À la BNF 100 photos
28 décembre 2012
Intéressante expo photos à la BNF, jusqu'au 17 février, à condition de ne pas trop s'attendre à des chefs d'œuvre, justement. J'ai un peu l'impression que le thème réel était "100 photos que par coup de chance on peut vous montrer".
Certaines sont inoubliables, certaines sont déjà archi-connues, par exemple l'enfant à la grenade de Diane Arbus, la plupart ne sont connues que par le nom du photographe ou le nom du photographié.
En fait l'expo est un curieux bric-à-brac d'images entre :
- celles, les plus nombreuses, dont l'intérêt est technique, expérimentations du XIXème siècle, images impressionantes de voyages parfois lointains et pour lesquelles on n'ose imaginer la peine qu'ils se donnaient à trimballer le matériel nécessaire, alors forcément fragile et volumineux. Des essais en extérieur, du matériel agricole, un paysage ;
- celles dont l'intérêt est la notoriété du photographe, par exemple ce Grand nu renversé en arrière de Man Ray (qu'on a connu mieux inspiré ; mais peut-être que pour un homme hétérosexuel en bonne santé cette image présente un certain intérêt) ;
- celles dont l'intérêt est la notoriété du photographié (à la mémoire et entre autre : une où figure Fernand Léger) ;
- celles qui sont d'authentiques chefs d'œuvre qu'on passerait des heures à contempler (ainsi une Sarah Bernardt dans un drapé noir) ;
- quelques bonnes images de street-photography à l'Américaine. Pourquoi ne pas en faire un thème pour une expo à part entière ?
- celles dont on se demandent pourquoi elles ont été sélectionnées (ainsi un paysage en noir et blanc de 1986, je n'ai pas compris en quoi résidait sa spécificité) ;
- celles qui à part pour les initiés ne présentent aucun intérêt : un "ciel rosé" qui n'est qu'une feuille rosée un peu en mode Mon imprimante était mal réglée : un nu microscopique sur un grand fond noir et dont il est précisé qu'il s'agit de la femme du photographe vue de dos, ce qu'on a cru sur parole. Je pense qu'elle était là pour faire sourire par contraste avec sa voisine, un nu féminin vu de dos mais d'une taille normale (l'auteur était connu pour ses "nus de grande taille" était-il précisé, ce qui par rapport au cliché voisin, n'était pas usurpé) ;
- Émile Zola.
Mon fiston, dont une bouffée d'envie culturelle était à l'origine du déplacement, posait les bonnes questions (auxquelles je savais assez peu répondre je l'avoue), et sa présence a fait de cette visite un moment épatant.
Il n'empêche que l'éclectisme échevelé de l'ensemble laisse un peu dans l'attente : on eût aimé peut-être des séries plus repérables, certains thèmes plus étoffés. En même temps l'aspect #WTF de l'ensemble est amusant, titille la curiosité, donne envie d'en voir et d'en savoir plus sur certains des photographes ou de leurs sujets.
Bref, un bon moment.
D'autant que j'y ai croisé comme par surprise Maman Woolf (1) photographiée par Julia Margaret Cameron et qu'une expo qui vous accorde un instant d'extase stupéfaite n'est jamais perdue.
PS : Il y a même une photo prise par Auguste Vacquerie, un proche de Victor Hugo et qui avant 1855 invente le concept du #Pitichat si cher @Tarvalanion.
(Ce qui au passage tendrait à confirmer ce que j'ai toujours pensé : Hugo à l'époque de l'internet trop comment il se serait éclaté, blogué son exil, touité ses succès ...)
Une sélection des images par ici (site Time Out Paris)
Un article d'Édouard Launet dans Libé et qui m'apprend qu' "éclectisme échevelé" et #WTF se disent "valorisés par une scénographie astucieuse" dans les milieux autorisés.
à signaler : gratuit si vous avez la carte d'entrée à la bibliothèque, totalement gratuit si vous avez moins de 18 ans et dans ce cas pas même besoin de faire la queue à la billeterie, sur votre air juvénile ou la présentation d'une pièce d'identité si l'allure offre un doute de majorité, le préposé à l'entrée de l'expo vous ouvrira le tourniquet. Sinon c'est 7 ou 5 € ce qui reste raisonnable. En revanche vu le nombre d'image dont le charge réside dans la technique ou l'ancienneté et pas dans ce qu'on voit, peu indiqué pour des enfants petits en plus qu'on est dans le noir et que les images sont à hauteur d'au moins 8 ans.
(1) sinon cette image-même, du moins sa cousine et une ressemblance frappante avec ce portrait-ci de celle de ses filles devenue écrivain.