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Il vaut mieux éviter de se faire percuter

En fin d'après-midi, ligne 2 ou 3 mais concernant la 7, cet étrange message

CIMG8820 dont j'espère qu'il n'est pas une nouvelle variante du bien trop courant "accident voyageur", lequel me serre le cœur à chaque fois - un collègue un jour il y a 16 ans s'est tué comme ça, après un repas pris à la cantine - l'effet de la nouvelle en tout début d'après-midi, à peine le temps de se dire qu'il ne revenait pas, peut-être une course à faire - sa veuve et ses enfants petits, l'aîné alors le bras plâtré, lors de la cérémonie - la seconde en peu de temps, un autre l'avait précédé - mais différemment.

J'y repense à chaque fois.

Sinon, devant la maladresse de l'annonce d'aujourd'hui, j'aurais peut-être souri.

J'espère qu'au mystérieux voyageur ralentisseur de ligne 7 c'est un simple "malade" qui manquait.

[photo : in situ]

 

 


Le soudeur et l'ancien enfant (de troupe)

Aujourd'hui, Paris, Petit Palais (qui hébergeait la Maison des Écrivains et ses activités)

 

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Ils ont tous deux beaucoup écrit, mais c'était de leur travail de diaristes dont il était question.

Ça tombe que j'avais lu Charles Juliet croyais-je adolescente, quand je vois la date de parution de "L'année de l'éveil", je comprends qu'il n'en était rien, que c'était plus tard. Seul mon bouleversement datait de l'enfance : mon père avait été envoyé à 10 ou 11 ans en pension chez les Salésiens un peu à l'écart de Turin où vivait sa famille, et quand j'étais petite il m'en racontait parfois, se faisant houspiller par ma mère qui s'opposait fermement à ce qu'on apprenne le monde (heureusement que m'a sauvée d'être une lectrice avide et mon père abonné à l'Express puis au Nouvel Observateur que je lisais en loucedé). Entre une discipline toute militaire, des journées entières consacrées à l'étude avec pratiquement pas de récréation, et la famine qu'ils subirent pendant la guerre, ça ressemblait bien fort à ces récits d'enfants enfermés que je lisais dès que j'en trouvais. Je n'ai compris qu'une éternité plus tard ce qu'il avait vraiment dû subir là-bas et dont il ne parlait pas, et qui pouvait expliquer ces bouffées de violences qu'il avait parfois - jamais contre ses enfants, seulement verbale, celle-là -.

En revanche j'avais compris combien il convenait d'admirer ceux qui comme Charles Juliet avaient trouvé moyen de parler (1). Confusément je ressentais que mon père, s'il avait pu en faire autant serait devenu l'homme qu'il était quand on regardait ensemble le foot à la télé, ou quand en oncle joyeux il chahutait avec mes cousins, et non pas la boule de grondements et colère qu'il était si souvent pour un oui ou pour un non. Pour lui qui assuma à certaines périodes des journées de travail double, qui avait perdu beaucoup de sa langue d'origine mais n'était peut-être pas totalement à l'aise pour envisager de l'écriture en français, pour lui devenu à force de trimer certes un peu moins pas qu'un prolétaire mais beaucoup moins et beaucoup plus épuisé que tout autre casier social, écrire était inenvisageable.

M'en est restée cette admiration immense pour ceux qui avaient franchi le pas. Et cette idée bien ancrée que c'était rendre service aux autres.

De Pierre Bergougnioux, comme souvent pour un certain type de rencontres décisives - celle d'avec ceux qu'on ne fréquente pas personnellement mais qui prennent place dans nos vies ? C'est en fait peut-être plus compliqué - je ne saurais dire depuis combien de temps je le "connais". J'ai le sentiment que c'est toujours. Je sais bien que non. Je sais aussi que c'est lié à Pierre Michon - mais lequel m'a guidée vers l'autre ? -. Je sais que je suis immensément loin d'avoir tout lu. Il se pourrait que ça soit Janu qui soit à l'origine de cette "rencontre".

Je sais que je ne me lasse pas, cet homme sage et venu de si loin, loin en tout et pas seulement en géographie, de l'écouter, lui qui parle en phrases d'écriture, au point parfois de verbaliser la ponctuation, comme certains profs d'antan. Lui dont m'amuse et m'attendrit l'humble cabotinage, qui n'est pas sculpteur mais un soudeur, et un seul mois par an.

Les deux hommes ont l'un pour l'autre cette admiration particulière de ceux qui s'en sont sortis avec une distribution de départ qui faisait d'eux aux yeux du monde des sans-atouts. Et qui savent ce qu'ils doivent à l'écriture, mode si particulier de sauver la mise, et si exigeant.

