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La fin probable d'une vie

hier, dans Paris

 

Une femme a crié "Non, non, non !" et j'ai levé la tête (j'étais occupée), pas dans la direction du cri mais directement dans l'autre et je ne sais pas pourquoi, peut-être à cause du mouvement perçu. Des gens sortaient du café tout proche d'un carrefour passant dont j'étais à 20 ou 30 pas. Au sol étendue raide sur le dos comme tombée d'un seul coup une vieille dame élégante et d'une blancheur de c'est trop tard. J'ai dégainé mon téléphone sans même m'en rendre compte mais un homme auprès d'elle parlait déjà dans le sien. De mon autre main j'ai couvert la petite sacoche de mon appareil photo. Couvrir pour ne pas ouvrir : ce n'était pas un accident. Ces deux gestes dans un seul instant. Les autres faisaient barrage à la circulation, rapport au carrefour. Les automobilistes pour une fois respectueux. Un bus a fait un large détour. J'ai recueilli une dame qui avait vu la chute, en était remuée et je la comprends. Je n'avais sur moi aucun remontant, ce serait bien d'en avoir, mais je lui ai posé les questions qu'il fallait afin qu'elle parle et que le choc sorte. Impossible de savoir si la chute avait entrainé la perte de conscience ou l'inverse. Il pleuvait fort. Ça glissait. La victime avait des chaussures fines. Une bonne paire de bottes peut vous sauver la vie. Les secours sont arrivés très vite, pompiers, police, d'une rassurante efficacité. Mais partis lentement, un brancard très fermé - j'ai entrevu un homme pomper (?) -, pas de sirène ou j'étais sourde, alors j'ai bien peur pour la pauvre passante que ça se soit fini là, un malaise fatal ou une mauvaise chute sur un passage pour piétons, elle avait peut-être fait attention pour avancer que ça soit vert. Les policiers (deux) attardés dans leur voiture pour écrire, partis les derniers.

Un parapluie bleu pâle qu'elle n'avait pas lâché et tenait encore comme si elle était verticale et que de la pluie il la protégeait. Elle n'aura rien vu venir.

Cette force de la ville : vingt minutes à peine après, plus aucune trace de plus rien, et ceux qui se hâtaient au même endroit sans se douter de rien, pestant après la flotte, jurant après le froid. Et moi comme d'autres qui avaient vu, requis, accaparés par le cours d'autres choses, faire et faire vite, ne pas traîner, ni s'attarder.

Reste l'image de l'homme au téléphone, sa rapidité, et le parapluie bleu.

 

 


La lentille Météor (et autres considérations)

Aujourd'hui, à Paris

CIMG9026

 

C'est sur le quai de la ligne 14 et d'ailleurs marqué "Ligne 14" sur le panneau et les noms des différents bus noctiliens qu'on peut prendre pour les retours tardifs, précédés d'une flèche qui indique le chemin et de ces quelques mots :

"Sortie par la lentille Météor"

J'ignorais que la bulle devant Satin Lazare se désignait ainsi, mais me souviens en revanche fort bien que la ligne 14 à ses débuts s'appelait Météor, terme qui semble avoir capitulé devant la logique quotidienne d'un solide "ligne 14". Et il faut le bavardage d'un pannonceau supplémentaire induit par des travaux pour en ressusciter l'usage. 

Stéphanot petit, l'appelait Comète. Ce qui n'était pas plus bête.

Je me souviens aussi de la révolution   (1) du changement radical que ça avait été pour nous non pas tant l'ouverture de cette ligne que le prolongement jusqu'à Saint Lazare.

Sur un autre quai d'une autre ligne, ces baskets abandonnées dans la position exacte qu'aurait un jeune humain les portant à ses pieds. Un enlèvement par les extra-terrestres ?

Une belle expo en bonne compagnie, ça faisait du bien, ça laissait derrière un peu de ce grand gris qui sévissait aujourd'hui sur Paris et dans mon cœur sur la période.

À peine rentrée tomber sur les touites relatant les événements en Libye, et trouver tout futile, des petits bonheurs aux grands chagrins. Moi la première, je n'aurais pas le courage de sortir face à des armes à feu, je ne sais me battre qu'un peu, et j'admire la jeune femme dont je crois le témoignage vrai (2). Quelque chose de très fort est en marche en ce début d'année, je ne saisis pas tout, mais ce qui concerne les gens si, au moins pour partie, le monde bouge d'une façon qu'on n'imaginait pas avant le 17 décembre dernier et c'est atroce à dire mais en voilà au moins un qui n'est pas mort pour rien (3).

