Previous month:
janvier 2011
Next month:
mars 2011

0 billets

Encore un siècle des lumières (hélas pas les mêmes)

Ce soir, turning back home

PICT0021

 

Je me réjouissais des jours qui rallongent mais rentre néanmoins à la nuit.

Si seulement c'était après un rendez-vous amoureux, amical ou coquin, mais non, rien, que du sérieux, entre sauver sa peau et gagner son pain.

Sans qu'il fasse grand froid, il n'est pas temps de s'attarder, dehors une fois ma ville regagnée je croise peu de passants, pense un peu à ceux d'une autre cité, pense à Wytejczk, et qu'il me manque, m'inquiète de S., de deux amis, non trois, ils m'attristent à force tous ces silencieux, pense qu'il faut que j'arrête de penser, que des gens à l'heure où je rentre sont presque un peu couchés, d'ailleurs tant de vitres sombres - des endormis ou des partis -. Ce n'est pas ce soir qu'on fera l'amour.

Et puis soudain l'appel de l'Olympus ou plutôt son fantôme : quelque chose a attiré mon attention, ce n'est qu'ensuite que je comprends. Dans cet immeuble, fors trois fenêtres au rez-de-chaussée et toutes celles de l'étage sous toit, toutes les lumières, toutes absolument sont allumées.

Et je pense à nouveau, mais là c'est bien, je pense à "La vie mode d'emploi" (1).

Qu'il serait temps que je le relise, et qu'aussi j'ose demander, si Nadine vient un jour calme, qu'elle me parle de Perec et qu'il revive un peu.

(1) Non pas que les lumières soient allumées dans le livre, mais cette impression qu'on a d'avoir tout l'immeuble sous les yeux et ses habitants vaquant.

PS pour s'en rappeler : ce livre de Joyce Maynard, récemment traduit, c'est exactement ce que je ne veux pas faire. Il y a d'autres façons de rendre justice à son passé. Seuls ceux qui lisent doivent y gagner.

 


Choses qui ne me concernaient pas (billet à compléter à mesure de la mémoire)

Choses qui ne me concernaient pas directement, pas tant que ça, mais que pourtant j'en ai pleuré en lisant une dépêche ou en voyant les images à la télé :


1/ de rage, d'impuissance, de colère, de Ça n'a pas de sens, de Oh non, pas ça !

- l'assassinat du président Allende ;

- l'extrême-droite à un second tour en France pour des présidentielles ; dans une moindre mesure, l'élection de Nicolas Sarkozy comme président de la république en France et la première élection de Silvio Berlusconi en Italie.

- une explosion au décolage de la navette spatiale - je m'étais trouvée devant la télé à ce moment-là - 1986 ? (à vérifier) ;

- le Heysel, les morts, et que le match soit joué après ;

- la prise de pouvoir par Jaruzelski ;

- 11/9 ;

- les obsèques d'Yitzhak Rabin (plus que les images confuses de son assassinat) ;

- quand un joueur de l'équipe de France de ce temps-là (Patrick Battiston) s'est fait descendre (au sens littéral, mais il n'est pas mort) par le gardien de but de l'équipe adverse en phase finale d'une coupe du monde de football - parce qu'on y voyait en clair combien un humain peut être conditionné pour tuer afin de défendre un objectif pourtant fondamentalement futile (qu'un ballon aille ou pas dans un certain endroit) - ;

- un incendie dans une tour à Argenteuil dans les années 1970 et qui avait fait des victimes et dans le même ordre d'idée un Tupoleff qui s'était écrasé à Goussainville quelques années plus tôt ;

- les images verdâtres de la 1ère guerre du Golfe et ses frappes soit-disant chirurgicales (mais qu'est-ce qu'on veut nous faire croire, là) ;

- Tchernobyl, l'image du "sarcophage", et saisir à ce moment-là combien le péril n'était pas anodin et que bien que loin on en tomberait malades, sans doute, un jour (ou pas).

