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Edward Hopper au Grand Palais

 

D'habiter  (1) De travailler dans un quartier hautement stratégique me permet d'être au courant de pas mal de choses sans faire aucun effort, on me pose des questions qui m'informent, on me raconte combien c'était bien (quand il s'agit de quelque chose déjà en train), ou bien les clients de la librairie font partie du staff et me font de la pub au passage (2). Me voilà donc avertie d'une expo à laquelle j'espère pouvoir aller : 

Edward Hopper au Grand Palais

(et ici aussi) 

Mais même si je suis prête à sacrifier à l'expédition l'équivalent financier d'1h15 de mon gagne-pain, je sens qu'il va y avoir des files d'attentes à faire pâlir d'envie Ab*rcrombie.

En attendant, voilà que je suis arrivée jusqu'à cette video :

 

 

 

Et moi qui à l'ordinaire n'aime pas qu'on détourne des œuvres que j'aime - le plus souvent j'ai l'impression qu'on les abime, d'un irrespect -, je regarde celle-là fascinée. 

Bien sûr qu'il pleuvait.

 

PS : La musique est de All Bowlly si j'ai bien compris. En revanche de qui est la video mise en ligne par biginbartel (en est-il l'auteur ou seulement un relanceur) ? (trop fatiguée pour mener dès ce soir l'enquête et pas vu de générique. à suivre, donc)

 

(1) La journée fut si intense, je ne sais plus où j'habite

(2) Étant donné mes difficultés financières ça ne serait pas de refus qu'elle fût sous forme d'invitations mais hélas ...

Il faudrait qu'un jour j'écrive un billet sur la double apparence trompeuse qui fait que lorsqu'on travaille dans un quartier hautement prestigieux les passants partent du principe que vous en savez tout - non, les Champs Elysées ne sont pas un parc d'attraction dont je serais une employée, du moins pas encore -, et supputent que vos revenus sont à la hauteur des loyers des lieux. Hé bien : NON. Ils sont à la hauteur de ce que le patron peut.


366 - Aujourd'hui un geste qui veut dire

Écarter les bras, paumes levées vers le ciel, faire Non, de la tête, un geste qui veut dire, désolée, je n'en ai plus.

Je n'imaginais que Radio Classique eût une telle audience, ni que tant de gens en une fin d'août écoutaient leur poste vers 8 heures du matin (1). 

Alors voilà, assez vite dans la journée je me suis trouvée, libraire, en rupture de stock des livres dont au matin j'avais, enthousiaste, parlé. 

(sauf un).

Les commandes sont repassées mais quand diable vont-elles arriver ? C'est la fin de mois dans mes comptes mais pour la boutique aussi et l'impécuniarité engendre quelques délais.

 

(1) En fait quand j'ai quitté mon emploi de bureau, j'ai découvert surprise combien de gens en ville aux jours de semaines et heures ouvrables semblaient sans contraintes et dans les rues en liberté, c'était exactement comme chez Grand Corps Malade Je connaissais pas Paris le matin . Ce qui fait qu'à présent je suis surprise de constater combien ont des vies au contraire régulières et très habituées (tout chaque jour, presque à la même heure et dans le même ordre).

 

366 réels à prise rapide - le projet 
366 réels à prise rapide - les consignes.

 


À la radio (billet de complément)

à l'instant

 

J'ai eu le privilège d'être, en remplacement de mon patron, sollicitée par radio classique afin de parler de mes "coups de cœur" de la rentrée littéraire. Liberté de choisir mes titres, en revanche comme toujours dans ces cas, le temps est très limité. Il était question de cinq titres et c'est bien un peu injuste pour d'autres que j'ai aimés.

Puisqu'il appert que j'ai quelques lève-tôt parmi les copains, et que j'ai je crois parlé trop vite pour qu'on puisse retenir ou noter tous les titres, j'en reprends la liste :

 

1/ Olivier Adam, "Les lisières" (Flammarion) et qui était incontournable, Olivier est en passe d'être institutionnalisé, ce qui est glorieux et amplement mérité, mais non sans danger (pour la suite de son travail et pour lui). 

j'ai déjà dessus écrit une chronique Côté Papier, parce que quoi qu'il advienne, Olivier Adam restera toujours pour moi lectrice quelque chose comme "mon petit frère bien-aimé et qui écrit de chouettes bouquins avec notre vie dedans" (même que c'est un peu triste, souvent, mais c'est la vie).

 

2/ Mathias Énard, "Rue des voleurs" (Actes Sud) pour moi l'équivalent en cette rentrée du "Purge" de Sofi Oksanene, il y a deux ans. Un livre majeur, tout simplement.

Lui aussi, déjà chroniqué (mais c'est que j'ai été super sérieuse, moi, cet été)

Je suis un jeune arabe d'une vingtaine d'années

 

3/ Cédric Villani "Théorème vivant" (Grasset)

Là c'est mon honneur de libraire qui est en jeu. Car 99,8 % d'entre vous auront les pétoches s'ils l'ouvrent, il y a des maths dedans et pas du léger. 

