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Faites donc comme moi au lieu de râler : amusez-vous partout

 

Ce long et beau billet de Mona Chollet (1) m'a révélé enfin de façon claire et nette ce qui coinçait au sujet de l'internet, des messageries et des réseaux sociaux, plus particulièrement ces derniers, auprès de bons nombres d'amis, surtout les moyens jeunes d'entre eux (2) : la plupart des mécontents ou réticents du net le sont pour une conception qu'ils en ont qui ne pourrait être qu'addictive. Être branchés en permanence, consulter son téléphone tout le temps (3), vouloir sur les réseaux (ou : se sentir obligés de) être de toutes les discussions tous le temps - et les sujets de débats acharnés entre les révolutions méditerrannéennes, le machisme toujours prégnant, le mariage pour tous et quelques autres ne manquent pas -.


Alors c'est évident que vu comme ça l'internet devient chronophage.


Chez moi, l'internet s'il a pris du temps sur quelque chose c'est sur la télé (et les tâches ménagères : ça m'a aidé à prendre conscience qu'il n'y avait aucune raison que parce que femme et mère de famille je n'ai plus de temps libre alors que les autres membres de la famille une fois rentrés du travail ou des cours trouvaient normal de se reposer ; à présent moi aussi (et on vit dans un grand cagibi. Au fond si l'internet est responsable d'un truc, ce serait des maisons mal tenues)).

 

Quand auparavant je m'affalais devant une série sur le canapé, je m'installe dans ma calme cuisine devant l'écran de l'ordi et j'y prends des nouvelles du monde et des amis.

 

Je n'y suis pas toujours. De même qu'à mon travail je ne me connecte que lorsque c'est (hélas) (trop) creux. 

 

Mais quand je suis là, je prends plaisir aux échanges, m'informe bien plus vite et bien plus librement qu'autrefois (4), mon corps est certes seul, au repos dans son coin mais mon esprit, souvent moins fatigué, est heureux de pouvoir encore partager. L'internet au lieu de me prendre mon temps me permet de démultiplier celui que je passe avec mes amis. Et d'ailleurs je n'en passe pas moins avec eux dans la vraie vie : j'ai la chance de vivre dans une grande agglomération, ceux qui n'y vivent pas y passent. On se voit.


Il est vrai que de fait sur les réseaux sociaux je suis peu présente ou n'y suis qu'en apparence (5), manque beaucoup de ce que les uns ou les autres ont pu publier, réponds peu aux sollicitations débatives, à cours de temps plutôt que d'arguments ; bref, souvent c'est un peu comme si je quittais le café des copains en m'éclipsant tout soudain. Mais ceux qui sont mes vrais amis le savent : mes contraintes de travail et la force de mon sommeil. Aux autres je ne dois pas beaucoup manquer, je ne vois pas pourquoi ce serait le cas.

 

Et d'ailleurs, des forums je m'abstiens sauf pour ceux d'échanges techniques, dont j'ai parfois besoin.

 

Il m'arrive aussi, comme tout le monde, d'être rattrapée par quelque chose qui me plait tant que j'y passe un temps imprévu : ce fut jeudi matin le cas avec ces supercheries littéraires. J'ai d'ailleurs failli arriver en retard au travail ... mais l'âme réjouie.

 

Dans l'information twitter est remarquable pour l'instant (6), à condition d'avoir soigneusement choisi ceux qu'on suit.

  

Autre point difficile à expliquer à ceux qui sont réticents : plus encore que d'autres réseaux, twitter est ce que nous en faisons, ce que j'y vois, n'est pas ce que tu y vois, ma Timeline n'est pas la tienne, je suis certaines personnes, toi d'autres. Si tu as mal choisi les tiens, tu trouveras twitter débile et les gens déprimants. Ma TL est un bonheur, malgré quelques prises de risques volontaires (afin de suivre ce qui se passe aussi chez ceux que je n'apprécie pas, façon aussi d'être moins prise par surprise par certains déferlements de connerie) et des erreurs aussi (7) ; si l'humanité était à son image, la planète serait sauvée et tout le monde y vivrait sans haine, en paix.

  

On y plaisante aussi beaucoup. C'est pour l'instant le meilleur endroit que j'ai trouvé pour y lâcher mes bouffées d'humour noir, assez peu partageables à tous vents dans un monde où le politiquement correct a fait des ravages. Le monde étant ce qu'il est il m'arrive de craindre d'être prise au premier degré. Généralement ceux qui me suivent sur twitter sont équipés du second - ou alors ils se rendent compte à un moment de leur erreur et me "défollowisent" ou d'ailleurs ne s'en rendent pas compte et croient que je pense sérieusement n'importe quoi et me dé-suivent aussi, ou m'insultent et puis s'en vont -.

