Camarades qui écrivez, apprêtez-vous à devoir faire savoir que vous êtes encore en vie
24 mars 2013
Ça pourrait ressembler à un canular, un premier avril anticipé, mais non c'est pour de vrai.
Des accords ont été passés qui rendent apparemment numérisables sans compensation pour leurs auteurs tous "livres sous droits d'auteur, publiés en France avant le 1er janvier 2001, et qui ne sont plus commercialisés."
Si l'un de vos ouvrages apparaît par là :
registre des livres indisponibles, en réédition électronique
(Il suffit de taper votre nom dans la case "rechercher" et vous saurez combien de titres ont été considérés comme bons à piquer)
vous avez tout intérêt à signaler par là :
que vous êtes encore vivants et peut-être pas tout à fait d'accord pour abandonner tout ou partie de vos droits d'auteur sur la version numérique de vos ouvrages ; ou dans certains cas qu'ils sont moins indisponibles que les instances éditoriales et de la BNF ont l'air de le croire.
Peut-être aussi que vous êtes suffisamment fortunés ou indifférents à l'avenir pour estimer qu'une numérisation à la hussarde est mieux que l'oubli, libre à vous. Peut-être que sans le travail au bord d'être accompli certains ouvrages risqueraient de disparaître à tout jamais ou du moins n'exister plus que sous quelques exemplaires papiers en très fragile état (1).
Mais le système qui a été choisi (appelé opt-out) est que si vous ne vous manifestez pas dans les 6 mois à venir, c'est que vous êtes d'accord, pour ce qui à mes yeux de lectrice pourtant peu hostile aux écrans ressemble à une forme de piratage légal.
L'avenir des textes numérisés dans le cadre de cette "gestion collective" selon ce qu'on peut lire sur les sites de la Sofia ou de la BNF, ne me semble pas clair. Sans compter que l'un renvoie sur l'autre qui renvoie "pour plus d'informations" sur le premier. Or mon expérience professionnelle m'a au moins appris ça : quand on vous dit "Ne vous inquiétez pas, on s'occupe de tout", c'est qu'on s'apprête à vous faire l'inverse d'un cadeau. De plus en tant que femme je sais combien peuvent être dangereux les processus basés sur un principe de type "qui ne dit mot consent".
Des explications détaillées par François Bon, lequel est d'autant plus véhément qu'il est également concerné comme éditeur : certains titres sont déclarés indisponibles alors que sa maison d'édition numérique les a déjà retravaillés et les commercialise - d'une façon respectueuse pour les auteurs : 50% des droits pour eux -.
Pardon si je ne suis pas très claire : je m'apprêtais à aller dormir quand j'ai lu l'article et comme les démarches peuvent être casse-pieds et qu'il y a un délai, il faut prévenir sans tarder le plus de personnes possibles.
(1) Je pense entre autre au "Bon sens de l'abbé Meslier" dont l'édition la plus récente que j'ai pu trouver à la BNF datait de 1909 et était assez dégradée (mais encore lisible) (mais pour combien de temps ?).