle depuis nombre d'années (1). Or cette impulsion n'est pas réversible, le type aura beau déclarer partout que ce n'est pas ce qu'il a voulu dire, qu'il regrette, ce que j'ai capté m'a déjà détachée de sa marque. J'ai perdu jusqu'à la confiance en la qualité de ses ingrédients.

Et pour le musicien, voilà, j'ai beau me dire que sa nouvelle production est peut-être très bien, je sais que je ne pourrais pas l'écouter sans arrière-pensées, sans que ne soit présente, même fugitivement, l'image de ses fantômes. J'ai trop d'imagination, je le sais, mais voilà, je ne peux pas lutter. Alors entre son disque et tant d'autres, peut-être moins bien mais que je pourrais écouter sans surimpression des images d'une lutte, d'une chute, d'une autre fin prématurée, je vais choisir les autres car j'écoute la musique pour me détendre, danser ou me concentrer et j'aime autant qu'elle ne me ramène pas de façon insidieuse vers la tristesse du monde.

Débattre m'est inutile, car c'est le cœur qui n'y est plus. C'est sans doute un peu bête, mais le mal est fait. Et je ne suis sans doute pas la seule personne suffisamment primaire et insuffisamment cérébrale pour être incapable d'enclencher la marche arrière vers une mansuétude certaine, qu'on la juge souhaitable ou non.

Vos qualités, celles de votre travail, m'avaient donné de vous une opinion favorable. Je ne tenais pas à en changer mais vous l'avez perdue.

Je ne m'en réjouis ni ne m'en peine, ça n'est pas non plus de l'ordre d'un pardon, qu'on accorde ou non, c'est une constatation.

 

(1) Je fais partie de ses consommatrices vieille école qui quand elles trouvent un produit qui leur convient n'en changent pas, ne serait-ce que dans un souci d'efficacité. De toutes façons le marketing moderne fait disparaître les produits avant que je ne m'en sois lassée.

 


Alors on danse

(billet écrit dans l'élan, non relu (pour le moment))

 

C'est une amie des cours de danse qui te sachant abonnée au Théâtre du Rond-Point t'a dit : Si tu ne l'as pas pris dans ton abonnement, vas-y vite !

Quand avec les camarades du ciné-club mais qui aiment le théâtre aussi, vous aviez sélectionné en juin vos spectacles pour l'année à venir, tu n'étais pas précisément dans ton assiette. Et puis tu avais des contraintes de travail qui rendaient difficiles un spectacle à 18h30 (1). Enfin tu as effectué des choix a minima : il fallait que le budget final reste ultra-raisonnable.

Donc "Swan Lake" n'y était pas.

Et puis ce dimanche tu t'es retrouvée seule et il ne fallait pas. Alors tu as écouté les conseils de l'amie danseuse. Un strapontin a fait l'affaire. La salle était comble. 

Tu avais bien compris qu'il s'agissait d'une adapatation débridée du "Lac des cygnes". Ça tombait bien : la danse classique, tu n'apprécies guère fort quelques exploits techniques masculins. La façon dont le corps des femmes y est standardisé, contraint, t'horripile, que tu trouves rarement gracieuse et plutôt étudiée à la base pour titiller la libido de vieux bourgeois du XIXème coincés. Tu supportes mal la vue de leurs bras maigres. Et comme tu es sensible dans certains cas à l'effet miroir (2), rien qu'à les regarder danser tu as mal aux pieds.

Tu avais plus ou moins capté qu'il s'agissait d'une troupe d'Afrique du Sud. 

Dès les premières secondes, tu as été saisie. D'essayer soi-même de danser, semaines après semaines depuis de longues années te rend capable de percevoir avec précision le niveau de difficulté de chacun des gestes, des enchaînements effectués. La chorégraphe a pris le meilleur du classique, le meilleur de danses africaines, le meilleur des grands maîtres (on croit deviner qu'elle apprécie le travail de Pina Bausch dont elle cousine par l'humour). Les danseurs sont également comédiens, avec des textes presque tous brefs fors un monologue explicatif spirituel et drôle qui résume en début de jeu tous les grands balets classiques. 

