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366 - juste un seul mot

Ombres 

 

  • Je n'avais supporté aucun des Cassavetes (entre)vus à La Rochelle, cris et agitation, caméra à l'épaule (1), un acteur (Ben Gazzara) qui (pour une raison que j'ignore) m'insupporte. Ce soir le ciné-club nous propose une séance de "Shadows". Je prends mes précautions (2), et finalement j'y vais et ne le regrette pas : non seulement le film me va mais j'en sors emballée, étonnée par sa modernité.

 

  • Planait sur la soirée l'ombre de notre camarade de ciné-club récemment décédée. Par discrétion et défaillance de ma mémoire, je n'en dirai pas davantage, mais sais qu'en revenant par ici, plus tard, j'y repenserai.

 

(1) Je suis sujette au mal de mer cinématographique

(2) voir à la BNF un extrait du film avant. Afin de voir si vient la nausée. Ou non.

 


366 réels à prise rapide - le projet
 
366 réels à prise rapide - les consignes.


Ne pas bouder son plaisir (sorte de complément au billet d'avant)

 

Ce qui fait que j'apprécie cette année de suivre les JO même si je ne suis pas dupe de bien des choses (on remarquera que l'un des liens est vers une chaîne de télévision nationale connue pour son gauchisme effréné), vient de très loin et de "très maintenant".


Le billet précédent l'évoquait déjà : jamais je n'avais disposé d'un tel confort pour regarder : 

- ce qui m'intéressait ;

- sans aucun commentaire des baratineurs professionnels (adieu Nelson, tu me fis bien rire autrefois) ;

- sans publicité intercalée.

Je n'en avais pas conscience avant de m'en débarrasser mais les deux derniers points l'air de rien avaient fait que je ne regardais peu ou si possible sur des chaînes étrangères (1) et puis un jour plus du tout.

  

J'aime le sport comme peuvent l'aimer les personnes qui bien qu'ayant eu la chance de naître sans handicap lourd et d'échapper aux plus graves maladies, ne sont pas de pleine santé. Sans une pratique régulière de différents sports, je n'aurais jamais tenu jusque-là.

   


Par ailleurs et bientôt vieille dame indigne, je n'ai jamais semé ma curiosité d'enfant. Mais les territoires de mon enfance étaient assez réduits : j'ai donc dû attendre mes 17 ou 18 ans pour monter sur un cheval, d'avoir la 30 taine pour m'essayer au ski, de passer 40 pour sauter (2) d'un plongeoir de 5 m (je crois, celui de tout en haut de ma piscine), nager enfin un peu sérieusement (3), et courir depuis récemment (4). Je pense que j'arriverai à me passer d'essayer le saut en parachute, à ski ou à l'élastique et la bizarrerie de ma composition sanguine me tient éloignée de la plongée, ainsi que de l'alpinisme - je respire trop mal là-haut -. Enfin le mal de mer que j'éprouve au ciné devant la moindre séquence prolongée de caméra à l'épaule, me laisse croire que je ne suis pas faite pour exister sur un voilier. J'ai essayé beaucoup du reste, y compris le golf (une fois). Et je sais jouer à la pétanque mais je n'y tiens pas.

   

Ce qui fait qu'au bout du compte, lorsque je regarde désormais des retransmissions sportives et contrairement à l'effet fait dans l'enfance - on se dit que quand on sera grand, ça a l'air facile, ce truc, et qu'on s'y mettra, et puis qu'on a le temps -, je sais l'effort que ça représente, ce qu'on peut ressentir en le tentant, combien on en est incapable (même si on s'entraînait), l'ultime respiration avant le saut du plongeoir, la position à trouver sur le cheval lorsqu'il franchit un obstacle, la difficulté de tenir longtemps en nage de water-polo, celle d'accomplir ne serait-ce que 50 m en papillon lorsque les champions nous en font 200 en 1'54" .

   

Consciente de chaque exploit parce qu'ayant eu le temps au court de ma vie d'expérimenter mes propres limites, je passe donc mon temps tout espantée par ce que parviennent à faire les athlètes, savoure leur énergie, tente de me laisser contaminer par ce qu'elle peut avoir de jubilatoire.

