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Aspirations désespérées

Ce matin dans ma cuisine, au petit-déjeuner


"Je mesure, une fois encore, le décalage incroyable que dix ans - la collègue en question a quarante et un ans - ont introduit dans les manières de sentir et de voir, de dire, de vouloir. Cette génération [...] me semble étrangement prosaïque, platement positive, comme si la fermeture de la perspective d'un changement politique radical, avec ce qu'elle supposait d'attention au monde extérieur (1), de largeur de vues, d'énergie, s'était répercutée jusque dans les derniers replis des cerveaux et des cœurs. C'est une humanité terre-à-terre qui nous talonne, sans principes généraux, sans aspirations qu'étroites, mi-professionnelles mi-familiales, rien au-delà. J'ose à peine imaginer ce que sera la troisième génération. Mais j'aurai quitté la scène lorsqu'elle fera son entrée."

Pierre Bergounioux, "Carnet 2001 - 2010" (Verdier, page 19)


Je suis, je crois, de cette génération d'après, grandie à l'heure où l'utopie avait presque eu lieu et qui s'effondrait. Il nous a fallu nous insérer dans un monde professionnel dans lequel ceux qui l'avaient défendue puis avaient renoncé avait déjà pris place, plus durs en fait que leurs aînés, plus âpres encore à appliquer les concurrences et individualismes qu'ils avaient cru combattre à peine dix ans plus tôt. 

Nous avions perdu les illusions que nos grand-frères avaient. Peu d'alternatives. La prise de conscience était aiguë du fait que la plupart des êtres humains ne savent pas fonctionner sans un sens maladif de la propriété, un besoin de se sentir supérieur au voisin (l'enfoncer plutôt que l'aider, rajouter des barrières). Beaucoup de gens par peur d'eux-mêmes (?), refus d'assumer (?) (2), n'aiment rien tant que subir les contraintes de "rules and regulations" (en anglais ça dit mieux, je trouve) et qui veulent que tous s'y soumettent et se délectent du moindre petit degré de pouvoir qui leur est concédé.

Alors oui, la plupart d'entre nous s'est cantonnée à son pré carré, tentant de limiter la casse des injonctions impossibles, surtout pour les femmes et mères de jeunes enfants, qui nous étaient imposées. Nous étions sommés de tout concilier.

Et aussi : laisser tomber humanisme et solidarité au profit d'une sentimentalité de télé.

Pendant ce temps en milieu professionnel fleurissait l'obligation de savoir-être qui remplaçait le savoir-faire beaucoup moins totalitaire. Nous sommes la génération qui a dû passer de : Si tu fais bien ton travail on te fout la paix (3), à : pour le moindre petit job il faut veiller à te comporter conformément à l'idée que les dirigeants se font de l'être performant.

Où trouver la place pour la moindre élévation ? Comment se révolter contre une si insidieuse oppression ? Quelles aspirations retrouver lorsque celles dans lesquelles on a grandi se sont trouvées anéanties ?

Ce n'est pas un hasard si la seule victoire collective, après des heures militantes, que j'aie connue ait concerné deux personnes et elles seules, rien de plus général, même si on agissait sur fond de défendre la liberté de témoigner.

Je suis de la génération qui s'est fait couper l'herbe sous le pied. Il n'y avait plus rien de général à défendre, les élans étaient brisés et nous-mêmes trop pris par sauver du quotidien ce qui pouvait.

J'avais légèrement repris espoir en 2011 avec ces révolutions si irrésistibles qu'elles l'ont presque partout emporté, malgré des répressions sans retenue. Mais il sembleraient qu'elles soient déjà confisquées.

Et j'ai presque peur de n'avoir pas encore quitté la scène lorsque la suite aura fait son entrée.

Reste l'internet pour résister, si on ne se le laisse pas confisquer.

 

(1) Cette remarque est pour moi curieuse qui ne cesse de me demander pourquoi dans ces carnets entre si peu du monde extérieur, justement. C'est sans doute délibéré, mais pourquoi ? 

(2) Il est si facile de dire, "J'obéissais"

(3) Déjà que ce n'était pas toujours facile dans les conditions qui advenaient. Toujours plus de rendements en étant toujours moins pour y arriver et des progrès techniques qui faisaient perdre d'un côté (pannes, bizarreries et autres dysfonctionnements) le temps qu'ils étaient censés faire gagner.

