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Le clipper de l'an 5555 ou inquiétude chez les dieux

 

ce dimanche, dans ma chambre (1)

 

1976_Chartres_voyage scolaire

 

Je n'ai pas renoncé à avancer dès que j'en ai la calme opportunité, dans mon long chemin de petits cailloux et ricochets. 

L'idée de Kozlika était bonne, c'est mon emploi du temps qui est trop chargé, et puisque j'écris, le sera toujours désormais.

Me voilà désormais rendue à l'année de 5ème alors qu'un audacieux professeur de français, monsieur Compain (sur la photo penché sur un document tandis que les élèves écoutent un guide qui nous fait admirer un portail de la cathédrale de Chartres - 1976 -), nous avait fait collectivement écrire un roman 

"Le clipper de l'an 5555 ou inquiétude chez les dieux".

Comme son titre l'indique, il s'agissait d'anticipation.

À présent que mon chemin vers l'écriture commence à mener à quelques points d'étapes, je voudrais le remercier d'avoir été l'un des premiers à donner l'impulsion. Si d'aventure quelqu'un lisait ceci qui pourrait lui transmettre, c'était donc en 1975/1976 au collège Le Carré Saint Honorine dans le Val d'Oise à Taverny.

 

(1) La connection dans la cuisine ne fonctionne presque plus, je crois que j'en capte trop d'autres au signal plus puissant (mais dont hélas je ne détiens aucun code)


Vive le sport !

I used to be kind of a good clown

GF_tennis_LHDP_1984_2

Retrouvée alors que je cherchais tout autre chose (1), cette photo date de 1984 (ou 1985), et si le ridicule tuait, je serais morte très très.

(1) On parle souvent de la sérendipité de l'internet, mais ce n'est rien par rapport à celle de mes placards encombrés.

PS : J'ignore qui a pris la photo. Mon père alors vivant ? L'homme de la maison ? Un cousin de passage (l'image est prise en Normandie lors de vacances d'été) ?


Appelons le, par exemple, Versaillais

Hier soir, on my old computer n-3

 

Sans doute parce que ma vie a repris forme, j'en suis désormais à m'attaquer aux étranges vides sauvages et irréguliers que les états de chocs successifs (2004 puis 2005/2006 puis début 2009 ma libération d'Usine qui fut un heureux événement mais violent) ont laissé. 

Je voudrais avant vieillesse (re)devenir une personne complète, non pas celle que j'étais et qui n'était pas vraiment moi à force de passer des heures dans un environnement forcé (celui du travail), mais celle que j'aurais dû être si l'on m'avait laissé aller vers ce qui me convenait - là où je suis à présent -.


Je tente donc de saisir chaque chance de lever un brin d'amnésie, dans l'espoir que lever celle de petites choses concrètes (un étage d'immeuble, la date d'un premier message ...) fera revenir la mémoire physique qui me manque tant.


Quelqu'un que j'aime m'avait indiqué ces jours-ci qu'il m'avait écrit bien avant ce qui dans mon souvenir constitue notre mail de rencontre. J'ai confiance en lui (1). Je me dis que si je retrouve son message, peut-être que quelque chose d'autre reviendra ; en plus que du plaisir de lire des "premiers pas" en sachant qu'il en est venu, plus tard, quelque chose d'essentiel.


Je parviens sans peine à délimiter une zone de temps possible, retrouver l'ordinateur concerné - les trois derniers auront duré respectivement quatre, deux et trois années -, consulter ce qui peut encore l'être, saisir des traces périphériques, mais pour constater que des messages que j'avais reçus entre début 2006 et le 14 juillet de la même année (un plantage magistral de bécane en cours de réception de messages) il ne me reste rien.


Alors je tente une incursion du côté de sauvegardes partielles de ma messagerie pro de l'époque : ceux que je conservais par prudence pressentant un coup fourré (2), d'autres pour preuve qu'on était content de mon travail (3) et des messages personnels qui avaient transités par la messagerie pro : soit que mon interlocuteur ait utilisé cette adresse et que je l'aie ensuite rappatrié chez moi pour y répondre, soit que j'ai reçu un message personnel trop tard le soir ou juste avant de partir pour le bureau et me le sois fait suivre afin d'y répondre vite en arrivant.


Je n'ai pas retrouvé le message de mon ami. Ni trace d'une éventuelle réponse de ma part.


Mais en passant quelques pépites ont ressurgi. Dont certaines, selon l'humeur, font rire ou terrifient.


Ainsi ce message circulaire pour habituer les salariés de la banque à leur nouveau logo, payé sans doute une fortune à une agence de com. pendant qu'on nous expliquait qu'une augmentation de salaire qui permettrait de suivre celle du coût de la vie, était inenvisageable, voyons.


Appelons-le Crédit Versaillais. C'est la seule chose que j'ai changée.

