Sans doute dans le but inavoué d'ajouter du piment dans ma vie poursuivie, je me pose (trop) (assez) (souvent) des mystères à moi-même.
Ainsi cette adresse que je retrouve prise en photo parmi un lot du 25 mai qui n'a rien à voir, et qui surgit seulement aujourd'hui lors d'un grand ménage de printemps d'automne.
Que je la retrouve sous forme de photo ne m'étonne pas : comme les papiers se perdent, surtout chez (avec ?) moi, il est assez fréquent que j'utilise une photo pour prendre note, certaine ainsi que la trace restera.
Ce qu'elle a effectivement fait, mais hélas rien du reste. Peut-être qu'il y a quelqu'un parmi vous à qui j'avais promis la veille d'envoyer une photo et qui l'attend toujours - me connaissant, c'est l'explication la plus plausible - ? Quant à l'original, qui pourrait éventuellement porter une mention au dos, il semble avoir disparu depuis jolie lurette.
- Ses parents sont bouddhistes, mais il va aussi voir le rabbin.
(Une jeune femme à un homme de sa génération, conversant dehors malgré la froidure alors que je marchais du métro à la BNF en me hâtant ; c'était dit d'un ton neutre, j'ignore s'il y avait ou non de l'ironie, de l'admiration ou que sais-je ; il m'a effleuré que ces propos visaient à rassurer son interlocuteur)
nb. : Contrairement à ce que cherchent à me faire croire mon fils et ses grandes jambes, et son père, cet énervé, je dois marcher d'un assez bon pas. C'est en effet fréquent que passant près de personnes qui discutent je capte une et une seule phrase, rien d'après ni d'avant.
Le plafond de la librairie est fait d'une glace. Je ne m'en lasse pas, même si je ne prends que peu de photos par rapport à celles qu'enregistrent mon cerveau.
Nous n'avons plus que rarement de vols de livres, ce serait presque à déplorer, mais bien mieux qu'une video camera, cet outil décoratif permettrait de repérer les indélicats.
Aux soirs de dédicaces on peut voir, sans les distinguer (il faudrait un regard d'aigle) les mots se dessiner sur la page sélectionnée.
C'est surtout que les livres, la plupart d'entre eux, sont beaux, vus d'en haut.
Si je retrouve au gré de mes sauvegardes une photo je viendrai la rajouter.
Elle parle à voix basse et ne règle pas ses comptes, ni ne balance des choses intimes qu'on préfèrerait ignorer, on dirait plutôt qu'elle passe alors l'appel à quelqu'un qu'elle aime bien parce qu'une fois rentrée elle sera trop crevée.
Je suis à côté d'elle, dans le métro, et m'efforce donc de ne pas écouter. Mais elle prononce les mots "incendie" et "serveurs", alors moi qui fus une informaticienne dont le bureau brûla, je ne parviens plus à faire abstraction. Il est question de surmenage, d'épuisement (ah tiens ?), de sites à fabriquer en un rien de temps, et puis oui, d'un incendie intempestif tout près de là où se trouve le matériel important.
- Ça a défoncé mon timing, conclut-elle amèrement.
Peut-être à cause des médicaments contre le rhume dont je me suis garnie, mon cerveau a pensé en premier au verbe à son sens figuré.
PS qui n'a rien à voir pour s'en rappeler longtemps après : pour la première fois aujourd'hui un client a insisté pour payer aussitôt une commande courante et peu coûteuse, qu'auprès de nous il effectuait. À l'ordinaire nous faisons payer quand les personnes viennent les chercher. Mais lui m'a humblement expliqué, sans pathos, avec le calme de qui a l'habitude d'être dans le dur mais n'a rien à se reprocher que dans une semaine il risquait d'être désargenté, il préférait payer maintenant ce livre qui lui tenait visiblement à cœur. C'était un monsieur proche de l'âge de la retraite (proche par après ou par avant). J'ai amèrement regretté d'être moi-même dans une situation délicate, sinon j'aurais fait quelque chose - lui offrir un autre ouvrage en supplément, le lui prêter en attendant l'arrivée de sa commande, je ne sais pas ; je sais seulement qu'il n'aurait pas admis qu'on le lui offre directement, celui-là qu'il voulait -. La crise est bien là (un signe parmi tant d'autres)
Je m'étais armée de courage afin d'aller nager, malgré le rhume contre lequel je luttais depuis une semaine et qui avait gagné.
Nager pour moi est un peu comme faire l'amour.
Enfin, mieux.
Alors je ne pouvais pas manquer ce moment qui devait m'aider pour la suite de la semaine.