 

addenda de 14h09 : entre-temps et comme en écho à la dernière phrase de ce billet, ce lien via quelques-uns de mes twitteliens préférés est parvenu jusqu'à moi

ACTA - the new thread to the net

avec une pétition que l'on peut y signer.


Le premier jour depuis un moment où mon téléphone a pu être rechargé

Ce matin, avant de filer

 

J'ai enfin pu mettre en poche un téléphone entièrement rechargé. Cela faisait au moins deux semaines que ça ne m'était pas arrivé, si ce n'est trois. Toujours au travail ici ou , ou tentant désespéremment d'entrenir par la nage ou la danse, un corps fatigué - ce serait bien pire s'il n'était pas musclé -, ou à un rendez-vous de soin, plus rarement à l'opéra, bref, pas chez moi. Ou bien le soir mais tombant de fatigue. Et de toutes façons ayant besoin du téléphone près de moi pour servir de réveil avant le réveil de la radio (1).


Or je mets à recharger mon téléphone dans le cagibi, lequel est hors de portée d'oreille du lit : donc pas question de recharger aux nuits précédant un réveil que l'on sait devoir être précoce.


Hier soir, épuisée plus loin que l'épuisement, j'ai décidé de retarder mon heure d'arrivée du vendredi à la bibliothèque et ce faisant de pouvoir courir le risque éventuel d'un réveil naturel. Une de mes dernières actions réveillée a donc été de mettre le petit appareil à recharger, juste avant de m'effondrer au fin fond de mon lit douillet.


Je l'ai donc enfin récupéré chargé pour cette nouvelle journée, ce qui lui épargnera d'annoncer "batterie faible" avant que je ne sois rentrée.


Et comme j'avais passé enfin une nuit suffisante, et qui m'avait sans doute éclairci les idées, c'est seulement ce matin que j'ai pensé à la prise multiple que j'ai installée dans ma chambre depuis le début des défaillances de mon petit ordi. (2). J'aurais pu tout à fait y brancher mon téléphone tout en comptant sur lui comme réveil au matin.


C'est souvent quand les problèmes se résolvent qu'on trouve, mais un peu tard, la bonne solution (3).

 

 

(1) En période d'archi-fatigue le cumul n'est pas un luxe.  

(2) Il flanchouille aussi de la connexion et comme la truc-box est plus près de la chambre que de la cuisine, j'ai dû, bien qu'elle ne fût pas tout à fait "à soi", revenir y travailler

(3) Proverbe Shadok ?


La première fois que je suis trop ébahie pour applaudir

à Bastille, cet après-midi

 

Comme j'aime à ressentir les choses et sans influence, qu'il s'agisse de découvrir un lieu (lors de voyages) ou un chant (à l'opéra), je m'efforce de ne rien en lire avant. J'ignore donc pourquoi j'avais peur d'une absence inopinée de Natalie Dessay, mais en lisant enfin et à l'instant le billet de Joël au sujet de la même production, je saisis pourquoi.

J'ignorais aussi que la mise en scène était de Coline Serreau (0), mais j'ai vite pigé - elle parvient à glisser de l'humour (entre autre les barbons qui se frottent les mains pendant l'air "Profitons bien de la jeunesse") là où peu en auraient vu -. Je me sais minoritaire, mais j'avoue que j'aime ça (1). De même que le mélange des époques en costumes, adaptés aux modes de pensées des personnages, ça n'était pas mal vu, même si ça ne s'imposait pas.

Je comprends mieux pourquoi je n'avais pas tout compris, en particulier le passage à tabac du chevalier Des Grieux : il y a donc eu des coupes en plus de ces coups. Je me suis d'ailleurs laissée allée lors de la première mi-temps à acheter le programme, malgré qu'ils sont devenus chers et qu'ils puent (sens littéral) toujours autant - ah que je regrette les anciens à 8 € sur papier mat, élégants et d'une odeur neutre -.


Et puis, hélas, j'ai trouvé le ténor bon de voix mais raidasse de corps, il est censé être fou amoureux fou et se comporte comme, non ... rien, mais bref quoi ça ne se voit pas. Ah que ç'eût été cent fois mieux avec le chaleureux Villazon ou le Roberto de l'an 2001 ou 3 (2).


Ce n'est pas la première fois que je le vois sur scène, lors d'un "Contes d'Hoffmann" il y a quelques années déjà et certes, il chante fort (et) bien mais il n'incarne pas.


