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Le cinéma des prochaines décennies

 

Vieillir possède, si la souffrance physique ne nous écrase pas, certains charmes très apaisants. En particulier celui de voir les jeunes arriver et se montrer prometteurs, à même de prendre la relève et de faire, quand ils auront atteint leurs capacités maximales et l'expérience qu'il faut, faire des progrès au domaine d'activités humaines qu'ils se seront choisis.

L'existence est parfois sans pitié qui brise dans leur élan les meilleurs (1). Elle peut également et tout soudainement se révéler providentiellement favorable (2). Pour les gars qui ont réalisé ce court-métrage, j'espère que la deuxième option sera au rendez-vous, parce que la grâce y est et semble-t-il aussi la capacité de travail, et de travail d'équipe. Rendez-vous dans une quinzaine d'années, si la planète n'a pas craqué, et puisque ce blog est sérieusement archivé (3), vous pourrez, lecteurs d'aujourd'hui, vous dire que vous aviez déjà entendu parler des jeunes Noé Dannemark, Romain Claes, Nicolas Barriol et Thibault Duvieusart (entre autres, je suis loin de connaître tous les participants à ce projet)

 

 

(1) Je pense en particulier à Matthieu Charter qui avait toutes les qualités pour devenir un réalisateur passionnant. Et puis la maladie ...

(2) Lisez le livre de Caryl Férey "Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale", rarement je n'ai vu si forte illustration du fait que si l'étincelle y est rien ne résiste au travail, que les vents contraintes sont parfois déchaînés et archi-fous, et qu'on n'est jamais non plus tout à fait à l'abri d'un coup de chance.

(3) Pas par mes soins, ce qui est rassurant. Quand tu penses qu'au départ je tenais au côté éphémère et léger.

PS : Et n'oubliez pas que je vous aurais prévenus, par ailleurs mais dans le même ordre d'idées de ces tout jeunes qui possèdent les qualités pour prendre la relève des plus grands, que la jeune Mélusine Mayance pour l'instant principalement connue pour son rôle de Sarah enfant dans "Elle s'appelait Sarah" devrait faire plus tard, à l'instar d'une Jodie Foster, partie de ceux qui compteront pour le cinéma. Puisse-t-elle faire les bons choix.


Ah si j'avais du temps là maintenant

 

J'écrirais derechef un petit roman au ton marrant (mais par moment très émouvant) sur l'étrange idée qui m'est venue lorsque Tarquine via Tellinestory ont fait suivre ce lien. Peut-être parce que je me suis dit que le personnage principal de la photo ressemblait un peu à la version fin de race (c'est leur vocabulaire à "ces gens-là", si loin de ma perception du monde, l'employer en parlant d'eux me paraît légitime) d'une de mes anciennes amies. Peut-être aussi parce que j'ai revu récemment un sketch de la caméra invisible des frères Rouland dans lequel ils prennaient un quidam à la terrasse d'un café parisien pour un homme célèbre et filmaient la réaction éberluée (quoique délicieusement courtoise) de celui-ci.

Toujours est-il que j'ai imaginé quelqu'un qui ressemblerait physiquement à une personne connue porteuses d'idées contestables et que certains détestent et d'autres adorent pour ça. Et qui serait abordée dans les lieux publics, dans la rue, avec hostilité ou absolue bienveillance par des inconnus qui la prendraient pour l'autre, dont elle ne partagerait pas la moindre des idées.

Ça ferait un joli cauchemar et qui pourrait même tourner au polar.

(Ce billet a pour but de me garder l'idée au frais en attendant, qui sait, une éventuelle période de chômage, et en attendant de faire sourire les copains qui ont de l'imagination - peut-être aussi que je compte sur mes camarades cultivés pour me dire avant que je n'y perde de l'énergie, Tu sais, ça, Lovecraft (1) l'a déjà fait)

 

(1) Je dis Lovecraft car il y a un précédent.

