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C'est le sol, toujours, qui manque de stabilité

 

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Je ne me souviens plus de quand exactement a eu lieu cette douce soirée aux Buveurs d'encre avec lecture par Anne de bons extraits de son "Décor Lafayette" ; les mauvais coups de juillet et juin m'ont brouillée la mémoire. Mais c'était au printemps ou bien un peu en hiver - car cette année l'hiver était aussi le printemps -. 

BREF,

Nous étions ensuite à quelques-un(e)s venues boire un coup ou manger au café proche. L'accueil était sympathique malgré l'heure tardive.  

Je n'étais pas retournée dans ce quartier depuis. 

Voilà qu'entre temps le sous-sol a joué un mauvais tour au bâtiment ; qu'il est menacé d'effondrement. L'affaissement vers l'entrée est impressionnant, on dirait qu'il s'engloutit progressivement.

J'ai un peu l'impression qu'il nous est arrivé la même chose au même moment, quelque chose d'essentiel qui nous fait défaut. Et tenir encore relève du miracle.

Tenons bon.

 

PS : On peut supposer que les habitants ont été d'urgence relogés, même si provisoirement. Mais que deviennent pendant ce temps ceux qui travaillaient là et dont le gagne-pain est lié au lieu-même ?


Huit ans

 

Ça fait huit ans ce jeudi que j'ai commencé à bloguer ici. Le tout premier billet faisait deux lignes, c'était plutôt comme un essai, une déclaration d'intention qui ne fut pas tenue : 

"Une cuisine, Paris ou pas loin, des barreaux qui dans un sens protègent, dans l'autre enferment et de toutes façons étaient là d'avant, la silhouette d'Eugène ..." Capture d’écran 2013-08-30 à 17.32.39

Ou plutôt qui le fut dans un premier temps mais que les circonstances subies ne me permirent guère de tenir longtemps. L'année 2005/2006 fut en effet celle où ma vie me tomba sur la tête et si je vais bien à présent (1) et qu'en tout cas je suis guérie, fors une séquelle, du plus lourd des accidents de ce temps, je le dois en belle partie aux amis rencontrés grâce à l'écriture sur l'internet. Sans eux, j'aurais peut-être sombré (et je ne disposerai pas de l'outil sur lequel je tape ces mots, ce qui est indéniable, très concret).

Inévitablement, les petites choses légères et réconfortantes que j'espérais partager ont pris du plomb dans l'aile, j'ai même parfois dû déclarer forfait.

Je tenais déjà régulièrement un fotolog depuis le 29 juillet 2004, un mini-blog chez 20-six sur une histoire de changement d'auto et qui reste à rapatrier (2) et le "Sans nouvelles" écrit à raison d'une note par jour pendant la période du comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun, racontant une de mes (més)aventures de jeunesse et dont je ne désespère pas de faire un bref roman.

Mais voilà, bloguer, le faire réellement, le faire pour de bon, c'est avec Traces et trajets que ça a commencé.

À l'époque il ressemblait à ça (3)9625805175_7751f92119

 

Je trouvais (et trouve encore) le texte clair sur fond noir beaucoup plus lisible (à l'écran) (que du noir sur blanc). Seulement il s'est avéré que ce n'était pas l'avis général. Quand j'en ai eu le temps, j'ai fini par tenir compte des protestations.

 

Au bout d'un moment aussi, j'ai éprouvé le besoin d'être moins limitée en largeur d'affichage qu'on ne l'était alors.

Huit ans après, les choses commencent à devenir intéressantes : j'ai moi-même paisiblement oublié la teneur de la plupart de mes propres billets, alors c'est instructif de se relire, parfois carrément drôle, parfois un brin flippant (4). La ville où j'habite et que finalement je n'ai pas quittée pour celle de la piscine de mes rêves (5) a profondément changé. Les sociologues diraient qu'elle s'est gentrifiée. 

Je suis heureuse de retrouver, grâce à moi (!), des images de ce qu'elle était. Ce n'est pas particulièrement nostalgique, c'est pour savoir que ça a existé, rendre palpable ce qui a été, conforter ma mémoire.

Un petit exemple parmi d'autres, celui de "ma" piscine, comme elle était avant la restructuration des vestiaire. J'y ai passé tant d'heures, j'aime qu'en ayant conservé une trace objective, ces heures n'aient en quelque sorte pas comptées pour rien. Elles sont, pourrait-on dire, homologuées. Ça ne procède pour autant pas d'un regret, la nouvelle installation à part la curieuse altitude des sèches-cheveux est plutôt plus fonctionnelle [billet à retrouver, la photo était drôle].