Captivée au point de ne me rendre compte que vers la fin qu'il était dit en anglais.

Tout le spectacle ainsi, d'un rythme soutenu précipitant le sourire et l'émotion avec un niveau de danse ahurissant.

C'est sans doute aussi un brin subversif - un pas de deux entre deux hommes est à tomber de beauté -, je ne m'en rends pas bien compte, tout était normal pour moi, mais sans doute était-ce très militant.

Et beau, et beau, et beau.

Crucifiée par tant de grâce, de générosité, d'humour et de beauté, je suis sortie de l'heure qu'il dure (3) et des dix minutes de standing ovation (4), en larmes et les jambes en coton. J'ai dû manger quelque chose, m'asseoir sur un banc, reprendre mes esprits avant de me sentir capable de prendre le métro pour rentrer.

Réconciliée au moins pour quelques heures (une soirée ?) avec l'humanité. Équipée à nouveau de l'espoir que tout n'est pas perdu (5).

(Et éperduement reconnaissante envers l'amie qui avait insisté afin que je fasse l'effort d'y aller).

J'aimerais savoir nommer les danseurs. Mais retenir leur noms est au dessus de mes forces pour l'instant. En revanche je n'oublierai pas : Dada Masilo, chorégraphe.

Et dèche ou pas, j'irai à chacun des spectacles qu'elle créera qui passeront à ma portée.

 

PS : C'est peut-être déjà tout complet mais si vous voulez tenter votre chance c'est par là. Je lis au passage dans le billet de présentation "La chorégraphe Dada Masilo n’a pas trente ans. Elle trafique toutes les armes de la danse classique, de la tradition africaine et des tendances contemporaines.". Voilà. 

 

(1) Entre temps la contrainte (hélas) a disparu.

(2) Par pour tout et j'ignore pourquoi. Par exemple je ne peux pas regarder de la natation synchronisée, je retiens trop mon souffle. En revanche la sexualité au cinéma me laisse impavide sauf dans de très rares cas ... ou on ne la montre en fait pas.

(3) L'intensité est telle qu'on a, à se le remémorer l'impression qu'il est beaucoup plus long. Sur le moment on est plutôt embarqués dans une faille spatio-temporel où l'horloge n'a plus de sens. Encore un coup de la mécanique quantique de l'état de grâce.

(4) Pourtant c'était le public du dimanche après-midi, plus naturellement porté à digérer le déjeuner dominical qu'à trépigner.

(5) Malgré une fin de ballet triste, mais c'est le fait même qu'il existe une chorégraphe pour l'inventer et des interprètes capables de suivre, qui était réconfortant. 


En marge du débat sur le travail du dimanche (la question des "faux choix")

 

Pendant qu'une discussion fait rage sur twitter entre plusieurs de mes amis au sujet du travail du dimanche, je voulais juste à la marge rajouter un petit exemple personnel pour illustrer la notion de "faux choix". Parce qu'il est dans ce débat beaucoup question de volontariat. 


Seulement voilà, dans la pratique, il arrive que le volontariat ne soit pas si volontaire que cela. Entre ceux qui craignent pour leur poste ou le renouvellement de leur contrat s'ils refusent de venir travailler à des jours ou des horaires particuliers, ceux qui acceptent parce qu'ils sont financièrement coincés et que ces heures avec contraintes spécifiques sont pour l'instant mieux payées, je crains que les volontaires sincères, ceux qui peuvent réellement peser le pour et le contre et dire d'accord (ou pas), ne soient pas si nombreux que l'on croie.

Il m'est arrivé plusieurs fois durant ma vie professionnelle en entreprise d'être confrontée à quelques faux choix, des sortes de "On compte sur vous, n'est-ce pas ?". Ça ne concernait pas le dimanche mais le mécanisme était du même ordre.