 

 


Ceci n'est pas un billet

 

Mais une façon de [me] noter que je voudrais écrire :

- quelque chose sur les gestes quotidiens multiples que l'on accomplit d'ordinaire sans trop y penser ; jusqu'au jour où une grande fatigue ou une incapacité nous les rend difficiles, compliqués.

- quelque chose à partir des 99 ou 100 Je me souviens de Monsieur Le Chieur parce que c'est intéressant d'à quel point je partage certains quand d'autres me sont inconnus. Pourtant il s'agissait du même pays, des mêmes années.

- quelque chose qu'a fait résonner la question de Julie samedi à son auteure invitée (1) : 

- Vous menez toujours à bien chacun de vos projets. 

Et que la réponse dans un premier temps était liée à la publication. Alors que je ne sais raisonner qu'en terme de travail effectué. C'est-à-dire la part qui dépend strictement de mon existence et de moi.

- qu'il faut vraiment que je prenne note quelque part des livres lus, des films vus, des airs dansés car ils filent plus vite que je n'ai le temps d'en chroniquer quoi que ce soit. En attendant j'épingle ci-dessous notre nouveau support de choré. ; au moins je saurais où le retrouver. Alesha Dixon - Breathe slow

(1) Salut à toutes les deux si vous venez à passer. Et grand merci pour le bon moment.

 

 


Trop réglo

Un vendredi, il y a un moment

 

On s'apprêtait à partir en week-end, le vendredi s'annonçait chargé et rentrée tard dans la nuit d'à la fin du jeudi, je n'avais trouvé le temps que d'envoyer un mot très bref à l'homme de mes pensées : prévenir de l'absence, de la cavalcade potentielle des jours prochains, qu'il ne s'inquiète, ni ne croit que je le négligeais. Je savais sa vie difficile par les temps qui couraient.

La réponse était arrivée, qu'il pensait sans doute chaleureuse, que je passe du bon temps au loin, que ça me fasse du bien et ne disait rien d'autre et pas un mot de lui. Si laconique qu'il pouvait indiquer que mon éloignement ne risquait en rien de compter.

Je m'étais sentie mortifiée. Seul un silence eût été pire.

Dans l'après-midi de la même journée, studieuse, à la BNF j'écoutais un entretien de "Lecture pour tous" consacré à Elsa Triolet. Je n'avais jusqu'alors connu d'elle que des textes, les siens et ceux des hommes de sa vie à son sujet et vu des photos muettes. C'est peu de dire que la forte femme m'impressionna. 

En me demandant pourquoi elle les avait rendu si fous d'elle, ou plutôt comment, j'eus la révélation de mon erreur. J'eusse dû ne rien dire de mon bref départ, de ma sur-occupation, laisser l'homme dans l'incertitude, qu'il soit persuadé que j'avais quitté, au moins temporairement, le petit rôle que dans sa vie après m'avoir séduite il daignait m'accorder. C'est alors lui qui serait revenu vers moi, peut-être un brin inquiet, venant aux nouvelles qui auraient manqué. Et qui sait, prenant conscience que la place consentie ne suffisait pas et que je comptais au fond bien plus que ça. Je ne voulais pas jouer ce jeu-là, ni faire semblant de quoi que ce soit. Je l'avais traité comme j'aurais aimé l'être de mon côté en pareil cas. C'est ma façon d'être sauf aux jours d'épuisement.

Je ne suis pas attirante car je suis trop réglo.

C'est ce qu'on appelle ne pas savoir se faire désirer.


Leaving Montreuil

 

J'ai passé hier une belle soirée à Montreuil. Kim Thuy était l'invitée de Folies d'Encre et même si je suis arrivée trop tard pour les lectures (1) la revoir était un plaisir, ainsi que Jean-Marie. Je retrouvais une amie pour un tranquille moment qu'enfin on s'accordait et c'était bien aussi.

