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Sur huit

mardi, bas des Champs (Élysées, Paris)

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Ici ou là [lien à retrouver] on constate que les humains du moins en nos occidentales contrées, lisent de moins en moins.

Je passais rapidement au théâtre du Rond Point acheter des places complémentaires à l'abonnement prévu (1), marchais donc d'un pas pour moi vif (2) en sa direction, coupant par un chemin plutôt que de longer les Champs Élysées, bruyants.

Le long du chemin des bancs. Huit bancs (j'ai compté (après)). Tous à la fois vides et occupés puisqu'ils contenaient exactement chacun une et une seule personne.

C'est cette configuration qui m'a d'abord amusée avant que me saisisse une impression de fatigue. Non pas ma fatigue, à laquelle je suis habituée, mais bien une lassitude généralisée.

Soudain j'ai compris. Sur les huit personnes, trois dormaient, hommes de tout leur long, femme assise et droite mais bien les yeux fermés.

C'est alors que j'ai pensé : Lit-on encore ? Et regardé.

À part les trois dormeurs, j'ai pu dénombrer une mangeuse (sandwich, sans doute sa pause-déjeuner quoi qu'un peu décalée puisque l'après-midi s'entamait), un téléphoneur dont l'air sérieux, tendu et concentré laissait à supposer que l'appel était pro., un autre qui lisait des documents d'apparence professionnelle, feuilles format A4 reliées en "boudins", et quand même deux qui lisaient des romans. Si je mets les dormeurs de côté qui semblaient surtout épuisés, ces deux-là étaient les seuls à avoir l'air serein voire même un peu joyeux.

Tout n'est peut-être pas perdu du plaisir des mots.

 

(1) Ce qui s'avéra impossible es-qualité, s'en souvenir pour une prochaine fois, faire le tour des (po)potes avant d'acquérir les billets de l'ensemble de l'abonnement. Il s'agit probablement d'une restriction destinée à éviter les trafics, mais elle pénalise les familles et les petits lots d'amis.

(2) C'est à dire en fait sans doute relativement lent, je suis quelqu'un à basse tension.

[photo : sur place mais un peu après]

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Rien n'échappe au capitalisme pas même les fuites des hommes

Samedi matin, petit supermarché de proche banlieue

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Notre organisation familiale m'épargne d'aller trop fréquemment au super- ou à l'hypermarché et ça me convient tout à fait.

Parfois comme ce mois-ci, il me faut plus de 3 semaines et une relative urgence typiquement féminine (1) avant de parvenir à me rendre au plus proche magasin faire quelques compléments ciblés aux grosses courses hebdomadaires.

Il se peut donc que je ne remarque que tardivement une évolution déjà ancienne, ou que je crois nouveau ou local un produit déjà courant (2).

Depuis longtemps déjà, des couches pour vieux étaient apparues auprès des couches pour bébés et des protections anti-fuites des dames auprès de celles périodiques des belles années. J'ai remarqué ce samedi que les hommes aussi désormais avaient leur spécificité.

Je suppose que ces protections sont très utiles à qui en a besoin, et que leur existence en soulage certains. Leur mise à disposition dans le moindre supermarché de quartier est donc probablement un progrès. Mais ce qui est fascinant pour qui est né en des temps d'achats parcimonieux c'est cette capacité qu'a une société à la consommation emballée à proposer le moindre objet pour la plus petite parcelle de nécessité, dès lors qu'on estime qu'il y a un marché.

Je suppose qu'on en viendra bientôt à des modèles de brosses différents selon la longueur de nos dents (3), des mouchoirs en papier de tailles variables selon le type de rhume, de lessive différente selon qu'il s'agit de laver des chaussettes, des tee-shirts ou des taies d'oreiller.

 

(1) Difficile de prévoir les stocks lorsqu'on est au moins deux concernées

(2) Comme l'an passé la lessive noire.

(3) Bien plus segmenté que le classique Junior / Senior


En un labyrinthe au dimanche matin semer ses chagrins

Ce dimanche, sans quitter ma cuisine

Image 68 Vous vous réveillez fatigué(e), plusieurs rêves de la nuit, vous a-t-il semblé, vous voyaient perdre connaissance et au réveil vous vous demandiez si de fait vous n'aviez pas à l'intérieur même du sommeil subi des pertes de conscience. Brêves mais absolues.

