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Exactement ce dont j'ai besoin

Samedi soir, rue Lamarck (je crois)

PICT0021 Devenir hors-humaine un brin, ne plus avoir besoin de faire l'amour, ne plus non-plus avoir besoin d'aimer, pouvoir me passer de tout, de tous et de respirer. In fine, ne plus vraiment avoir besoin d'exister.

Comme je suis Celle de trop, ça en arrangerait plus d'un.

[photo réalisée sans trucage et ce n'est pas le 1er avril]

 


Les lieux du crime

Cet après-midi

CIMG9698

 

Je reviens d'un doux moment, mais les meilleures choses ont une fin, à la maison quelques nécessités m'attendent, "de ces activités que les femmes aiment tant" a dit la veille au soir Auđur Ava Olafsdottir, second degré même en français.

Il pleuvine.

Mon Olympus me manque et mon non-amoureux, mon non-amant, qu'un homme enfin m'aime vraiment et pas seulement en interstice, en complément ou à défaut d'une qui rend fou. Moi je sais rendre (un peu) heureux, mais voilà, dès qu'ils vont un peu mieux, les hommes s'en vont ailleurs et me laissent à ma peine, assez vite oublieux, passé de brefs remerciements et prends soin de toi, on se tient au courant ou encore, ne t'inquiète pas je ne pars pas (mais c'est à l'autre que je pense et plus rarement à toi) ; parfois même reconnaissants envers d'autres dans un bel élan d'amnésie protectrice (je suppose) - surtout effacer de sa mémoire les moments où l'on était si mal et qui vous a vu au plus bas -. Du fait même d'avoir aidé on n'existe plus.

Pour autant, pour l'aller je fus accompagnée, et là c'est moi qui dois remercier. Et le petit Casio du temps de Voice of a City, lui, est à mon côté. Alors je profite du trajet à pied pour faire une chasse-photos pudique, paysages plutôt que personnes, détails qui serrent le souffle ou cadrages amusants.

La conversation m'a aidée à y voir plus clair,  je crois enfin savoir ce qui me reste à faire quant au sujet de mon (principal) tourment. Les mois à venir seront de solitude. Survivre, sans doute, est à ce prix.

Je suis donc à la fois attentive à la vue, ainsi que toute photographe, et perdue dans mes pensées, ce qui est moins recommandé.

Qu'il soit juste affectif ou de grande tragédie, le chagrin nous enserre et nous rend aussi peu réceptifs aux beautés du monde comme à leurs accidents qu'admiratif au paysage un pauvre agneau qu'un aigle saisirait. Je suis depuis plusieurs semaines plutôt absente, en fait. Concentrée sur tenir le coup et préserver coûte que coûte la qualité de mon travail. Mais pour le reste, à côté.

L'actualité me parvient cependant ; son bruit atténué. C'est comme d'être cloué au lit enfiévré, lorsqu'on refait surface on ignore ce qui s'est passé, mais l'on a peut-être capté une bribe, deux mots à la radio ; on reste conscient que la planète tournait.

Et puis il faut remarquer qu'en ce printemps, et la fin d'hiver qui vient de précéder, l'actualité a été violente, forte, inattendue, pleine de dangers pour qui était directement concerné. Difficile de n'en rien savoir, fors être malade gravement, dans un coma sévère, inconscient.

Entre Tunisie, Égypte, Libye, Syrie (1) et par ailleurs Japon dévasté, s'étaient même glissées quelques informations plus locales, comme la mort d'un jeune gars, à 5 km de chez moi, la mort par embrouilles inter-bandes inter-quartiers et qui peut-être ne le concernaient pas, il suffit alors d'être "pris pour", mauvaise heure, mauvais endroit, objet hasardeux d'une vengeance absurde.

En arrivant sur zone j'avais remarqué les cars de CRS et m'étais souvenue, qu'effectivement on était par là où ça s'était passé. Pensée brève. Sans s'attarder.

Alors que je repars, longe un stade, et suis presque parvenue au métro, je suis surprise par quelques bouquets de fleurs, une banderole, une photo attachée aux grilles du terrain de sport. Je comprends que c'est l'hommage improvisé de ses proches au garçon tué, qu'il a perdu la vie précisément là, près de ces buts de football, non loin d'un chantier, d'une barre d'appartements déjà désaffectée et en voie de démontage, que ce sont peut-être ces tribunes verticales et étroites qu'il aura vu en dernier, qu'une vie interrompue avant son terme paisible ôte quelque chose à l'ensemble de l'humanité. Je pense aussi à ceux et celles qui ont déposé les bouquets, leur deuil, que le défunt avait l'âge de mon fils, que sa fin ne rime à rien.