Mais je me suis à cet occasion rendue compte que j'avais en quelque sorte quitté cette ville qui fut pourtant mon refuge pendant 6 à 7 ans. J'y fréquentais le Méliès, sur l'indication d'amies de mon ciné-club qui habitaient déjà à proximité. Du cinéma j'étais passée à la Librairie, un jour de grande détresse intime où ça m'avait sauvée. J'avais appris que le centre nautique venait de réouvrir après de belles transformations. Notre piscine municipale étant alors embarquée dans des travaux longue durée, j'avais pris là (à 1h20 de chez moi quand même, aller nager à Bruxelles eût été guère plus long) une carte de fidélité.

Il y a eu de travailler avec des horaires pour partie en nocturne (finir à 20h à l'autre bout de Paris rend une séance à 20h30 impossible ; et une lecture à 19h illusoire). Il y a eu d'aller mieux, ou d'aller mal pour autre chose que le chagrin d'amour initial et le chagrin d'amitié collossal que j'avais encaissés.

J'ai eu moins besoin de refuge.

D'une façon diffuse aussi j'appréhende d'y croiser madame A. Je ne saurais le faire sans parler (quelque chose de l'ordre du sens civique, savoir qu'un danger plane, en avertir la personne concernée), je ne sais pas si ce n'est pas mieux qu'elle ne sache rien, ou du moins rien tant que la peine n'est pas arrivée. Le plus simple est donc de ne pas se rencontrer, c'est sans doute prématuré. Il ne faut pas devancer l'appel des malheurs, plutôt se préparer à devenir assez forts pour les encaisser.

Je n'ai plus de raison d'aller au cinéma depuis qu'il n'est plus ce qu'il était : même si la programmation redevient attrayante, pourquoi courir si loin de chez moi pour voir un film projeté aussi dans Paris dès lors qu'il n'y a pas de rencontre avec le réalisateur, de présentation instructive, de leçon de cinéma.

Je m'aperçois donc qu'à mon insu j'ai quitté Montreuil, comme si j'y avais logé puis en avais déménagé.

Une page est tournée.

 

(1) en partant de l'avenue Franklin Roosevelt à peine avant 20 heures, forcément.

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Le rien est peuplé

 

Par la force des choses (1) me voilà dans la configuration d'une journée Finzi Contini. Mais ce n'est pas pareil lorsqu'il s'agit d'un jour qu'on a soi-même décidé en protégeant l'agenda ou lorsqu'on y est contraint, à moins d'une proposition imprévue.

Je suis fatiguée, plus qu'à mon ordinaire déjà peu brillant, l'hiver qui n'a cédé que tardivement à un trop frais et très pluvieux printemps n'y est pas pour rien, les ordinaires chagrins, la fin prochaine d'un travail que j'aimais (et dont j'ai financièrement besoin - que faire par après ? -) ajoutent à la peine des jours. Sans doute aussi le fait, fors le Festival de La Rochelle réservé avant que la situation ne se soit dégradée, que je ne peux pour ainsi dire plus bouger : clouée à Paris pour cause de trop grand débit en compte, il faudra des mois, ou une rentrée d'argent imprévue avant que je ne me sente à nouveau le cœur de m'offrir sans plomber davantage les finances familiales un billet de train (2). Il est pire situation que d'être condamné à ne pas quitter une ville aux multiples ressources - avant-hier encore une rue que je n'avais jamais empruntée -, mais quelque chose en moi se sent enfermé.

Alors je me suis promis de ne rien faire, de simplement lire (3) et dormir encore puisque c'est de ce que mon corps réclame, ce qui peut être fait.

Mais le rien lorsqu'on est chez soi et que la maison trop longtemps pour cause de surmenage et d'absence d'implication des autres habitants ressemble à un cagibi géant, ne peut être rien.

Et voilà une lessive à sortir, une autre à lancer, une poubelle à descendre, un minimum vital de choses à déblayer, du courrier en souffrance à enfin dépoter, des sauvegardes et du ménage à faire sur l'ordinateur, un minimum de repas à préparer ...

Le rien est impossible car le rien est peuplé.

 

 

(1) pas assez d'argent pour aller aux Étonnants Voyageurs cette année, et BNF en jour férié.

