Salut à toi la Fille aux craies, et grand merci
20 août 2011
Ce matin, mais où en fait ?
Je ne crois pas que nous nous soyons croisées dans le monde concret où peut-être lors d'un Paris Carnets du temps où ils attiraient foule et où il était difficile de retour dans la vie grise de se souvenir de chacun de ceux avec lesquels on avait trinqué.
En revanche je sais avoir suivi son blog à différentes époques, chaque fois que les turbulences essentiellement fatiguo-professionnelles de ma propre vie m'en laissaient le répit.
Je crois que c'est grâce à Chondre que nous nous sommes croisées. Cependant comme souvent avec ceux et celles qui en viennent à compter, j'ai le sentiment qu'on se connaît depuis bien avant, enfin bien avant, 2005, je dirais ; à moins que ce billet ne soit pas le premier où nous nous soyons entrevues.
Elle ne parlait pas de [sa] maladie sauf période que j'aurais manquée ou tout récemment dans ce billet mais j'avais reconnu chez elle cette qualité d'humour qu'ont ceux qui savent concrètement et de près combien c'est fragile une santé. Incisif, noir et tendre (jamais bête et méchant) qui est comme une politesse, une forme ultime d'élégance.
Ces derniers temps, alors qu'en retrouvant une existence plus sereine, je recommençais à lire chez les amis avec une sorte d'irrégularité régulière, on se croisait plus solidement. Nous nous entretouitions avec bonne humeur et certains soirs où je traînais lamentable entre saine mais lourde fatigue de mon bon boulot et chagrins amoureux elle m'a fait bien du bien.
J'ai les mots pesants aujourd'hui, du mal à garder le cap de mes pensées, un peu comme mon appareil photo lorsqu'il fait trop sombre et que je lui demande de faire une mise au point qu'il parvient un instant à atteindre mais ne peut conserver.
Quelqu'un que j'aime avait besoin de mes services dans un domaine qui me convient (relire et qu'on en cause), je ne m'en sens pas capable pour l'instant. La part de moi qui sait est dans le deuil un instrument fragile et désaccordé.
Je ne parviens pas non plus à expliquer à ceux des miens qui ne pratiquent pas ou peu l'internet combien le chagrin n'a que peu à voir avec le fait de se connaître "en pour de vrai" ou non ; c'est sans doute mieux dit là (1) que je ne saurais l'exprimer. Et que ce n'est pas parce que #Nibbler et #Supermari n'ont jamais eu l'occasion de sortir de leur touitesque virtualité que je sais faire abstraction de la peine (2) qui doit être la leur aujourd'hui.
Ils seraient sans doute surpris de savoir que si tout ceux pour qui leur mère et compagne a compté se rassemblaient, ça ferait une petite foule nombreuse et diversifiée.
On est en effet un peu plus que quelques-uns pour qui le café avait un goût amer (3), dans nos cuisines ce matin.
Reste à espérer que #Nibbler devenue grande pourra s'en venir glaner parmi ses écrits, s'ils perdurent sur l'internet, une présence maternelle qu'elle n'aura pas eu le bonheur de goûter autrement, et que de liens en liens elle découvrira combien c'était quelqu'un de bien et de bien-aimé.
Merci encore @fiocree et courage à ceux qui doivent continuer.
(1) chez Daria Marx, Ces gens qui n'existent pas.
(2) je ne trouve pas de mot adéquat, peine ne suffit pas, mais l'emphase d'autres termes serait malvenue.
(3) chez Sasalaloute, Le goût (amer) du Nespresso dans ma cuisine.
PS : Chez l'une de ses amies, qui nous aura vaillamment donné des nouvelles (encore merci) et également avec une discrète élégance dont j'aurais aimé être capable (ce billet est la preuve que non) chez quelqu'un que nous avions en commun sans que je le sache (ou bien j'avais su mais sans faire le rapprochement, je suis très forte pour ça, j'ai quand même mis 8 à 9 mois pour me rendre compte qu'un film que l'une de mes amies évoquait en l'appelant "Sarah" et l'autre "Elle s'appelait Sarah" était le même).
PS' : Pour ceux qui se posaient la question, je crois que La Fille Aux Craies s'appellait ainsi en raison (sans doute d'autres aussi, les choix humains sont souvent polycauses) de ce texte qu'elle avait écrit.
Addenda du 25/08/11 23h33 Un autre billet ici (Petite parisienne) et chez Matoo qui a pensé comme j'aurais pensé si j'eusse été en vacances en ce samedi, avec entre autre un lien vers ce billet d'Alexandre Bernique que je ne connaissais pas (ni l'un ni l'autre en fait) - nous avons eu un peu la même réaction -.