Et c'est une tragédie qui me ramène au monde, moi qui vais bien, moi qui n'ai rien qu'un cœur métaphoriquement meurtri et un corps dans l'oubli.

Repense aux lieux du crime si tu te sens flancher.

 

(1) Liste non exhaustive, je sais que ça bouge ailleurs aussi.

[photo : non loin de là]

 


Les charmes de la campagne (électorale)

Hic et nunc ainsi qu'hier dans ma boîte aux lettres postale

 

CIMG9644

 

Il m'avait paru bizarre ce tract, mais bon je rentrais tard d'une rencontre en librairie à laquelle j'étais allée pour l'amie libraire bien plus que pour l'invité, un type très séduisant qui prône avec sagesse le retour vers moins de consommation sauf que lui-même ne montre l'exemple que partiellement (1).

Donc je rentrais tard après une journée à la BNF où j'avais bien bossé - ce qui me laisse généralement dans un état passablement "décroché", avec un seul pied (et encore) dans la réalité -. Donc, le tract je ne l'ai pas lu de près, je me suis juste dit Hé zut on vote dimanche en plus de changer d'heure dans le sens qui ne va pas, et puis que j'étais fatiguée.

Mes pensées, le soir, sont très élaborées.

Cependant en attendant l'ascenseur ou en grimpant l'escalier, j'avoue que j'ai déjà oublié, j'ai parcouru le papier et quelque chose m'a semblé bizarre. Pas tant sur le fond : la candidate des partis écologistes appelait pour le second tour à voter UMP, après tout pourquoi pas, la politique est si irrationnelle parfois, que sur la forme. Quelque chose, me faisait tiquer. Une question de champ sémantique, de façon de s'exprimer. Un arrière-plan de vulgarité qui des Verts, jusqu'à présent plutôt corrects dans leur façon de s'exprimer, m'étonnait.

Puis j'ai vu que le tract sur le verso n'était pas imprimé et je l'ai glissé dans l'imprimante histoire de le recycler, ce qui pour un tract d'un tel parti constitue une fin honorable.

Ce matin ma fille a remonté le courrier, m'épargnant cette peine, qui n'est joie que lorsque vient une lettre, un livre, un cadeau attentionné (2) et sinon, une corvée.

Parmi pubs et factures, un tract conjoint du PS et d'Europe Écologie. Lequel dénonce le précédent comme étant un faux émis par l'UMP local dont Patrick Balkany est le héraut. Ce tract-là semble vrai et qui annonce une plainte déposée au parquet.

La candidate d'Europe Écologie n'appelle donc pas à voter au second tour pour l'UMP.

Emettre un faux tract n'est pas démocratiquement du meilleur effet. Je suis persuadée que ceux qui l'ont fait ne trouvent pas ça si grave, sans doute qu'il font bien pire sans arrêt ; et je me souviens d'un jeune homme à table lors d'un dîner récent qui trouvait légitime pour des ministres français de se faire lors de vacances balader en jet privé par des dictateurs fortunés, que ça n'était pas grave que "tout le monde le fait", que "ça pouvait aider pour ramener des contrats". Comme le faux tract pour raccoler des voix ?

 

(1) Avec toute la sympathie qui émanait de l'homme et de ce que de son discours j'ai entendu, et que bien sûr ça irait mieux si on stoppait cette frénésie de dépenses et de gains, pas pu m'empêcher de penser à ces gourous des années 70 qui aux stars de la pop enseignaient les charmes de l'abstinence et de la méditation tout en participant beaucoup plus concrétement à l'illumination de celles des disciples jeunes et jolies.

(Mais bon j'ai l'esprit mal tourné et sans doute seule à penser que d'ailleurs il était équipé de la blonde décorative modèle 17.4 sans les options "gros nibards artificiels" ni "20 ans de moins que lui", preuve qu'il était homme d'engagement et de goût)

(2) Il fut si doux pendant plus d'un an d'être courtisée même si c'est terminé.