Votre corps réclame une pause, avril et mai furent des mois de cavaler sans arrêt, du travail à tous les étages sur fond d'un chagrin qui sape l'énergie, et de deux autres, plus anciens, éteints comme un volcan peut l'être ou des canards hypertendus, mais qui n'arrangent rien.

Vous peinez à démarrer cette journée que votre état vous fait décider de congé, ce congé très relatif des mères de famille, il y aura du rangement, de la lessive, un peu de vaisselle, inévitablement, mais rien de plus, promis (1). Et surtout vous ne bougerez pas, la carcasse cette nuit vous a fait comprendre que vous étiez au dela de son épuisement. On ne peut éternellement réclamer des services au corps lorsqu'on n'est plus capable de lui offrir du bon.

Rien de tel alors qu'un petit tour des blogs des amis, ceux qu'on lit plus pour prendre de leurs nouvelles que pour la lecture même. Ceux qu'on lit comme on retrouverait les potes au café du coin. Mais sans descendre de chez soi. C'est à la fois se reposer mais sans être  seul(e). Vous aimez ça.

Un billet chez Alice vous fait sourire. Hé oui, c'est pas parce qu'on est des filles que les maths on n'aime pas. Comme aujourd'hui c'est congé, je me laisse aller de liane en liane de liens en liens et chez Choux Romanesco, vache qui rit et intégrales curvilignes, un des blogs qu'elle indiquait, tombe sur cette pépite :

Le labyrinthe dont vous êtes le héros

Adieu douleurs, chagrins et tête qui tourne, vous y tombez avec délectation, les labyrinthes volontaires étant si infiniment plus cléments que ceux dans lesquels nous abandonne la vie, et vous vous amusez comme un jeune enfant. D'autant que la présentation humorisée s'y prête. Merci à qui tient ce blog pour le merveilleux boulot fourni (2).

Votre journé, enfin, peut commencer.

 

(1) Bon, et puis aussi vous avez une nouvelle à terminer et depuis hier une autre pour mi-juillet, qui ne sera pas prise mais vous décevrez un ami si vous n'essayez pas.

(2) Je me doute bien un peu du temps que ça a pris.

[photo extraite du blog cité, car je ne sais pas le faire moi-même]

 

PS : Il semblerait que mi-mars plusieurs messages qu'on m'a envoyés ne me soient pas parvenus. Si jamais vous m'avez écrit autour du 15 de ce mois-là et que je n'ai pas répondu, n'hésitez pas à tenter à nouveau votre chance. Je mets souvent longtemps à répondre, mais pas tant que ça (encore que).

nb : Ce billet est un essai de Note en vous. Pour voir.

 


Tous ces gens, toutes ces peines

Le titre vient de ce billet chez "Détails et dédales" dont j'ai aujourd'hui retrouvé trace plusieurs années après l'avoir malencontreusement semé (changement de vie et d'ordinateurs agrégateurs inclus). Je constate que ses thèmes me lancent toujours autant : j'ai à peine le temps de me dire, pas maintenant, je ne l'écris pas maintenant, NON, je n'ai pas le temps que le 1er § est déjà là, suffit de laisser obéir au cerveau les doigts. Impossible de résister et le reste attendra.

 

Ce vendredi, vers quai de la gare

CIMG2045 Ce sont des cris qui m'ont alertée. Des cris constants et inarticulés. Sous le pont du métro aérien, une petite voiture était garée, sur le trottoir un peu devant, un enfant assis en tailleur, qui se mordait les mains et émettait les sons, tout en se balançant d'arrière en avant. Le tenant par les jambes, immobile, semblant silencieuse, une femme dont j'étais trop loin pour voir si elle lui ressemblait, ou lui à elle, mais qui pouvait être sa mère. Elle paraissait attendre, fataliste et patiente, la fin de la crise.

 

Des cris comme parfois je poussais avant qu'on consente à m'apprendre à lire, le cerveau était trop vide et trop plein, il grésillait d'impuissance, c'était à en hurler, et puisque petite, trop petite pour contenir, parfois je le faisais. Pas assez futée pour piger toute seule comment on devait associer les lettres pour pouvoir décrypter mais ne supportant pas non plus l'inactivité forcée. Quand j'ai pu enfin sauter seule sur les histoires qui vivaient dans les pages imprimées, tout est redevenu fluide et les seuls à crier dans la maison ne furent plus, fors quelques bêtises réprimandées, que mes parents lorsqu'ils se disputaient.

