All you need is
Au sujet du chagrin

Une sorte de stupéfaction attristée teintée d'admiration

Ce soir, dans ma cuisine

 

 

Alors qu'en surfant sur le web comme on disait au siècle dernier, je distrayais un blues diffus, quoique déjà bien atténué par une fin d'après-midi heureuse et partagée, une brève m'est tombée dessus : l'homme qui avait marché sur la lune venait de mourir.

Il a eu le bon goût de s'acquitter de l'ultime corvée à un âge avancé, et il a pu partir avec le sentiment du devoir accompli. Pour réussir ce que ses collègues et lui ont fait il fallait être sacrément solide, et courageux et intelligent et même un peu fou.

Est-ce de l'admiration, est-ce parce qu'enfant en voyant ce moment, ces images transmises en même temps partout dans le monde (1) j'avais été saisie d'un mélanger d'espoir et de crainte, et de ne plus jamais regarder la lune pareil après et de soulagement aussi parce que de l'expédition mon papa ne faisait pas parti (2), toujours est-il que l'annonce de ce décès pourtant fort prévisible m'a laissée émue, attristée, touchée, exactement comme si cet homme m'avait directement concernée et qu'il avait été un grand-père ou un oncle éloigné.

Je dois à ce moment d'être restée attentive à ce qui se passe dans l'espace (3), et ma joie à la réussite d'une récente mission martienne n'était pas étrangère à ce premier enthousiasme enfantin.

Me reste encore le souvenir de mon père m'expliquant pourquoi ces messieurs sautillaient, et moi ne comprenant pas tout mais retenant que précisément il y avait là beaucoup de choses fascinantes et qui ne demandaient qu'à être apprises. 

Et des souvenirs des missions d'après, l'insoutenable suspens pour Apollo 13, le sautillement presque enfantin de l'astronaute d'Apollo 14 (à 7'22" de la video). Et puis longtemps plus tard, une scène inoubliable du film "Georgia" ("Four friends") d'Arthur Penn.  

Il n'empêche que le premier, celui qui compte, qui ouvre la voie, c'était Neil Armstrong.

Et je ne parviens pas à me défaire de cette stupéfaction, voilà que j'ai dix ans de plus qu'il n'en avait à l'époque, et il est pour mes petits pas aussi stupéfiants d'avoir survécu jusqu'à aujourd'hui que pour l'humanité d'être parvenue à aller se balader sur son satellite.

 

PS : Deux billets plus ancien sur le sujet : 

Dans la lune

Recevoir la lune

Si je suis ce soir un peu triste, c'est que le sujet me tient à cœur. Et donc son héros premier.

Et un bel article dans le Nouvel Obs (mais hélas non signé. AFP ?)


 

(1) Je crois que le fait d'y avoir assisté alors me rend incapable d'attraper le moindre doute quant aux théories du complot diverses et variées. La lune on y était et c'était pour de vrai et même que les messieurs là-haut si leur oxygène s'arrêtait ils mourraient.

(2) À l'âge très enfantin que j'avais alors je préférais mon père en protecteur présent qu'en héros parti

(3) Le vrai, pas "L'espace détente", "L'espace billeterie" ou "L'espace pain" (traduction : boulangerie)

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