Leaving Montreuil
22 mai 2013
J'ai passé hier une belle soirée à Montreuil. Kim Thuy était l'invitée de Folies d'Encre et même si je suis arrivée trop tard pour les lectures (1) la revoir était un plaisir, ainsi que Jean-Marie. Je retrouvais une amie pour un tranquille moment qu'enfin on s'accordait et c'était bien aussi.
Mais je me suis à cet occasion rendue compte que j'avais en quelque sorte quitté cette ville qui fut pourtant mon refuge pendant 6 à 7 ans. J'y fréquentais le Méliès, sur l'indication d'amies de mon ciné-club qui habitaient déjà à proximité. Du cinéma j'étais passée à la Librairie, un jour de grande détresse intime où ça m'avait sauvée. J'avais appris que le centre nautique venait de réouvrir après de belles transformations. Notre piscine municipale étant alors embarquée dans des travaux longue durée, j'avais pris là (à 1h20 de chez moi quand même, aller nager à Bruxelles eût été guère plus long) une carte de fidélité.
Il y a eu de travailler avec des horaires pour partie en nocturne (finir à 20h à l'autre bout de Paris rend une séance à 20h30 impossible ; et une lecture à 19h illusoire). Il y a eu d'aller mieux, ou d'aller mal pour autre chose que le chagrin d'amour initial et le chagrin d'amitié collossal que j'avais encaissés.
J'ai eu moins besoin de refuge.
D'une façon diffuse aussi j'appréhende d'y croiser madame A. Je ne saurais le faire sans parler (quelque chose de l'ordre du sens civique, savoir qu'un danger plane, en avertir la personne concernée), je ne sais pas si ce n'est pas mieux qu'elle ne sache rien, ou du moins rien tant que la peine n'est pas arrivée. Le plus simple est donc de ne pas se rencontrer, c'est sans doute prématuré. Il ne faut pas devancer l'appel des malheurs, plutôt se préparer à devenir assez forts pour les encaisser.
Je n'ai plus de raison d'aller au cinéma depuis qu'il n'est plus ce qu'il était : même si la programmation redevient attrayante, pourquoi courir si loin de chez moi pour voir un film projeté aussi dans Paris dès lors qu'il n'y a pas de rencontre avec le réalisateur, de présentation instructive, de leçon de cinéma.
Je m'aperçois donc qu'à mon insu j'ai quitté Montreuil, comme si j'y avais logé puis en avais déménagé.
Une page est tournée.
(1) en partant de l'avenue Franklin Roosevelt à peine avant 20 heures, forcément.