Previous month:
mars 2012
Next month:
mai 2012

0 billets

366 - Comment lui dire ?

 

Comment lui dire que je pense à lui, y parvenir sans le fâcher. Que je suis si surprise d'être finalement parvenue à attraper de l'internet sur mon lieu de micro-vacances, soudain sursaut de mon cerveau - mais oui, jadis, je fus compétente, souvent ça stagne, parfois ça me revient -, que me voilà incapable d'envoyer un message, comme si cette connexion presque de contrebande ne l'autorisait pas.

Comment le rendre sensible à des atouts qui ne seront perceptibles qu'une fois acceptés. Si je parle, je les perdrai.

Comment lui expliquer que ce soir j'ai la fièvre pour avoir commis une bouffée d'enfance (1) : décider que j'étais comme tout le monde, avec les mêmes capacités, utiliser la force puissante de ma volonté, forcer le corps. 

J'ai couru 10 à 12 km, en partie sous la pluie, vers la lande de Lessay.

Ce soir celui-ci prend sa revanche, me rappelle qui je suis ; le handicap léger qui peut me laisser croire par instant que je suis de pleine santé, mais pour me le faire payer bien cher aux heures et jours d'après. 

Comment lui dire, à l'homme, que ça serait d'un tel secours, à défaut d'autre chose, qu'il prenne parfois le temps d'appeler, ou d'écrire pour presque rien, comme au début il le faisait.

Comment lui dire qu'en l'absence de notre ex-connaissance commune, je reste très fière de mes amis. Quand par exemple ils jouent les mécènes. Ou que comme certaines, ils écrivent à ce niveau-ci.

Comment lui dire que je cherche encore ma place au monde et que s'il m'a secourue, au bout du compte il ne m'a vraiment pas aidée.

Comment lui dire qu'il fait ici ce soir un temps de tempête de capes et d'épées (salut à vous, ô grand Barbey).

 

(1) le terme est de Pennac dans son "Journal d'un corps".


Recensement militaire

 Aujourd'hui, en ma banlieue

 

spéciale dédicace à Franck Paul qui en sait long sur ce genre de tracas, et grâce auquel j'ai sans doute eu la méfiance alertée.

 

Depuis un moment déjà mon fiston devait passer à la mairie se faire recenser en vue d'accomplir sa JDC (1). Sa sœur s'était débrouillée seule, comme un chef, qui avait intégré très tôt que la mère possèdait quelques défauts sortie d'usine dont celui d'avoir beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de mal à effectuer une démarche administrative quelle qu'elle soit.

  

Il faut dire que je suis dotée depuis la nuit des temps d'une solide malédiction qui tend à me rendre compliquée la moindre action de ce type quand toute autre personne que moi en réussit les principales sans même y penser.

  

Elle n'est pas sans fondement : quasiment de naissance je suis peu adaptée aux cases préconçues, même mes globules ont refusé dès l'arrivée de se conformer, mon cas est toujours compliqué, et j'ai beau faire preuve de la meilleure des bonnes volontés je dois me déplacer trois fois pour obtenir ce qu'un être humain classique réussi en une seule. 

Il manque toujours un papier (2).

Sans compter que ma malédiction de la file d'attente, celle qui me joue des tours au moindre supermarché et me fait toujours arriver à la caisse où le temps se fait long, fonctionne ici à fond. 

Mon fils hélas pour lui, même s'il se débrouille mieux, me ressemble en ce qu'il a pour ce genre de démarche très petit appétit. 

J'ai donc, ô bonne mère, proposé de l'accompagner. Après plusieurs reports (j'ai travaillé à des jours imprévus), le jour J fut aujourd'hui.

Prudente, j'ai pris soin de vérifier sur le site ad-hoc quels documents il fallait. Bonheur : il suffit de la carte d'identité - mon garçon a la sienne en cours de validité -, du livret de famille - qui est le seul document chez nous très précieusement bien rangé -, et il est précisé qu'il n'est pas nécessaire de fournir un justificatif de domicile.