Ma semaine s'annonce chargée, le week-end prochain dense, le froid me dévore l'énergie ainsi qu'un rhume modéré mais dont je me serais si volontiers passée. Je sais cependant qu'à leurs mots je penserai et repenserai et à plusieurs reprises. Qu'ils me tiendront compagnie. Et je crois bien qu'à les écouter j'ai (un peu) grandi.

Merci

(à eux, à Dominique Viart qui fut un modérateur parfait, à qui organisait, à qui m'a accompagnée (j'y serais allée quand même, notez))


(1) Je me souviens aussi de "Chiens perdus sans collier" de Gilbert Cesbron et dans un domaine légèrement différent quoiqu'il s'agit également d'une oppression faite à des enfants "Vipère au poing" d'Hervé Bazin et bien sûr "Poil de Carotte" de Jules Renard.

PS : Mieux écrit et plus large de sujet, un billet chez Martine Sonnet

Virgule, plus tard, virgule

 

PS' : J'ai adoré la réponse de Pierre Bergougnioux à la question "Pourquoi "carnet de notes" et pas "journal" ?" et qui était de dire en substance et avec humour qu'un prof à cette appellation pouvait difficilement échapper, ou résister.

[photo : cet après-midi au Petit Palais ; merci à la MEL qui organisait]


Si fumer tue, lire rend malade (dans certains cas) (et d'ailleurs écrire aussi)

Tonight, entre mon lit et ma cuisine

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Il est des lectures auxquelles on n'échappe pas, trop de chemins me menaient à celle-ci dont voici le plus frais :

J'apprécie rarement les lectures à voix hautes données par des acteurs de métier. Je trouve qu'ils ont tendance à théâtraliser, à y mettre trop d'emphase. Je n'aime pas davantage la façon de lire qu'ont certains dont ce n'est pas le métier : on dirait qu'ils nous font la dictée, tout juste s'ils ne vocalisent pas comme nos instits d'antan, chacune des ponctuations. Certaines personnes qui savent allier à un élégant dépouillement une forte intensité me laissent en revanche scotchées : elles pourraient me lire le bottin ou les règles BAEL 95, je les écouterais des heures durant sans me lasser.

Ariane Ascaride est de celles-là (1). Si j'apprends qu'elle lit quelque part et si je peux y aller, j'y vais. Ça ne date pas d'hier et rien n'y a fait.

En plus ce n'est pas le bottin qu'elle lit mais bien souvent des textes finement choisis.

Vendredi passé, au Rond Point elle lisait des extraits d'un des livres de Charlotte Delbo, "Mesure de nos jours".

Et qu'il ne s'agit pas d'un récit sur l'expérience indescriptible des camps de concentration, même si c'est le propos des livres précédent de cette femme, déportée, qui a su trouver la force de témoigner. Non, là c'est pour ainsi dire de vie normale qu'il s'agit. Cette vie "normale" que les rescapés ont tant de mal à assurer. Après l'indicible, que peut en effet être la normalité ? Après avoir bravé au péril de sa vie certains ordres des kapos, comment devenir capable d'obéir à un petit chef de l'entreprise dont on tente d'assurer la comptabilité, puisqu'avant les camps c'était son métier ? Comment devenir capable ou redevenir, d'entretenir une maison, préparer un dîner, se soucier du choix de la couleur du papier peint, celui de la chambre. Et des rideaux du salon ? Comment faire face à la mesquinerie de ceux qui s'étaient empressés de vous déclarer manquants et se glisser dans l'héritage latent ?

Parce qu'il traite non de l'horreur même mais du très quotidien, ce livre avalé ce soir d'une traite sans pouvoir le poser, m'a serré le cœur comme rarement un texte le fait. C'est écrit sans chichi, sans effets. Il y a de petits poèmes terre-à-terre pour tenter de dire ce que la prose ne rendrait pas. Des témoignages mais jamais linéaires, toujours écrits. On aimerait d'ailleurs tant croire à une fiction.

J'ai à peu près tenu le coup, malgré certaines choses que bien que grasse femme de l'occident du début XXIème à la maison chauffée, je ressentais ; jusqu'au témoignage de celle dont l'Homme est prévenant, attentif, amoureux. Et qui l'aura guidée vers la réinsertion "comme on apprend à parler à un petit enfant". Cet homme qui fait exception tant les autres sont banalement désespérants, jusqu'à l'ancien héros résistant qui rendu à la vie civile devient un mesquin comme les autres, visant l'enrichissement. Ou ceux qui rejettent l'ancien camarade dont on suppose, puisqu'il a été le premier arrêté et les autres peu après, qu'il a trahi (2).

Quand les livres sont écrits à ce point sans tricher, et sur des sujets qui touchent au cœur des choses, j'ai du mal à les surmonter.