Mais justement.  P8299054

Je suis assez fière d'avoir pu nommer Clément Mouhot qui est le Watson du Holmes qu'est Cédric Villani et une fois dans ma vie avoir pu lire le début d'une équation un peu couillue à la radio

 

4/ Joël Dicker "La vérité sur l'affaire Harry Québert" (ed. de Fallois)

Je regrette de n'avoir pas eu le temps d'en dire davantage, simplement de le mentionner et dire combien la lecture m'en avait impressionnée.

En vérité La vérité

nb. : Ce livre sortira en France le 16 septembre

 

5/ Francis Dannemark "La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis" (Robert Laffont)

que je n'ai pas encore chroniqué (Le ferais-je un jour ?), mais sur lequel je sais avoir été efficace (Comme disait Marie, Peut-on changer ?).

 

J'ai grand regret de n'avoir pu parler également des livres suivants :

- Jean Mattern "Simon Weber" (Sabine Wespieser)

Hé les amis, ne partez pas, vous venez d'arriver !

- Agnès Desarthe "Une partie de chasse" (Ed. de l'Olivier)

Agnès nous pose un lapin (et le fait fort bien)

- Audur Ava Olafsdottir "L'embellie" (Zulma)

(pas encore chroniqué) un délice de drôlerie mais sur fond de sérieux

- Clara Hoffman "So much pretty" (La Cosmopolite Noire - Stock)

(mais il ne sort qu'en octobre)

 

Je n'ai pas non plus disposé de La Minute Colombo, sinon j'eusse évoqué 

- Amin Maalouf "Les désorientés" (Grasset)

 

 

Et de ceux là (lecture commencée ou PDLP (prochains dans la pile) :


- Serge Joncour "L'amour sans le faire" (Flammarion), quelque chose d'attachant, tendre

- Claro "Tous les diamants du ciel" (Actes Sud)

- Goliarda Sapienza "Moi, Jean Gabin" (Attila) et là mea culpa je l'avais bien à l'avance (merci les Attila) mais je ne l'ai toujours pas lu - honte à moi -. Attila : la maison d'édition qui publie un bouquin avec un titre tout ce qu'il y a de bien pour donner envie, et qui le cache avec un bandeau sage :-) .

- Jérôme Ferrari "Le sermont sur la chute de Rome" (Actes Sud) que je n'ai pas encore lu tout bêtement parce que je l'ai reçu en feuilles A4 en vrac et que je viens seulement d'acheter les boudins de la bonne taille pour les relier. Tant qu'à faire des économies, si on m'avait envoyé le livre sous forme de fichier je l'aurais sans doute déjà lu (à quoi ça tient, les choses ...). 

- Aurélien Bellanger "La théorie de l'information" (Gallimard)

 

Et il y en a bien d'autres et non des moindres en attente (Laurent Gaudé, Simonetta Greggio, Jean Échenoz ...) et quelques dont-on-parle que je vous ai épargnés en expliquant comme pour Amélie Nothomb que les lecteurs venaient tous seuls les chercher et que donc ils pouvaient de moi en tant que libraire se passer.

L'émission sera peut-être un peu réécoutable après coup par là , mon intervention avait lieu à 8h15.

Et là je vous laisse afin d'aller répondre aux sarcasmes de mon garçon (c'est l'inconvénient des interviews par téléphone quand on loge dans un appartement pas très grand, les habitants présents entendent tout).


 


Il y eut au moins un jour d'été

L'hiver avait été rigoureux et si mars s'était montré prometteur, le printemps avait été pluvieux, pluvieux, pluvieux. Je me souviens d'avril à mi juillet n'avoir compté que quatre jours sans devoir replier les livres que la pluie menaçait.

Alors en rentrant de la BNF, un lundi que j'aurais pu passer en Bretagne si la vie l'avait voulu, j'ai pris en photo le panneau d'affichage, juste à la sortie de la station de RER (1) histoire de me rappeler qu'un jour j'avais su faire l'amour qu'il y avait eu cet été-là au moins un jour d'été.

(1) Porte de Clichy

P8279040


Enfin lu ! "Les lisières" d'Olivier Adam - livre de la rentrée #2012 #5

 

Cette année j'ai pris la résolution de documenter mes lectures de rentrée, je suis déjà en décalage, je lis plus vite que je n'écris à leur sujet. 