  

Une autre clef de l'usage du net est là : il convient de ranger toute susceptibilité au vestiaire. S'y exprimer s'est comme publier un livre : on s'expose à être lu y compris par ceux à qui nos propos ne sont pas destinés : soit qu'ils les comprennent tout de travers, soit qu'ils aient à ce point des valeurs et une grille de lecture du monde différente de la nôtre que nos dires leur font outrage. Des lors qu'on est un peu lu, qu'on sort du cercle des proches bienveillants, fatalement on suscite des réactions déplaisantes ou déplacées. 

  

Issues d'illustres inconnus, il faut les ignorer, sinon on y perd de l'énergie et du temps. Ça ne me demande pas d'efforts, je ne suis touchée que par les remarques de ceux que j'aime ou que j'admire ou les reproches dont je m'aperçois qu'ils étaient fondés (c'est rarement le cas de ceux émis par les trolls insultants). Pour le reste, Live and let die. Effectivement pour certains de mes amis qui ont leur amour propre, ça demande une sorte d'apprentissage, visiblement (8). 


Et ils reprochent alors aux réseaux sociaux les attitudes basses et sans respects de certains de leurs usagers. C'est un peu comme si l'on reprochait au coin qui pue d'un square d'être le lieu, souvent tranquille, qu'ont choisi certains pour s'y soulager.

  

Je dois beaucoup à l'existence démocratisée de l'internet, certaines difficultés de ma vie ont été surmontée grâce à mes amis rencontrés ici. Sur les réseaux sociaux je m'amuse et m'informe. Plutôt que de leur reprocher nos défauts de partout, il n'est pas très difficile d'en avoir un usage pragmatique, modéré et gratifiant. 

  

Et à part ça, je continue tant que la vieille poste existe à un tarif accessible à mener paisiblement quelques lentes correspondances en papier. Pour le plaisr d'écrire et d'échanger dans la plus grande tranquillité. 

  

Ça ne saurait durer parce qu'un jour où l'autre l'un des canaux sera jugé si peu rentable qu'il sera abandonné ou rendu trop onéreux d'accès, mais il ne faut pas oublier qu'en cet instant précis nous avons encore tous les choix possibles : du papier, aux messageries, aux SMS, aux coups de fil, à prendre la bagnole (9) pour aller voir quelqu'un. À nous d'en profiter et de varier les plaisirs, les modes de communications, de savourer ce qui subsiste d'une stimulante diversité.

 

 

(1) "D'images et d'eau fraîche - ode à Pinterest" sur Périphéries

(2) Il se trouve que grâce à l'internet qui aboit aussi les frontières d'apparences et d'âges, j'ai des amis de 20 ans et d'autres de bientôt 90 et je leur dois aux uns et aux autres d'être beaucoup moins cons (oui je sais, qu'est-ce que ça serait sinon), c'est comme sur un lieu de tournage de disposer de caméras à différents angles d'un même plateau. Il se trouve aussi que j'ai constaté que ceux qui coincent le plus sont en gros les baby-boomers - hein quoi un domaine où ils ne sont pas les rois ? eux qui ont fait bouger le monde à leur mesure, révolutionnant jeunes, capitalisant ensuite, et pas qu'un peu -. Les jeunes sont "nés avec" et apprécient plus ou moins - ne sont pas les derniers à tomber dans les pièges que tendent les réseaux -, et les plus âgés qui ont fait l'effort de s'y mettre sont, de la même façon que moi qui suis assez ancienne pour me souvenir d'une vie où le téléphone était rare et réservé aux grandes occasions, ravis de la proximité possible quand les déplacements correspondants seraient compliqués.

(3) Il m'arrive de le faire lorsque j'attends une réponse à mes yeux importante (ou qui doit déterminer la suite de la journée, un rendez-vous qui tarde par exemple à se préciser), ou une info que j'ai pressentie comme lundi passé et dont j'attends, fébrile, la confirmation.

(4) Grande satisfaction que de pouvoir sur des sujets locaux en avoir les compte-rendus vus d'ailleurs, l'information en France ayant une nette tendance cocardière. Peut-être qu'il faudrait toujours faire ça : lire systématiquement les informations concernant un pays au travers des médias d'un autre, afin d'en avoir une idée la plus proche possible de l'insaisissable réalité des faits.