J'ai donc pensé à un enfant autiste, lorsque l'orage intérieur éclate vers le dehors. Mais je peux me tromper. Il restait très constant dans les cris et ses mouvements. Leur situation semblait à la fois sous contrôle mais potentiellement éternelle.

La voiture avait toutes portes fermées, était bien garée le long du trottoir ; si l'arrêt avait été précipité la manœuvre n'en avait pas moins été maîtrisée. La dame semblait très calme. Ferme. Je l'ai imaginée habituée. Là aussi, je peux me tromper.

J'avais un rendez-vous médical courant, mais néanmoins fixé et je sais qu'un retard peut décaler les autres patients. Je n'ai pas conduit depuis 7 ans (je crois) et mon permis vit un doux délaissement dans un lieu secret de mon appartement. Tellement secret que j'ignore où. Je ne passais pas tout près, signe d'ailleurs que les cris étaient forts.

Le feu piéton d'où j'étais est passé au vert à l'instant même où j'hésitais, j'ai donc poursuivi mon chemin en me persuadant que mon aide éventuelle, maladroitement proposée, venant d'une inconnue aux faibles compétences, aurait été refusée et peut-être pesante - Ça lui arrive souvent, ça va passer (laissez-nous en paix) -, qu'ajouter de la gêne à une situation pénible n'est pas toujours une bonne idée, et qu'aussi j'ai pour quelques années encore l'air du sud ce qui rend certains méfiants. Mais je ne sais toujours pas si j'ai ou non bien ou mal fait.

Il n'empêche que peut-être la femme qui tenait l'enfant en l'attendant plus calme, ça l'aurait dépannée que quelqu'un propose de prendre le volant pendant qu'elle restait aux places arrières à ses côtés, que sans doute ils étaient attendus quelque part où ils n'arriveraient que trop tard (ou pas).

Je ne le saurai jamais.

 [photo : non loin de là, en temps comme en distance]


Mon sang fait la différence, oui mais justement (billet ambivalent)

Des limites des opérations marketing quant à certains sujets.

 

Voilà 10 ou 15 ans (1) qu'un citoyen pas spécialement fortuné a dans ce pays la possibilité d'avoir (au moins) une adresse de messagerie électronique et que très rapidement tous ceux qui avaient quelque chose à vendre ou une sollicitation à exprimer ont envahi nos boîtes à lettres. Nous avons appris à nous en protéger, parfois d'ailleurs au détriment de vrais messages qui se retrouvent coincés.

Par ailleurs, les transfusions sanguines restant pour le moment nécessaires (2), et le système du don étant fort fragile dans une époque du "tout se paie" et du "chacun pour soi", il n'est pas surprenant que l'établissement français du sang multiplie les modes d'appels.

Me voilà donc par le biais de j'ignore quelle revente d'adresses et comme sans doute tant d'autres internautes, soumise ces temps-ci dans ma messagerie à cet envoi répété de leur part en manière d'injonction "Votre sang fait la différence".

Ça tombe précisément que mon sang n'est pas tout à fait ce qu'il devrait être, oh rien de bien grave, ça s'appelle béta-thalassémie et j'ai la chance inouïe de l'avoir sur un mode mineur ce qui ne m'empêche en rien d'avoir une vie. Le résultat de ce petit défaut de fabrication fait de moi une anémiée permanente, quelqu'un qui ne sait pas bien ce que c'est de n'être pas fatiguée - il m'est si exceptionnel de ne pas l'être que sur une vingtaine d'années je compte en peu de mois les jours où je ne l'étais pas, généralement grâce à l'amour, Johnny (3), ou autres moments de tellement belle vie ou si incroyable que la carcasse se laissait oublier (généralement pour mieux se venger dans les temps d'après) -.

Il m'arrive plus souvent qu'à mon tour de pleurer d'épuisement, de ne pouvoir faire un pas de plus, d'être foudroyée de sommeil sans même sentir venir, ce qui n'est pas sans danger. D'avoir dû renoncer à faire l'amour (4) parce que sans plus aucune force.

Toute ma vie durant et voilà qu'elle commence à être étonnamment un peu longue, mon sang, effectivement, aura fait la différence. On ne peut pas mieux dire. Je ne peux pas l'oublier. Il se passe rarement un jour sans qu'un moment de moins bien ne vienne me le rappeler. Et pourtant c'est pas faute de me battre, de "faire malgré", de bosser parfois plus que ceux de pleine santé simplement parce que c'est ma seule défense possible (5), du moins la seule qui semble à ma portée.