(2) Le pire étant que ça ne sont pas les invitations qui manquent mais tout déplacement a un coût, même en dehors de l'hébergement.

(3) Deux livres à dépoter avant dimanche si je veux pouvoir voter pour le prix Biblioblog.

 


Une contre-histoire de l'internet

 

Je ne savais pas tout ça quand j'écrivais dès le début (trop tardif, manque d'argent) de mon propre usage que l'internet était une révolution. Pour moi c'était lumineux : dans notre histoire humaine c'était la première fois que sans devoir faire allégeance à qui que ce soit ni passer par aucun filtre, tout citoyen pouvait proposer à tout autre où qu'il soit un contenu (texte, photos, musiques, video, conversation possible) : la seule condition était l'accès à une connexion, lequel n'était pas forcément si coûteux.

Il était évident dès lors que les pouvoirs en place n'allaient pas tarder à tenter de rogner sur la liberté. 

Je ne serais pas étonnée qu'avant mon très grand âge (si tant est que) il faille pour accéder à des débits raisonnables (le contrôle passera par là ne serait-ce que financièrement) obtenir l'équivalent internautique d'un permis de conduire et une sorte de carte de presse pour pouvoir se permettre de diffuser de l'info.

En attendant et au moins, ne laissons pas les politiciens jaloux nous faire croire n'importe quoi et diaboliser nos outils. L'être humain est ce qu'il est et plein d'horreurs se passent sur la toile (ou sont rendues possibles grâce à son intermédiaire) comme dans la vie concrète. Mais ne laissons personne filtrer pour nous et profitons du bon que nous pouvons y mettre.


Le parapluie

 

J'ignore si c'est le mauvais temps persistant qui l'a inspiré ou bien s'il importe à Paris une technique déjà fort usitée ailleurs mais du coup ses collègues du long couloir accès avec leur marchandise étalée sur des tissus prêts à être repliés en cas d'alerte font figure d'amateurs.

Lui, ce qu'il a pour vendre broches, magnets et autres accessoires, c'est un parapluie. Un parapluie tout noir, uni, sur lequel les couleurs des petits objets ressortent. Un parapluie perché sur un trépied d'appareil photo, qui doit être certes un peu plus compliqué à replier que les plaids des copains, mais à peine et puis il peut toujours s'évertuer à faire croire qu'il est un touriste avec un appareil photo bien équipé et un parapluie tunné, un peu comme on faisait dans le temps avec les sacs à dos et les écussons.

Il est évident qu'avec des DVD ça marcherait moins bien, mais de nos jours, qui en achète ? (du moins à la sauvette, sans garantie de qualité, alors qu'on peut lire en streaming, sans s'encombrer d'un objet).

Qu'il en ait le copyright ou qu'il l'ait imitée, j'ai en tout cas apprécié l'astuce. 

Et continue toutefois à me poser la même question que pour les revendeurs de roses à la sauvette le soir dans les cafés : comme personne ne semble jamais rien leur acheter, comment font-ils pour survivre ? Y a-t-il un trafic apparent étique qui masque d'autres trafics discrets autrement plus rémunérateurs ?

Je suis curieuse en tout cas de voir si la technique du parapluie va se répandre ou pas.

 

[pas de photo : je n'ai envie de compromettre personne et de toutes façons l'homme au parapluie semblait d'une aménité limitée]


L'hôtel du bout de l'avenue est sur le point d'ouvrir


P5132907L'hôtel du bout de l'avenue est sur le point d'ouvrir. 

Tu viens à Paris sans trouver le temps de me voir, au prétexte qu'un photographe t'accompagne. Dans un sens je préfère que tu me l'aies dit plutôt que d'avoir la sale surprise de tomber sur toi dans la rue (1).  P5132906

Last but not least c'est le premier rasage du fiston. Son père quitte la maison pour le bureau plus tard afin de lui montrer comment procéder. 

Je me suis dit, Ça y est, notre fils est grand.

 

(1) On croit toujours que Paris est grand, mais pour moi, il ne l'est pas tant.

 

150105 1736