Par exemple lorsque ma fille, qui avait alors 15 ans (1), était tombée malade avec périodes d'hospitalisation et surtout examens médicaux passés dans des hôpitaux différents avec contraintes horaires indépassables (2). Je travaillais par choix à mi-temps et m'efforçais donc de caler les rendez-vous hors de mon temps de travail. Mais ce n'était pas toujours possible. Pour prendre une demi-journée de congé ou de RTT, il me fallait l'autorisation de ma hiérarchie. Laquelle était à l'époque quelqu'un de correct, d'humain, mais qui avait ses contraintes de fonctionnement d'équipe. Notre travail, technique, aurait dû être planifiable, reportable en cas d'absence, mais une inorganisation organisée, ce mode de management dans l'urgence, venu d'en haut faisait qu'il nous fallait souvent répondre vite à des demandes et qu'effectivement une absence pesait. À ma demande d'un jour de congé ou de RTT pour la semaine suivante afin d'accompagner ma fille à l'hôpital, je m'étais entendue répondre : - Oui bien sûr mais tu prends tes responsabilités.

(sous-entendu : si l'un des sujets dont tu es responsable présente une urgence ce jour-là elle ne sera pas couverte, tu en paieras les conséquences)

Je ne pouvais vraiment pas reporter le rendez-vous médical à un autre moment, j'ai accompagné ma fille. Et finalement j'ai eu cette chance qu'au travail rien de fâcheux ne soit survenu pendant ce temps-là.

Mais n'était-ce pas typiquement un faux choix ?

(et qu'ensuite on est clairement catalogué comme quelqu'un de peu motivé, dont le travail n'est pas au niveau de priorité que l'employeur réclame)

 

C'est un exemple parmi bien d'autres, qui font qu'en vieillissant et n'ayant plus confiance en la bonne humanité des gens en général et des employeurs en particulier, je préfère que des garde-fous protègent le salarié y compris de lui-même. Quand on est jeunes, on peut se croire assez forts pour savoir dire "non" lorsqu'on ne le souhaite pas. Lorsqu'on devient parents, lorsqu'on s'est endettés pour payer son logement, ou que le loyer est un poids difficile à soutenir, tout change ou lorsqu'il nous faut prendre en charge les vieux jours de nos propres parents, on s'entend dire "oui" par sens des responsabilités. Entre temps le "non" s'est chargé de conséquences bien plus lourdes que celles d'un choix personnel, "I would prefer not to" reste un choix apparent mais qu'on n'envisage plus. Dans certaines circonstances, on peut tous être tentés de mettre le travail en toute priorité. Il peut être bon d'être parfois obligés de dire non, que des limites s'imposent ; aux employeurs comme aux employés.

 

(1) D'où qu'elle était trop âgée pour que je bénéficie de certaines garanties accordées au parents d'enfants malades petits, mais trop jeune et surtout trop malade pour aller seule à ses rendez-vous médicaux.

(2) Du type : les IRM c'est forcément le mardi ; ou bien : si vous ne prenez pas ce rendez-vous le prochain est dans 1 mois 1/2 (et le patient souffre, on ne peut attendre)


Merci monsieur Plenel

 

"Défendre les Roms c'est nous sauver nous-même, défendre notre culture, notre liberté"

J'espère que ce bref extrait sera disponible encore longtemps : 

Edwy Plenel sur France Culture, sur un sujet qui fait solidement débloquer nos politiciens en ce moment.

Si jamais un jour j'en viens à m'en prendre à un groupe d'origine quel qu'il soit, c'est-à-dire juger d'autres humains pour une caractéristique de naissance à laquelle il ne peuvent rien puisqu'on ne choisit pas par où l'on atterrit, c'est que je serais sous l'effet de la contrainte, d'une violence ou d'une maladie.