Entre-temps mes enfants sont devenus adultes et comme mon fils a beaucoup changé (de gabarit s'entend), c'est amusant de retrouver sa silhouette enfantine en tant que personnage (c'était lui Stéphanot, renommé pour l'occasion, afin de ne pas lui créer d'embarras éventuels).

Il me semble que lorsqu'on écrit, tenir un blog ou tout autre journal, permet d'assouplir la plume et de s'entraîner à s'y coller même quand on préfèrerait ne pas (car l'exercice n'a vraiment de sens et plus tard de valeur que s'il est, sinon quotidien du moins soutenu, par rapport au déroulé des jours). Il est évident qu'on n'échappe pas au paradoxe du diariste, mais si l'on parvient à tenir le rythme, il se peut que plus tard, ou que plus longtemps plus tard d'autres que nous, amusés des vestiges d'une époque passée, n'aient pas à le regretter. 

 

 

(1) ou disons normalement mal compte tenu de nouveaux développements ; il doit être écrit dans quelque sombre grimoire que mon lot est de me faire jeter douloureusement tous les sept ans. J'aimerais bien savoir ce qui chez moi provoque ça.

(2) Pour l'instant je n'ai fait qu'esquisser la migration 

(3) Merci à qui à la BNF s'occupe de la sauvegarde d'une partie de la mémoire de l'internet. Je retrouve ainsi des éléments de mon propre travail dont je ne dispose déjà plus.

(4) Il m'arrive d'être, croyant plaisanter ou envisager l'impossible, terriblement prémonitoire.

(5) Quand je serais riche, un petit pied-à-terre, qui sait ?

Lire la suite "Huit ans" »


Quand la rue nous rappelle certaines évidences

... et qu'on en sourit

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Hé oui, il ne sert à rien de mettre un puissant cadenas lorsqu'est trop faible l'huis car c'est alors par là que l'intrus attaquera.

Ce dont on peut tirer par extension tirer un élément de stratégie : (presque) tout obstacle insurmontable peut être contourné.


(à part ça, l'accès forcé donne sur un terrain vague, il me manque un élément ou deux pour comprendre l'intérêt de ce forçage)


What kind of [remplacer par ce qui vous échoit] are you ?

 

Grâce @The_Economiss à qui quelqu'un a fait une fois de plus et de trop un coup (hélas) classique :

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et à une belle discusion qui s'en est suivie (elle considère qu'elle floodait mais moi je pense qu'elle a peut-être tout simplement fait réfléchir quelques-uns qui parfois sont très lourds sans penser à mal, peut-être même qu'ils ont l'impression d'être très gentils de prêter ainsi attention à la personne, physiquement ou de patronyme un peu différente d'eux ou du leurs, à laquelle les circonstances les amènent à s'adresser (1)), j'ai pu voir cette video. Bien que n'étant pas trop concernée, ou pas de cette manière là, ni non plus mes enfants, je me sens éperdue de reconnaissance envers ceux qui l'ont conçue. Tout y est. Y compris le fait que lorsque l'on réagit, c'est nous qui passons pour être un peu bizarres. 

 

 

 

À méditer, ce critère de sélection des questions qui méritent qu'on ne les pose pas même si notre curiosité est dénuée de mauvaises intentions, si vous ne la poseriez pas à quelqu'un de "comme vous", c'est très simple, ne la posez pas, elle possède un sous-entendu qui vous échappe peut-être mais n'est pas reluisant. Et ça épargnera à votre interlocuteur un agacement ou un accablement de plus.


(1) Quand c'est vraiment le cas, la question du Vous venez d'où ? (variante : Ça vient d'où ? si c'est votre nom et non votre apparence qui sort des usages locaux) se trouve posée au sein d'une conversation qui s'y prête, par exemple portant déjà sur la région concernée, ou si l'interlocuteur vient lui-même d'évoquer un pays d'origine, ou l'histoire de ses parents. Pas de but en blanc ou alors que l'on parle d'un sujet qui n'a rien à voir.


Si c'est confirmé, ça craint

 

Pour l'instant il est le seul article que j'ai vu passer sur le sujet (2) :

Dessiner des lolicons devient devient illégal même s'ils sont privés

Comme la logique du droit m'est passablement étrangère, j'aurais bien voulu trouver d'autres articles afin d'avoir confirmation de l'information et de ma bonne compréhension de celle-ci, mais visiblement si tel est bien le cas, c'est passé inaperçu.