Capture d’écran 2012-04-23 à 16.17.45

Ce dernier point me fait tiquer. C'est si rare qu'il n'en soit pas demandé. À tout hasard, je glisse dans mon sac une quittance récente de téléphone fixe, que j'avais sous la main parce qu'on s'apprête à résilier : il ne sonne plus guère que pour tenter de nous vendre des choses dont nous ne voulons pas.

Les démarches s'annoncent bien : un homme avenant et qui fait son boulot avec bonne grâce (3), par chance on n'attend pas. 

Et voilà qu'il demande la carte d'identité du garçon, le livret de famille ... et un justificatif de domicile.

Il avait beau être fort sympathique, je ne tenais pas à le mettre dans de mauvaises dispositions, je ne les ai que trop souvent rencontrées face à moi, j'ai donc tendu le papier, profil bas (4).

Je ne sais donc pas pourquoi un papier est demandé en local qui est précisé inutile en national. Lâchement, je laisse à d'autres le soin d'enquêter.

Du fait de l'attitude bienveillante de celui qui nous accueillait, d'un peu d'humour qu'à un moment il a laissé transparaître, je suis persuadée qu'il ne s'agissait pas d'un abus de micro-pouvoir, et que s'il demandait ce justificatif c'est qu'il avait consigne de le faire en ces cas.


Pour autant, j'écris ce billet en espérant que si un(e) jeune citoyen(ne) passe par ici en recherchant "recensement militaire", ou "recensement national" ou "recensement citoyen", il apprendra à temps qu'il est préférable de se munir d'un justificatif de domicile en sus du livret de famille et de la pièce d'identité pour cette démarche-là.

Ça peut éviter d'avoir à revenir ou à longuement parlementer ou attendre pendant que la personne chargée du travail doive aller vérifier auprès d'un supérieur hiérarchique que finalement on peut se passer de ce papier-là.

 

 

(1) Non, ce n'est pas une cérémonie religieuse, il reste encore un peu de séparation de l'église et de l'état, dieu merci.

(2) Pas un que j'ai oublié, non : un qu'on a oublié la fois d'avant de me dire qu'il fallait.

(3) J'allais aussi demander pour la 3ème fois la liste des documents à fournir pour le renouvellement de ma carte d'identité, volée avec mon portefeuille il y a euh ... trois ans. Et comme mon cas n'est pas si simple [goto Le début de ce billet] il est allé vérifier une info afin de ne rien oublier. Serviable et souriant. 

(4) d'autant qu'il me fallait ravaler un bel éclat de rire.


366 - Fragment d'aujourd'hui raconté en sondage d'opinion

Sondage en sortie d'une journée mère-fils, je publie avant 20 heures, tant pis : 

- 100 % de nos démarches administratives et qu'il convenait de faire sans tarder ont été couronnées de succès malgré le peu de foi qu'il convient d'accorder aux sites internet fournissant des listes de documents nécessaires ;

- 100 % des participants au déjeuner dans un bistrot se sont régalés (1) ;

- 50 % du jeune couple qui se séparait dans le silence des larmes à nos côtés a eu tort de quitter l'autre (2) ;

- 50 % des élégantes et joyeuses rombières à notre autre côté avait un téléphone portable datant de l'invention du télégraphe, à s'en demander ce qu'il capte encore ;

- 100 % des visiteurs de l'expo Tim Burton ont été un brin déçu de sa trop grande brièveté (Hein, quoi déjà, c'est la sortie ? Y a pas d'autre salle ?) ;

- 100 % des visiteurs de ladite expo se sont félicité de la précaution que j'avais prise de billets coupe-file - car je craignais l'éventuelle longueur de la part administrative et obligatoire de la journée - ; en fait c'est surtout la longueur de la file d'attente qui était à craindre.

L'éventualité d'une nouvelle journée mère-fils aux prochaines vacances scolaires remporte 100 % des intentions de réalisation.