(5) Difficile à faire comprendre à ceux qui pratiquent peu mais par exemple sur facebook j'épingle sur mon "mur" beaucoup d'articles via des boutons "recommander" ou "like" qui sont sur les sites de leur publication, mais je n'y suis pas et si vous m'envoyez un message à ce moment-là pensant pouvoir me joindre, il se peut que je ne le voie même pas. Je me sers beaucoup de FB comme autrefois de classeurs dans lesquels je collais des articles découpés dans les journaux de papier.

(6) Nul doute que dans quelques temps "on" sera ailleurs, twitter et FB auront fait leur temps. "Ça" se passera dans un nouvel endroit. Je me demande d'ailleurs pourquoi Google + qui n'est pas sans charmes se développe assez peu, on dirait que les internautes d'usage (par différentes des internautes d'action) rechignent à y aller. Mais pour l'instant, twitter est le fer de lance de l'info instantannée. À considérer avec prudence, à recouper, à soupeser, mais n'empêche, c'est là.

(7) Je m'étais laissée piéger par "Radio Bistrot" que j'avais pris pour un compte twitter des brèves de comptoir. Or il fait partie du Réseau Michu.

(8) Mon problème personnel est plutôt à l'opposé avec les réactions de type fan-club, qui me rendent mal à l'aise, auxquelles je ne sais pas répondre, que je ne comprends pas. 

(9) J'imagine que dans un avenir probablement moins lointain que ma vieillesse, l'usage d'un véhicule à moteur individuel se sera dé-démocratisé. À nouveau seuls les riches en seront pourvus. Que chacun ait sa voiture fut l'une des premières étapes d'équipement dans les 30 glorieuses, ce n'est pas si ancien (puis la télé, puis le téléphone et au milieu la machine à laver le linge, les toilettes dans la maison, une salle de bain digne de ce nom, le chauffage central). Ça ne serait pas pour me déplaire qu'on se remette au cheval, et pas pour le manger.


Quand des supercheries deviennent de petites pépites

 

Tombée là-dessus ce matin par sérendipité du net (je faisais un voyage virtuel dans Namie une ville désormais fantôme des abords de Fukushima (1)), et ces vignettes sont un bonheur.

J'affiche ma préférée mais les autres valent aussi le détour (dont l'écrivain trash)

 

 


Les supercheries littéraires : comment éditer... par lemondefr

 

Attention, une fois qu'on a commencé à les regarder il est difficile de s'arrêter (elles sont huit il me semble)

(1) J'ai un faible pour les villes fantômes.


La fin d'une époque (un élément marquant de)

 

À la question terre-à-terre que je lui posais, elle a fourni la réponse professionnelle parfaite, mais son esprit disait Qu'allons-nous devenir et j'ai entendu la pensée charriée par la réponse, je ne sais comment l'expliquer. Je n'écoute pas ce qu'on me dit, mais j'entends ce qu'on ne prononce pas.

Alors j'ai guetté mes mails, de loin en loin dans la journée. Mon téléphone rudimentaire permet de le faire si vraiment il le faut. Mais non, rien.

J'écoutais ce débat intéressant, fors les questions de l'un des animateurs qui faisaient descendre le niveau de quelques crans, que les participants remontaient, chacun connaissant bien le domaine pour lequel il était convié, bonne sélection des invités, et emmenant la discussion assez vite assez loin des clichés, seulement c'était dommage ce ralentissement qu'il imposait.

À force qu'il n'y ait rien sur la messagerie et que je passe de bons moments entre amis, j'ai cru m'être trompée. Plutôt soulagée d'avoir mal saisi, même s'il est désagréable d'être confronté au doute quant à nos capacités.

Une douleur sérieuse au genou droit a disparu comme par enchantement après quelques crevettes, du pain beurré et un verre de vin blanc (1) dégustés en bonne compagnie.

Une fois arrivée dans mon quartier, j'ai différé d'un quart d'heure mon retour, une petite course incontournable à faire dont je devais m'acquitter depuis plusieurs jours, une autre qui pouvait attendre le début du mois mais je savais qu'il ne resterait plus qu'un seul exemplaire à ma taille. Me suis occupée de la poubelle aussi. De prendre une douche sans tarder.

Toutes manœuvre dilatoires avant de sérieusement allumer l'ordi.