Clair et net qu'il faut interdire "de filmer un mineur dans un acte sexuel, ce qui ne souffre d'aucune contestation, ni même de le faire sous forme de dessins animés ou d'images de synthèses (ce que l'on appelle du lolicon), lorsque ces images étaient destinées à être diffusées auprès de tiers." et ce même si c'est fait sans intention de diffusion. 

Pour les "images non réelles représentant un mineur imaginaire", je ne sais que penser. Je comprends qu'on souhaite éviter de donner l'envie par l'exemple. Mais me dis aussi que chez certaines personnes ça peut servir d'exutoire et éviter des passages à l'actes et que surtout s'il s'agit bien d'imagination on ne met aucun enfant en danger d'être traumatisé d'avoir participé à un truc qui plus tard risque de le perturber. Je manque des connaissances suffisantes pour me former un avis.

Mais quand je lis ce qui suit et si c'est vérifié :

"Avec la modification de la loi, il s'agit désormais d'interdire concrètement tout dessin ou toute image de synthèse que quelqu'un réaliserait pour son propre usage privé, même lorsque le sujet représenté est exclusivement sorti de l'imaginaire du dessinateur et donc qu'aucun mineur n'a été abusé. Il s'agit de punir le fantasme couché sur le papier ou à l'écran, y compris lorsqu'il ne fait l'objet d'aucun passage à l'acte."

... je pense Attention, danger, bientôt on va tous courir le risque de se faire tôt ou tard embastiller pour nos imaginations privées pas même diffusées, dès lors qu'elles sortent d'une façon ou d'une autre de ce que la société du moment estimera admissible. J'ai beau n'être pas concernée par les lolicons et ne pas non plus tracer des images de mes fantasmes, d'ailleurs follement élémentaires (1), si je devais en faire quelques chose ce serait sûrement des mots, le fait qu'une sorte de police de l'imagination sur données personnelles soit envisageable me paraît très flippant.


Il y a sept ans une amie est sortie de ma vie sur un message fulminant : elle était anti-internet, se sentant menacée et reticente à s'y coller, elle avait, comme tant d'autres choisi de le mépriser. De mon côté c'était l'inverse, il y avait quelque chose de l'ordre du J'en ai rêvé, ils l'ont inventé et j'avais d'ailleurs imaginé des blogs dès qu'on a pu disposer d'ordinateurs personnels (du temps où chez un particulier ils n'étaient connectés à rien, reliés seulement à une imprimante et servaient à la correspondance et à tenir ses comptes sur des tableaux Excel (ou une sorte d'ancêtre dont le nom m'échappe (Multiplan ?)). Donc c'était très exactement comme si devant un océan nouveau j'avais plongé tête la première en lui criant Mais viens donc elle est bonne ! et qu'elle était restée sur le rivage en déclarant Je ne sais pas nager, et puis je n'ai pas envie d'apprendre et puis à nos âges c'est inconvenant.

Son message m'accusait de la mauvaise influence sur moi de certaines fréquentations (que je n'avais plus, c'était si étrange) et de passer trop de temps sur l'internet (elle habitait loin, qu'est-ce que ça changeait, on ne se voyait ni plus ni moins) et surtout comme j'étais déjà une adepte de fotolog que je risquais d'y déposer une photo d'elle sans lui demander son avis.

Or je n'avais jamais pensé à le faire - elle était peu photogénique et n'aimait pas être prise en photos alors je respectais ce souhait, je n'ai d'elle que des images de groupes, peu de plans rapprochés, aucun portrait - et quand bien même il se serait trouvé qu'une image d'elle représente quelque chose de particulier et qui m'aurait donné envie de la diffuser, il est évident que je lui aurais demandé son avis préalable.

J'ai l'impression que la loi dont il est question procède dans sa modification d'un raisonnement similaire, qu'on va pouvoir accuser les gens de ce que potentiellement, compte tenu du matériau et des accès dont ils disposent, ils pourraient se trouver à même d'avoir envie de diffuser ce qu'on juge mauvais et qu'on suppute qu'ils détiennent. On les sanctionnerait pour ça. 


De l'amie en question j'ai attendu un mot suivant, contrit, expliquant que ce soir-là elle avait eu un coup de Trafalgar, que ses élèves (elle était (est ?) prof) l'avait éreintée sur leurs skyblogs ou sur myspace, qu'elle en voulait alors aux internautes du monde entier, bref, quelque chose qui m'aiderait à lui pardonner son délire et la blessure de ses soupçons. Rien n'a suivi. Elle pensait sans doute réellement et sans honte ce qu'elle avait écrit, qu'une simple potentialité d'un truc pas correct que j'aurais pu entreprendre grâce à mes outils méritait sanction.

