Le déni
17 août 2012
Hier soir, chez les amis qui nous avaient invités à dîner
Nous ne nous étions pas vus depuis longtemps, il y avait du peu d'appétit qu'on espère ponctuel à justifier, la conversation a roulé sur le sujet de nos santés.
L'homme de la maison est équipé d'une maladie chronique dont il persiste à nier qu'elle a un caractère héréditaire. Le déclenchement de ses crises, ses périodes de poussées sont favorisées par le stress, mais la pathologie, le fait d'avoir une fragilité on le récupère de naissance et on le transmet.
Il n'a jamais été un foudre de guerre mais durant nos jeunesses, alors que sa pathologie n'était pas encore apparue au grand jour (1), c'était souvent lui qui allait bien, et moi qui tombais malade et ne sortais de toutes façons presque jamais de la fatigue.
Or depuis de longs mois, le grand fatigué, c'est lui plus que moi. Ce qui m'inquiète, je tente de le persuader d'en parler à notre médecin de famille, de cet épuisement et de ses conséquences.
Dès qu'il n'est ni au travail ni sorti faire les courses ni présent à son club de sport, il s'effondre au lit où la plupart du temps il dort.
Moi qui suis la première à estimer que je consacre bien trop de temps à cette activité, trouve alarmant de côtoyer quelqu'un qui dort plus que moi. Lui-même s'en plaint à longueur de journées - du moins quand il est réveillé -, émerge en proclamant "Vivement ce soir qu'on se couche" et ça n'est pas pour rigoler, souvent s'interroge "Mais qu'est-ce que j'ai ?".
Et voilà qu'aux amis, à un tournant de la conversation au sujet de la maladie qui les atteint notre fille et lui, il prétend qu'il s'en sort très bien et que d'ailleurs il se trouve pour son âge plutôt en grande forme. Elle et moi n'avons pu retenir une exclamation de stupéfaction. Il a évoqué un stress, passé (2), de son travail, mais que non, maintenant il allait bien ; très.
Ce n'était pas le temps ni le lieu sur ce sujet-là d'entamer un débat, lequel risquait de virer intime.
Mais certains dénis sont quand même extrêmes.
Et pour l'entourage un peu lourds à porter.
(1) Il est tombé malade après la naissance des enfants, ce qui fait que nous ignorions le risque qu'on leur faisait courir, nous ne connaissions que celui de la thalassémie mineure, que je considérais au vu de ma propre vie acceptable.
(2) Alors qu'en fait, s'il ne ment pas, il semble avoir beaucoup de travail, être surmené.