[photo : le tract incriminé]

PS du 28/03/11 vers 9h : On me signale que c'est la candidate aux pratiques douteuses qui l'a emporté avec 32 voix d'écarts. Comme quoi chaque voix compte (on le savait) et le crime paie (c'est un fait).

 


Pour ne pas faire de jalouses

Demain sera décidément une belle journée puisqu'au soir, à partir de 20 heures,

Audur Ava Olafsdottir viendra à l'Attrape-Cœurs pour une rencontre suivie d'éventuelles dédicaces de son roman "Rosa Candida" (1) chez Zulma.

Librairie l'Attrape-Cœurs,
4 Place Constantin Pecqueur - 75018 Paris
01 42 52 05 61
Métro Lamarck-Caulaincourt

 

(1) À ne pas confondre avec "Ce que je sais de Vera Candida" de Véronique Ovaldé (éditions de l'Olivier), très bon roman lui aussi.


Pour une fois j'y pense à temps

Demain, samedi 26 mars, de 10h15 à 13h, à la librairie Comme un roman

Marie Desplechin et Jean-Michel Othoniel auquel une rétrospective est en ce moment à Beaubourg consacrée, 

dédicaceront le livre "Mon petit théâtre de Peau d'Âne".

Librairie Comme Un Roman, 39 rue de Bretagne, 75003 Paris . Tel:01.42.77.56.20
Metro: Republique, Temple, Filles du Calvaire

 

Par ailleurs et tant que le lien est accessible et pas encore payant, bel article de Marie  consacré à Cristina Comencini.

Lire la suite "Pour une fois j'y pense à temps" »


Gallimard (l'expo)

Aujourd'hui, à la BNF

 

Je leur dois quelques belles lectures, du temps même où le sexe ne me faisait pas souci, des auteurs majeurs, des bonheurs inouis.

Tout récemment encore et grâce à Jean Mattern, la découverte de Jon Kalman Stefansson via sa traduction par Éric Boury dont on sent bien qu'elle contribue au charme fou du bouquin (1), le charme fou de l'auteur n'ayant, lui, besoin d'aucun intermédiaire pour s'exprimer.

Bref, tout ça pour dire que je ne voudrais pas avoir l'air de cracher dans la soupe,

 

mais

 

voilà qu'étant sur place (3) je me suis rendue à l'expo. Gallimard, bien sûr une expo de type commémoratif puis qu'il est question d'un centenaire à fêter. 

On ne peut donc s'attendre à un fleuron de modernité, ni à des conceptions d'anticipations. Je ne m'y attendais pas.

Quand bien même :

Que de grands vieux messieurs bourgeois et poussiéreux, de beautés fanées, d'entre-soi et d'illisibles suranés !

L'ordinateur et l'internet en permettant une écriture et mise en ligne immédiate aura grandement libéré l'accès aux lecteurs des femmes. Il était plus que temps.

Cela dit, à part mon appétit personnel d(e r)évolution, j'ai aimé entrevoir un manuscrit de Daniel Pennac et quelques-uns de ses courriers (4), qu'Hervé Guibert ait traité Antoine Gallimard (5) d'"éditeur le plus sexy", beaucoup appris de certains échanges (je n'imaginais pas que les grands éditeurs se soient débauchés à ce point les écrivains en leur temps rentables sur un mode petite guéguerre vulgaire de dégainage de gros sous), adoré le "excellent" de Queneau sur le premier Duras et la façon dont les fiches de lectures d'en ce temps démarraient par un bref résumé de l'histoire, lequel, écrit par quelqu'un qui avait de la plume, pouvait être un régal.

Et puis, si jamais quelqu'un met en jour en doute le travail que c'est d'écrire, se rappeler de lui coller sous le nez le "plan fait au Verger en mai 1920" par Roger Martin du Gard pour ses Thibault.

Mais bon, nous sommes enfin au siècle vingt-et-un, et

vive la pillule contraceptive, l'internet et l'ordi. !

 

(1) Une fois de plus je n'ai pas eu le temps de le chroniquer mais c'est dans la zone découvertes (2) mon grand coup de cœur de ces derniers mois.

(2) Par opposition au pays déjà cartographié des livres des amis ou des auteurs déjà suivis qu'il s'agisse des "Bords du lac Baïkal" de Christian Garcin ou "Des clous" de Tatiana Arfel.