Je suis curieuse des années à venir, de ce qu'on en dira dans longtemps. De telles raisons peuvent-elles suffire à assurer une envie de survie qui tend à faire défaut depuis que l'amour a fui ?

Et surtout épatée par ces peuples qui donnent encore un sens à des mots de citoyens que nous-mêmes ne savons plus tout à fait donner.


(1) Hé oui, il y a des mots qu'on n'a pas le droit d'employer à la légère, particulièrement en ce moment.

(2) Merci à Le_M_Poireau pour le lien retouité.

(3) Depuis le début je pense à ses proches qui ont leur deuil à accomplir au milieu de la probable sidération de tout ce que son geste de désespoir aura su déclencher.


Carissima Francesca

Opéra Bastille, ce soir-même

 

CIMG9011 Alors l'histoire c'est une sorte de Tristan et Yseult pour téléfilm du samedi soir, et ne jouez pas les petits surpris ni ne criez au spoïlage si je vous dis que Roberto et Juliette ils meurent à la fin.

En vrai dans l'histoire Roberto s'appelle Paolo et Juliette Svetla Vassileva que trop elle est bonne dans le rôle de Francesca, de toutes façons je suis pas jalouse, elle est jeune, elle est jolie, elle a depuis toujours travaillé sa voix, elle a pas fait 23 ans d'Usine, elle a pas poussé en banlieue (mais peut-être c'était pire, hein, après tout).

C'est l'histoire de trois frères, un boiteux, un borgne mais qui l'est pas tout de suite mais bon les sales blessures ça arrive quand on guerroie, et un beau (Roberto) et qui chante que c'est à se pâmer.

Roberto, je crois qu'il faudrait qu'on se calme toi et moi sur les spaghetti. J'ai 4 kg à perdre. Et toi ?

Mais la voix, elle, ne bouge pas. Ou si elle avait bougé, elle est revenue tout bien (voire mieux ? ce quelque chose de moëlleux qui fait qu'on a envie de lui tomber dans les bras, de s'y lover comme un chat mais en évitant de ronronner afin de ne pas la parasiter)

Paolo ne chantant pas durant la première partie où il se contente d'un simple tour de scène afin qu'on admire sa personne et que Francesca tombe amoureuse, ça permet de penser à tout autre chose : la semaine à venir, qui ne sera pas de tout repos, un embouteillage bruxellois, un baiser qu'on aimerait, d'autres qu'au moins on n'aura pas gâchés, un peu plus haut dans la journée, de la fatigue perpétuelle qui fait qu'on se limite pour ça et pour le reste, et qu'on s'endort partout, ce qui décourage les princes charmants (1), d'un meilleur ami soudain silencieux après pourtant un texto rigolard (au moins je suis certaine qu'il n'est pas fâché, mais alors quoi, cette inquiétude que j'ai toujours dans ces cas-là, ma vie ayant trop souvent mis des catastrophes sur les silences inexpliqués), de Wytejck dont j'ai vu une photo ces jours-ci et qui a changé de coiffure et de couleur de cheveux comme s'il voulait me ressembler du temps où l'on se fréquentait (voilà qui est curieux), "Aux bords du lac Baïkal" (2) petit livre de toute beauté, commencé la veille et laissé malgré moi de côté parce qu'il fallait s'activer mais je sens qu'il m'attend, Rimini, qui représente tout autre chose pour moi que ce qu'en fait cet opéra, et Francesca, prénom d'une amie perdue de vue après qu'elle avait divorcé, une nostalgie du temps où l'on venait à Bastille en bande de joyeux blogueurs à l'époque où les programmes ne puaients pas (3),  l'anniversaire de Yannick Hamonic (je le lui souhaite joyeux s'il venait à passer, n'ai plus d'adresse où le joindre), des révolutions en cours ou prévues vent force 9 à 10 en provenance du sud et ne plus savoir suivre.

Bref, le premier acte a été bien rempli.

(Comment ça, je n'étais pas concentrée ?)