J'y suis donc allée. Avec une motivation en béton. Et tout s'est très bien passé. À moins d'être saisi(e) par les bronches et de ne pouvoir respirer, avoir la tête dans l'eau permet d'oublier qu'on a le nez bouché ou qui ne fait que couler. La natation est l'apesanteur de l'état d'enrhumé(e).
Hélas, plus tard dans la journée, la (petite) maladie s'est vengée et est venue me rappeler que c'était elle qui l'emportait et qu'il ne fallait pas trop que je compte sur moi-même dans les jours qui venaient.
Par ricochets (via le site du Monde, je crois), je suis tombée sur cette video dont le skate est l'objet. Mais c'est plutôt le cadre qui m'a fascinée
Ma curiosité aiguisée, j'ai trouvé également ceci
J'irai bien faire un tour à Kangbashi, par exemple une résidence d'écriture pendant quelques mois, l'été, s'il y en a un (la doudoune de la journaliste occidentale ne me dit rien qui vaille). Ça doit être génial, une ville fantôme, pour écrire, non ? Et pour prendre des photos quel terrain merveilleux !
Il est décidément grand temps que je parvienne à faire renouveler mon passeport.
Sinon, j'ai croisé ce soir sur twitter grâce @Louizeline cette citation d'Imre Kertész
"C'est si étrange un amour qui meurt. Le monde devient soudain gris autour de toi, froid, compréhensible, sobre et lointain." (1).
Elle viendrait d'un livre (2), "Liquidation", paru en français en 2005 chez Actes Sud. Je me suis soudain souvenue qu'on espérait que Florence Aubenas, que ses amis tenaient pour une grande admiratrice de l'auteur et dont certains lisaient cette œuvre en épreuves non corrigées, puisse le lire un jour. L'a-t-elle finalement fait ?
Il me semble quoi qu'il en soit que la ville fantôme et cette citation vont bien [ensemble].
PS : Ce billet est paraît-il le 2000 ème de ce blog. La quantité commence à le rendre pour moi-même, ou : même pour moi, intéressant : je ne peux plus me souvenir de chaque sujet traité. Il porte une part de ma mémoire que mon cerveau ne maîtrise plus. C'est très précisément la raison qui me faisait tenir un carnet de bord enfant. J'éprouvais le besoin de jalons de mémoire.
(1) Pour ma part, j'aurais plutôt écrit "incompréhensible" car l'amour tend à me rendre plutôt plus intelligente que seule je ne le suis, et quand je le perds, plus rien ne me semble avoir de sens, je ne comprends plus ce que je perçois.
(2) article de Florence Noiville dans Le Monde (juillet 2005)
J'aurais tant aimé écrire que j'avais enfin bouclé le document que j'ai entrepris de rédiger concernant un projet qui me tient à cœur, ou enfin mis au clavier le premier jet de ma nouvelle sur le cinéma que je dois pour fin décembre aux camarades d'Antidata.
Mais hélas, je n'ai su que survivre à la fatigue de novembre, au rhume rampant, aux choses à faire (ordinateur, maison) et continuer mon instruction (Andreï Roublev suite et fin ; "Psychothérapie d'un Indien des plaines" suite). Au bout du compte, la seule chose pour laquelle je puis dire Une bonne chose de faite est mon accréditation pour le salon du livre jeunesse de Montreuil où j'aurais de toutes façons très peu le temps d'aller.
Je me suis réveillée avec l'esprit sérieux, bien décidée à oublier le rhume, les chagrins, les problèmes financiers, et la tristesse d'avoir perdu ses parents qu'ils soient ou non encore pour l'un d'entre eux présents. J'avais la tête pleine du travail à faire, un texte sur le ciné, un par ailleurs sérieux projet, bien des messages en retard, des choses à avancer.
Et puis je suis allée courir. Et seuls comptaient la course et le rythme, les tours parcourus, l'effort à doser (1).
Plus tard, grâce à une amie, je suis allée danser. Et c'était à nouveau le corps qui comptait, la tête pleine de la concentration, agréable lorsqu'il est choisi et correctement dosé, que l'effort physique fournit.
Ma tête est perpétuellement pleine du présent, en fait. Peu de place pour le futur, les rêves, la projection, un peu pour les souvenirs, aucune pour les regrets.
(1) pour moi un exercice difficile, la frontière entre ne pas baisser les bras à la première difficulté et se mettre en danger d'avoir trop forcé est à cause de l'anémie particulièrement ténue.
Je comptais courir, puis selon mon état dormir ou travailler ou répondre aux messages en souffrance.
C'était oublier que j'ai de bon(ne)s ami(e)s qui ne sont pas du genre à passer leur dimanche à glander.