La mauvaise nouvelle m'y attendait. Au delà des personnes strictement concernées - une pensées pour elles -, on pourra sans doute dater par celle-ci la fin d'une époque. Et le début d'une solide phase de grande incertitude pour les professionnels du milieu concerné, déjà passablement bousculé. Vingt-cinq mars deux mille treize.

 

(1) Merci à qui de droit pour cette thérapie radicale.


Camarades qui écrivez, apprêtez-vous à devoir faire savoir que vous êtes encore en vie

 

Ça pourrait ressembler à un canular, un premier avril anticipé, mais non c'est pour de vrai.

Des accords ont été passés qui rendent apparemment numérisables sans compensation pour leurs auteurs tous "livres sous droits d'auteur, publiés en France avant le 1er janvier 2001, et qui ne sont plus commercialisés."

Si l'un de vos ouvrages apparaît par là : 

registre des livres indisponibles, en réédition électronique

(Il suffit de taper votre nom dans la case "rechercher" et vous saurez combien de titres ont été considérés comme bons à piquer)

vous avez tout intérêt à signaler par là : 

demande d'opposition

que vous êtes encore vivants et peut-être pas tout à fait d'accord pour abandonner tout ou partie de vos droits d'auteur sur la version numérique de vos ouvrages ; ou dans certains cas qu'ils sont moins indisponibles que les instances éditoriales et de la BNF ont l'air de le croire.

Peut-être aussi que vous êtes suffisamment fortunés ou indifférents à l'avenir pour estimer qu'une numérisation à la hussarde est mieux que l'oubli, libre à vous. Peut-être que sans le travail au bord d'être accompli certains ouvrages risqueraient de disparaître à tout jamais ou du moins n'exister plus que sous quelques exemplaires papiers en très fragile état (1).

Mais le système qui a été choisi (appelé opt-out) est que si vous ne vous manifestez pas dans les 6 mois à venir, c'est que vous êtes d'accord, pour ce qui à mes yeux de lectrice pourtant peu hostile aux écrans ressemble à une forme de piratage légal.

 

L'avenir des textes numérisés dans le cadre de cette "gestion collective" selon ce qu'on peut lire sur les sites de la Sofia ou de la BNF, ne me semble pas clair. Sans compter que l'un renvoie sur l'autre qui renvoie "pour plus d'informations" sur le premier. Or mon expérience professionnelle m'a au moins appris ça : quand on vous dit "Ne vous inquiétez pas, on s'occupe de tout", c'est qu'on s'apprête à vous faire l'inverse d'un cadeau. De plus en tant que femme je sais combien peuvent être dangereux les processus basés sur un principe de type "qui ne dit mot consent".


Des explications détaillées par François Bon, lequel est d'autant plus véhément qu'il est également concerné comme  éditeur : certains titres sont déclarés indisponibles alors que sa maison d'édition numérique les a déjà retravaillés et les commercialise - d'une façon respectueuse pour les auteurs : 50% des droits pour eux -.

Pardon si je ne suis pas très claire : je m'apprêtais à aller dormir quand j'ai lu l'article et comme les démarches peuvent être casse-pieds et qu'il y a un délai, il faut prévenir sans tarder le plus de personnes possibles.

 

(1) Je pense entre autre au "Bon sens de l'abbé Meslier" dont l'édition la plus récente que j'ai pu trouver à la BNF datait de 1909 et était assez dégradée (mais encore lisible) (mais pour combien de temps ?).

 

 


Ce mystère de la notoriété

P3242091Pour moi qui vis hors télé, il est toujours surprenant de constater l'écart faramineux entre ce que je perçois des notoriétés d'auteurs au travers de mon métier de libraire, et ce qui doit correspondre à une réalité des ventes.

Ainsi il y avait foule pour cette personne, dont le nom même, D.J. Daugerthy, n'était pas parvenu jusqu'à moi (1).

Un monde impressionnant pour Didier Van Cauwelaert, dont je savais en revanche les lecteurs nombreux mais pourquoi cette année soudain à ce point la bousculade ?

L'agréable surprise d'une longue file d'attente pour Eduardo Mendoza, si discret et tranquille. J'imaginais ses lecteurs nombreux mais plutôt du genre à rester au calme dans leur coin et ne pas affronter la masse des visiteurs d'un dimanche. J'étais heureuse aussi de constater qu'il y avait beaucoup de jeunes parmi eux.

Et puis il y a ceux pour lesquels on s'attendait  P3242102

à ce qu'il y ait beaucoup de monde et ce fut bien le cas.