 

 

de façon décalée :

- l'assassinat du président Kennedy parce que bon je ne peux pas vraiment dire que j'y ai assisté, je suis vieille et j'étais précoce (?) mais il ne faudrait pas non plus exagérer ;

- l'assassinat de John Lennon, qui m'a touchée oui, mais à retardement - on était informés, oui, mais pas comme maintenant et ce n'est que plus tard que j'ai lu des précisions de celles qui laissent à penser que la mort aurait si facilement pu être évitée -.

de façon confuse, ce n'est pas l'image ou l'annonce elle-même qui déclenche quelque chose mais une compréhension induite concernant une situation qui dure depuis un moment :

- l'image d'Aldo Moro prisonnier, sur fond sonore d'un courrier, d'une communication qu'il avait fait parvenir, et non pas tant cette image qui était réutilisée jour après jour que le moment ou quelque chose, mais quoi (je ne comprends pas tout en italien à l'époque), me fait piger que ses "amis" politiques l'ont lâché, trop contents de n'avoir qu'à laisser ses geôliers s'empêtrer dans leur logique criminelle.

dans le même ordre d'idée : des images venues d'Irlande, Bobby Sands et ses camarades, le moment où je comprends que Margaret Thatcher ira au bout de son refus quoi qu'il en coûte et que donc il va mourir ce jeune type. Et qu'il y aura des gens pour estimer qu'elle a bien fait.

 

 

2/ de joie même si sans trop d'illusions pour la suite (parce que je ne les aurais pas très crues possible) :

- la chute du mur de Berlin ;

- les premiers pas sur la lune ;

- la libération de Nelson Mandela ;

- l'élection de Barack Obama ;

- Nadia Commaneci en état de grâce aux JO de Montréal (oui je sais, qu'est-ce que ça vient faire là mais j'en ai pleuré tellement c'était beau et pourtant la gym ne me passionnait pas) ;

- le départ sous la pression populaire d'Hosni Mubarak et son apéritif celui de Ben Ali ;

- l'élection de François Mitterrand mais je restais terriblement méfiante et extrêmement frustrée (j'étais trop jeune pour voter) ;

- une ou deux victoires de tennis (dont une de Mats Willander pour un Roland Garros ; une de Björn Borg peut-être ou deux ?) et alors que j'avais suivi le tournoi et que le match final possédait un bon sens de la dramaturgie. Cependant le souvenir a rendu flou ces émotions qui n'étaient que de passage.

 

D'autres choses bien sûr m'ont émues mais que j'ai vues sans écran ni photo ni texte intermédiaire, ou j'y étais ou j'en étais. D'autres m'ont marquées mais sans être liées à un moment précis, ni une image, par exemple les enlèvements en Argentine et le fait que les enfants nés en captivité soient confiés à des familles idéologiquement opposées ; la guerre à Sarajevo, qui semble si proche et si insensée ...

Pour certaines, j'ignore pourquoi, une forme de filtre a joué : jours où ma propre vie m'accaparait et me surmenait au point de ne prendre qu'au soir des nouvelles du monde ou le lendemain, annonces reçues sans détail et savoir seulement plus tard mais le choc est atténué (assassinats d'Indira Ganghi et de Benazir Bhutto, massacres, attentats), d'autres enfin où la stupéfaction l'emporte sur tout autre considération (tentative d'assassinat sur Jean-Paul II, coup d'état avorté en Russie). 

L'internet a bien changé les choses, une nouvelle bonne ou mauvaise s'y trouve très vite relayée et à moins d'être volontairement déconnectés, on en prend connaissance avec une folle rapidité. L'émotion a donc davantage de chance de l'emporter.

J'ai un souvenir très précis d'apprendre la mort de Georges Harrisson par une une du Monde croisée à La Défense lors d'un midi d'Usine, concentrée sur le job, coupée de l'extérieur, et de m'être alors dit que c'était sans doute la dernière fois que j'apprenais par la presse papier la survenue d'un événement qui ne me laissait pas indifférente tout à fait (même si pas non plus affligée, ce n'est pas au même niveau que les autres éléments cités).

Je m'aperçois que spontanément j'ai écarté les catastrophes naturelles et leurs conséquences. Sans doute qu'elles me révoltent moins, qu'une part de fatalisme ancestral en moi sait les admettre et n'en pas pleurer.

Les éléments positifs ne sont pas si fréquents, les nouvelles du monde plus facilement sombres qu'ensoleillées, aujourd'hui est un grand jour équipé d'une belle admiration pour ceux qui se sont soulevés. Acceptons de remettre à plus tard les pensées rationnelles sur les lendemains qui vont déchanter, ceux qui veulent exercer un pouvoir sont si rarement ceux qui devraient.