(3) à la BNF

(4) Ça doit quand même faire bizarre d'avoir de son vivant des courriers qu'on avait adressé personnellement à quelqu'un (fût-il éditeur), dévoilés et exposés.

(5) J'ai soudain un doute de s'il s'agissait bien de lui. Mais pas le courage de remonter vérifier.


Réconforts

Ce soir, dans l'internet

 

C'est un de ces jours où vous vous demandez Mais où j'habite, incapable que vous avez été dans les rues adjacentes de déceler la poussée d'une boutique CIMG9578 dont pourtant vous aviez besoin depuis que celle où vous alliez pour le même genre de services a fermé,

 

 

 

 

 

ni la naissance d'un incendie.

 

 

 

CIMG9581

Vous avez passé une journée prolifique mais chargée, êtes éreintés par quelques chagrins affectifs, sentez que la relation qui quoiqu'incomplète vous aura aidé à traverser les dernières et difficiles années touche à son terme inachevé.

Vous pleurez d'épuisement.

Par crainte de dormir en pleurant, ou l'inverse, vous décidez cependant d'ouvrir l'ordinateur avant d'aller vous coucher.

Sont peut-être arrivés des messages et qui attendent une réponse. Vous essaiez, sans toujours y parvenir - loin de là -, de ne pas reporter sur les autres, le mal, le tort, la négligence qu'on  vous a ou vous fait.


Le monde poursuit ses rotations folles, on massacre ici, on bombarde là, le déchaînement des forces naturelles continue de faire des dégâts, les humains sont stupides de faire n'importe quoi au profit du profit.

 

Et puis grâce aux touiteux, vous tombez sur ceci :

Rescapé de deux tsunami

Qu'elle soit ou non confirmée, cette histoire (quel autre nom donner à ce qui ressemble tant à une fiction peu plausible), me laisse songeuse : on peut en effet la considérer à l'une ou l'autre extrémité et aucune façon de voir n'emporte le morceau :

cet homme joue de malchance, il attire, dirait-on les tsunami

cet homme a une chance ou une bonne étoile incroyable il survit à deux catastrophes similaires.

Et vous méditez sur le fait qu'il en va ainsi de toute vie, mais qu'ici l'exemple est fabuleux (au sens qu'on dirait qu'il fut conçu pour une fable).

Ensuite, grâce à Kozlika, vous atterrissez là :

Blog des annonces d'Yves Dauteuille dans le bon coin.

Et l'éclat (de rire) chasse le chagrin (d'amour) (et d'autres choses encore).

Que l'auteur du blog et qui nous l'a fait découvrir en soient remerciés.

 

 

 

 

 


Nucléaire

Hic et nunc

Parce qu'il répond clairement à un certain nombre de questions qui se sont posées ces jours-ci (et pour certaines, je n'ai pas su expliquer clairement, alors que lui le fait parfaitement), parce qu'aussi les pseudo-débats hystériques dans lesquels chacun semble sommé de choisir son camp alors que rien n'est si simple, m'affligent, ce billet chez Virgile et voilà :

Nucléaire (1)

Merci à lui de l'avoir écrit.

 

 


Douche froide

Today in Paris


Tu passes trois jours dans un immense hangar plein de livres et de gens qui aiment lire ou qui au moins ne détestent pas. Tu contemples d'incroyables files d'attente pour des dédicaces, dont certaines, ô miracle, ne sont pas que pour des stars de la politique, du show-bizz ou du sport, mais bien pour de vrais auteurs et dont les livres sont bons. Tu te réjouis du monde fou venu applaudir Henning Mankell et dont tu fais partie, conquise. Tu croises plein de gosses joyeux et de jeunes qui semblent aimer la lecture, tu te dis tout n'est pas perdu. Tu causes avec de jeunes éditeurs passionnés qui croient à leur affaire, laquelle tourne bien.

Tu te dis que tu as une vision pessimiste des choses, que finalement le livre, même en papier, a encore le temps d'avoir quelques beaux jours devant lui, avant que les humains n'aient perdu le plaisir de composer en esprit des images à partir de caractères alignés.

C'est donc le cœur léger (du moins de ce point de vue, car pour le reste, c'est plutôt brisé qu'il est) qu'en repartant tu fais un crochet par l'une des Fn*c de Paris où Sofi Oksanen est annoncée.