 

Nouveau logo : ce qu'il faut dire 29/08/05 

                        Comment utiliser le nouveau nom commercial LCV

  

                         Situation

                                         Explication/Exemples

                         L'agence

                                         Crédit Versaillais était un lieu, désormais LCV devient une personne. Il faut donc employer LCV comme un sigle sans penser à sa déclinaison (Le Crédit Versaillais)

 Avant : " Je vais au Crédit Versaillais "

Maintenant : " Je vais chez LCV ", " Je suis chez LCV"," J'ai mon compte chez LCV ", " Mon conseiller LCV "

[...]

Le document continue sur le même ton. Je me souviens qu'une fois de plus je m'étais fait mal voir parce que de cette prose qui nous humiliait, j'avais fait motif de rigolade collective. En ce temps-là, j'étais rieuse.

Ce qui est rassurant c'est que dans la pratique, les gens n'ont pas suivi cette leçon de newspeak, et disent comme avant.

Cette recherche vaine d'un vieux message tendre, n'a donc pas tout à fait constitué une perte d'énergie qui aura permis, grâce au recul qu'offrent les années, cette constatation.

 

 

(1) Ce qui est déjà beaucoup : pendant plusieurs années j'ai dû vivre sans confiance

(2) L'expérience hélas m'a appris que cette précaution n'était pas inutile. Comme c'est triste. 

(3) Le monde de l'entreprise est devenu tel qu'il faut je crois prendre cette précaution systématiquement.


Francis et Emmanuel

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Ce n'était pas prévu, ça c'est passé comme ça, mais voilà l'un était de passage à Paris, son hôtel vraiment tout près, l'autre au travail à la librairie qui m'emploie aussi. 
Et j'ai donc pu présenter l'un à l'autre deux des hommes, l'un pour les sentiments l'autre pour le travail, qui comptent le plus dans ma vie.
[photo prise à la librairie le 6 avril]

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Passant/s

 

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De ce quartier, qu'est-ce qu'il y aurait à dire ? Sortir du métro et ne penser qu'au porche, juste ça la première fois. Deux changements, une bouche de métro, la rue Franklin Roosevelt, la petite librairie (thé, chien, photographies), la ruelle sur la gauche dont j'oublie le nom chaque semaine, Monter l'étage, se déshabiller, s'allonger sur une table qui s'incline, les restaurants étroits où ils déjeunent, ceux qui travaillent ici, respirer, se détendre, inspirer, bloquer la respiration, relâcher, l'avenue Matignon, flics, CRS, galeries de peinture, l'art abstrait et Bernard Buffet, l'arrivée devant la porte, un code, la porte s'ouvre d'elle-même, un second code, quelqu'un ouvre la seconde porte, l'entrée, l'appartement, ses couloirs, ses salons, trois heures de relecture et dactylographie contre quelques billets.

Dans ce quartier, attention ça va craquer.  cinq minutes de marche, un petit tour rapide, église et carrefour, faubourg Saint-Honoré, qu'y aurait-il à penser ? « Je ne pourrais jamais y croiser quelqu'un que je connais », voilà la phrase, l'unique. Des boucles et des talons, des fourrures, des costumes et des robes légères, ces habitants que je croise et qui ne signent rien, à mes yeux c'est certain, d'autre que leur fortune, je ne les saisis pas. Quand ils traversent, ils restent flous.

 

Les fois suivantes, les saisons passent,

Rien d'autre en tête que ce que je retrouverai trois heures plus tard, le soleil s'il y en a, la rue, la librairie et le métro retour, bondé alors, le livre dans le sac. D'autres choses en tête, peut-être, dont on ne parle pas, qui se cachent, se terrent. Silence, carnet.

 

Quartier où rien ne bouge, repérer les hôtels luxueux et le Franprix, les chaussures soldées toute l'année, où je ne comprends rien. Où est la vie ? Quartier du flux, pourtant, près des Champs-Elysées, des touristes on le sait à bobs, à shorts, qui n'ont pas cet air pincé. On voudrait les en remercier, presque rassurés qu'ils existent quand défilent les lunettes, les escarpins, les ceintures de marque sur l'avenue Matignon. La pharmacie à l'angle ou faire des affaires et le bar-tabac en face.

Travaux. Compliqué, ce carrefour où l'on vend aux enchères ce qui se fait de rare (il y pousse des grooms, des haies, des voitures de luxe) ; où les bus, taxis ne cessent de tourner tandis que traverse toujours le même homme, souvent au téléphone et parfois en colère, cravate et costume de lui je ne sais rien de plus.

 

Toujours la même femme, permanente bronzage et les rides tirées les lunettes fumées et le liseré blanc du tailleur bleu marine,   À chaque fois, courbé dans un sens, tout cela apparaît, en vrac, se réajuste, s'enferre, et si vite oublié tandis que le 10 de l'avenue commence à se profiler, qu'il faut bien penser à

 

trois heures

trois heures de vie

 

droit comme un i dans l'autre

billets ensuite dans le porte-monnaie brusquement à nouveau tout payer en liquide, comme avant, comme loin dans l'enfance, troquer les trois heures contre des sacs de courses, pain, stylo, s'il fait froid un manteau et moins de livres

dans l'entre-deux : ses mains.