Mais sur celui-ci j'ai passé la nuit, une nuit heureuse malgré le sujet, et il m'a fait tant de bien que j'en sors à peine plus fatiguée qu'à mon ordinaire, alors j'écris sans plus tarder : 

"Les lisières" d'Olivier Adam

   

   



This is the West, Sir

Ces jours-ci, un peu en France et surtout aux États-Unis

 

Ainsi donc l'homme qui a écrasé le cyclisme de sa supériorité pendant tant d'années était autant un produit des progrès médicaux-pharmaceutiques que d'un physique et d'une capacité de travail hors du commun. Des rumeurs le disaient, le bon-sens le plus élémentaire le laissait percevoir, mais si les unes et l'autres peuvent être de la fumée sans feu, une instance  a priori sérieuse et non sans pouvoir a retiré à Lance Armstrong ses victoires.

Intelligent et sans doute bien conseillé, le champion a renoncé à faire appel, tout en maintenant dans ses déclarations sa position d'innocence, il parle de "chasse aux sorcières". Sa position est d'autant plus facile à tenir que si mes souvenirs sont bons, lors de premières accusations alors qu'il était encore sur les routes en tant que professionnel, il avait pu se défendre en mettant en avant les traitements nécessaires à la maladie qui aurait pu être mortelle et qui, très jeune, l'avait atteint. 

Et surtout il est parvenu en mettant tout en œuvre, l'effort et l'illégal, les qualités (réelles) et la tricherie (désormais avérée) à un tel niveau de palmarès, un tel degré d'admiration à son égard, qu'il se sait désormais inouchables, fors quelques menus inconvénients (il ne pourra pas poursuivre à sa guise une carrière de triathlète qui lui tendait les bras ; il sera sans doute tenu si l'UCI emboîte le pas à l'USADA à quelques restitutions financières (1)). Dans l'esprit du peuple il restera le gars qui pendant 7 ans trônait sur la plus haute marche du podium placé en bas des Champs Élysées, celui qui arrive en haut des plus hauts cols devant d'autres, pourtant très forts (2),  qui n'en peuvent plus.

Il est retiré du circuit pro., une suspension ne l'effraie plus. On ne va pas non plus refaire des cérémonies de remises des prix, d'autant que l'un des vainqueurs par défaut le serait à titre posthume.

Sa gloire se trouve ternie, mais si peu, et ce sont les professionnels du contrôle anti-dopage qui font figure de fouilles-merde, passent pour de désespérants rabats-joie, et, le plus important dans ce monde capitaliste, les sponsors ne le lâcheront pas, du moins pas déjà (3). 

Depuis le cancer qui l'avait mis en danger, Lance Armstrong s'est investi dans une fondation d'aide aux malades dont l'utilité n'est pas contestable. Et à présent, l'attaquer revient à s'en prendre à une institution qui a aidé bien des gens. Il se peut qu'il l'ait créée en toute sincérité, c'est quelque chose que je ferai moi-même si j'étais sauvée d'une pathologie et par la suite fortunée. Je veux encore le croire. Mais ne peux m'empêcher d'y voir certaine similitude avec le modus vivendi de certains parrains de la Mafia d'avant les drogues extrêmes, celle qui se targuait encore d'un code de l'honneur et se mêlait de bien-être social dans les zones sous la coupe, là où l'état ne faisait pas ou plus son boulot.

S'il faut des fondations privées pour soutenir les malades du cancer, n'est-ce pas que les états n'offrent pas à leur population tous les secours qu'ils devraient ?  

En attendant, la publicité faite à l'affaire et qui eût été négative dans un monde où l'équité aurait encore sa place, et une certaine décence, à moins que cette vieille dignité, aura eu pour conséquence de faire bondir les dons. Et ce ne sont pas les malades secondés qui s'en plaindront.

 

Cette affaire me semble la quintessence d'un fonctionnement des temps. 

À y réfléchir, peut-être pas si récent :

 

 

 

 

"When the legend becomes fact, print the legend" 

("L'homme qui tua Liberty Valance", John Ford, 1962)

 

 

(1) Et les maillots jaunes, il deviendront quoi ? 

(2) Et eux aussi un peu "aidés" (je ne me lasse pas de cet article de Jean-François Lauwens)

(3) Je n'exclus pas que cette affaire fasse office d'ouverture de la boîte de Pandore et que des ricochets finissent par l'atteindre, en particulier si on parvient à l'incriminer dans des dommages subis par d'autres - une chose est de se doper, une autre en est de pousser les autres à le faire (on peut supposer qu'il y avait des conditions précises pour faire partie de ses coéquipiers, et tous ne s'en sont pas si bien tirés) -. Je pense qu'un jour où l'autre, et au delà de ce cas particulier, on verra d'anciens sportifs de haut niveau atteints de pathologies lourdes et d'une rareté qui les rendra suspectes, se retourner contre leurs anciens entraîneurs et sponsors pour mise en danger de la vie d'autrui. Et s'ils ne le font pas eux-mêmes ça sera, dans les pays sans réelle solidarité médicale comme les USA, leurs assureurs pour les frais de santé.


addenda du 27/08/12 17h50 : un entretien avec Christophe Bassons, lequel avait été ostracisé puis poussé à renoncer parce qu'il avait brisé l'omerta.