 

Du second je n'ai que peu suivi : j'écoutais Roberto, subjuguée et sentant par moment grâce au rappel d'une extase du temps d'avant ma première mort et que je dois à une Bohème dans laquelle sa femme d'alors et lui figuraient, se soulever, frémissant, le voile de l'amnésie.

Pas de chance pour moi, l'acte trois venu trop vite a mis fin à cette brise d'espérance, c'était reparti pour du plus guerrier, et j'avoue que William Joyner dans le rôle de Malatestino dall'ochio, était un méchant parfait, juste la bonne dose de second degré pour être irrésistible. On sent qu'il s'amuse dans le rire sardonique.

À peine le temps d'un petit Je t'aime et Roberto c'était fini. Y a pas, trépasser mutuellement dans les bras de son Grand Amour, ça a de la gueule. Dommage que ça ne m'arrivera pas (4).


Le rideau est retombé (5), sur mes sensations perdues le voile aussi, mais néanmoins cet espoir : peut-être que ça reviendra via tout autre chose que ce qui manque.

Les saluts frimaient un peu. Gilda suppute une romance entre Roberto et Svetla. Je n'en sais rien, étant aussi du sud je peux avoir des gestes très tendres d'affection spontanés sans qu'il s'agisse de romance à proprement parler, peut-être qu'en homme avisé il profitait d'une possible prolongation de la promiscuité des rôles, peut-être qu'en femme d'expérience et fine psychologue elle a raison, je peux simplement dire qu'à la scène ce couple fonctionnait et que leurs étreintes, comment dire, ... non ... rien.

La voix de Roberto Alagna m'a fait un bien fou dans une zone du fond du crâne où je n'accède plus guère et je lui en sais gré.

 

Pour un compte-rendu sérieux de l'opéra, voir chez Joël. J'ai juste vaguement perçu qu'on se baladait quelque part entre Verdi et Wagner (pour les chœurs particulièrement) sans l'ampleur de ces deux maîtres. Sans déplaisir non plus.

(1) Il est en effet prouvé que les compétences naturelles d'un prince charmant sont dans le réveil, pas l'endormissement. Si on leur attribue un rôle d'endormeur, il se mettent à faire de la résistance au changement, et après ce n'est plus une histoire d'amour mais un échec de management.

(2)de Christian Garcin

(3)J'aime l'explication de l'ami Jean-Michel lequel suppose qu'ils seraient à présent issu de telle ou telle fabrication particulière censée obéir à de sévères contraintes écologiques et que donc "ils ne polluent plus mais ils puent".

(4) Avec la chance que j'ai et si une maladie ne devance pas, je risque de mourir assassinée par la légitime d'un homme persuadée que c'est pour moi qu'il l'a quittée alors que je serai même pas au courant et que je n'aurais plus fait l'amour depuis 25 ans. Mon prénom appelle un destin amoureux ridicule et tragique, j'en connais une qui l'a vaincu mais moi pas.

(5) Au fait je n'ai pas bien saisi pourquoi ce portrait gris comme ceux des tombes l'ornait.

 


Il me dit

Un jour ensemble de ces jours-ci

 

  • Mes pieds sont trop grands, je ne peux plus jouer à marcher sur les carreaux entiers (hall de RER).

J'essaie avec les miens, ça passe tout juste. Mais c'est l'envie de jouer qui chez moi depuis longtemps s'est volatilisée, encore qu'il me vienne parfois dans les temps d'attente quelques pas de danse (faut pas abuser, vive l'envie de sautiller).

  • Les pigeons de maintenant, c'est pas comme quand j'étais petit, on s'approche ils s'envolent pas, juste ils font quelques pas.

Et d'une grande enjambée il s'approche de l'un d'eux, qui passait par là. Et confirme.

C'est de lire ceci qui soudain m'y fait penser.


Quiproquos

Ces jours-ci


  • Je quitte avec un amis les lieux d'une rencontre littéraire dont l'invité était un journaliste que j'apprécie.

- Il est au Monde ?, me fait l'ami.

- Non, au Nouvel Obs, réponds-je sûre de moi (pour une fois).

Le copain me regarde interloqué, puis éclate de rire, "Non, homo, je demandais.". En fait ça ne m'avait tout simplement pas effleuré que ça puisse être la question. Personnellement je ne me la pose que si un homme me plaît, afin de savoir si j'ai l'ombre d'une chance (déjà que même si pas).