C'était des sortes de retrouvailles avec Natalie Dessay et la magie pour moi y est, inchangée. Elle reste proche de ma "voix d'Eros" même si quelque chose empêche que tout à fait (3). Il y a un effet physique dès les premières mesures, des frissons aux larmes quelque chose qui atteint directement le tréfond de soi sans passer par le cerveau pensant, qui en serait presque frustré.


Au fil des chants celui-ci reprend généralement son pouvoir, surtout ces dernières années durant lesquelles les plaisirs du corps se sont éloignés. Alors on devient moins sensibles, sans doute pour que le manque s'en trouve atténué.


Il n'empêche qu'au début d'après le premier entracte, sur un air joyeux, qui célèbre la jeunesse, moi qui suis à l'ordinaire peu réceptive aux effets d'altitude (4), j'ai été à ce point sidérée par l'apparente facilité de notes impossibles que j'en suis restée bouche bée (5).


C'est la première fois lors d'un opera qu'alors que les applaudissements se déchaînaient dès qu'ils furent possibles, je suis restée sans bouger. Incapable du moindre mouvement, ailleurs, estomaquée. Mon seul degré de conscience était pour les entendre, le reste survolait.


Je suis revenue parmi nous en douceur, en cours de l'air suivant, soulagée d'avoir pu m'absenter un instant de ce monde pesant, par une autre voie que celle du sommeil auquel je succombe trop souvent.


Madame Natalie, merci pour l'extase.


(et si je parviens peut-être à écrire ce soir, c'est un peu grâce à cet élan)

 

 

(0) Au passage un petit hommage à une amie disparue (je ne choisis pas ce mot à la légère, c'est le sentiment que j'en ai et sans doute ses plus proches également)

(1) Cela dit, le "Miss Arras" d'où j'étais je ne le lisais pas et le drôle du truc m'échappe.

(2) Mon premier moment de grâce à l'opera, sa femme et lui dans La Bohème, un duo. Je me suis envolée, respiration coupée. Mais j'ai soudain un doute sur la date (non, ce n'est pas une contrepèterie ou alors involontaire).

(3) P'têt ben une mauvaise raison du genre que ça ne peut pour moi être qu'une voix d'homme (?).

(4) D'une façon générale : je sais admirer les performances extrêmes mais elles ne m'émeuvent pas. Fors si la grâce s'en mêle (Nadia Comaneci JO de Montréal 1976 à la poutre comme aux barres asymétriques)

(5) Les expressions populaires sont parfois imprécises : on dit "Les bras m'en tombent" alors que c'est en premier la mâchoire qui choit.

 

PS : Les places désormais vendues 15€ ne sont pas si mauvaises que je le croyais du moins pour celles au premier balcon. On ne voit pas du tout les surtitres, ni le haut de la scène si les personnages ont la mauvaise idée de monter un escalier, mais c'est le seul inconvénient.


Un petit bonheur (mais très puissant (pour une dingue de livres (comme moi)))

Depuis que je suis inscrite à la BNF, quand j'y suis

 

Un petit bonheur mais très puissant depuis que j'ai le privilège de fréquenter cette bibliothèque infinie est le suivant :

je déjeune avec un(e) ami(e) qui me parle d'un livre

je lis un livre qui évoque un autre livre (comme hier soir "Blanche étincelle" de Lucien Suel qui mentionne "Le pays où tout est permis" de Sophie Podolski publié en 1973)

je repense soudain à une lecture de jeunesse dont le souvenir s'est estompé.

Pour peu que ça tombe un jour de bibliothèque et non de librairie, en deux ou trois clics de souris et qui peuvent être effectués des ordinateurs mis sur place à disposition lorsque le mien est défaillant, j'obtiens l'ouvrage et peux sinon avoir le temps de le lire du moins le parcourir pour comprendre, réactiver ma mémoire ou me faire ma propre opinion.

Or je suis d'une génération d'avant, qui a connu l'information rare, les encyclopédies trop chères, la petite bibliothèque de banlieue où c'était une longue marche d'aller, celle du collège dont à la fin de la 3ème j'avais presque tout lu, celle d'avant l'internet où (presque) tout se télécharge ou au moins se consulte.

Alors cette profusion précise, j'ai besoin d'un livre, je l'ai quelques minutes après, me rend heureuse comme peu de choses le font.

