RER C - samedi 2 avril 2011 - aller
Cow-boy nu (un peu d'indécence, enfin !)

Dans un certain sens

Aujourd'hui entre la rue Traversière et la BNF

 

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C'est tout d'abord le numéro de rue, la petite plaque traditionnelle aux chiffres blancs sur un fond bleu et qui dit "23", que je remarque. Je la remarque parce qu'elle est située en hauteur et pas tout à fait à celle d'une porte. Elle est au dessus d'une enseigne seulement la boutique semble ailleurs, c'est tellement sombre en dessous. Et l'enseigne dit "Librairie X" et ma première réflexion est de me demander pourquoi dix alors qu'elle est au numéro 23 ?

Je n'élargis le champ de vision qu'après, et m'aperçois que la librairie n'est qu'un élément d'un ensemble plus grand ... et interdit aux moins de 18 ans.

Plus tard, je longe la scène Seine. Il fait trop beau pour retourner travailler en métro, je préfère marcher le long des quais puis traverser le fleuve via la passerelle Simone de Beauvoir. Deux hommes me dépassent, tenue "corporate" de rigueur, et j'entends l'un dire à l'autre :

"[...] des opportunités en amour."

Puis "[...] mais ça ne devrait guère changer plus de 12 ou 20 % de sa vie." et enfin quelque chose comme "domaine de financement" ou "directeur financier".

C'est alors que je lève les yeux. Je suis devant un grand bâtiment Nat*xis, vers lequel ils se dirigent. Et je comprends, mais un peu tard, que l'homme avait dit à son collègue "des opportunités en amont", s'agissant probablement d'une tierce personne et d'un poste auquel elle allait accéder (ou non).

J'avais eu le temps de me dire que décidément à notre époque l'amour se gérait comme un (bon) (ou) (mauvais) placement, et que c'était bien des hommes d'être capables de considérer les choses si froidement.

Non sans une certaine tristesse - combien a-t-il fallu qu'on m'esquinte pour que j'en vienne à penser ainsi -, et une solide honte, j'ai remballé mon préjugé mal placé. Et considéré qu'avec ma bécassine béatitude précédente, après tout, ça compensait.

Ce que j'ai vécu ces cinq dernières années et surtout ce que je ne vis pas, alors que je devrais, m'impose de bien étranges modes de pensée.

Le déjeuner qui précédait, heureusement, fut délicieux.

[photo : les mariés de la BNF, juste après - hé oui, parce que la BNF est un décor "tendance" -]

 

 

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