 

(1) C'est à dire lui et moi

(2) Je pense qu'elle venait de quitter le futur Barack Obama auquel elle reprochait de manquer d'envergure. Il plaida un moment sa cause avec tristesse, calme et classe, elle humidifait un dessert que finalement elle ne mangea pas. Il paya. Il partirent en même temps mais déjà plus ensemble. C'est le seul moment de la journée où j'ai vaguement regretté la présence de Stéphanot ou plutôt je dois probablement m'en féliciter, car j'eusse été sinon tentée de hasarder un "J'en veux bien si t'en veux pas" qui eût été déplacé. Rien ne me dit que son nom de famille commençait par un D. 

Stéphanot n'a pas la même interprétation de la scène, la dame l'avait ému.


366 réels à prise rapide - le projet
 

366 réels à prise rapide - les consignes.

 



366 - plaque de rue

Je n'ai pas eu besoin de consulter la plaque de rue, en sortant de Nation, pour repérer le boulevard Voltaire. C'est celui par lequel on arrive lors des manifs ; vieux chemin routinier. 

Mais j'espère bien, sans trop y croire, en avoir moins à suivre désormais. Ou peut-être que ce sera pire mais que les forces viendront à me manquer.

Car c'est très fatiguant de manifester.

L'avenir, quoi que je fasse, ne me rassure pas, quand bien même mes amis me mettent du baume au cœur.

 

366 réels à prise rapide - le projet 
366 réels à prise rapide - les consignes.

 

 


366 - rouge

 

Depuis l'année de mes catastrophes, j'ai quasi-renoncé : les objets vivent leur vie, moi la mienne, et quelques fois (1) nous parvenons harmonieusement à nous retrouver.

Mais je n'ai plus ni temps ni énergie supplémentaire à leur consacrer.

C'est ainsi que depuis quelques temps je n'avais plus croisé un de mes gilets rouges, bien entendu celui qui à cette saison fraîche convenait. Un mouvement exogène dans la techtonique de mes piles de linge qui disputent à celles de livres dans ma chambre un quartier, l'a fait réapparaître aujourd'hui (hier soir en fait), mais j'ai ainsi pu le remettre, ce dont j'étais ravie. D'autant que miraculeusement les mites l'avaient épargné ; l'élevage local est florissant, l'espèce abritée d'une grande voracité. Il arrive cependant que quelques pièces [de laine] soient dédaignées. Auraient-elles pitié ?

Je ne sais pas trop pourquoi mais j'ai envie de vêtir du rouge ces derniers temps, comme ça.

 

(1) Non, ce n'est pas une faute.

366 réels à prise rapide - le projet 
366 réels à prise rapide - les consignes.

PS : Pendant que j'y suis, un petit rappel (pour moi aussi)


366 - mains touchées

C'est en montrant à Anne ce troublant hasard de proximité que j'y ai soudain repensé : plusieurs fois ce jour-là nos mains auraient pu se toucher. Peut-être n'en avais-tu aucune velléité, peut-être au contraire, par exemple dans le taxi, que tu espérais. 

Mais encore marquée par des années de solitudes, la disparition de celle ou celui que j'appelle par ailleurs "Mon assassin préféré", ta véhémence quand tu as décidé de nier l'amour qui naissait, je n'ai pas osé.

Aujourd'hui, bien trop tard, je l'ai regretté.

 

366 réels à prise rapide - le projet 
366 réels à prise rapide - les consignes.


366 - Ça n'aurait pas dû se passer ainsi

Ça n'aurait pas dû se passer ainsi, que je lui rende la monnaie avant d'avoir mis en lieu sûr le billet qu'elle me tendait mais que profitant de la diversion (vraie hasard ou complicité) qu'une autre femme faisait elle avait rempoché.
J'ai coûté à la librairie presque deux fois ma paie, la vraie et le prix d'une arnaque que pourtant dans le principe je savais.
Hélas quelque chose de civilisé fait qu'encore j'ai tendance à me tourner vers qui s'adresse à moi alors même que je suis en cours de faire quelque chose dont je ne devrais pas me laisser divertir. 
Non seulement je n'ai plus droit à l'amour mais en plus je me fais flouer par la première personne mal intentionnée. C'est, au point où j'en suis, un peu abuser.
  