Sofi, l'auteure de "Purge", qui reste "ton" livre de l'année 2010, celui qui loin devant les autres, et pourtant tu en as tant lus, et qui t'ont plu et que tu as trouvés formidables, et qui t'ont émue, mais voilà c'est lui l'élu, le presque chef d'œuvre, celui qui est d'un très haut niveau dans tous les compartiments du jeux, celui qui emporte le morceau, celui qui est resté en tête longtemps après et même encore, celui qui comporte la plus belle scène de coup de foudre jamais rendue.

"Purge" qui a dépassé les 150 000 exemplaires, peut-être déjà bien davantage, obtenu au moins deux prix (mérités), dont la traduction est si grande qualité que certaines phrases font rêver.

En arrivant première déception : il s'agit d'une simple séance de dédicace. Tu ignorais que la Fn*c en fît, tu y allais pour une rencontre littéraire, comprendre et apprendre des choses, mais non, la romancière n'est là que pour signer.

Tu avais d'autres achats à faire, en profites pour les intercaler, reviens un quart d'heure après l'heure dite, en craignant d'avoir à subir une file d'attente déjà formée et que celle-ci sera longue.

En fait de file d'attente, il n'y a que 3 personnes : l'auteure, une interprète travaillant pour la maison d'édition et une personne de la Fn*c.

Hé oui, tu es la seule et unique lectrice. There is absolutely no-one else. Ou alors elles étaient deux et déjà reparties.

Et la foule impavide qui gravite dans le magasin semble ne rien entendre des annonces qui précisent à quel endroit la signature a lieu. Certains, pourtant, sont là pour des livres.

Tu tentes dès lors de parler un peu, puisqu'il n'y a que trop le temps, mais le sentiment de honte collective est si fort, que tu ne trouves que très maladroitement les mots. Tu te dis aussi que t'attarder c'est rendre plus prégnant le fait qu'il n'y a personne. Alors tu prends congé. Sans trop rien oser ajouter.

Et à nouveau tu te demandes si tu ne fais pas partie d'une espèce, les gros lecteurs, les passionnés, en voie d'extinction.

Totale.

 


Dis, Tonton, pourquoi tu tousses ?

Vendredi soir à l'opéra

 

Il faut savoir ceci de la topographie des toilettes de l'opéra Bastille que lorsqu'on y entre on voit d'abord une rangée de lavabos avant d'accéder aux toilettes elles-mêmes qu'ils cachent pour partie ainsi qu'une seconde rangée qui leur est plus proche.

Quand j'y suis allée vendredi, me hâtant, afin de ne pas attendre trop longtemps, dès le début de la première mi-temps du premier entracte d'un Siegfried plaisant quoiqu'interminable, c'est de là qu'est venue une voix au timbre fort bourgeois et qui demandait sur un ton de semi-confidence qui sied aussi aux demi-mots, sans doute à sa voisine :

- As-tu de la poudre ?

J'avais la veille au soir vu "Ma part du gâteau" de Cédric Klapisch (1), croisai jadis quelques traders ou cadres très supérieurs qui carburaient à la blanche, après plus de 40 ans de vie citadine ne m'étonne plus de rien, me suis donc juste dit :

1/ Ah tiens, à l'opéra aussi ?

2/ On ne prend plus même la peine de prendre la précaution de la discrétion ? Bizarre pourtant, les temps ne semblaient pas favorables à un assouplissement.

Puis quelque chose m'a fait tiquer à mesure que mon tour de toilettes approchait et que j'allais enfin pouvoir découvrir qui donc trafiquait : la voix qui questionnait était non seulement flutée et sous contrôle parfait, mais également un peu âgée.

La file des candidates au pipi de précaution ayant avancée, je pus au même instant découvrir ... deux vieilles dames mais qui se voulant élégantes se présentaient outrageusement maquillées, et dont l'une cherchait tout simplement à se repoudrer.

Voilà comment on peut être pris(e)s brièvement pour un(e) grand(e) trafiquant(e).

Mon erreur judiciaire m'a bien fait rigoler.

 

(1) que je recommande sans condition, malgré quelques défauts mineurs - je suis plus pessimiste -.

Le titre du billet, bien sûr, vient de là :

 

 


Tonton pourquoi tu tousses par jlhuss