 

(1) Et c'est là qu'en commentaires tout le monde va m'expliquer qu'elle est aussi connue que J.K. Rowlings. 


Le sang des autres (Bruno Muel)

 

C'est Joachim qui a attiré mon attention sur un billet d'Arnaud lequel m'a enfin donné le courage de regarder le film dans son intégralité.

Du côté de ma famille paternelle c'était les usines de voitures, Fiat à Turin pour pas mal de mes oncles (dont un qui s'en est merveilleusement bien tiré), les usines de Poissy pour mon père (qui avait réussi à se sortir des ateliers). J'ai déjà une idée assez peu vague de ce que le film contient.

Ce qui est terrible c'est de se dire qu'à présent tant de gens rêveraient de retrouver un boulot même comme ça.

Il faut lire aussi l'Établi de Robert Linhart

 


avec le sang des autres par adrien_fournier

Piange il telefono

 

Durant ma lointaine jeunesse (c'est à dire au temps d'avant l'internet et les téléphones personnels) j'étais une téléphoneuse sans problème particulier de trop peu ni d'excès. L'homme de la maison n'aimait pas trop qu'au soir j'appelle des amies, ma sœur ou quelque cousine, mais lui-même appelait longuement sa propre famille certains soirs, et souvent j'appelais parce qu'il s'était endormi ou vautré devant la télé, ce qui me laissait seule.

Il avait hérité de la génération d'avant la peur de la facture forte, difficile à payer. Mais les tarifs déjà diminuaient si fortement que la vigilance n'était réellement nécessaire qu'avec les appels pour l'étranger (hé oui, j'avais ma famille pour partie en Italie, des accointances en Belgique, en Allemagne, je faisais attention).

Puis il y eu cette période où dans mon travail d'informaticienne j'ai dû passer une partie non secondaire de mon temps à répondre aux appels d'utilisateurs perdus. Cette phase m'a rendu pour longtemps de fait de téléphoner fatigant. Ce qui pour moi auparavant était pratique (on habite loin mais on peut quand même avoir des nouvelles toutes fraîches et entendre la voix l'un de l'autre), est devenu fastidieux - une attention particulière requise car on entend sans voir, un déséquilibre (le combiné porté sur une oreille, puis l'autre) -.

Peu de temps après est apparu l'internet et même si à la maison on s'y est mis tardivement et de façon très limité (ah le forfait 10 heures de chez wanadoo, qui paraissait excessif ... les deux premiers mois), ça a été pour moi une libération : j'avais encore la force au soir d'écrire quand celle de parler me manquait.

C'est à ce moment-là que j'ai pris conscience que certaines personnes si je ne prenais pas la peine de les appeler ne m'appelaient jamais. J'en ai déduit qu'elles ne tenaient pas tant que ça à ce qui nous liait. Certaines d'entre elles ne voulaient pas non plus entendre parler de l'internet. 

Je n'ai pas insisté.

Ma propre mère a organisé son isolation, m'a rendu le portable avec carte payée par mes soins que je lui fournissait, a toujours refusé de toucher au moindre ordi, son téléphone est chez elle un étage en dessous (d'où un risque qu'elle tombe en se hâtant pour décrocher) et elle refuse aussi l'usage du répondeur. D'où qu'on peut appeler un nombre certain de fois pour rien, sans même qu'elle le sache.

Je me suis laissée décourager.

Avec les téléphones personnels, l'usage d'un appel est devenu pour moi purement fonctionnel, j'appelle pour préciser quelque chose (une heure, un lieu de rendez-vous, m'inquiéter d'un retard, prévenir du mien, d'un problème de transport). Je ne sais plus téléphoner pour parler.

Entre temps le moindre appel utilitaire à une entreprise est devenu une litanie de tapez 2, tapez 4, poussez un dièse, pondez une étoile. Je préfère passer par un mail, chaque fois que c'est possible.

Pour le travail je n'ai aucun problème à passer un coup de fil, en particulier pour les clients au sujet de leurs commandes. Ça fait partie du boulot et visiblement la plupart des gens préfèrent un appel à un mail. J'ai l'impression s'ils sont à leur travail que je les dérange davantage en appelant qu'en écrivant mais il faut croire que non.

En fin d'année dernière j'ai eu quelques contacts avec un homme qui travaille dans le cinéma. Lui aussi préférait les coups de fils. Quand je me suis étonnée de cette préférence alors que dans le métier qu'il exerce les sonneries incessantes doivent être exaspérantes à la fin, il m'a expliqué que non, que c'était plus rapide (et qu'aussi il était dyslexique et qu'à lui c'était lire qui demandait plus d'efforts).

