Fin de journée surprenante
"Les équilibristes" (Gli equilibristi)

Nono

 

1976_cours du collège

 

C'est arrivé comme ça, je crois. On était sur le terrain de foot de la Zone (1). Il était assez grand pour permettre à plusieurs groupes de gosses de jouer en parallèle et généralement, un accord tacite nous répartissait par âges. Jouer avec des petits n'était pas rigolo, on avait peur de leur faire mal, non tant par bonté d'âme que parce que ç'eût été source d'ennuis.

Mais bon voilà, parfois on était moins que deux fois onze, alors on demandait à quelques petits qui jouaient à côté, les plus dégourdis, de se joindre à nous pour compléter. 

Et pour Nono, c'est sans doute comme ça que ça a marché, peut-être aussi que l'un d'entre nous avait dit, Le petit, là, il joue bien en fait. 

Alors oui, il était petit et en plus petit pour son âge, mais voilà, comme Laurent (3) - qui jouait en équipe première de sa catégorie au Cosmo et donc rarement avec nous -, ou le plus lointain Richard Prodhomme, ou le plus rare Richard Sarfati - sérieux et studieux, traînait peu -, il faisait partie de ceux qui avaient la balle qui leur collait au pied. 

Très vite, Nono eut sa place parmi nous, les grands. En plus qu'il ne disait pas grand chose, ne se plaignait jamais - certains qu'il agaçait n'étaient pas tendres -, et jouait avec une redoutable efficacité. Lors des répartitions d'équipe, de petit qu'il était, on le choisissait parmi les premiers, sa présence auprès des uns ou des autres pouvait faire gagner.

J'admirais son endurance à la course et la façon qu'avait le ballon de lui obéir.

Puis il y eut cette période durant laquelle les copains partirent tous en club, je n'ai plus vu Nono d'un moment. Quand nos parties du dimanche ont repris, quelques années après, Nono avait été frappé d'adolescence, soufflé par le vent punk, et s'il revenait parfois, accueilli en héros, si sa touche de balle restait un peu magique, sa condition physique laissait à désirer. Et le petit lutin qui courait vite et longtemps, était devenu un gaillard de taille moyenne qui s'essouflait plus facilement. 

La punkitude se marie mal au sport de haut niveau.

Je me demande parfois ce qu'il est devenu. Mais il n'avait, je crois pas de frère (peut-être une petite sœur ? mais qui ne jouait pas), et je ne l'ai jamais connu autrement que par son surnom, Nono, et que tout le monde l'appelait comme ça et qu'il habitait par là (geste vague en direction d'une des parties du lotissement) et qu'ils avaient emménagé sur le tard, sa famille et lui, par rapport au gros de la bande dont les parents étaient des primo-habitants de cette cité alors à peine finie.

Son passage parmi nous m'avait appris quelques trucs, que parfois on peut avoir l'air de ne pas présenter les qualités requises et pour autant être super-bons, que la condition physique est quelque chose qui n'est pas acquise définitivement et que parfois l'adolescence, en les rendant pesants, joue de sales tours aux gens pourvus d'une forme de grâce initiale.

 

 

 

Voilà, c'est le but d'Ibra qui m'a fait repenser à lui, tout d'un coup.

Mais il faudrait aussi qu'un jour j'écrive au sujet de Tom Foot (Fimpen pour les Suédois (2)), des ballons interdits qu'on remplaçait par des balles de tennis dans la cour du collège - jusqu'à ce que les autorités se rendent compte qu'on cassait encore mieux une vitre avec une balle de tennis qu'avec un ballon -, et puis j'ai une nouvelle à finir d'écrire sur un match France - Eire, et puis ...

 

(1) Zone Verte de son vrai nom, des terrains vagues attenant à la cité de pavillons et que la volontés de quelques pères de famille dont M Sciuto envers lequel je suis reconnaissante, avait permis de transformer en aire de jeux, football, pétanque et promenade. Mais bon on disait J'vais à la Zone, un point c'est tout.

(2) Satsuki, clique sur le lien tu ne le regretteras pas.

(3) En chemise claire au centre sur la photo - prise en 1976 en attendant dans la cour du collège un ou des cars qui devaient nous emmener visiter Chartres -.

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