Ils se croient représentatifs mais sont surtout sans respect
La mère indignante

Il est impossible, je le crains, d'arranger le monde (sauf très très localement)

Ça fera bientôt deux mois qu'Aaron Schwartz est mort. Je me demandais pourquoi je me sentais si concernée. Pour moi il était, "le gars sans qui on n'aurait pas les fils RSS" et "celui qui avait de graves problèmes pour avoir voulu rendre publiques certaines données". Il avait oublié que la loi se rappelle beaucoup plus cruellement à ceux qui l'enfreignent par idéalisme qu'à ceux qui la violent par goût du lucre, du stupre ou du pouvoir.

Puis ce soir, j'ai lu ce billet chez Le Roncier. Il m'a aidée à réfléchir. 

Contrairement à l'ami cité dans l'article, je n'ai jamais imaginé que je pouvais changer grand chose au monde. Mon chagrin n'est donc pas de me dire qu'à bien plus oin que son âge je n'aie encore rien accompli qui mérite l'attention. J'étais intelligente enfant, ou plutôt précoce, mais malade bien trop souvent. Mes trois missions étaient dans cet ordre : 1. Survivre 2. Bien travailler en classe 3. Empêcher que mes parents basculent entre eux de la violence verbale à la violence physique. De 13 à 19 ans j'ai eu une solide vocation de recherche en physique nucléaire et quantique, mais je m'imaginais plutôt en bonne petite fourmi travailleuse épluchant des tableaux et des tableaux de chiffres, posant des questions que personne n'avait posées avant. Mais pas d'être la personne qui présiderait à leur résolution.

En revanche j'ai toujours perçu que je ferai un bon Watson pour un Holmes qui aurait du mal avec un monde résolument hostile aux gens par trop brillants. 

Et ce que je ressens, puisque pour l'instant la thèse du suicide semble n'être pas contestée (1), ni celle d'un chagrin d'amour avancée (2), c'est en fait ça : un monde qui n'est pas capable de faire une place à un être humain si puissant intellectuellement, n'est pas un monde très viable. Sans amour, à quoi bon ?

S'y ajoute une interrogation enfantine, parce qu'elle semble pré-supposer que tout était écrit : que vont donc devenir les inventions qu'il n'a pas pu faire ?

 

(1) C'est si tentant de se dire que ces capacités en informatique pouvaient lui avoir fait approcher d'un peu trop près des informations un peu trop confidentielles.

(2) Pour moi le chagrin d'amour ou de grande amitié peut expliquer tout comportement inexplicable. J'ai survécu à quatre d'entre eux, de justesse dans l'un des cas ; je suis assez bien placée pour savoir le danger que c'est et ce d'autant plus qu'une rupture subie survient alors qu'on est en plein élan pour ce qui est du travail. Un tacle par derrière, crampons en avant alors que l'on était au bord du but. 

 

 

Commentaires