120420 0228
   

Comme dans un très vieux rock'n'roll

Depuis toujours de ma vie, mais parfois comme ces jours derniers ça me réveille la nuit

 

 

 


William Sheller - Dans un vieux rock'n'roll par peter95000

 

Certaines femmes entendent des voix, qui en firent de la politique, de la littérature ou une mort prématurée que l'on n'aura jamais fini de regretter. Je ne suis, tant mieux et hélas, dimensionnée que pour la version burlesque de l'histoire, même si la voix de Don Camillo me visite parfois, à savoir des ritournelles qui prennent possession de ma cervelle pour un temps qu'elles seules maîtrisent. 

Elles ne le font hélas pas qu'à moitié. Au point de me gêner au téléphone, de m'obliger parfois à faire répéter qui me vient de me parler : de mon haut parleur mental je ne maîtrise ni sujet ni son.

Parfois la présence d'un air ou d'un autre s'explique par une malencontreuse association d'idées.

D'autres fois, j'ignore totalement pourquoi je me réveille, ce fut le cas ce week-end, avec en tête une pesante chanson, un slogan publicitaire d'antan, le générique - si possible insupportable - d'un antique feuilleton. P4185581 - Version 2

Il m'arrive aussi de me réveiller la nuit : tel un voisin indélicat rentrant tardivement d'une soirée arosée et allumant à fond sa chaîne hifi, une partie de mon cerveau vient de mettre en route sa radio personnelle, un ancien "tube" généralement. J'ai ainsi eu droit cette nuit à Yesterday et dont je ne me suis pour l'instant pas débarrassée. Étrange acouphène.

Ce qui me surprend, c'est la quantité de paroles à mon insu mémorisées : je n'aimais pas particulièrement les airs ni les textes. Tout pourtant m'en est resté.

L'avantage du phénomène est qu'au moins l'air en cours me libère du précédent. Celle qui est partie je ne sais pas pourquoi, elle n'a pas dit, a ainsi chassé la neige rose des matins d'hivers et l'oiseau qui, de toutes façons, s'était envolé ; si jamais il revenait je lui dirais que tu l'attendais.



366 - chaleur de

 

Chaleur de tes messages malgré le froid qu'il fait - on croirait que l'hiver, fâché, est revenu nous narguer -. Chaleur de ta présence quotidienne même si hélas nous sommes éloignés. 

Chaleur par ailleurs de l'amitié, émotion de voir une librairie qui se crée lorsque tant d'autres ferment - sont sur le point de fermer -.

Bienfaits du shiatsu sur la femme esseulée.

120420 0233

366 réels à prise rapide - le projet 
366 réels à prise rapide - les consignes.


Lettre anonyme

aujourd'hui, à la librairie

 

P4175558

 

J'avais pris la photo dans l'idée d'en plaisanter mais le cœur n'y est pas.

Il y aurait matière à : le patron ne passe pas à la télé mais plutôt à la radio ou dans les journaux en papier.

Ou alors on l'a pris pour quelqu'un d'autre.

Je me mets à sa place : c'est le matin, il vient pour travailler, s'est équipé de son courage pour attaquer la journée et à peine le rideau de fer levé tombe sur ça.

Il n'a de conflit déclaré avec personne et ça serait de toutes façons bizarre que ça prenne cette forme-là. Un confère jaloux ? Un auteur négligé ? Il n'y aurait pas tant de fautes - à moins qu'elles ne soient faites exprès -.

On sent à la syntaxe que le fait que mon patron soit un français de souche, comme ils disent, a privé le corbeau d'une gamme choisies d'injures xénophobes.

Que ce dernier n'insiste pas : on a à la boutique quelques détectives du plus haut niveau, de Wallander à Maigret, en passant par Holmes, Adamsberg, Ingrid et Lola, Mariella de Luca et Hercule Poirot (pour n'en citer que peu). Sans compter que début mai je pourrai mettre également Carl Mørk et son assistant syrien sur l'affaire, et qu'avec eux, ça rigole pas.

[photo réalisée hélas sans trucage, lettre anonyme, bien moche, bien vraie]