(et parfois je me sens bien seule, on dirait en France, en Belgique, en Italie (les pays que j'habite ou que je connais bien pour les autres je ne saurais dire) que tous succombent, sinon au racisme, du moins à la xénophobie ; alors merci monsieur Plenel, ce matin je me suis sentie moins isolée et ça m'a fait du bien). 


Désir désétiqueté

 

Craignant d'être en retard chez l'efficace kiné, je me suis placée tout en bout de quai afin d'être plus proche de la sortie après cette correspondance. Des travaux sont en cours et le quai étroit. Un homme vient se placer près de moi. Grand, svelte, jeune d'allure (et peut-être vraiment, ses cheveux abondants, semblent sans tricherie). Il est en tee-shirt, l'été semble revenu. Ses bras sont musclés sans paraître gonflés, comme ceux de qui aurait un travail physique ou pratiquerait un sport régulier mais sans chercher l'apparence ; poilus aussi, mais sans excès. Il se tient droit sans rester raide, et attend la rame paisiblement, sans écouter de musique en boîte ni pianoter sur son téléphone. Son sac est une sorte de sacoche de facteur, pas neuve, ni non plus épuisée d'usure.

C'est en la regardant, parce que si je trouve son possesseur séduisant, c'est la beauté de l'objet qui m'a sautée aux yeux, que d'un coup je comprends : elle n'a pas de marque visible, c'est inhabituel de nos jours. Je vois alors qu'il porte de vieilles chaussures en cuir sans forme particulière, ni marque non plus. Son tee-shirt est blanc en coton. Il a noué son pull, un classique pull marin au sac. Pantalon de toile bleue sombre, porté de longtemps mais pas rapé, sans forme spéciale. 

C'est alors que je pige : il n'était ni daté d'une mode particulière, ni griffé. Imberbe, il échappait même aux tendances du moment, variations de barbes brèves aux contours travaillés ou de moustaches qui sont si difficiles à porter avec grâce.

Et l'ensemble, justement, lui en donnait. Cet homme donnait précisément parce qu'il n'avait l'air de rien, rien de particulier, une belle et tranquille impression de liberté. Comme sur certains hébergeurs où il faut payer afin d'éviter d'imposer à nos visiteurs de la publicité, c'est devenu un art d'éviter de se faire le relais d'une griffe ou d'une autre. J'ai admiré l'artiste. 


Il me semble qu'il s'en est allé prendre son tour dans la file d'attente de l'expo du moment, fondation Cartier. Difficile dans notre monde marchand d'échapper à l'omniprésence des sociétés privées très longtemps.

Lire la suite "Désir désétiqueté" »


Enlarge your ... non, rien.

 

C'est je crois grâce à un RT de @marcelsel que je suis tombée sur cet article de La Libre Belgique qui m'a rendue hilare : 

Les étranges calculs des stations de ski pour gonfler leur taille

 

Pour le cas où il viendrait à n'être plus lisible, je résume : les stations de ski depuis des lustres ont pris l'habitude de compter les zigzags de quand on skie (1) voire certains "hors pistes sécurisés" (?!) dans l'estimation de leur domaine skiable. Ainsi telle station tyrolienne (mais tous les pays à montagnes ont atteints) qui affichait 181 km de pistes a dû en kilométrage linéaire redescendre à 88.

Je ris souvent en effectuant ma revue de presse, d'autant plus que je suis à présent bien entourée d'autres chercheurs de pépites dans mon genre. Mais il est fréquent que le rire soit mâtiné d'inquiétude, souvent face au niveau d'incompétence de certains politiciens susceptibles de tenir les rênes du pouvoir (par exemple). Ainsi hier soir une petite bourde de l'un d'eux, très drôle, mais à condition de n'y pas réfléchir trop.

Capture d’écran 2013-09-23 à 10.01.52

 

D'autres fois ce sont des gags avec une conséquence calamiteuse pour certains. La compassion tempère l'hilarité.  

Il est finalement rare que le sujet n'ayant absolument aucune implication néfaste - qu'est-ce qu'on s'en fout de la longueur des pistes, et d'ailleurs la plupart des personnes que je connais n'ont pas les moyens d'aller skier, qui donc au fond est concerné ? -, la rigolade soit de si bon cœur. 