Ainsi l'une d'elles, que je ne nomme pas pour l'instant car j'ignore si elle préfère ou non la discrétion, m'a parlé hier d'une après-midi de danse possible à Beaubourg, tout gratuitement (1), c'était le Bal Moderne, avec différents chorégraphes pour nous enseigner chacun leur séquence.
Ça ne m'arrangeait pas, j'ai deux textes sur le feu, et que la vie intense de ces dernières semaines ne m'a pas permis d'avancer, le dimanche en fait est le seul jour "posé" qui pourrait permettre la meilleure efficacité.
Et puis finalement, il faisait doux, j'ai attrapé en début d'après-midi un regain d'énergie, je sais aussi que parfois ça tient à peu de chose qu'on passe à côté d'un bon moment (l'amie qui avait proposé si elle se trouvait seule risquait de ne pas y aller et de succomber à la pression des devoirs familiaux), alors je l'ai contactée et nous sommes allées danser.
Bien nous en a pris.
Malgré une arrivée retardée par l'affluence de l'expo Dali (2) nous avons pu profiter de la chorégraphie de Amaël Mavoungo et Volmir Cordeiro (3).
J'en ai trouvé sur youtube des images d'une autre fois. L'ambiance à Beaubourg était beaucoup plus chaleureuse, nous étions nombreux et de tous âges. Des enfants, des adolescents venus en groupes et qui pigeaient au quart de tour, peut-être dansent-ils par ailleurs. Les pas, simples mais expressifs pouvaient facilement être mémorisés pour un effet d'ensemble qui ne manquait pas d'allure. Nos deux professeurs d'un moment parlaient peu, comptaient et montraient bien. La rapidité du résultat m'a joliment étonnée.
La chorégraphie suivante, sur un vieux morceaux des Beatles, et présentée par un garçon trop bavard - tout juste si ses explications ne créaient pas de confusion -, offrait moins d'intérêt. Sans doute que son auteur, embarrassé avait voulu faire quelque chose d'élémentaire afin d'être certain que tous pourraient suivre, mais il avait probablement sous-estimé la présence d'enfants et que dans une ronde de personnes avec de grands écarts de taille, ce n'est pas toujours évident. Ce fut joyeux quand même, faire la ronde de nos jours n'est pas si fréquent (4), l'ambiance de l'après-midi restait bonne ; mais bien moins stimulant.
Je garderai donc en mémoire celle des danses, la précédente, donc, qui m'a enchantée, à en oublier le sombre de novembre, la soirée difficile du vendredi passé, et le travail en retard qui à la maison m'attendait.
En même temps grâce à ce moment un peu magique, je suis rentrée avec un grand sourire et l'énergie qu'il fallait. À moi de savoir l'utiliser.Et pour commencer l'éternel blues du dimanche soir s'est trouvé tout ratatiné.
(1) C'est nul je sais mais en ce moment pour moi c'est hélas important. N'en déplaise à Copé aucun islamiste ne me volera de pain au chocolat : je n'en aurai pas en main avant la fin du mois.
(2) Je ne comprends pas pourquoi lorsqu'il y a une expo qui draine de façon extrêmement prévisible un monde fou, elle n'est pas dotée d'une file d'attente séparée de celle de l'ensemble des activités.
(3) Le nom de Michel Reilhac figure aussi au programme, mais peut-être parce que nous sommes arrivées un peu après le début qui peut-être le présentait, j'ignore quel était son rôle (organisateur probablement)
(4) Quand avez-vous fait la ronde pour la dernière fois ?
Alors en l'an de disgrâce 2012, voilà ce à quoi des habitants de sur la terre, s'amusaient (moi y compris que l'original et la parodie des militaires de la parodie par les bimbos de Miami ont bien fait rire ; et qui avais trouvé les nageurs sympathique dans l'exercice).
le point de départ, un clip pour une chanson qui fut n°1 des classements de toutes sortes :
Pendant les J.O. l'équipe USAméricaine de natation (vrais muscles) :
Les nounoutes en maillot de bain de Miami (faux seins) :Les soldats qui attendent leur tour de mort ou de la donner (entre deux il faut bien s'occuper) - on notera qu'eux se "contentent" de parodier la parodie et que Freddy Mercury a un arrière petit neveu qui s'est engagé (de sa part on peut difficilement croire à l'hypothèse d'un fils caché, mais après tout, qui sait ?) -
Bon, j'ai eu beau chercher partout sur le web, je n'ai pas trouvé de cover par Nanni Moretti. Inutile de dire que je suis fort déçue. Alors Nanni, on vieillit ?