Voilà que la fièvre arrive, pour cette fois sans nausées, je sens les frissons avant-coureurs et la température osciller. J'écris ce billet puis je vais devoir me coucher, très vite avant que ça n'empire. Préparer le tee-shirt de rechange à portée de main quand plus tard dans la nuit celui que je porte sera trempé. À force, je suis rodée. Il est cependant rares que les symtômes soient si fort, si immédiats.

Je n'écris pas ça pour vous dissuader mais tout au contraire : si vous parvenez à vous procurer un exemplaire de ce livre qui n'est pas réédité, n'hésitez-pas. On en sort bien plus sages. Et grandis.

 

 

(1) Mathias Énard aussi. Je ne sais pas l'expliquer parce qu'il lit vraiment sans faire le malin ni rien. Mais quand il le fait, il se passe quelque chose.

(2) Sauf que dans cette histoire précise c'était faux, encore un coup réussi des Apparences Trompeuses et que de toutes façons : comment en vouloir à quelqu'un qui parle sous la torture ?

[photo : rien à voir mais peut-être que si, cette solitude - un fauteuil esseulé d'un des couloirs d'accès d'en bas à la BNF, vers les toilettes entre autre -]

 

 


Insoupçonnable

Lu ce matin

"Il parlait au téléphone avec la secrétaire de son département. Un de leurs anciens étudiants venait de mourir. Voix basse, émue. Dans une autre pièce, sa femme n'entendait que le timbre, les intonations, des bribes. Elle a cru à une conversation galante et lui a fait tout un cirque. [...] Elle refusait de croire qu'il s'agissait de la secrétaire (au physique insoupçonnable), elle n'avait qu'à faire le bis pour vérifier. [...] Il a refait la manipulation sur son appareil, devant elle : le numéro de la secrétaire est apparu aussitôt. Il est tranquille pour un an."

Hédi Kaddour, "Les pierres qui montent" entré du 24 janvier 2008


Dans un premier temps je me suis dit que je tenais là une jolie "apparence trompeuse" à joindre à ma collection. J'en ai comme ça plusieurs, Apparences trompeuses, Objets et meubles trouvés dans la rue, Objets et gestes oubliés ou désuets, et la toute récente Jambes interminables (1), que je m'efforce au fil de l'eau de compléter.

La voix basse et émue de l'encaissement d'une annonce de deuil est confondue avec du bas de complotage et de l'émotion de séduction.

Et puis le physique insoupçonnable m'a sauté aux yeux. Je sais que j'en suis.

Un jour, une fois, une seule, on m'a soupçonnée, une amie qui m'avait crue la cause de son délaissement, que j'avais pressenti mais que j'ignorais, et que ce fut un rude moment non seulement de comprendre ce qu'on me reprochait mais ensuite d'avoir à se défendre de quelque chose qui ne pourrait jamais arriver. On se défend difficilement de ce qui n'a jamais été envisagé. Elle m'accusait, je crois, en profond désespoir de cause, parce qu'elle ne voyait vraiment pas qui et non parce qu'elle m'estimait éligible.

Ce n'est pas une découverte, depuis plus de cinq ans je sais à quoi m'en tenir et même d'ailleurs avant (2), seulement le voir en deux et deux seuls mots si irrémédiablement exprimé m'a fait mal. L'absence de verbe en fait un état. Le rend irréversible. Je suis de ces femmes au physique insoupçonnable, il faut se faire une raison, on ne peut, dans ce cas et sauf exception, pas plaire aux garçons.

Il serait parfois si bon d'être apte à susciter le soupçon.

 

(1) Au fait si au détours d'un texte publié vous tombez sur une phrase esquissant un individu, généralement de sexe féminin par ses "jambes interminables" ou qualificatifs cousins, n'hésitez pas à me les envoyer. J'en ferai un blog lisible quand j'en aurais assez.

(2) La différence c'est qu'avant je croyais naïvement qu'on pouvait compenser l'absence de pouvoir de séduction physique par d'autres attraits, qu'il existait peut-être des hommes aptes à ne pas se fier qu'à l'apparence, capables aussi de faire l'amour sans être la première fois particulièrement attirés et d'y revenir ensuite pour cause de belle entente, loin des canons (de la beauté).

PS : À part ça, dans le texte, qui ensuite passe à tout autre chose et qui auparavant évoque d'autres sujets, je n'ai pas compris ce "pour un an" à mes yeux mystérieux. Un "il est tranquille pour l'instant" voire "pour un moment" m'eût semblé plus cohérent. L'auteur sait cependant des choses qu'on ignore. Et l'on peut rêver que l'insoupçonnabilité de la secrétaire n'est pas ce qu'elle semblait.