Enjoy ! 

(et merci @marcelsel pour la transmission)

 

(1) 

"la station affirme que "personne ne skie tout schuss" et qu'il faut donc augmenter la longueur de piste du nombre de virages effectués par un skieur qui zigzague dans la descente."


De ces files d'attente l'insondable mystère

 

J'ai suivi des touites, lu des articles, pigé que pour certains c'était un événement. Ah bon.

La sortie de la nième version d'un petit appareil ; comme elles se succèdent rapidement, j'ai plutôt l'impression qu'ils sont défectueux et que les nouveaux modèles sont censés corriger les défauts de précédentes version mises bien trop vite sur le marché.

Je ne suis pas anti-Mac, passée dans le camp des utilisateurs de ces ordis quand j'ai entamé une vie d'écriture, et après deux PC qui m'avaient plantée en me mangeant des heures de tenter à réparer, recharger ci ou ça. Mais je n'aime pas la mystique du truc, l'espèce d'injonction qu'il y a à acquérir la panoplie entière (et le téléphone, et la tablette ...), la client-captivité. Si je parviens un jour à produire un travail exportable, le Mac Book Air offert par les amis n'y sera pas pour rien. Pour l'instant il est d'une remarquable fiabilité. 

Quant au phénomène social qui consiste à vouloir acquérir dès le premier jour le tout nouveau modèle d'une série (qu'il s'agisse d'un téléphone, d'un ordi ... ou d'une machine à café), c'est quelque chose qui me dépasse. Heureusement je ne suis pas la seule à qui ça pose question : 

 

J'ai tenté de me dire qu'après tout j'avais bien fait partie avec quelques passionnés de ceux qui pendant des années firent la file d'attente certains vendredi à l'Opéra en ce levant à l'aube et en venant faire l'appel à chaque heure, tout ça pour quelques places d'opéra (1).

À la réflexion : il ne s'agissait pas d'acquérir un bien matériel, seulement d'accéder à un spectacle à peu de frais financiers. C'est donc passablement différent. Et l'effort restait raisonnable (arriver à 6 ou 7 heures du matin).

Pour certains la démarche est explicable ; comme l'indique un des interviewés : I'm a professional line-in (liner ?), il se fait donc payer et d'autres encore comptent sans doute revendre bien vite et avec bénéfice le précieux petit appareil, leur démarche s'appuie sur l'irrationnalité des autres mais au moins est rationnelle (2). 

Peut-être que mon incompréhension est le signe aussi que je prends de l'âge et ne suis plus capable, périmée pour l'amour, d'être capable de concevoir certains engouements.

Il n'empêche que malgré ce petit film éclairant, je reste fort perplexe. Ils n'ont donc pas de vie personnelle, tous ces gens ?

source : The dark side of the i-phone 5 lines

 

(1) J'étais d'ailleurs ravie qu'avec Madama Abricot un ancien de ces temps glorieux (et qui est pour l'instant le seul frais amoureux que je connaisse que ça rend généreux envers les vieilles amies, au lieu de disparaître de la circulation, il se montre présent) a perpétué le système pour le théâtre de la ville et que ça s'est fort bien passé.

(2) Tiens, et si je m'essayais à gagner de l'argent ainsi ? Après tout il est possible de lire en attendant.


To-do list de cette nouvelle année

 

Les années calendaires pour moi sont de pure convention, comme le fait que nous soyons en 2013 en occident ; les années les vraies démarrent pour moi au 15 septembre ou plus exactement au premier jour ouvré qui s'en rapproche le plus. C'était la date de la rentrée scolaire lorsque j'étais enfant. Et la plupart des évolutions professionnelles suivent encore un rythme de saisons théâtrales, janvier n'étant généralement de même que pour les livres qu'une "petite" rentrée.