Je crois qu'il ne faut donc pas bouder le plaisir d'être à présent à même d'apprécier, même si le fond de l'air effraie et que personnellement je reste en pensée dans quelque(s) autre(s) pays.

 

 

(1) Les commentateurs sportifs français ont souvent (pas tous, mais) une façon de faire qui donne l'impression d'écouter des types au café du coin dont certains, allez, s'y connaîtraient un peu.

(2) sauter, hein, pas plonger. 

(3) sorte de rêve de toute une vie

(4) Mon ambition étant de ne pas rester sans rien faire quand la piscine est fermée.


addenda du 31/07/12 11h23 : Catherine Voyer-Léger a exprimé, mais de façon beaucoup plus claire un point de vue très voisin du mien

Mon paradoxe olympique

À l'heure où ma TL twitter se divise entre ceux qui suivent et ceux qui méprisent, voilà que je me sens moins seule.


Les temps changent (et ça peut être très bien) #JO

 

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Mes plus lointains souvenirs de JO sont Japonais et Mexicains, ce qui pour les premiers me parait impossible, mais j'ai une vision d'une cérémonie et un (faux ?) souvenir de mon père m'expliquant c'est à Tokyo au Japon, c'est très loin.

Mon père aimait à regarder le sport à la télé, un des rares types de programmes que ma mère le laissait regarder sans lui casser les pieds.

Je crois que j'ai commencé à regarder parce que j'aimais ces moments où au lieu d'être l'homme qui grondait, il était celui qui patiemment, expliquait. 

Et puis j'avais compris assez vite qu'on avait beaucoup de famille assez loin et voir des images d'ailleurs en même temps qu'elles se passaient, c'était comme d'être moins loin d'eux.

De 1972 j'ai le souvenir, très fugitif (1), du drame et de filles - Allemandes de l'Est ou "Russes" - qui nageaient avec des corps bizarres, hypertrophiés, impressionnantes mais sans beauté.

Ceux de 1976 sont sans doute ceux que j'ai suivis d'au plus près. Pourtant les horaires devaient être décalés. Mais peut-être que j'avais obtenu une dérogation à la rigidité des horaires familiaux. C'est la révélation de la grâce, ou plutôt que l'état de grâce existe, et que j'y suis sensible à en oublier de respirer. 

De Moscou je garde le souvenir de l'athlétisme et de l'arrivée de la télé couleur chez mes parents. Ce qui fait que Montréal, je m'aperçois en y repensant aujourd'hui que je l'avais vu en noir et blanc. Il me semble que mon cousin Philippe s'était trouvé là pour l'une des épreuves de fond ou demi-fond - rétrospectivement, je me demande bien pourquoi car nous vivions assez loin des grands axes, il fallait venir exprès (et pourquoi serait-il passé seul et sans ma cousine assortie ?) -, et qu'on l'avait regardée en encourageant joyeusement d'obscurs petits concurrents. Je garde un souvenir de rires, de soleil, de ces moments légers.

De 1984 mon souvenir est douloureux : j'étais atteinte de mononucléose avec parmi les symptômes d'étranges et violentes douleurs aux pieds qui la nuit me tiraient du sommeil. Certaines épreuves diffusées en direct en France et donc la nuit, m'ont permis de tenir le coup. Je n'en ai retenu que le soulagement, l'esprit qui se concentrait sur la part de divertissement, la souffrance tenue en respect.

Ensuite je cesse d'avoir la télé, ou ne l'ai que par période, ma propre vie est trop remplie pour que je passe du temps à voir. 

De Barcelone mon souvenir est celui d'une sympathique championne de judo, tenue pour toucher quelques revenus de venir parfois faire acte de présence dans le service bancaire où je travaille alors. Elle s'était là-bas fait voler son portefeuille ; nous le raconte sur le mode plaisant, comme d'un grand bonheur l'inévitable inconvénient.