 

(Si vous avez une passion, transposez ce billet à ce qui vous fait frétiller, les films, le bout de la Bretagne sud, la musique, la peinture ou que sais-je, peut-être que vous comprendrez) 


Des photos les petits fantômes

Ce n'est pas nouveau, ça ou là dans les albums-photos (virtuels ou non)

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C'est la photo qu'on publie sur laquelle figure un groupe d'anonymes, ils ne sont pas le sujet, simplement des figurants d'autre chose qui nous intéressait.

Et quelqu'un nous dit, Mais je les connais les deux, là, ce sont des amis.

 

C'est une photo qu'on trie pour un grand ménage, autant dire longtemps après. Prise par exemple lors d'un salon du livre où l'on était présent afin de fournir ensuite des images pour le site de qui dédicaçait. On s'aperçoit alors, que la personne en face de l'ami(e) que volontairement on saisissait, est quelqu'un dont on a fait depuis connaissance alors qu'à ce moment-là on ignorait qui elle était.

 

Ce sont des photos argentiques développées en leur temps par un amateur presque bénévole de bonne volonté. Il le faisait le soir après son boulot, au lieu de lire, faire l'amour ou regarder la télé.

Alors parfois, sur les négatifs, il en a oubliées. Des images qui n'étaient ni plus réussies ni plus ratées que d'autres. Voilà des photos qui surgissent parfois 30 ans après, pour peu qu'on s'en donne la peine ; images toutes nouvelles d'un temps très ancien.

 

C'est une photo qu'on a prise de façades, au zoom, le soleil rasant leur offrait une lumière de beaux rêves. D'ailleurs on n'y voit pas grand chose : on l'a en pleine face. Mais on craint qu'un chagrin en efface le souvenir, on connaît notre appareil, on l'a bien en main, on prend le cliché au jugé. Plus tard on s'aperçoit qu'y figurait quelqu'un qu'on connaît, à l'une des fenêtres brièvement penché.

 

Ce sont aussi parfois des photos d'événements qui rassemblent une foule. On ne la prend pas de près. Vue d'ensemble. Et puis au moment de charger les images sur un album virtuel, de les organiser, on s'aperçoit qu'une scène de genre avait lieu au second plan des élans amoureux à l'engueulade définitive en passant par une mésaventure visible qu'un œil attentif saura repérer.

 

Le fantôme d'aujourd'hui m'a fait chaud au cœur.

 

[photo : la dame des toilettes de l'Imprévu de la rue d'Hauteville] 

PS : Je vous assure que je n'ai vu ce billet d'Embruns qu'après (au moment où j'éteignais l'ordi en fait, avant de me mettre en route vers de nouvelles aventures.



Bienvenue au p'tit nouveau

Lu aujourd'hui, dans ma chambre

 

Oh comme ils ont l'air calmes et beaux certains bébés quand ils dorment.

Oh comme je suis contente de la venue de celui-là des p'tits nouveaux. Oh comme j'ai hâte de faire sa connaissance.

Entre cette jolie venue et l'inattendue bonne nouvelle de jeudi, dont je ne suis toujours pas remise, j'en ai oublié d'accueillir le sunday evening five o'clock blues. 

Ce pourrait-il qu'en ce monde chaotique, il y ait (un peu de) place pour du bon aussi ?

 


Essayez Gand !

Aujourd'hui, malgré tout

 

Pour la nouvelle première fois depuis un moment, j'ai acheté ce matin Libé pour sa Une, Che bella prima comme écrit Roberto Ferrucci.

Mais bon du coup puisque je l'avais, le journal, je l'ai un peu lu ou plutôt, puisque c'était un jour de course (1) parcouru.

Suis allée prendre des nouvelles de Ch. et Er. en page Messages Personnels et même si je suis de plus en plus persuadée qu'il s'agit d'une fiction destinée à tenir les lecteurs en haleine (2). Et d'ailleurs ça fonctionne puisque lorsque j'achète le journal ils sont la 2ème chose que j'en lis - la première étant celle qui a fait que pour une fois je l'ai à nouveau acheté -.

Alors voilà qu'ils se donnent un rendez-vous amoureux à Bruxelles maintenant. 

Cher Ch. & Er., qui que vous soyez, méfiez-vous. L'amour à Bruxelles, ça ne fonctionne pas, pas vraiment. Et je sais de quoi je parle. Essayez Gand.

 

(1) Pas au sens de les faire mais à celui de cavaler presque sans arrêt, et pour du bon, d'ailleurs en soirée.