Donc voilà, mon sang, voudrais-je l'offrir, on n'en voudrait pas, je tombe sous le couperêt des deux premières conditions de rejet :

don de sang : pourquoi les contre-indications existent

Je ne les conteste pas, même si je trouve odieuses parmi les suivantes celles concernant l'homosexualité masculine. Qu'elle soit emballée sous une proprette apparence statistique sans doute peu contestable ne change rien à l'affaire, cette exclusion de principe peine.

 

Et je suis surprise, voire estomaquée, qu'un simple détartrage puisse empêcher quelques jours de donner. Je comprends très bien qu'il s'agit d'être extrêmement prudent et sais aussi de ceux qui périrent des conséquences d'une époque qui le fut moins. Donc sus à l'homosexuel anglais grand amateur de steack tartare de vache folle dont une carie hier a été soignée alors qu'il vient de se remarier (ah non zut il a pas le droit, donc : ) de changer de partenaire sexuel (6) depuis moins de 4 mois.

Vous qui lisez ce billet, si par chance formidable vous êtes de pleine santé, ni trop jeune, ni trop vieux (7), ni trop maigre (8), ni trop gros (9), et que vous menez une vie sexuelle remarquablement sage et monogamique (10) ainsi qu'une vie dentistique prudente et parcimonieuse, je crois qu'ils ont vraiment besoin de sang pour en arriver de solliciter à ce point-là, et ça peut arriver à chacun d'entre nous d'être demandeur demain. Donc vraiment, si vous pouvez, donnez. En pratique pour qui est éligible, ça ne semble pas compliqué.

C'est de l'être qui l'est.

Mais de grâce, système de gestion des appels aux dons, cessez d'envoyer vos sollicitations en masse avec des accroches à la con. C'est cruel. Inutilement.

 

 

(1) Bien sûr avant c'était déjà possible mais il fallait être large dans son budget et peut-être un peu bon technicien. Je parle ici de l'internet des familles, de celui qui en France a supplanté le minitel.

(2) J'imagine que tôt ou tard on saura s'en passer, synthétiser ce qui manque au patient malade, blessé ou opéré et rien que ça sans devoir recourir à la production artisanale et imparfaite d'un autre être humain.

(3) Hé oui !

(4) Du temps où j'étais encore capable d'intéresser un homme. Au fond, finalement, le problème est réglé.

(5) Ceux qui ont des maladies autrement plus graves et menaçantes savent encore mieux que moi ce dont je veux parler.

(6) Je connais quelques personnes, peu importe leur orientation sexuelle, que ce singulier dans le texte doit bien faire rigoler. Luc Ferry aurait-il sévi dans son élaboration aussi ?

(7) Passé 60 ans on peut encore mais c'est plus compliqué.

(8) Il faut peser plus que 50kg.

(9) Comme peut paraître étrange cet argument qui dit qu'en cas d'obésité les veines peuvent être difficiles à trouver. Est-ce vraiment la raison ? (ce n'est pas une question rhétorique, j'ai un doute d'ignorance)

(10) Je l'écris sans ironie, quand je suis amoureuse de quelqu'un qui m'aime, je suis monogame sans même y penser, y compris sur de longues périodes fougueuses et apaisées.


Mot d'excuse

ces semaines de mai (et juin sera pire)

 

Je suis donc en retard dans tout ce que je fais, vie plutôt belle mais trop remplie, où je ne parviens plus même à faire mes lessives, tenir mon fotolog, participer au Petit Journal et ouvrir le courrier postal, répondre aux messages n'en parlons même pas, quant à suivre l'actualité c'est juste parce qu'elle est en ce printemps si mouvementé et terrifiante (je pense aux victimes au Japon et aux morts de guerres civiles / révolutions plus particulièrement) qu'elle est impossible à ignorer à moins d'un isolement volontaire draconien.

Je ne conserve le temps de lire que parce qu'il s'est professionnalisé, et n'écris plus, à nouveau comme dans ma vie d'avant, que sur des temps sauvés.