En tant que petits collègues, nous avions eu l'honneur d'être invités à une réception pour fêter les exploits de l'équipe de France. Un de mes chefs d'alors, pourvu d'une famille nombreuse, s'était appliqué à récupérer auprès de personnes que l'objet indifférait, autant de pin's "JO-judo" qu'il avait de descendants. Au lendemain il était arrivé au bureau en affirmant que "Les 8-12 ans avaient beaucoup aimé".

Le souvenir de croiser un jour David Douillet dans l'ascenseur principal du siège social de la banque et qu'il le remplissait - j'exagère, mais l'impression était celle-là -.

De l'an 2000 me revient Ian Thorpe. Sa forme d'état de grâce est moins gracieuse que celle de Nadia Comaneci, mais très marquante (2). J'ai la télé, le câble, je m'amuse à regarder en d'étranges langues étrangères, à des horaires bizarres mais pas trop quand même : il faut travailler aux heures de bureaux et les enfants ne sont pas bien grands. 

D'Athènes et Pékin : rien. L'écriture est entrée dans ma vie, certains malheurs et chagrins aussi. Je n'ai pas même profité de l'internet à part très ponctuellement, pour quelques sports dont la vision m'enchante (plongeon, natation ...).

Cette année, voilà qu'on est dans le bon fuseau horaire, que j'ai une inquiétude pernicieuse à étouffer, que grâce à l'internet et malgré une méchante collection de limitations (3), je risque de beaucoup regarder ce qui va s'y passer, entre autre via les diffusions sans commentaires. J'en ai ressorti un ordinateur vacillant précédent, lequel fera peut-être l'effort de ne pas planter s'il s'agit d'être simplement ouvert sur une diffusion et rien à enregistrer. Ma fille regarde un autre sport ou le même sur son propre ordinateur dans une autre pièce. Le fiston s'indiffère mais pourrait allumer la télé, sur l'une des chaînes que notre opérateur internet nous octroye.

J'ai donc connu de l'âge où l'on regarde quelques heures éparses sur une télé sans couleur avec une chaîne unique (mais en mondovision, quand même), jusqu'au temps du "à la carte" sur des ustensiles variés (4) et pouvoir visionner à nouveau ce qu'on souhaite, ou choisir de rester à l'écart, indifférent (5).

Il fut un temps où les Jeux Olympiques fédéraient : pendant la période qui les voyait se dérouler, les discussions de comptoirs, de cours de récré, de machines à café évoquaient en permanence le sujet. Il me semble qu'à présent seuls les passionnés de sport suivent, et quelques autres en cas de succès français. Il me semble aussi que les jeunes générations voient ça d'un œil lointain, vaguement amusé, sauf à pratiquer l'une des disciplines concernées.

Pour autant ça fait quand même un bon bout de temps que l'humanité s'y tient à ce rendez-vous d'une fois tous les 4 ans (6).

 

 

(1) J'ignore s'il s'agissait de censure maternelle - toute image guerrière était systématiquement bannie, source de disputes sans cesse renouvelées car mon père estimait qu'il avait le droit de regarder le JT, du coup ma sœur et moi devions quitter le salon afin qu'il puisse regarder et nous pas -, ou si un voile diplomatique avait été jeté et les retransmissions volontairement taiseuses sur le sujet.

(2) Au point que je me débrouillerai un jour pour aller le voir nager en vrai lors d'une compétition qu'il eût à Paris. J'ai les larmes aux yeux rien qu'à y penser. 

(3) que je n'ai pas le courage de tenter de contourner par l'usage d'un proxy étranger.

(4) Et encore nos moyens limités ne nous permettent pas l'usage de toutes sorte d'i-trucs sur lesquels nous pourrions également suivre chacun selon notre plus grande fantaisie.

(5) Ma TL sur twitter ou les statuts FB de mes amisindiquent que nous ne sommes pas une majorité à regarder.

(6) sauf guerre mondiale ce qui se comprend.

PS : Et à présent on peut même suivre Nadia Comaneci sur twitter , qui en fait un usage plutôt professionnel et mesuré.

 


De quoi l'humanité va-t-elle crever en premier ? (billet joyeux du dimanche matin)

  • Les grandes religions monothéistes (et sans doute d'autres aussi) n'ayant pas changé un iota de leur mantra "croissez et multipliez", le capitalisme étant un système économique qui ne tient que dans un "toujours plus" effréné, l'humanité est en train de bousiller la planète sur laquelle elle est hébergée, dont les ressources sont limitées.