Lire la suite "Choses qui ne me concernaient pas (billet à compléter à mesure de la mémoire)" »


De l'attention naît le silence

Ces jours-ci, ici


Je ne sais d'où me vient d'être si concernée par le monde et si facilement absente de ma propre vie. Je ne sais d'où me vient cette impulsion d'en être à laquelle en réalité je n'ai obéi qu'une fois et encore par grande amitié.

D'autres tentatives, trop vagues, trop distanciées, trop d'esprit critique aussi, ont avorté.

Je me souviens qu'à 20 ans j'ai comme vécu en Pologne, Solidarnösc en ces temps, un temps, j'y ai cru, j'y croyais (1). Cette semaine, ou plus, mais particulièrement ces jours-ci, je suis en Égypte où je n'ai jamais mis les pieds (2), n'irai sans doute jamais, mon choix de vie est de grande liberté mais de peu de fortune et donc se priver de voyager.

Il y a en moi un animal migrateur qui se sent appelé partout où ça pète au sens d'une révolte (et non d'un conflit rangé), qui pense que son boulot serait d'y être non pour participer mais pour photographier (et un peu écrire, mais ça j'arrive mieux à calmer, ou à me dire, je peux toujours d'ici écrire sur ce sujet quand la photo : il faut y être) et transmettre. Il y a en moi un animal glacé et froid capable de témoigner du meilleur et du pire. Les ruptures subies et les rejets de ces 5 dernières années l'ont rendu libre d'attaches et de contrepoids.

Je peine aujourd'hui à le retenir (3). C'est là-bas que ça se passe, et je suis bien incapable d'écrire sur le petit Paris, Bruxelles et ses merveilleuses dames pipi (4), le printemps qui s'annonce par un soleil clément, la photo de classe en goguette qu'on m'a demandée de prendre alors qu'à peine à la Grande Bibliothèque j'arrivais, mes joies fragiles et mes peines profondes mais si luxueuses et sans importance.

Et je pense à Alaa El Aswany, si calme dans ce train qui l'enmenait à Saint-Malo il y a de cela quelques années, quand l'attachée de presse qui l'accompagnait se stressait des riens paperassiers dont les gens si modernes aiment à se tracasser, si calme et si serein. La force tranquille.

Ça ne vous rappelle rien ?

 

(1) Certain film n'y était pas pour rien.

(2)mais il y a des liens : un voyage de Wytejczk du temps où il m'aimait bien, les livres de Cossery, "Poils de Cairotes" de Paul Fournel (qui est au passage le livre qui a "avalé" mon premier manuscrit de tentative papier, trop il ressemblait en moins bien), "Le cœur cousu" de Carole Martinez, mais je ne sais plus précisément pourquoi

(3)En même temps c'est très facile matériellement : je n'ai plus de passeport valide, pas même un appareil photo un peu conséquent (depuis la fin du tendre Olympus), les ressortissants français ne sont sans doute pas les bienvenus (surtout les ressortissantes), ou trouver un transport, de l'argent. On ne s'improvise pas photographe de terrain révolté passé 40 ans et pourvue d'une incertaine santé.

(4)Pour ce billet-là, et que je voudrais drôle - ça l'était -, je ne désespère pas.

PS : Pendant ce temps les Tunisiens qui ont donné l'exemple mais semblent si secondaires aux grands médias classiques désormais qu'on pourrait croire que tout est réglé, n'ont pas tout à fait fini de devoir se défendre pour que leur mouvement ne soit pas confisqué par un pouvoir peu différent de celui dont ils se sont délivrés. Ne pas les oublier.


L'ombre d'un doute

Dans l'après-midi, grande ville

 

Je suis assise dans un tram peu peuplé, bien des places vides alentours. Je file prendre un train, chargée : le petit voyage avait pour but de faire provision de courage mais aussi d'un peu d'alimentation et pas culturelle uniquement. Ce n'est pas une place très confortable, je m'y suis posée précisément à cause de mes bagages que je pouvais caller d'une certaine façon pour qu'ils gênent le moins possible. D'autres ne permettent pas de glisser pour partie un bagage en dessous.

Elle est en sens inverse de la marche, pas de ses sièges, je ne pense pas qui soient réservés en priorité aux très âgés ou aux handicapés.

