La lentille Météor (et autres considérations)
21 février 2011
Aujourd'hui, à Paris
C'est sur le quai de la ligne 14 et d'ailleurs marqué "Ligne 14" sur le panneau et les noms des différents bus noctiliens qu'on peut prendre pour les retours tardifs, précédés d'une flèche qui indique le chemin et de ces quelques mots :
"Sortie par la lentille Météor"
J'ignorais que la bulle devant Satin Lazare se désignait ainsi, mais me souviens en revanche fort bien que la ligne 14 à ses débuts s'appelait Météor, terme qui semble avoir capitulé devant la logique quotidienne d'un solide "ligne 14". Et il faut le bavardage d'un pannonceau supplémentaire induit par des travaux pour en ressusciter l'usage.
Stéphanot petit, l'appelait Comète. Ce qui n'était pas plus bête.
Je me souviens aussi de la révolution (1) du changement radical que ça avait été pour nous non pas tant l'ouverture de cette ligne que le prolongement jusqu'à Saint Lazare.
Sur un autre quai d'une autre ligne, ces baskets abandonnées dans la position exacte qu'aurait un jeune humain les portant à ses pieds. Un enlèvement par les extra-terrestres ?
Une belle expo en bonne compagnie, ça faisait du bien, ça laissait derrière un peu de ce grand gris qui sévissait aujourd'hui sur Paris et dans mon cœur sur la période.
À peine rentrée tomber sur les touites relatant les événements en Libye, et trouver tout futile, des petits bonheurs aux grands chagrins. Moi la première, je n'aurais pas le courage de sortir face à des armes à feu, je ne sais me battre qu'un peu, et j'admire la jeune femme dont je crois le témoignage vrai (2). Quelque chose de très fort est en marche en ce début d'année, je ne saisis pas tout, mais ce qui concerne les gens si, au moins pour partie, le monde bouge d'une façon qu'on n'imaginait pas avant le 17 décembre dernier et c'est atroce à dire mais en voilà au moins un qui n'est pas mort pour rien (3).
Je suis curieuse des années à venir, de ce qu'on en dira dans longtemps. De telles raisons peuvent-elles suffire à assurer une envie de survie qui tend à faire défaut depuis que l'amour a fui ?
Et surtout épatée par ces peuples qui donnent encore un sens à des mots de citoyens que nous-mêmes ne savons plus tout à fait donner.
(1) Hé oui, il y a des mots qu'on n'a pas le droit d'employer à la légère, particulièrement en ce moment.
(2) Merci à Le_M_Poireau pour le lien retouité.
(3) Depuis le début je pense à ses proches qui ont leur deuil à accomplir au milieu de la probable sidération de tout ce que son geste de désespoir aura su déclencher.