 

(1) Souvent je me contente de rêver que les hommes que j'aime et qui m'ont aimée sont dans une forme éblouissante, comme parfois les personnages des romans pas même érotiques. Ou que celui qui m'aime est présent au lieu d'absent. Ou qu'un ancien, bien disposé, revient le temps d'un formidable câlin.

(2) addenda du 28/08/13 22:11 : grâce à Matoo, je peux lire ce soir un autre article, chez hyperbate, sur le sujet, d'où il ressort qu'hélas j'avais bien compris, et qu'il y a un certains nombres d'aspects foireux de cette loi auxquels je n'avais pas pensés, par exemple que les ados eux-mêmes pouvaient dessiner des choses scabreuses imaginaires les concernants et qu'ils sont mineurs (en fait mon côté Bécassine Béate m'avait fait penser mineurs = enfants, or passés 15 ou 16 ans certain(e)s sont déjà actifs sexuellement (je veux dire de par leur propre désir, sans qu'il n'y ait abus)). Cela dit, je me demande si je n'aurais pas préféré apprendre que j'avais pigé tout de traviole et que mon point de vue était indéfendable.



Le soir où je découvris que j'étais diariste depuis 39 ans 11 mois et 6 jours

 

Tout est parti d'un courage de rangement que l'homme a eu en fin de journée, lequel m'a donné l'élan de m'attaquer à mes propres tas. 

Telle Frances Ha, "Je ne suis pas bordélique, j'ai mieux à faire". Et contrairement à elle, je ne dispose pas d'une belle énergie. Depuis l'automne dernier, moment des premiers froids je ne suis pas parvenue à dégager assez de force pour autre chose que le travail et mes activités de santé (les différents entraînements sportifs, le kiné ...) et l'écriture quotidienne, les photos. La tenue de la maison, déjà fortement compromise par les aventures précédentes, de l'inondation montante (2008 ?) au changement de vie (janvier 2009) et à cette étrange inclinaison que je semble avoir pour collectionner les chagrins puissants (tout le contraire de mes ... non, rien), est carrément partie à vau-l'eau et comme le faisait remarquer le fiston, Notre appartement, dans le fond, c'est comme un cagibi géant.

D'ordinaire j'utilise l'été et l'énergie que le soleil m'accorde pour remettre un minimum les choses en ordre de marche. Cette année les circonstances subies m'ont rendue de ce point de vue peu opérationnelle.  Et donc voilà, aujourd'hui nous nous sommes attaqués chacun pour sa propre paperasse à 9 à 10 mois d'arriérés empilés.

J'ai soudain retrouvé deux agendas 2013, dont un qui ne me laisse aucun souvenir - je le soupçonne d'être un cadeau (mais offert par qui ?) de clientèle, ou que quelqu'un qui en disposait gratuitement m'aura dit en début d'année Tu en veux, je te le donne -. Je m'amuse à en faire un touite, histoire de faire sourire les amis qui le lundi soir de reprise ont un peu de blues rémanent. @annbaclene me répond alors, qu'elle utilise cette année un agenda de 1974 retrouvé inutilisé et dont les jours de la semaine coïncident avec 2013. @matoo repense alors à l'agenda 1946 de sa grand-tante, lequel est d'un modèle similaire à ceux que j'usais dans les années 80, j'envoie donc une photo avec le hashtag #avantlesblogs et alors il a cette idée qui va ensoleiller ma soirée : 

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Parce que soudain je suis rattrapée par l'envie d'aller y voir aussi dans mes documents anciens. Quand ai-je commencé ? Par quoi ? Je me souviens que dès le CE2 j'ai été marquée par la fuite du temps et l'imperfection de la mémoire, que mes premières velléités de lutter contre doivent dater du CM1 (grâce à Madame Banissi, mon institutrice inoubliable, et à Marcel Pagnol et ses souvenirs d'enfance qu'elle nous fit découvrir). Et ce que je retrouve assez vite c'est un agenda de l'année 1973/1974, uno diario car je les achetais ou on me les offrait lors du voyage annuel familial en Italie.

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J'ai dû choisir celui-là parce que j'aimais les animaux, totalement inconsciente du fait qu'il s'agissait de signes du zodiaque. J'ai déjà dans l'idée d'y tenir un carnet de bord mais écrire est long quand on a dix ans et les journées d'école puis les devoirs puis le piano puis de devoir apaiser l'inévitable dispute quotidienne des parents (quand la soirée n'est pas perturbée par l'irruption de la voisine que son mari alcoolique battait) (et sauf les soirs de matchs : mon père s'installe devant SA télé, ma mère fuit le foot, ma petite sœur se couche tôt et moi je vaque à ma petite vie jusqu'à l'âge où je parviens à obtenir le droit de regarder "le début", puis "allez, la première mi-temps, je vais me coucher à la mi-temps" puis grâce à Saint-Étienne le droit de me coucher tard les soirs de football (mais seulement ceux-là)) tout ça remplit en entier le temps. Difficile d'écrire (déjà le même problème) (et toujours pas de solution).