    On en a pris conscience depuis un moment, mais entre impuissance individuelle - à part en se gardant d'avoir trop d'enfants -, fatalisme et urgences du moment, nous nous sommes collectivement longtemps dit qu'on verrait plus tard, qu'on trouverait des solutions, qu'on ramasserait quelques miracles. Mais voilà que l'échéance se rapproche (1), et que si j'ai une bonne chance de mourir de ma vraie mort personnelle avant, et sans doute mes enfants - puisque nés au siècle dernier - il n'en est pas de même d'éventuels petits-enfants. Voilà qui rend soudain le péril concret.
  • La guerre froide aura été une forme glaçante de succès : pas de grand conflit mondial depuis 1945, des guerres toujours, beaucoup, meurtrières, mais localisées. Reste qu'ici, là, ailleurs, presque partout, dort un arsenal nucléaire qui tel un vieux volcan pourra entrer en activité soudainement. Les prétextes ne manquent pas, il peut suffire d'un dirigeant qui fond un fusible, se prend pour un émissaire de son dieu et par réactions en chaîne d'alliances et de ripostes, on peut se retrouver comme dix mille Hiroshima.

 

 

En arrière-plan une tendance qui pourrait presque faire sourire mais qu'on paiera plus tard : les cerveaux les plus puissants, ceux pourvus des meilleures capacités de travail s'orientent du moins en occident, vers droit et commerce, quand les mêmes quelques décennies plus tôt se seraient jetés dans la recherche scientifique. Des mathématiciens de haut niveau ont cédé aux rémunératrices sirènes de la modélisation financière, alimentant d'outils les dérives les plus délirantes des traders les plus fous.

En corollaires, certaines malversations qui mettent en péril le bien commun et ne sont pas pour rien dans les effondrements en cours ou prévus deviennent si techniques que malgré leur ampleur elles sont peu perceptibles du grand public. Qui se rend vraiment compte que celui qui lui porte le plus préjudice n'est pas le cambrioleur qui l'a dévalisé récemment d'une partie de ses biens concrets (et dont des politiciens en quête de voix auront tôt fait de souligner qu'il vient d'ailleurs) mais cette équipe de banquiers londoniens qui a tripoté un taux dont on ne comprend pas très bien à quoi il sert quand on n'a d'épargne que sur un livret A au contenu anémique (5) ?

 

Sauf réaction générale déterminée - mais vers quoi et en faveur de qui ? -, nous sommes proches d'une zone de chaos totalitaire et de pénuries. De quoi l'humanité va-t-elle crever en premier ?

Reste que l'internet, tant que son accès reste à peu près libre, est une révolution porteuse d'espoir, on peut se causer, discuter, s'entraider, se révolter plus efficacement que lorsqu'on était chacun seuls dans nos coins.

Et que les efforts scientifiques, s'ils ne sont pas détournés pour des usages répressifs ou de contrôles des vies, peuvent encore ouvrir des voies de survies. La découverte du Boson de Higgs (6), est plus importante et porteuse d'espoir (7), qu'il n'y paraît.

 

(1) "La fin de la planète en 2100" d'Audrey Garric (Le Monde)

(2) cf. entre autre "Solutions locales pour un désordre global" de Coline Serreau, qui est plus large dans son propos 

(3) "La disparition des biens communs cognitifs annonce une société totalitaire" de Jérémie Nestel, lu grâce @Calimaq qui traitait plus précisément des dérives observées à l'occasion des JO de Londres : Comment la propriété intellectuelle a transformé les Jeux olympiques en cauchemar cyberpunk

(4) "Les semences de variété traditionnelles ne peuvent plus être commercialisées" de "JFH avec Pascale Bollekens" (?) pour RTBF Infos

(5) "Les clefs pour comprendre le scandale du Libor" d'Anne Driff (Les Échos)

(6) article de François de Rose (Le Monde), orienté sur le côté volonté politique, mais pour cela intéressant : sans décisions des pouvoirs en présence, la recherche n'aura pas les moyens d'avancer. Est révolu le temps du type qui trouve une loi de la physique parce qu'il faisait la sieste sous un pommier ou de ceux qui complétaient le tableau physique des éléments par des manipulations effectuées dans le hangar près de la maison. 