Donc le début de l'année 2013 /2014 c'était pour moi aujourd'hui.


Ceci tombait fort bien puisque ça coïncidait pour moi avec un entretien en vue d'un gagne-pain (temporaire), dans un lieu pourtant proche de chez moi où je n'avais jamais mis les pieds. C'est quelque chose que j'aime à Paris (ou que j'aimerais dans tout autre bien grande ville où je vivrais) : les lieux sont inépuisables. On peut y vivre des dizaines d'années et découvrir encore de nouvelles rues, de nouvelles places, sans même parler des mutations, que sauf en de rares cas (un beau bâtiment que l'on abat) je trouve stimulantes. J'aime à témoigner du passé, afin de lui offrir trace d'existence, mais ne suis pas nostalgique (1).

Je pense si tout se confirme et se passe bien, que je ne serais pas malheureuse d'y travailler un temps malgré le surmenage qui ne manquera pas d'advenir, empiré par l'hibernation - puisse l'hiver 2013/2014 être bref et clément -. 

En attendant, et comme je ne prends plus de bonnes résolutions de nouvelle année depuis une violente lurette, ni non plus de mauvaises, l'existence m'ayant appris que ceux qui blessent les autres finissent tôt ou tard par devenir leurs propres victimes (2), je me contenterais d'une to-do list élémentaire mais néanmoins urgente car deux éléments ont pour échéance mercredi :

- mettre à jour mon CV (ce qui implique d'en retrouver une version récente) ;

- retrouver mon diplôme ;

- retrouver mon permis de conduite (c'est la nouvelle année, n'est-ce pas, alors on peut rêver) ;

- retrouver mon exemplaire d' "Ida ou le délire" ;

- remplir quelques papiers (mais ça, il suffit de s'y coller, c'est comme de sortir une lessive, ça prend en théorie un temps déterminé) ;

- procéder à quelques prudents scannages de précaution ;

- ouvrir une adresse gmail qui servira pour l'emploi (ou sa recherche ultérieure) afin de ne pas polluer ma messagerie personnelle et de gagner en efficacité ;

- ouvrir un blog ;-)

Et puisqu'il faudra mettre une fois de plus et à nouveau l'écriture entre parenthèse - quand échapperais-je enfin au syndrome de George Bailey ? - et que l'amour est source plus que de plaisir de chagrins, s'appuyer sur les lectures jubilatoires afin de tenir bon.

Celle du moment, loin devant ses suivantes, pourtant de bon, voire de très bon (3), niveau est le "Confiteor" de Jaume Cabré, que j'essaie de faire durer mais qui pourra en relectures savourantes me tenir chaud au moins jusqu'aux premiers frimas.

 

 

(1) Si je ne suis pas davantage technophile c'est que je suis désargentée et passablement en désaccord avec le fond déchaîné de notre société hyper-consumériste.

(2) Non sans avoir fait dans le cas des guerres, des dictatures et des criminels concrets de terribles et irréversibles dégâts, certes. Mais même pour nos assassins préférés une fois que le mal est fait il est déjà trop tard, anyway.

(3) "La parabole du failli" de Lyonel Trouillot et "Kinderzimmer" de Valentine Goby (entre autres)


Coûte que coûte

 

C'est un appel téléphonique adorable, reçu dans l'après-midi qui t'a remonté le moral puis soudain fait réfléchir (si, si ça t'arrive). Une amie te remerciait d'être venue la veille au soir (1) et puis elle disait J'étais heureuse de voir que tu allais mieux.


Effectivement, une confirmation administrative reçue dans la semaine est d'un immense soulagement, financier et aussi pour la couverture sociale. Précisément parce que ça ne va pas fort, tu le sais, tu le ressens, tu as peur que ton corps, délaissé, te lâche. Tu fais ce que tu peux pour compenser, il y en a même un qui essaie de t'aider, mais ça ne suffit guère et le chagrin qui succède à un chagrin qui succèdaient à un autre, les trois du même tonneau poursuit son travail de sape. Donc c'est important de pouvoir se dire : quoi qu'il advienne je ne vais pas ruiner ma petite famille en frais médicaux.