Je prie donc les parents et amis que mon silence ennuie ou mon manque de disponibilités (si vous voulez vraiment me voir vous savez où me trouver, même si ça manque d'intimité ; et sinon, de grâce, prévenez à l'avance (1)) de ne pas m'en tenir rigueur. Je ne suis pas fâchée. Et de toutes façons ne suis pas de ceux qui boudent donc mon silence a forcément une autre raison. Si je ne réponds pas c'est juste qu'aux soirs je m'endors en rentrant tout droit, qu'aux matins je cavale et qu'aux week-ends j'ai répondu présente à des vadrouilles proposées ou choisies.

Après la mi-juillet, ça devrait se calmer. Et j'envisage en août de ne pas ou très peu bouger.

Cette sur-occupation n'est pas un choix délibéré, elle découle d'engagements qui se sont développés de façons florissantes à un point que je ne pouvais imaginer. Et qui sont porteurs de bonheurs quand certains autres me sont refusés. Je ne peux donc m'en détourner, ils me font tenir.
Mais la vie qui m'irait serait de vivre retirée auprès d'un homme que j'aimerais et qui m'aimerait, nager au tôt matin après avoir délicieusement baisé, déléguer toutes les tâches ménagères et écrire toute la journée. Photographier lors de brêves sorties, pour le chien à promener ou du pain frais à aller chercher. Retrouver les amis pour deux ou trois heureuses soirées par semaine. Et continuer à lire tout le temps.

À part lire et nager et certaines soirées, c'est pour l'instant un peu raté. Déjà pas si mal, quand même, on dira.

 

(1) Vous qui n'êtes à Paris que de passage en coup de vent. Ce n'est pas que je ne veux pas qu'on se voie, au contraire ça me ferait plaisir, mais je ne suis pas d'accord pour annuler au dernier moment d'autres engagements auprès d'autres personnes et qui étaient prévus avant. Grand merci au passage à celui qui est passé samedi en ayant pris soin de proposer plusieurs dates possibles, et se revoir c'était si bien.


La folle du jeudi soir

Pendant un temps, certains jeudi

 

C'est le touite de @tellinestory qui m'y a fait (re)penser ainsi qu'une conversation joyeuse de samedi midi.

Depuis quelques temps je suis fort occupée et le jeudi suffisamment tard pour arriver quoi que je fasse et malgré moi, systématiquement en retard aux répétitions de la chorale dont je fais partie.

Comme nous sommes plus de 100, ce ne serait pas trop gênant si elles n'avaient lieu dans une école. Ce qui implique qu'en dehors des heures théoriques d'entrée et sortie la grille doive être fermée.

Sachant que j'arrive tard pour de sérieuses raisons, Sylvie, appelons-là comme ça, qui est l'une des responsables, m'avait dit Pas de problème tu m'appelles sur mon portable et je viens t'ouvrir.

C'est ce qui s'est passé pendant un bon mois d'affilée, parfois même je n'avais pas besoin d'appeler : arrivant à l'heure de la pause, j'entrais alors que Sylvie ouvrait pour ceux qui pour une raison ou l'autre devaient rentrer chez eux plus tôt qu'à l'heure prévue. D'autres fois j'attendais un peu. Mais toujours Sylvie venait.

Puis il y eu une fois où elle tarda vraiment. J'avais laissé 10 mn plus tôt un message sur son répondeur, curieusement impersonnel, celui de l'opérateur qui dit d'une voix de synthèse "Vous êtes sur la messagerie vocale du [...], laissez un message après le bip sonore", et je m'étais même dit que ça ne lui ressemblait pas, à Sylvie, un message d'absence si peu personnel. J'avais donc en plus envoyé un texto Salut c'est gilda suis à la porte pourrais-tu ouvrir s'il te plaît ?

Et puis quelqu'un était passé dans la cour pour aller aux toilettes et que j'avais hélé. Plus tard Sylvie m'avait fait remarquer que c'était bizarre, je lui avais dit avoir laissé un message et elle n'avait rien reçu.

- Même un texto.

(elle vérifie) - Je ne l'ai pas non plus.

Ce ne fut que deux jeudi après que Sylvie eut la bonne idée : Mais tu es certaine d'avoir mon bon numéro ?

Et effectivement le "Sylvie" que j'avais ne lui correspondait pas.

Depuis que j'ai le vrai, j'attends beaucoup moins.

Cependant, les Sylvie étant nombreuses dans mon répertoire comme parmi mes connaissances, j'ignore qui est celle qui s'y promène sans nom de famille et a dû pendant l'hiver se demander qui diable était la folle du jeudi soir qui appelait systématiquement en disant Je suis à la porte s'il te plaît ouvre-moi.