 

  • J'explique hier à l'un que je dois aujourd'hui dépanner l'autre pour deux heures, "C'était pas prévu, il a une radio". Et le premier qui a aujourd'hui un rendez-vous à l'hôpital me fait, aussitôt inquiet :

- Ah bon, il a des ennuis de santé ?

- Euh, non, en fait c'est Europe 1.

Il faut dire que ces jours-ci, une grande diva fort bien aimée a pas mal de télés (et de radios aussi (1)).

 

(1) Tiens d'ailleurs, si quelqu'un sait avec quel outil on peut écouter sur un PC sous bête windows et pas bricolable (c'est pas chez moi) les enregistrements de France Inter (qui apparaissent en .php) serais preneuse.

PS : avis aux parisiens qui peuvent y aller quand ils veulent : évitez le musée d'Orsay, il est en travaux de partout, peu de salles ouvertes et du coup la foule dans les parts où ça peut et du bruit (inévitable).

 

 

 


Le mystère résolu de la mite géante

Ces jours-ci dans mon placard ou enfilé.

 

Depuis la fin de la naphtaline, sans doute trop efficace pour nos bronches aussi, nous subissons chez nous la colonisation de mites actives et bien acclimatées. Outre que j'ai la déplorable habitude de considérer l'achat d'anti-mites comme une efficacité en soi et semble considérer que le problème est réglé en stockant avec les produits d'entretien les différents produits de résistance, mais sans les débaler, les pulls de laine délicieuse sont souvent mal rangés et par suite de l'utilisation de gestes colériques d'un des habitants peu de penderies ferment vraiment.

Certains de mes pulls se sont trouvés victimes d'un trouage impressionnant. J'en étais venue à penser que nous hébergions probablement une espèce mutante de mites géantes et particulièrement voraces.

Les mites rafolent du cachemire. Or le père de mes enfants possédait un pull de ce pedigree offert à lui pour un anniversaire. Troué il reste chaud, et si léger, duveteux que son confort est merveilleux. Il est hélas devenu inmettable en public, je l'ai donc récupéré pour les longues soirées d'hiver.

J'ai constaté en début de semaine une nouvelle offensive des petits trous apparus sur l'un des côtés jusqu'alors épargné.

Et ce soir, en l'enfilant, j'ai pu comprendre que la laine déjà un brin démaillée, n'attendait qu'un geste pour se déchirer. Les petits trous mités discrets en ont soudain formé un de taille remarquable. 

J'ai ainsi pigé pourquoi certains lainages portaient des vides si grands. Nous n'avons pas de mite géante mais des petites nombreuses et efficientes.

Voilà enfin résolu un mystère ménager.

De là à en déduire une morale politique ...


Cinq ans après

Force est de constater que si une jolie femme après avoir été quittée peut espérer raisonnablement trouver sinon un nouvel amour du moins un amant, quelqu'un qui perd une âme-sœur, c'est sans espoir de succession.

En lisant "Olivier" le livre si élégant (trop ?) de Jérôme Garcin sur son jumeau perdu, je reconnais bien des points. My own long-lost twin at least is alive. J'ai même eu le privilège de parler au téléphone avec celle qui est proche désormais et je la sais en de bonnes mains et comprends que je ne faisais pas le poids mes malheurs ma banque et moi - c'est plutôt pour cette personne que je m'inquiète en fait (1) ; sachant que qui a quitté quittera, je me tiens prête à venir confier les mots qu'il faudra -. J'espère encore pour elle que le moment ne viendra pas. C'est un deuil redoutable. Sur les cinq ans, deux ans de brouillard complet.

Celui qui m'a aidée au plus près à sortir du brouillard est aussi celui qui deux ans après m'y a replongée. Il est moins dense, et pas fuligineux, pas aussi dangereux. Depuis que j'ai lu Romain Gary, je crois que j'ai un peu compris. Mais je ne peux m'empêcher de croire que mal revenue d'entre les limbes après qu'on m'a éliminée, atteinte aussi par une limite d'âge que j'aurais franchie sans le savoir pendant ma période de peine, c'est moi qui suis finie.

L'amour me joue donc des tours, mais comme me faisait remarquer une amie, au moins il joue (avec moi) encore un peu.