(7) Rappel : Lire et faire lire ce billet de Florence Porcel qui explique tout bien et en nous faisant sourire. 

QCDSM #1

(Question Cruciale Du Samedi Matin)

 

P7108054Les athlètes présents aux J.O. ont-ils droit lors des petits-déjeuners du village olympique à la pasta speculoos crunchy ?

 

(ceci n'est pas une publicité, j'aime vraiment, procède en Belgique à mon réapprovisionnement ; en prime, un mystère : la version non-crunchy du même produit m'indiffère complètement)


De la volatilisation des initiateurs (enfin pas tous, heureusement) et de leur éventuelle réapparition

Depuis toujours de ma vie, si j'y réfléchis.

 

Je ne compte plus le nombre de fois où il m'est arrivé dans la vie le phénomène suivant : quelqu'un me fait découvrir quelque chose (de l'activité primordiale à la bonne adresse pour boire un coup) ou rencontrer d'autres personnes, puis ... se volatilise, ne pratique plus, ne revoie pas, ou tel David Caradine dans Kung Fu, s'en va poursuivre sa quête ailleurs, me laissant là avec de nouveaux amis, d'étranges compétences, parfois un engagement.

J'essaie ainsi de faire se rencontrer depuis cinq ans, un couple d'amis libraires et l'auteur grâce auquel je les avais rencontrés, alors qu'un cruel contretemps avait empêché la venue de ce dernier.

Ce fut particulièrement vrai dans le domaine de l'internet : des blogueurs de la première heure se sont retirés du jeu dès lors que bloguer était devenu courant - et qu'ils estimaient pour leur part avoir fait le tour de la question -.

 

Dans tous les cas, une réapparition fait toujours plaisir, même si on la sent fragile et irrégulière. Ce soir j'ai ainsi retrouvé Sébi, ex-Helvète Underground, lequel semble avoir repris sinon un blog du moins un brin d'internet. Son humour reste intact. Sébi fait partie (1) du quatuor initial qui m'embarqua sur les blogs, malgré mes réticences d'alors - J'ai trop pas le temps -, peu avant que le trio redoutable Ann Scott - Virginie Despentes - Philippe Jaenada, ne parachèvent de me donner le goût ; puis que Florence Aubenas, bien malgré elle, me fasse tomber dans le blogage quotidien et le difficile usage du "Je". 

Ce qui fit que pour l'étape suivante, celle de "L'Hôtel des blogueurs" de Kozlika,  j'étais déjà fin prête ... à tout.

Ces retrouvailles me rendent heureuse. Welcome back !

 

(1) avec Satsuki, Milky et Christie de Maviesansmoi.

 


Comment j'ai failli être plagiste à l'insu de mon plein gré (mais heureusement j'ai des amis qui sont cultivés)

Non, pas plagiste, plagiaire

 

Tout a commencé avec la constatation qu'il y a vraiment certaines températures, hélas trop peu fréquentes, là où je vis voire là où j'aimerais, qui me vont mieux que d'autres. Ainsi depuis deux jours nous dépassons 25°C et je me sens vive et allègre (1).

Le contraste était si fort avec par exemple l'état amoindri dans lequel je me trouvais vendredi, gris, pull, pluie, que j'en ai éprouvé l'envie d'en faire un court récit, une nouvelle qui mettrait en scène ensemble quelqu'un de normal quant aux températures supportables par son corps sans souci et quelqu'un qui ne l'était pas. 

Inspirée par l'étrange machine que j'ai croisée dans les vestiaires du cours de danse samedi et peu désireuse de raconter ma propre vie, j'ai donc décidé de prendre au casting un personnage qui ne serait bien que lorsqu'il fait froid. Par exemple vers 0°C.