 

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Et la mobylette sépara (2ème partie)

La première est ici

(hé oui 2 ans et 3 mois pour écrire la suite d'un petit billet et ce grâce à un film, "Coup d'éclat" vu hier, invraisemblable mais malgré cela très bien, avec une Catherine Frot extraordinaire)

 

C'était en effet devenu en quelques années un cadeau traditionnel de réussite au BEPC. Ce n'était pas sans cause : le lycée en ces banlieues était généralement plus loin que le collège et l'on montait donc d'un cran dans l'échelle de la locomotion. C'était d'ailleurs assez amusant : à l'école on allait à pied, au collège en vélo et au lycée en mobylette.

Pour les plus fortunés. Ou ceux aux parents tolérants. Les miens jouèrent la carte du risque, je pressentais que cette prudence parfaite cachait un budget serré et le désir aussi de souhaiter pouvoir encore en les limitant d'amplitude maîtriser mes déplacements. Ma mère avait l'inquiétude facile et mon père les a-priori de contrôle sur une fille d'un père méditerranéen. Je n'ai pas cherché à lutter mais j'ai eu tôt fait de m'instruire, grâce à de généreux copains, et avais vite appris comment faire rouler la mécanique, en cas de besoin.

Le vélosolex, qui eût pu présenter un intermédiaire intéressant ne semblait pas d'actualité, je me demande si l'on en fabriquait encore (il y eut arrêt de production, puis plus tard reprise mais j'ignore les dates). Je me souviens d'y avoir pensé comme d'une alternative possible, peu m'importait ce que les autres en pensaient (c'était pour les vieux pépés).

La plupart de mes potes immédiats possédaient des parents directifs ou peu fortunés, nous restâmes donc un petit groupe d'irréductibles malgré eux, mais qui se tinrent chauds et continuèrent à pédaler pour se déplacer. Il n'en demeura pas moins qu'une fracture sociale s'opéra parmi les adolescents entre ceux qui en avaient une et ceux qui n'en avaient pas. Ceux qui dès lors avaient une belle autonomie géographique et ceux qui étaient limités à la force de leurs gambettes.

Des amours se sont perdues pour cause d'un des deux non motorisé auquel on préférait un pair. Des amitiés essouflées. Des stratégies élaborées : partir à 3, une mob et un vélo, monter à deux sur la mob et se relayer (1).

Je me souviens d'avoir longtemps tenu le coup et fait des trajets hebdomadaires de 7 à 8 km pour piano et entraînement de football. D'avoir abandonné, lorsque mon équipe féminine ferma, faute d'entraîneurs, quand j'eusse dû faire 12 km pour le club le plus proche. Alors qu'en mobylette je les aurais faits.

Cela dit, je n'étais pas à plaindre : en échange de mon relatif peu de protestations, mon père m'avait promis qu'il aiderait pour La Voiture, jugée indispensable à une vie d'étudiant puis professionnelle, qu'il ne savait pas comment mais qu'on se débrouillerait. Il tînt parole, et joliment.

(photo à venir quand j'en retrouverai).

Ce qui fit de moi, comme je passai le permis à 18 ans 1/2 une des premières vraiment motorisée. Et dûment équipée d'une sagesse toute neuve : il est inutile d'envier les possessions du voisin, au tour suivant de la vie qui va, on sera peut-être le mieux loti et ça n'est pas une fin en soi.

N'empêche, pour l'abandon du foot par manque de moyens pour y aller (2), j'en avais pleuré.

 

(1) Il me semble, à vérifier, que les casques n'étaient pas encore obligatoires, ou ça commençait à peine et donc beaucoup était toléré. Un peu comme en voiture pour les ceintures de sécurité, dont l'absence d'utilisation était d'autant plus rarement verbalisée que certaines voitures n'étaient pas entièrement équipées ni non plus d'appuie-têtes.

(2) trajet d'un patelin de grande banlieue à un autre = fors le ramassage scolaire aucun transports en commun. Les cars emmenaient vers les gares où des trains allaient vers Paris ou vers la ville d'un cran plus loin. Mais en transversal, rien.

 


La mariée mise en cabine par une passante, même

Une mariée se cache dans cette photo. Saurez-vous la trouver ?

(je ne sais plus comment s'appelait ce jeu de magazines enfantins, et qui généralement voisinait celui des 7 erreurs et un autre où en reliant des points numérotés on réalisait un dessin)

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