Comme je surveille attentivement un trajet qui ne m'est pas absolument familier, je ne l'ai pas vue monter, elle se matérialise soudain devant moi avec sa canne blanche : une vieille dame qui me dit : - Je suis aveugle. Mademoiselle, pourriez-vous me laisser votre place ?

Il y a deux ou trois sièges vides juste voisins. OK, elle est aveugle elle ne les voit pas. Et elle ne voit pas non plus le sac et l'autre dans mon dos.

Mais dans ce cas et alors que je suis en configuration voyageuse : jean, chaussures pour marcher, pull et grosse veste, mes cheveux attachés et sous une capuche, seule donc silencieuse, parfumée à la sueur de qui, par une température relativement clémente, a trimbalé dans l'heure qui précédait sur 30 mn en tout, un sac de 30kg, comment a-t-elle su que j'étais de sexe féminin ? Sous-question : pourquoi cet étrange "mademoiselle" (1) ?

Je me suis déplacée, bien sûr, et trop volumineuse j'ai dû déranger un quidam au passage, mais qui avait vu et entendu la scène (à moins qu'il ne fut sourd) et, compréhensif, n'a pas moufté.

Restera l'ombre d'un doute : n'a-t-elle pas simplement voulu faire sa Tatie Danielle ?

Par ricochet, à une dame très courtoise qui me demandait dans le TGV de me déplacer vers une place éloignée, j'ai répondu que ça ne m'arrangeait pas, comme si sur l'ensemble d'une journée je ne pouvais changer de place les bagages qu'une fois (je ne m'en sentais pas la force en tout cas).

 

(1) Vous me direz, justement c'est la preuve qu'elle n'y voit rien, elle n'a pas vu que j'étais vieille.  Mais est-ce que lorsqu'on ne sait pas on ne dit pas plutôt madame ?


Au delà du miroir

Boutique d'habits, à Bruxelles, un samedi.

 

J'achète le moins possible de vêtements, mais ça en fait quand même. Je récupère des pépites certains soir dans les rues dont quelques pulls-poubelles que j'aime autant qu'on peut s'apprécier un vêtement. De temps à autre, j'aime à porter quelque chose que je sens fait pour moi.

À part ça je déteste perdre mon temps à magasiner, c'est pourquoi la plupart de mes achats correspondent à des urgences, surtout les chandails et autres cardigans, pour le plus grand bonheur des mites qui partagent notre appartement. J'aime en revanche accompagner Stéphanot dans les moments annuels ou semestriels de renouvellement complet d'une garde-robe dépassée.

Au sens littéral. Sa façon de choix me plaît, un mélange de se faire plaisir, être raisonnable et nécessité, qu'il sait doser en homme sage depuis encore enfant.

J'avais tantôt obtenu l'aval de mon ministère du budget pour un achat inutile et inconséquent, j'étais donc dans une boutique, très exceptionnellement. En prévision de la demi-saison j'y cherchais un pull fin vers le milieu de la boutique. Les robes et petits hauts, vers l'avant.

Près de l'entrée, une femme, comment dire, volumineuse, et de dimensions et de voix, tenait entre ses mains un petit quelque chose (d'où j'étais j'ignorais s'il s'agissait d'un tee-shirt long ou d'une robe courte, mais je voyais bien que c'était tout pas large tout pas grand). Elle demandait à essayer et le patron lui répondait que ça n'était pas sa taille. Sans doute ajoutait-il qu'il allait regarder s'il avait plus grand ou qu'il s'agissait de soldes qu'il n'avait pas la bonne ; comme il a une voix douce, elle portait peu. J'ai simplement capté une phrase qui signifiait, mais madame vous ne pouvez pas essayez ça, en plus diplomatique et "pas votre taille".

Ce à quoi la dame rétorqua : - Je sais, mais c'est pour ma fille !

Puis comme il devait avoir l'air peu convaincu par l'argument :

- Elle est plus petite que moi.

Il a fallu qu'il parlemente encore pour sauver la pièce XS d'une déchirure probable ou d'une déformation, je crois que la dame est partie mécontentée. Je n'en sais, j'avoue, trop rien, j'étais partie planquer mon éclat de rire XXL au fond du magasin.

(Ce soir, pour une fois, je me sentais moins moche et je n'étais pas charitable pour deux ronds. Ça m'arrive.)