Mais l'essentiel reste sombre, l'été n'a pas permis, ou tu n'en as pas encore conscience, d'avancer dans la guérison, ou si peu. Tu restes par ailleurs triste du métier que tu as aimé exercer et qui semble déjà pour toi terminé. Celui avec qui tu travaillais te manque, c'est un plaisir de travailler ensemble lorsque l'on s'entend bien pour bosser - et rare, une excellente entente, de celles qui permettent l'économie de mots -.

Rien n'est gagné.

Mais voilà, même dans l'effondrement, à part il y a sept ans quand tu as failli y passer - et encore tu t'es contentée d'être profondément abattue, longtemps, mais l'interruption de travail, elle, avait été brève, tu étais redevenue opérationnelle rapidement, cachant les crises de larmes, les vacillement, tu assures. Tu assures ce minimum vital, les factures à payer, les rendez-vous médicaux à prendre, ceux avec les amis, tu ne fais pas défaut, tu es malgré un intérieur comme un parebrise fendillé, quelqu'un qui pense à rentrer par la gare pour prendre des billets en vue d'un trajet ultérieur pour un travail, tu mets le réveil à sonner et tu te léveras. Tu peux même faire rire, c'est (depuis toujours) comme ça.

Ton compagnon de (dé)routes, lui, en semblables cas, rate ses rendez-vous, gémit sans se soigner, reporte tout (sans que personne ne lui en tienne rigueur, il a ce pouvoir-là), au besoin s'énerve après qui se trouve là.

Celui qui ne fait désormais plus partie de ta vie, écrivait de longs messages de détresse, pleurant sa solitude et paraissant si fort te réclamer toi. Celle qui compta tant, l'amie la presque sœur, craquait ses échéances de travail, et tu tentais d'aider - d'ailleurs tu tentes toujours d'aider, tu ne peux pas t'en empêcher -.

Alors peut-être que c'est ça qui ne va pas chez toi : que ça ne se voie pas tant que ça, quand ça ne va vraiment pas, ou en tout cas pas plus que ta fatigue usuelle, celle qui n'est sans doute pas pour rien dans ton absence de séduction (2), et qu'alors quand vient le moment d'une exclusivité, amoureuse ou de très grande amitié, ils se disent que ce n'est pas trop grave si c'est toi qu'ils quittent, alors que l'autre personne ne s'en remettrait pas, leur créerait bien davantage de complications. S'ils reviennent vers toi, sois sans illusion : c'est que l'autre s'est lassée ou qu'ils ont à nouveau grand besoin d'être secondés.

Parce que toi, fors des maladies imbattables, tu tiens le choc coûte que coûte, tu ne pars pas en vrille, tu suis la traces de générations de femmes qui ont fait vivre des familles malgré les guerres et l'argent qui n'y était pas, que c'est intégré en toi, leur force, ta béné-malé-diction.

Alors qu'au fond tu ne souhaites plus qu'une chose, te réfugier au calme dans un endroit chauffé de l'automne au printemps et y lire, écrire, dormir en paix (3). 

 

(1) Oui parce qu'il y a des gens comme ça au lieu d'accepter des remerciements pour l'invitation dont ils t'ont fait l'honneur, ils te remercient de l'avoir honorée #mondeàlenvers (mes amours sont calamiteuses mais mes amitiés assez formidables ; et d'ailleurs tu viens de passer une journée d'une douceur inouïe, protégée, privilégiée)

(2) Et qui très clairement participe du fait que tu n'es pas capable de te déguiser en pétasse pour les affrioler, ni faire semblant de ressembler à autre chose que ce tu es, ou d'un autre âge. Et puis tu as froid alors tu mets des pulls (épais).

(3) Aller nager et courir aussi parfois, il ne faut pas exagérer, et ça au moins ne dépend que de toi.