Il me faut donc un fait divers pour me décider, et pas n'importe lequel : 

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Ce n'est pas très lisible mais en date du "giovedi 20 settembre" j'avais écrit en soulignant certains mots "3h du matin : essence volé à la mille". 

Et est-ce parce que j'avais noté, je m'en souviens très bien : en pleine nuit la police qui sonne, est-elle à vous cette voiture (il s'agissait d'une vieille Simca Mille dont ma mère disposait pour les trajets quotidiens, dont ceux de conduite à l'école, laquelle était à environ 2 km de la maison) ? et à la réponse de mon père par l'affirmative, on nous avait appris que des gars venaient d'être pris en flagrant délit de siphonage (1). On sut assez vite qu'il s'agissait du fils d'un voisin, lequel vint plus tard présenter excuses et offres de remboursement. Je me souviens des discussions, celles-ci constructives, entre mes parents, l'un comme l'autre s'interrogeaient sincèrement sur la conduite à tenir quant à un éventuel dépot de plaintes, et mon père, se sentant sans doute un peu l'étranger et considérant que sa femme devait être plus au fait de ce qui se faisait ou non, pour une fois ne considérait pas que c'était l'homme qui savait. En fait ils étaient un peu soulagés : depuis quelques temps ils trouvaient que la voiture consommait vraiment beaucoup, envisageaient de s'en séparer, et voilà que la mécanique n'était plus en cause, mais un ado en manque d'argent. J'ignore ce que fut leur décision finale : en ce temps-là on renvoyait les enfants à leurs affaires lorsqu'ils posaient trop de question sur la vie des grands.

Le surlendemain de cette aventure - être réveillés par la police en pleine nuit ça n'était pas rien - je note que je mesure 1,31 m et ma petite sœur 98 cm -.

Ma première entrée conséquente concerne un remaniement scolaire, avec noms et schéma. Ça devait sans doute être très important pour moi.  P8265779

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le reste des notes concerne : les anniversaires, nombreux, auxquels j'étais invitée, ce qui devait poser, je n'y songe qu'à présent, de petits problèmes budgétaires à force, un relevé de notes  P8265785

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On découvre aussi la naissance d'une vocation :

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et la fin d'une autre, par décret parental (ce que, déjà méfiante quant à des regards intrusifs potentiels sur mon agenda, à l'époque je ne précise pas, tout mon chagrin est dans le "Nathalie continue", atténué par le fait que je suis contente pour qu'elle, contente qu'elle au moins puisse continuer)

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Si mes parents n'avaient pas été aussi étriqués, je serais peut-être une grande actrice à l'heure qu'il est - je garde un souvenir ébloui de ma période d'essai, en gros jusqu'au jour où on m'a dit, si tu veux continuer il te faut l'autorisation de tes parents (et sans doute aussi un peu une cotisation) -. Ma mère, qui pourtant dans sa jeunesse avait fait du théâtre amateur, n'avait rien voulu savoir. Et mon père pensait que faire du théâtre n'était pas convenable, en admettant que jeune fille je continue.

Il y a aussi plein d'entrées qui se résument à ça : 

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ce qui eut pour conséquence l'année suivante la fin de ma vocation de nageuse. Celle-ci me tenait tant que j'ai noté en les numérotant toutes mes séances d'entraînement. À 10 ans.

Il est troublant de remarquer que déjà à cet âge, je n'arrêtais rien par moi-même, subissant les fins. Quand quelque chose ou quelqu'un me plait c'est très stable et je m'y tiens, mais interviennent toujours des éléments extérieurs pour mettre fin à ce qui pour moi était heureux, satisfaisant ou prometteur. Il me faut apprendre à voir l'aspect positif de cet état de faits : je sais reconnaître ce qui me convient, aimer de tout mon cœur et une fois la décision prise m'y tiens jusqu'à ce que vents et marées soient plus forts que moi. Et au besoin, comme pour la natation ou récemment pour le football, j'y reviens dès que la voie est libre. Avec cet esprit de compétition très développé mais particulier (2) : en toutes choses tenter de devenir le meilleur de soi-même, d'aller jusqu'au maximum que ce que nous permettent les circonstances et nos capacités. Peu importe si le voisin est meilleur ou moins bon, de toutes façons il ne partait pas avec les mêmes handicaps et atouts. Ça fait presque un peu peur d'avoir si peu changé.