Ce soir il y avait une vieille amie que je souhaitais appeler. Elle ne pratique pas l'internet même si elle travaille sur ordi., lit ses textos quand elle pense à prendre son téléphone portable (généralement lorsqu'elle part en déplacement) mais n'y répond guère. La plupart du temps nous prenons le temps de nous écrire en papier et c'est un bonheur. Mais je voulais la joindre pour quelque chose de joyeux, savoir si on aura une chance de se revoir mardi et pour la poste ancienne et ses enveloppes timbrées le délai est un peu court. Seulement le simple fait de prendre l'appareil et devoir parler, je n'ai pas su en trouver l'énergie avant une heure fort peu civilisée et donc à laquelle il est préférable de s'abstenir.

C'est quand même curieux d'être devenue à ce point coincée du coup de fil.

Et je me demande si je suis si fort minoritaire à trouver plus rapide et plus facile d'envoyer un message écrit que d'appeler, ou s'il y a un biais générationnel ou que sais-je.

C'est quand même fascinant d'avoir connu un monde où si l'on voulait communiquer à quelqu'un qui était loin on s'écrivait sur du papier que l'on expédiait par la poste, et si c'était urgent on envoyait STOP UN TELEGRAMME STOP (1), ou dans Paris intra muros un pneumatique puis dans lequel le téléphone est arrivé mais seulement à certains endroits. D'où des situations cocasses aujourd'hui disparues (ah les appels aux café du coin). Puis arrivé un peu pour tous mais il ne fallait pas s'en servir parce que ça coûtait trop cher (Mais alors, Papa, à quoi ça sert qu'on en ait un ?). Des télex à un moment donné (2). Des fax aussi mais qui sont restés d'un usage plutôt professionnel (il m'a semblé) détrônés qu'ils ont été par l'internet et ses messageries, elles-même à présent fortement délaissées pour les tchat et les conversations par réseaux sociaux tandis que la téléphonie longue distance s'équipait d'une webcam et permettait de se causer presque comme ensemble (sauf les odeurs de cuisine).

Pas étonnant qu'un outil ait chassé l'autre, au point d'en faire perdre une partie de l'usage.

Bientôt nous pourrons tout dire à tous partout tout le temps, vraiment. Mais aurons-nous encore assez de sentiments ? De temps calmes et solitaires pour les éprouver intensément ? Ou n'en aurons-nous plus gardés que notre capacité de déclaration, volatile et démultipliée ?

Peut-être que c'est de façon profonde et confuse, une telle crainte qui désormais me retient d'appeler.

 

 

(1) Par ici une mine d'infos sur la question

(2) Moi qui vous parle j'ai envoyé en 1986 un télex au Burkina Faso. #mavieaventureuse.

 


Une erreur de débutant(e) (on n'est jamais à l'abri d')

Last year, un dimanche

 

C'était un touite de quelqu'un que je ne suis pas mais qui était relayé par quelqu'un dont les 140 me font généralement (sou)rire, un dimanche matin calme au ventre légèrement douloureux, j'avais envie de détente (et besoin). 

Il présentait comme le blog photos de sa vieille grand-mère ce qui était une galerie sexy pour les hommes qui aiment leurs semblables, j'avais effectivement trouvé drôle l'écart entre l'accroche et le résultat, ri, et sans plus réfléchir RT.

Heureusement un ami attentif était en fin de matinée venu émettre un bémol. Que dans un premier temps je ne comprenais pas. 

Le touite que j'avais relayé, se moquait en effet mais sans en rien citer de celui-là , lequel renvoyait vers un site aux photos maladroites et désuettes, délicieusement légendées et qui avait un charme fou - du moins pour les doux, pas pour les moqueurs jaloux -. Ne faisant pas partie des lecteurs de cette personne, je n'avais pas vu ce premier lien et n'étais donc pas consciente du côté moquerie / parodie, de ce qui était une sorte de réponse sournoise. Ce que j'avais pris pour un trait d'esprit n'était qu'une petite mesquinerie.

J'ai dé-RT et m'en suis allée admirer l'original, qui le méritait.

Il n'empêche que c'est sur l'internet une erreur facile à faire : ne connaissant pas la source première, se méprendre sur le sens d'une publication consécutive qui ne l'a pas citée.

Je me suis depuis efforcée d'y prendre garde.