 

mais des livres quand même.

 

Ce qu'il y aurait à dire ? Aveugle au quartier et en circuit fermé, boucle de la ligne 9 (à Saint-Philippe du Roule, métro qui l'an dernier, terminus Mairie de Montreuil, Toujours La Boétie, qui guérit. m'emportait à l'envers) ; boucle du pâté de maisons ; boucle de ce qui (silence, carnet) fait signe sur la page, pour le reste se tait. Quelle ligne droite, alors ?

 

Celle tracée pour dire : précarité tant pis, je vais continuer à écrire.

 

Anne Savelli, avec phrases du passant, celui que l'on connaît mais qu'on ne croise pas.

 


Texte pour les Vases Communicants d'avril 2012

(Le chien se prénomme Yéti, le thé est bon marché, parmi les photographies on peut reconnaître Carole Martinez, Sorj Chalandon, Anna Gavalda, , R J Ellory, Alain Giraudeau et bien d'autres)

Anne Savelli a publié entre autre :

– Fenêtres Open space, éditions Le Mot et le reste, collection Ecrits, 2007
– Cowboy Junkies, The Trinity Session, éditions Le Mot et le reste, collection Solo, 2008
– Franck, éditions Stock, collection La Forêt, 2010 et son blog associé
– Des Oloé, espaces élastiques où lire où écrire, éditions D-Fiction, 2011

last but not least Anne tient le blog Fenêtre open space

et si je doute parfois qu'elle ait sa photographie au sein de notre galerie c'est uniquement parce que me semble bien sombre l'avenir de la librairie (en général et en particulier) et que j'imagine mal un lieu de restauration sur le pouce afficher les images des personnes qui écrivent (mais je peux me tromper).


366 - ce que l'on porte

 

Je partais pour une longue, une très longue journée, mais potentiellement belle : que des activités appréciées. Si j'avais lourd à porter, c'était en énergie et en devoir durer : de la piscine à 7 heures jusqu'à l'after de l'Attrape-Cœurs, ça risquait de faire long.

Tout s'est passé, en fait, avec bonheur. La période est propice et je dois savourer. Même si le manque et le chagrin obèrent le principal plaisir, rien à voir avec les sombres mois d'années passées où j'avais tout à tenir et soutenir, de l'état dépressif de l'homme de ma vie, aux maladies réunies qui touchaient l'un ou l'autre, en passant par le travail qui, dépourvu du moindre sens, devenait torturant, la désaffection inexplicable (alors) de l'âme sœur, la toujours perceptible pression familiale (1), les responsabilités sans trêve de parent d'enfants pas encore grandis.

En ce moment, je porte moins. Seulement je sens bien qu'il s'agit d'une trêve. J'aimerais qu'elle dure au moins le temps d'un gros "premier" roman ou d'une rencontre qui sauverait (2).

 

(1) de la famille d'origine j'entends.

(2) À moins que l'un ou l'autre des hommes qui font défaut ne se décide à prendre soin. Mais n'ai-je pas (déjà) trop souffert de leur incohérence pour que revenus ils puissent aider ?

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366 - signature

J'ignore comment je l'ai senti, parmi tout les livres qu'au salon on nous présentait, que celui-là me plairait. Pourtant doté d'un titre destiné à jouer la carte du marketing le plus primaire (ah ces titres en -tion que "Twilight" a lancés). Pourtant un "gros" polar, à la limite du thriller, genre que je délaisse progressivement, entre autre parce qu'en avoir trop lu a tué le suspens que j'y trouvais et qui est censé faire leur charme -.

Seulement la belle ouvrage, j'y suis toujours sensible et celui-là en est. L'auteur semble mu par quelque chose qui tient de la sincérité. Les blessures de ses personnages on se dit qu'il les a croisées. Pas nécessairement en lui ou tout près mais chez des personnes qu'il a pu fréquenter.

Alors je suis allée ce soir à la signature précédée d'une causerie, à la Maison du Dannemark, de Jussi Adler-Olsen, après avoir lu "Les tueurs de faisans" qui paraîtra le 2 mai dans un titre oubliable.

Mais que j'espère je vendrai.

(Quand bien même l'homme, en remarquable inspecteur Colombo, énergique et séduisant, n'a pas besoin de mes services sur la route des succès).

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366 - un pur mensonge

 

Si une obligation légale venait à contraindre l'éditeur éventuel du roman qui occupe en ce moment l'essentiel de mon temps d'écriture à déclarer que « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. », ce serait un pur mensonge.

Ce qui s'y raconte est cependant si peu vraisemblable que l'on devrait trouver moyen de s'en dispenser. Si j'osais prétendre qu'il s'agit d'un témoignage sur ce qui s'est réellement passé, personne ne me croirait. Un crime n'en est pas un dont la victime, des années après, s'en sort plutôt bien. Et ce n'est d'ailleurs pas le sujet principal.

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