Mais j'aimais quand même assez bien avoir congé aussi :

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Merci encore à Matoo pour l'idée de retrouver les premiers carnets, c'était amusant et très instructif. Réconfortant aussi.

PS : J'ai peut-être déjà publié un billet sur ce même sujet, mais ne l'ai pas retrouvé. Peut-être était-il resté à l'état d'intention.

 

(1) Je crois qu'à l'époque les réservoirs des petites voitures ne fermaient pas même à clefs. Les ceintures de sécurité venaient tout juste en France d'être rendues obligatoires (à l'avant) et les appui-têtes n'existaient que sur certains modèles.

(2) Sans doute celui de tous ceux qui ne sont pas nés de tout à fait pleine santé


Ce qui peut aider (faire connaître)

 

Étrange retour de vacances pour moi. Jusque-là je pouvais me laisser aller à l'illusion que j'étais en vacances et non plus sans gagne-pain (1), que le silence de quelqu'un qui comptait était dû à la période des congés (2). Voici venu le temps d'affronter la réalité : plus de boulot apprécié et plus de grand bien-aimé. 

En même temps beaucoup de travail personnel m'attend entre l'écriture et l'appartement. L'ennui ne me guette pas vraiment. J'aimerais surtout me sentir plus vaillante.

Alors ça fait du bien lorsqu'on commence à faire la tournée de lecture des blogs amis, de constater que certaines choses évoluent dans un sens favorable et que ça fait plaisir.


Ainsi chez Celinextenso la bonne nouvelle d'un petit logiciel, Dasher, qui lui facilite déjà la vie. Et ça peut sans doute être utile à qui se retrouve aussi manchot provisoire.

L'ami Embruns a publié un billet qui m'a fait beaucoup rire, mais l'aurait sans doute moins fait si La fille aux craies (bon sang, deux ans) n'avait écrit celui-ci qui m'avait fait tellement rire (3) du temps où l'on pouvait lire ses textes sans arrière-pensées.

Le même est d'ailleurs au bord d'adopter un chat si celui-ci daigne réapparaître. C'est le feuilleton de l'été (au point que je me suis même efforcée de le suivre sans trop de connexion) et quelque chose qui me réjouit l'âme.

Dotclear donne envie. Si jamais un jour je parviens à apaiser ma vie ?

Et en l'absence de l'Employée aux écritures, le Montparnasse Monde reste quand même fréquenté

Et une heure de peine efface en cinq minutes de lecture, les heures pénibles passées pour cause de chasse au wifi et d'être some kind of pétanque-widow, dans un café à entendre les saoûlards du coin énoncer fièrement les pires âneries.

Au passage je m'aperçois que mon fiston n'est pas le seul à apprécier la frugalité des escalators bruxellois (4), quand d'autres semblent se rapprocher de leur rêve suédois

Et puis, parce qu'il est temps d'abandonner l'ordi, il y a quand même un peu des choses à faire dans la maison retrouvée, je jette un dernier coup d'œil chez Milky sur ces photos que je n'avais pu admirer que tronquées (à cause des connexions au gré du vent).

Plus tard, j'irai lire les blogs dont on m'a indiqué l'adresse par e-mails dans l'été, non qu'ils m'intéressent moins, au contraire il y a la petite impatience de la découverte, mais le mouvement premier aura été d'aller prendre des nouvelles des "vieux" amis (je veux dire, de plus longue date).

Et d'ailleurs pour Coumarine, dont j'espère que les prochaines nouvelles seront bonnes, une pensée d'encouragement. On se sent, de loin, si impuissant(e)s.

 

 

(1) En même temps, puisqu'il s'agit d'un licenciement économique je ne suis pas à la rue, dispose d'un peu de temps pour me retourner et par ailleurs de quelques pistes à explorer. C'est simplement que tant que mon inscription auprès de Pôle Emploi ou un nouveau boulot ne sont pas enclenchés je suis dans un vide personnel financier.

(2) Même si tu n'en prends guère, mais avec ta nouvelle vie, ça pourrait changer.

(3) Je me suis sentie moins seule, moi avec mon humour parfois totalement inadapté à l'assistance et avec le sentiment d'avoir trouvé mon maître et quelqu'un auprès de qui je pourrais lâcher le noir et le politiquement incorrect sans crainte de froisser.

