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La prolifération (mystérieuse ?) des camions blancs

Ces jours-ci dans Paris (ou tout près)


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Il est curieux, et j'en ignore la cause, de noter que depuis quelques jours je croise souvent, près de mon domicile ou d'autres lieux fréquentés, des camions blancs, entièrement blancs, et de taille modérée.

Serait-ce la saison des déménagements ? Des tournages de cinéma ?

N'étant en rien concernée, je ne peux me soupçonner d'être victime du syndrome de la femme enceinte qui soudain a l'impression que toutes les autres le sont. Je suis donc persuadée de croiser objectivement beaucoup plus de camions blancs qu'à l'ordinaire.

Si quelqu'un entrevoit une explication ...

[photo : par exemple ]

PS : Ce qui les fait remarquer est qu'ils sont totalement dépourvus de publicité. C'est devenu si rare.

 


Le billet que ma coiffeuse ne doit surtout pas lire

this very morning and now on

Photo 1081 C'était ma visite annuelle chez le coiffeur. L'ironie de mon sort, qui est très compétitive, a voulu que je trouve enfin une bonne adresse où je me sente bien, juste dans les temps où j'ai commencé de quitter l'Usine - donc moins besoin d'avoir l'air d'une dame dynamique et moins de moyens, ce qui fait que vu mon peu de goût pour la représentation et les apparences, bref, en résumé :

J'ai trouvé un bon coiffeur à partir du moment où je n'y allais (presque) plus.

Le rendez-vous était pris longtemps à l'avance pour cause d'emploi du temps à coordonner avec celui de Stéphanot lequel avait lui aussi besoin d'une coupe, ses cheveux épais et drus supportant si mal l'allongement qu'il n'a lui-même pas envie de s'essayer au long.

Nous ignorions donc qu'il allait tant pleuvoir.

Or mes cheveux ont la particularité de friser sous la flotte.

Très professionnelle, la personne qui me coiffe quand je fais une apparition au salon s'est appliquée à me faire une jolie mise en plis avec un mouvement lissé-venté so much seventies qui me ravissait et faisait s'esclaffer le garçon, signe que c'était réussi.

À 10h39 nous sortions de l'officine. À 11h45 nous étions de retour à la maison. Du coiffage il ne restait rien que des boucles en bataille (1). Je ne serai jamais une femme élégante. Pas plus d'un quart d'heure, en tout cas, par temps de pluie.

 

(1) qui font seventies aussi, d'ailleurs, mais dans un autre style.

addenda du 24/07/11 dans l'après-midi : En fait ce qui m'est arrivé est exactement ce qui est dessiné là, mais dans l'autre sens (je veux dire en ordre chronologique inversé)

Bad hair day

(et sauf que ça ne se passait pas à New-York mais à Paris, c'est moins glamour je sais)

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La brosse à dents

Un mercredi soir, je crois

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Fort fatiguée par ma journée, je me pose un instant sur un banc avant de descendre dans le métro. J'ai besoin de rassembler un brin d'énergie, un restant de courage.

Et accessoirement un ou deux textos à envoyer, entre autre pour prévenir que j'ai acheté le pain et qu'il est inutile que s'en charge un autre de la maisonnée.

J'entends alors un bruit familier mais en même temps étrange. Le bruit est habituel, c'est l'entendre en cet endroit qui assurément ne l'est pas : quelqu'un se brosse les dents. 

C'est un homme. Il se les lave grâce à l'eau de la pompe dont le square dispose, procédant avec minutie. 

On pourrait croire à un gars de la rue, le quartier compte son équipe de clochards habitués. Ou bien à un touriste qui s'accomoderait de ce qu'il a pu trouver.

Mais tout dans l'habillement, l'allure et l'attitude du laveur de ses dents semble indiquer qu'il travaille non loin, qu'il est cadre, qu'il occupe probablement un (prestigieux) emploi.

Je n'ai pas voulu le gêner par un regard trop insistant, et lui adresser la parole était en cet instant exclu.

Le mystère de l'homme plutôt élégant qui se brossait les dents près d'un banc (public) restera donc entier.

[photo : peu après]


They made my day

Aujourd'hui, dans Paris puis Clichy

 

Il est grand et élancé, vêtu sur un mode "corporate léger", veste de costume clair sur pantalon d'été, chemise mais sans cravate et ces petits sacs devenus à la mode après être nés dans les pays de l'est années 70. A la station Pyramides il dévale les escaliers avec une aisance que bien qu'aidée de mon côté par un escalator je peine à imiter.