Lire la suite "Au delà du miroir" »


Le grand écart (billet confus)

Ces jours-ci à Paris, et puis ailleurs aussi

CIMG8831

 

C'est quelque chose que je ressens de façon confuse depuis un moment déjà.

Depuis le 17 décembre en fait, lorsqu'une brève a mentionné le geste désespéré d'un jeune homme, pas tout près, pas si loin, en Tunisie, et qui avait tenté de se brûler vif sans y parvenir sur le coup.

Le pire des cas.

Quelques jours plus tôt, j'avais été quasi-témoin d'une tentative de vol si ridicule qu'elle prouvait surtout le désespoir de qui l'avait faite.

Un moment déjà que l'on sent que ce monde va dans le mur, globalement, avec ses riches de plus en plus fortunés et qui ponctionnent sans la moindre retenue désormais, l'argent et le bien public. La solidarité sociale peut de moins en moins s'exercer. Et la misère s'étend tandis que le lieu commun, cette terre si isolée dans un univers sans beaucoup de voisins, s'épuise et qui tombera en panne sèche si on ne le ménage pas.

Plus près, plus concret : certains de ceux que j'aime sont dans la panade (disons-le comme ça ?). Plus moyen de leur dire Ça ira mieux demain. Ça fait des jours, des semaines, des mois, parfois plus d'une année que demain se défile.

Deux ans déjà que j'ai miraculeusement tiré mon épingle du jeu, sauvant ma peau, refusant de continuer à me laisser exploiter, traiter pas si bien (1), mais assurant pour moi et les miens un toit. Les fins de mois sont serrées, quelque chose cependant est désormais rassuré. Et c'est une intense liberté que de n'être plus endettés.

Par ailleurs quelqu'un m'a donné ma chance et quelque chose me porte, qui va vers l'avant ; sauf maladie ou accident, je ne renoncerai pas. Ni non plus à retrouver ce qui faisait le bon de ma vie d'avant. Aux interstices de la fatigue, de l'épuisement des double-journées, même si intéressantes, et du travail de sape que fait le froid, je me bats. À ma micro-hauteur.

Tout ça sur fond d'un malaise diffus, persistant.

C'est d'abord un passage d'un livre puis par ailleurs le voisinage odieux de deux panneaux publicitaires l'un une belle fille, l'autre un lépreux, qui m'ont permis de piger.

Voilà plusieurs mois qu'il m'est impossible de trouver la bonne focale entre le personnel pas si simple mais enfin prometteur, et le général où s'étend le chaos. Même si la colère des peuples, déjà victorieuse en un lieu, en passe, mais à quel prix, de l'emporter dans un deuxième pays, est porteuse de promesses, il y a si loin, les dangers de tomber vers le pire qu'avant sont si grands, que pour l'instant tout n'est qu'inquiétude (2).

Mes pensées vont vers eux. J'ai pourtant besoin de toutes mes forces pour m'en sortir un peu, c'est maintenant et pas plus tard. Je ne sais donc plus où j'habite, tente d'aider en retouitant (quel sens de l'action !), l'instant d'après plaisante au même endroit avec les copains parisiens, si les cortèges accueillaient les femmes, ici ou là j'aimerais aider, et pourtant je n'aspire qu'au calme studieux et amoureux auprès d'un bien-aimé. Tout se mélange sur des plans tellement différents qu'il devient presque impossible de rester unifiée.

Le printemps présente quelques chances d'être intéressant. En attendant je patauge lamentablement, petite nantie provisoire dans une Europe qui sera la prochaine partie faible d'un monde mutant. Il faudra se battre qu'on le veuille ou non.

Je ne sais pas où me mettre. Lost without translation, ne sachant quoi penser.

 

(1) Je n'ai pas dit mal, dans plein d'ailleurs c'est infiniment pire.

(2) D'autant qu'en France, en Belgique et en Italie qui sont mes principaux pays, même si les apparences restent calmes ou que certains soubressauts n'ont rien donné, si l'on y regarde bien, les situations pourraient, de scandales en démantèlements soutenus par des incompétences flamboyantes, devenir explosives.

PS : Les attendus sont différent, il n'empêche que ce soir, mon ami de plus au sud et moi, nous rejoignons sur la conclusion.

[photo : ce soir, ligne 2, quand l'indécense n'est pas dans la nudité]

Lire la suite "Le grand écart (billet confus)" »