(4) Couac dont la première phrase de ce billet m'a scotchée tellement c'est ce que je ressens quasiment en permanence à cause de l'anémie. Et pourtant dans ma tête, j'ai tant de projets, d'idées, d'élans d'entreprendre. Mais l'intendance ne  suit pas. Et comme j'ai une sorte de don pour me laisser séduire par qui ne va pas non plus très bien, jamais je n'aurais été accompagnée vraiment par quelqu'un qui me tire de là, qui m'aide à compenser la faiblesse du corps, ce que seule je ne parviens à faire que dans certaines limites ; lui réapprenne à exulter.


Coucher de soleil sur un bras de Manche

 

Ce n'est pas parce que je ne suis pas une femme attirante et sexy que je n'ai pas moi aussi mes moments de faiblesse romantico-banals à larmichettes.

Dans la mesure où le Capitaine a chu dans le (thème du) chat,et de fort belle manière (ce feuilleton me fait du bien), et que j'ai par ailleurs vraiment trop nettement dépassé l'âge de celui des poneys, je me suis donc laissée embarquer par un coucher de soleil à marée haute coefficient 109. Ce qui signifie que les vagues tapaient sur les rochers que les oiseaux chantaient leur festin proche - ils doivent avoir davantage de victuailles lorsque les flots ont atteints des endroits qu'à l'ordinaire ils laissent désœuvrés -, et qu'on était pas mal d'êtres humains calmes à être venus voir ça, dont des enfants que ça rendait songeurs et silencieux, d'autres au contraire que ça rendait jubilants et joyeux, des parents patients, des dames solitaires, quelqu'un qui poussait quelqu'un d'autre en fauteuil roulant ; mais pour tous, ce que le monde nous offrait là était une fête, dans l'intensité du recueillement presque une cérémonie. J'aimerais tant que ceux qui nous suivront si la planètre persiste puissent encore connaître ces bonheurs, ces beautés.

Les photos sont brut(s?) de clics, n'ont pas été remaquillées, réglages automatique de mon petit olympus et les couleurs ressemblent très bien à ce qu'elles étaient en vrai. 

 

 

(avec un petit problème de synchro qui fait que le morceau (1) s'interrompt trop tôt ; à voir à tête reposée)

(1) Sonate K27 en si mineur dans une interprétation je crois par Marcela Roggeri

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Calcio sequenza

[photos sans doute plus tard, de retour dans la grande ville fibrée]

 

"Plus de cœur, plus d'implication !"

Je suivais la partie plus à l'œil, qu'à la voix. Prendrais-je des photos ou pas ? 

L'homme d'ici me dit J'aime ce que dit l'entraîneur, il faudrait noter pour que je le redise en matchs après. Je ne me suis pas rendue compte que chroniqueuse insubmersible de la vie quotidienne, j'avais aussitôt obéi. Peut-être aussi par reconnaissance des efforts qu'il fait ces temps-ci pour me maintenir assez près de la vie.

*            *            *

On n'est pas dans le match.

Plus de cœur, plus d'implication.

On s'encourage au lieu de s'engueuler. Putain, mais t'es seul.

L'entraîneur sert aussi (un peu) de médecin des premiers soins (en cas de choc).

Monsieur l'arbitre ! (dit avec déférence).

J'avais oublié que pour un petit club c'est un budget les ballons.

J'avais oublié les échauffements d'avant match (mais pas les échauffements d'avant remplacement, alors que du temps où je jouais en club, les effectifs de filles étant assez limités, on était vite titulaire).

Blessures, chutes, sobriété. Un cri et c'est tout. Certains jouent un peu rude mais peu de mauvais gestes, de ceux faits pour casser.

Le ballon, les mecs, le ballon. J'avais oublié que nos entraîneurs, par force de l'habitude nous disaient "Les gars" parfois.

Visiteurs 1 - 0 Locaux

Le local qui fait juge de touche ne peut s'empêcher d'intervenir, de causer. Personne ne s'en formalise (ni ne semble l'écouter).

C'est pas grave, c'est généreux ! (après une belle action, trop belle, pas tout à fait très réaliste, et au bout du compte manquée)

J'avais oublié qu'un terrain officiel, même pour des hommes adultes, c'est grand.

J'avais oublié how tough a kid I was. Un engagnement physique en proportion de mes capacités gamines équivalent au leur. Jamais peur d'aller au contact (sauf pour les têtes). 

Allez les gars, il faut mettre plus d'intensité, il faut travailler.

Somewhere I'm still that tough.

La passe au Petit Prince (1) !

Bien joué Petit Prince ! (il avait reçu la passe, en avait fait bon usage). Je me (sur)prends à imaginer une équipe dont les membres auraient tous des noms de personnages littéraires mythiques. Gavroche, putain, mais tu vois pas que Madame Bovary est démarquée !?