Je me remémore amusée ce matin d'entraînement en piscine où voisinant de ligne une championne de niveau international j'allais tout juste aussi vite qu'elle, elle sans palmes et moi avec.

Soudain il bondit sur la rampe qu'il dévale assis et me distance ainsi.

Qu'il ait eu cette fantaisie et l'art de le faire avec un naturel fini m'a mis au coeur un sourire qui me tient compagnie.

Plus tard je le retrouve, notre métro était commun. Il est effectivement jeune, passe (ou reçoit) un appel qui semble professionnel et son air triste et soucieux après qu'il a raccroché contraste avec la chorégraphie allègre dont je peux témoigner.

 

*    *    *

 

Le trottoir est large en cet endroit et ils sont un peu écartés l'un de l'autre. Pourtant quelque chose (mais quoi ?) indique que c'est un couple, un tout jeune couple que je croise là.

Plus près je comprends leur écart : elle est absorbée par la rédaction d'un message sur son téléphone et insensiblement les pas qu'elle accomplit d'une façon mécanique la mènent vers la rue et si moi-même en sens inverse je m'abstiens d'un pas de côté, nous allons nous percuter. Le jeune homme passe alors un bras autour de son épaule et la ramène insensiblement vers lui avec à mon adresse un bon sourire d'excuse. Il y a si peu à pardonner. Mais j'accepte ce don volontiers. Elle se laisse guider, si concentrée qu'elle ne remarque ni le mouvement, ni ma présence qui l'a causé. Ils étaient beaux, elle si confiante, lui amoureux.

Peu après la pluie s'est remise à tomber ; Sans eux grise journée.


Le sens SNCF de l'exagération

Satin Lazare, matin pluvieux

 

Un signal sonore familier appelle l'attention des usagers, qui s'attendent à une annonce sur un retard de train, un changement de voie, une modification de destination. Par précaution je prête l'oreille et entends :

" Les conditions climatiques rendent les sols de la gare glissants [...]" suivi d'une injonction à faire gaffe comme si nous autres voyageurs étions de tout petits enfants. Outre que je ne supporte pas cette infantilisation grandissante dont nous faisons l'objet - tout en étant traités pour les services attendus avec de moins en moins de considération -, il m'a semblé que l'annonce était un tantinet exagérée :

tout simplement, il pleuvait

(et pas même un orage, rien de particulier, une bonne averse en fait).


Le fond de l'ère effraie (petite annonce aux relents putrides)

Hier, dans Libé


P7020154 Un des petits plaisirs du Festival consiste en la mise à disposition de Libé gratuitement aux festivaliers. Il n'est bien sûr pas évident ni d'en trouver un, ni de le lire, tant l'emploi du temps du cinéphile moyen y est chargé (1).

J'ai cependant eu hier et la chance et un moment (durant un bref déjeuner de sardines grillées).

Intriguée au même titre que Chiboum par les "Ch." et "Er." qui s'échangent depuis un moment sur les pages, et même parfois émue, je suis allée jeter un coup d'œil sur les "Messages personnels".

Ils n'y étaient hélas pas.

Une annonce pour location m'a en revanche sautée aux yeux, ainsi amorcée : "JF salariée d'origine alsacienne 40 ans valeurs ss enfants non fumeuse recherche chambre à louer dans appartement calme [...]".

Suis-je la seule à n'avoir surtout pas envie de louer à cette personne pour six raisons au moins (sur 18 mots, c'est un bon score) ?

La seule aussi à m'étonner que cette annonce paraisse dans Libé et à penser qu'elle aurait auprès du lectorat figaresque davantage de chances de succès ? Pour un peu je croirais que cette annonce est un fake destiné à voir si les lecteurs s'en émeuvent. Ou sinon, Libé n'est décidément plus ce qu'il était.

Que quelqu'un mette en avant cette quirielle de "qualités" dans l'espoir d'obtenir un logement, et à un an d'élections présidentielles où la menace de retour vers le pire passé n'a jamais été si forte, je trouve ça flippant.

J'ignore si j'ai des valeurs mais je sais solidement que ce ne sont pas les mêmes.

Vieille mère de famille proche 50aine aimant la vie, origines italo-normando-bretonnes et qui sait quoi d'autres, non fumeuse mais si vous disposez de bon chichon ça se négocie, buveuse de whisky et mauvaise ménagère, internaute invétérée, rentrées d'argent irrégulières, ne cherche rien à louer, tant pis.

 

(1) Ceci n'est en rien une plainte : quel festin !

PS du 04/07/11 : titre légèrement modifié sous une suggestion d'Anitalabaleine, et le succès du billet