Dimanche, fin d'après-midi
De retour du Rond-Point où j'ai assisté à une plutôt réussie et très échevelée représentation de cabaret (1), je commence à me demander si je n'ai pas entamé de sérieusement vieillir et si depuis le temps que mes globules défaillants me donnent une sensation d'avoir la mort aux trousses elle n'aurait pas fait un pas de plus, subrepticement.
J'ai toujours souffert du mal de mer, du moins je le crois (2). Et peu goûté les comiques énervés - bizarrement Benigni ça va -. Ceux qui font rire de par l'intensité d'une agitation.
Même manque d'attirance pour les films où ça bouge trop, plein de tirs, de bruits, d'explosions.
Et une incapacité à soutenir les effets stroboscopiques. Pas de chance pour ma vie nocturne, j'ai eu l'âge d'aller en boîte de nuit, pile quand les discothèques ont découvert cette technique infernale, si torturante pour moi.
Jusqu'à présent, moyennant quelques (sages) précautions, je parvenais à m'accommoder de ces faiblesses que j'avais.
Il n'empêche que ces derniers temps :
- je ne peux plus voir un film tourné caméra à l'épaule ou pourvu d'effets de zoom ultra-rapides fréquents ; ça ne passe que s'il y a une scène de temps en temps et si la sentant venir je ferme les yeux préventivement ; je me mange un mal de mer parfois si puissant qu'il m'oblige à quitter la salle et aller m'étendre, même si le film me captivait.
- quand quelqu'un s'agite trop sur scène, je sors du théâtre vaguement nauséuse. Et en cours de route serais prête à les supplier de dire le même texte, s'il vous plaît, mais calmement.
Je me demande si ne me voilà pas confrontée au vieillissement, un premier signe avant-coureur qui serait celui d'être désormais incapable de suivre quoi que ce soit de trépidant (sauf ma vie amoureuse (si du moins elle l'était)).
Je serais bientôt condamnée aux spectacles lents.
La seule chose qui me console c'est que je me suis enfin amarinée au TGV et perds un peu de cette impression que le train va si vite que mon corps à l'arrivée ne s'est pas rejoint et qu'il poursuit sa vie aux lieux que j'ai quittés.
(Et là je vais me coucher car j'ai la tête qui tourne et l'estomac vaguement chaviré)
(1) "Le Gros, la Vache et le Mainate" de Pierre Guillois, mise en scène par Bernard Menez ; on nous demande de ne rien dévoiler, mais quand même : si vous avez du linge propre en instance de repassage, n'hésitez pas à vous en munir, ça vous fera du boulot en moins après.
Je signale aussi aux amateurs (j'en connais) un très (3) bref strip-tease de jeune pompier.
(2) Peu d'expériences de navigation dans mes tendres années pour corroborer l'hypothèse.
(3) J'ai rajouté un "très" à la demande informulée mais ô combien justifiée du Capitaine ;-)