(2) Qui diable aurait les moyens de dépenser tant quand il est de nos jours si facile de trouver des moyens de communication ?

PS : Il y avait également une annonce de qui pour un projet de films d'animations cherche des personnes qui ont déjà rêvé du président (de la république). Je n'ai pas compris s'il s'agissait de celui d'actuellement ou d'en général - personnellement quand un président de la république française fait une panouille dans mes rêves, c'est plutôt François Mitterrand -, mais l'adresse est :

[email protected]

PS' : Après les magouilles d'un Grand Jacques et les errements du petit Nicolas, retrouver un François serait un soulagement.


Battre la campagne

à l'instant, transmis par ceux que j'aime sur mon internet préféré

 

Je ne saurais jamais si la politique m'intéresse, disons que j'aimerais pouvoir m'offrir le luxe de m'en désintéresser, ce sont les humains et la société qu'ils constituent qui me rendent attentive. Mais des questions d'enjeux de pouvoirs, alliances et désalliances, financements et coups tordus, c'est comme la haute et sale finance j'aimerais pouvoir laisser tout ce fatras à ceux que ça amuse, à ceux à qui ça plaît.

Manque de bol, l'air du temps veut que si on laisse faire, c'est un immense n'importe quoi. On finit donc par se sentir obligé(e)s de s'en mêler chacun à sa hauteur. Moi c'est écrire et m'engueuler avec des gens que je connais, en éviter certains autres depuis qu'ils sont devenus xénophobes alors que moi, non, toujours pas.

Comme me faisait remarquer l'homme de la maison avec une tendresse infinie, Toi, si l'extrême droite passe, tu auras des ennuis.

Ben c'est probable que oui. C'est pas ma faute si je considère que la nationalité qu'on a sauf à en changer volontairement en cours de route, c'est à des enchaînements de circonstances qu'on la doit, et qu'aucune n'est supérieure ni inférieure à une autre. Les frontières se sont les humains qui les ont créées, pas la planète qui accepte encore (un peu) de nous héberger.

Bref, alors la campagne électorale, je la suis via des lectures d'articles, surtout pas à la télé et le moins possible à la radio. Et via les copains internautes dont je sais certains fins connaisseurs, les analyses subtiles, les avis pertinents.

Alors il me semble que cette série sur Télérama sera parfaite pour les gens comme moi, qui prennent à cœur leur devoir de citoyens sans vouloir non plus se laisser gaver la tête. En plus que les textes, vus à qui ils sont confiés ont toute chance d'être bien écrits.

Journal à cent voix

et le premier article est  (Marie Desplechin, rude boulot que d'ouvrir le bal).

Demain, Dominique Manotti que j'attends aussi de lire avec grand plaisir.

Merci à Hervé Le Tellier.

 

 


La journée de la demande intempestive

Ce lundi, à Paris (ou tout près)

 

Depuis fort longtemps j'ai compris que j'avais une tête à chemin, c'est toujours à moi qu'on demande sur un ensemble de piétons, les gens n'imaginent pas à quel point ils sont importuns  - surtout ils ne savent pas qu'ils ne sont pas les seuls à demander et qu'à un moment donné, on aimerait être laissé tranquille dans ses pensées ; depuis que je suis boutiquière et que je renseigne plus souvent qu'à mon tour, je sature dans la rue dès 5 ou 6 demandes (2) -.

Mais en ce lundi, j'ai eu des variantes, comme si un brin de fantaisie était dans l'air du temps.

- On se connaît ? (un homme)

- Vous cherchez un job ? (un autre homme)

- Vous auriez 50 centimes ? (une jolie blonde, bien habillée, jeune, et qui ne donnait absolument pas l'impression d'en avoir besoin et comme j'étais interloquée et fatiguée c'était au soir et je guettais un train qui n'arrivait pas, j'ai dû répondre de travers, quelque chose genre Non, mais pourquoi ? (1) ce qui m'a valu un non moins décalé Dieu vous bénisse).

Le jour suivant a vu le retour des noms de rue.

 

(1) En fait dans mon idée c'était "Mais pourquoi 50 centimes ?" (tant qu'à demander aux gens individuellement autant demander 1 €, non ?)

(2) Sauf si elle est émise par un beau mec fabuleux avec un grand sourire, mais il faut bien constater que les beaux mecs fabuleux ont hélas aussi le sens de l'orientation.