Un bien pour un mal : d'être tombée au fond du trou et d'avoir joué de malchance au jeu de dé des voisinages professionnels et des incompétences managériales qui m'ont mise en présence d'un cas pathologique, je m'en suis finalement tirée par une forme de libération anticipée qui tient du ravissement.

Une seule certitude : il faut que j'écrive et sans plus tarder, que je cesse d'avoir des états d'âme et de vouloir ménager et que j'évite à la fois les écueils de la présomption littéraire, mon goût du cryptique pudique et de l'expérimentation et à l'autre bout celui du récit-confession (j'en vois qui tremblent, je n'irai pas, sachez-le, dormez en paix (2)). À force d'essais-erreur, je finirai, si du temps m'est encore accordé, par trouver la voix juste et la focale qu'il faut. Seulement avec cette amnésie physique que les circonstances et les chagrins m'ont collé et la fatigue permanente de la thalassémie (3), ce n'est tout simplement pas gagné.

Je dois beaucoup à quelques-un(e)s qui m'ont bien aidée à tenir le coup ou m'ont accordé une chance à des moments inattendus. Bizarrement il va me falloir attendre avant de pouvoir le faire vraiment.

Comme dirait un ami du sud, "On n'est pas rendu". N'empêche qu'en attendant la prochaine tempête, probablement par maladie, à moins qu'on se décide enfin nous aussi à faire la révolution, je n'ai à me plaindre ni d'avoir survécu, ni de l'accalmie.

 

(1) Elle dit ce qu'à l'époque je pensais, c'était pour moi l'évidence même et comme elle semblait partagée je n'ai pas su m'en soucier : la vie sans elle, je ne peux pas imaginer.

Je n'ai pas imaginé, j'ai bien été obligée de faire avec, c'est-à-dire sans.

(2) Un et un seul élément de ce qui advint est intransposable - j'y ai réfléchi dans tous les sens, c'était par trop unique - : ma participation au comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun. Nous y étions suffisamment nombreux pour que quoi que je puisse écrire reste assez anonyme (je crois ?).

(3) Je dois aussi écrire sur ce souci. Parce qu'hélas bien placée pour témoigner et que ça pourra aider d'autres personnes, que personne n'en parle jamais. Mais comment tenir tous ces chantiers alors qu'en même temps il faut gagner sa vie ?

 


Le mystère du passage clouté

Today, near the fucking Champs Elysées

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Je viens régulièrement au Petit Palais. Son auditorium héberge de remarquables colloques, rencontres et conférences organisés par la Maison des Écrivains.

Comme souvent pour les belles choses de mes cinq dernières et difficiles années, j'y suis venue une première fois parce qu'un ami y participait, puis je me suis dit que c'était bien, qu'il faudrait revenir d'autres fois, tant et si bien que je suis devenue une "cousine", une habituée. Et que je leur dois un certain nombre d'heures des chagrins protégées : certains ont su si bien me captiver que j'en oubliais mes peines et qui j'étais.

Depuis un paquet de mois, le passage piéton que j'empruntais le plus souvent pour traverser, s'était trouvé déplacé d'une dizaine de mètres. De l'ancien on voyait les traces en plus sombres et comme imprimées par un orage nucléaire. Le nouveau n'était pas des plus beaux : une rustine de bitume en recouvrait plus de la moitié, si stries il y avait, elles se plaquaient.

Pour les automobilistes ça changeait peu de choses : si vous êtes un piéton à Paris mieux vaut ne pas forcer le passage, même s'il est imprimé blanc vif sur revêtement sombre.

Pour les piétons ça n'était cependant pas très rassurant.

Voilà qu'aujourd'hui après une semaine d'absence en ces lieux, je m'aperçois que le passage clouté est enfin entier, repeint. Enfin repeint, tiens, c'est bizarre, ces stries ont l'air datées. Voilà donc un passage pour piéton tout neuf et qui a l'air ancien.

Serait-ce comme pour les jeans qu'on fait maintenant "vintage" exprès, usés aux genous, rapés des talons ?

[photo: in situ]

PS : hé oui je dis encore passage clouté - ce qui correspondait en ma tendre enfance à une réalité -, rhume de cerveau et crise de foie (et quelques autres choses comme ça). Et d'ailleurs après avoir relancé la mode du Picon-bière, j'aimerais m'attaquer à réhabiliter "épater", "C'est épatant" mieux placé qu'un "C'est bath" qui par trop d'emplois s'est trouvé usé.