Il se trouve que ma journée était bien remplie, impossible de me jeter sur l'écriture sur le moment, pas même pour poser un hâtif bâti. Je craignais qu'entre ce qui pouvait survenir au cours de celle-ci et ma fatigue potentielle du soir, je laisse filer ma bouffée d'idées. Conséquemment, j'ai donc touité - si en plus ça pouvait inspirer quelqu'un, tant mieux -.

Capture d’écran 2012-07-24 à 22.32.13

Capture d’écran 2012-07-24 à 22.07.22

Ça a effectivement inspiré quelqu'un, mais pas comme je le croyais :

Capture d’écran 2012-07-24 à 22.35.06

et qui ce soir, parce que je ne voyais pas de laquelle il s'agissait, et n'avais pas le temps de chercher, m'a même trouvé son titre, "Cool air", et un article complet à son sujet. 

L'article précise que "Lovecraft himself [...] was abnormally sensitive to cold". C'est sans doute un réflexe logique, lorsqu'on écrit et que le froid nous rend épuisés, de s'inventer un personnage qui au contraire en éprouve la nécessité.

En attendant, si je n'avais pas eu l'idée ou la nécessité de touiter, si par exemple j'avais écrit d'une traite un premier jet, si je n'avais pas eu parmi mes amis quelqu'un de présent et de cultivé, je me serais retrouvée avec un travail qui n'aurait été qu'une sorte de pâle doublure d'un beau boulot (2) fait par un autre 86 ans plus tôt.

Ça tient parfois à si peu de choses. L'idée étant du genre un tantinet farfelue, ne m'avait pas effleuré que je puisse être sur un chemin déjà emprunté.

Bladsurb, grand merci.

 

(1) En vrai pas tout à fait : une part de mon cerveau est à Alep, il serait temps que j'arrête la téléempathie (ou que j'apprenne à maîtriser vraiment).

(2) Je n'imagine pas que Lovecraft fasse quoi que ce soit de mauvais.


Sale coût de la vie

(en tout cas à Paris)

La semaine passée.

 

C'est une anecdote de rien, mais elle est si symptômatique. Je déjeune avec bonheur auprès d'une amie dans l'un de ces établissements en semi libre-service : on se sert d'une partie (boissons, salades), on commande le plat tout en le payant déjà qui nous est servi à table peu après.

On peut à notre guise payer aussi ou non par avance le café et passer le prendre à la caisse au moment opportun. Ce que j'ai fait.

L'amie présente a pris également un café que je suis allée chercher en même temps que le mien, mais qui lui n'était pas pré-payé. Comme je filais au travail directement ensuite et qu'il faisait enfin chaleur d'été, j'ai par précaution acheté une boisson que je comptais consommer au cours de l'après-midi.

J'avais donc à récupérer trois éléments et en payer deux : un café et une boisson. La jeune femme m'annonce 3,50, je règle. C'est seulement en voyant qu'elle ne préparait qu'un seul café que je comprends que nous nous étions mal comprise : elle a cru que je ne venais prendre que celui déjà payé. J'ai donc payé 2,20 et obtenu ce qu'il fallait.

Ce n'est pas un problème, j'ai pour l'instant encore le privilège de n'être pas à 2 ou 3 euros près.

Il n'empêche que le premier prix qu'elle m'avait annoncé me semblait parfaitement logique et cohérent pour l'ensemble une boisson + un café. On en est là, sur des petits achats, de coût de la vie qui dérape.Depuis quelques années.

Et c'est comme ça pour tout.

Quand le salaire minimal, je suis bien placée pour le savoir, ne dépasse pas par heure les 10 euros nets.

Nous sommes en train de nous en retourner à la situation que j'ai connue étudiante ou enfant, à savoir que pour des revenus honnêtes et une famille de 3 ou 4 personnes la moindre chose en extérieur devient un extra qu'on ne se permet pas deux fois dans le mois sous peine de dérapage débiteur, et la plus petite panne de matériel quotidien devient un casse-tête plombant ou un appel à l'endettement. On (collectif, je ne parle pas que de nous, d'autant plus que mon revenu modeste correspond à un bonheur de boulot, une forme de privilège, un choix) ne manque de rien d'essentiel, mais il n'y a pas au budget le moindre gras.