Comme l'avait fort justement estimé La Vita Nuda (2), les Dylan et autres Kevin seront adultes un jour. Ce jour est arrivé, une première fournée a désormais 20 ans.

Tu trouves que ce match a quelque chose de bizarre, pourtant tout se passe bien. Mais alors quoi. Puis tu piges : ils sont tous blancs et même à majorité blondinets, les beaux ténébreux sont fort peu nombreux. Attention : aucune pratique discriminatoire, c'est juste le gisement humain local qui est absolument monochrome. Citoyenne du monde, ça me met mal à l'aise.

C'est important ces moments-là ! 

On est tous en tas qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?

C'est mieux ! Concernés sur le premier départ !

Attends mon Jeannot !

Aïe aïe aïe aïe aïe

C'est bon !
C'est bon quoi ?

C'est bien Erwan, t'es bien placé !
Ça sert à rien, répond Erwan, dépité.

Bravo Charly, t'es bien placé !
(Charly n'a rien répondu il s'est contenté de poursuivre son action) 

À  20 ans on a encore les articulations invicibles. Plusieurs des chocs auraient eu raison des miennes (celles de maintenant).

Monte d'un cran, Matthieu, monte d'un cran !

Vas-y Francky c'est bon, vas-y Francky 
(cherchez l'intrus)

Faut que ça centre, y du monde.

Putain, ça me saoule
Pas grave Dylan.

Visiteurs 2 - 1 Locaux

Ah quand même (en écho) ! Car les locaux étaient menés 2 à rien et qu'il était grand temps de siffler la fin.

Le deuxième but des visiteurs était sur une incompréhension entre le gardien et deux défenseurs avec un attaquant adverse en embuscade.

Tu peux récupérer le poteau de corner demande l'un des juges de ligne au gardien qui dit non pour un mais attrape l'autre qui était sur son chemin. 

On récupère aussi ceux des ballons partis dans les champs, le collège voisin, un arbre ...

La nuit peut tomber sans plus déranger.

 

 

 

 

(1) Un grand quinze-côtes élancé mais costaud avec une belle vitesse de pointe et une technique assez classe ; de l'équipe Visiteurs.

(2) Je ne sais même plus s'il reste trace de son blog. Quel dommage !

 

 


Une inégalité

 

Elles sont venues encourager leurs frères, fiancés ou petits amis. Il a fait beau tout le jour, ce mois d'août est un cadeau du ciel. 

Il n'empêche qu'à part un soir, à la mémoire jeudi dernier, se lève en même temps que le jour tombe  une brise fraîche qui fait se souvenir au sol qu'il est gorgé d'humidité. Et le thermomètre peut bien indiquer 17 ou 19°C, ça appelle chaussettes, coupe-vent et chandail, éviter les jambes nues.

Mais les supportrices et certains des gars venus voir, sont arrivés vers 19h sous le soleil, elles sont en jupes et sandales ou ballerines, eux en bermudas et tee-shirt, et tranquillous regardent tout le match et restent un peu à papoter après et à suivre une partie de l'équipe B, tandis que venue en tee-shirt et collants courts de course à pied enfilés sous un jean (je connais la traîtrise climatique locale), puis à mesure que le frais montait équipée d'un sweat fins aux manches qui englobent une partie des mains, puis d'un pull en pure laine, vieux Shetland des familles, puis d'un coupe-vent doublé et d'un foulard, je commence à envisager un retour à la maison avant que de sentir mon nez délicatement couler.

Au moment de partir, je croise l'une des jeunes filles, certes un brin dodue, mais en débardeur sans manche et mini-jupe et très à l'aise, insoupçonnable d'avoir froid.

Je me suis sentie un tantinet dégoûtée par tant d'injustice native (1).

L'homme présent tente de me consoler avec sa maladresse gentille, soulignant que c'est un peu normal qu'à nos âges (par rapport à celui des jeunes filles et garçons) on soit plus frileux. Mais je sais qu'en ce qui me concerne j'ai plutôt par rapport à moi-même fait beaucoup de progrès. Certains décalages jamais ne se peuvent combler. Heureusement que certains hommes ont assez d'imagination.

 

(1) Je connais suffisamment la région, y viens assez souvent pour savoir qu'il ne s'agit pas de l'effet d'acclimatation entre air du large et touffeur de la grande ville, celui-ci à lieu mais prend 48 heures, ma peau depuis bientôt deux semaines d'être au radoub s'est faite au grand air. Je sais aussi que vivrais-je sur place à longueur d'année, cet écart entre elle(s) et moi demeurerait.