Disparue sur place

Ce soir, à la maison

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Il avait dû faire un cauchemar, se lever précipitamment. Le sac posé depuis des lustres le long de la penderie et non loin du lit, sac en papier kraft comme on propose quand ça peut pour ne pas polluer, s'était trouvé éventré.

J'ai décidé d'utiliser un bref regain d'énergie en cette fin de dimanche pour enfin ranger ce qu'il contenait.

Cet effort m'a permis de remettre la main sur 8 livres (1), dont deux que j'avais prévus d'offrir, l'un étant dédicacé ce qui date cette retrouvaille, 4 cartes postales vierges assorties, un peu d'argent en menue monnaie, un cahier fantaisie curieusement du même modèle que ceux que je côtoie régulièrement en ce moment et un crayon à papier.

2006 dit la dédicace du cadeau abandonné. C'est l'année où les mauvaises circonstances réunies et deux des plus proches personnes dans ma vie à force d'insister que je n'étais pas ou plus ou n'avais jamais été en fait celle qu'il leur fallait, ont failli me tuer. Cet achat, ou ces achats (on dirait plusieurs lots regroupés, contrairement à une cruelle légende familiale, j'ai toujours tenté pour cause de budget limité de me rationner, alors 8 livres ça doit correspondre à 2 au moins, sinon 3 moments d'achats), viennent de cette période-là, sans doute quand après avoir frôlé l'hospitalisation, j'ai tenté de reprendre le cours normal du quotidien.

En ce moment où ma vie commence enfin à ressembler à une existence normale, j'ai parfois la sensation de revenir d'une longue captivité précédée par une arrestation soudaine et insensée. Il devient donc cohérent de retrouver de temps à autre des choses laissées en l'état du jour où l'on m'aurait arrachée à l'affection des miens.

Dois-je tenter de retrouver la mémoire ou est-il préférable de laisser dans l'oubli ce dont j'ai perdu l'accès ? Est-on condamnée à être perpétuellement celle de trop lorsqu'on est rescapée d'un accident de la vie ? Redeviendrai-je une femme, au lieu d'une forme de fantôme, avant qu'il ne soit trop tard ?

 

(1) Estelle Montbrun "Meurtre chez Tante Léonie", Dominika Dery "Saucisses et petits gâteaux", Cesare Battisti "Jamais plus sans fusil" vieille édition du masque (il y a des titres qu'on doit regretter parfois par après), Gabriel Garcia Marquez "Cent ans de solitude", Agota Kristof "La trilogie des jumeaux", les deux derniers dans une édition particulière chez Points, un manga pour mon fils qui en a bien ri (5 ans après ses goûts ont changés), une belle BD "Les sous-sols du révolu", et le cadeau manqué (impossible à offrir désormais, il n'est plus adapté).


Spéciale dédicace à celui qui peut comprendre, hélas, j'en ai peur. Au moins à cause du mot "Saucisse" ;-) :-(

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Désentélévisée

today, "au bord du soir", en sous-sol, quelque part

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Il prévient qu'il ne peut s'attarder - d'habitude il le fait volontiers -, qu'il convient qu'il se repose avant une émission de télé qui aura lieu en direct dans quelques heures à peine. De celles où les invités, surtout ceux pour les livres, se font généralement aligner, mais voilà, pour qu'un livre survive il faut qu'on le vende pour qu'on le vende qu'on en parle alors les auteurs dont en d'autres temps ce ne fut pas le métier vont sans fleurs ni fusils au casse-pipe médiatique.

Je pense qu'il a les qualités d'humour et de répartie pour s'en tirer mieux que pas trop mal. Pour lui je ne m'inquiète pas.

La conversation collective vogue vers les noms de différents présents prévus ou pressentis. Je m'aperçois que je connais ceux des artistes invités mais à part le chef de bande, et un ou deux qui par ailleurs publient, rien des animateurs.

De retour, sur l'internet, je tente de me renseigner un brin, au moins pour comprendre même tardivement les bribes restées mystérieuses de la conversation. Demande autour de moi si l'émission est suivie. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

La plupart des gens que je fréquente et connais ne regarde pas ou plus la télé. Ce n'est ni délibéré ni coordonné : on s'aperçoit simplement au détour d'une conversation qu'on n'est pas la seule personne qui ne suit plus rien, qui ne l'allume pas.

Ce n'est que lorsque la question me revient, Mais et toi, tu vas regarder ? que je m'aperçois que c'est effectivement de l'ordre du possible, que je dispose d'un appareil chez moi et que la chaîne fait partie de celles que nous recevons (je crois). Qu'il est donc techniquement parfaitement envisageable de tenter de suivre la prestation annoncée.

Et que ça ne m'avait pas même effleuré. Exactement de la même façon que s'il avait dit devoir filer à l'aéroport pour être le soir-même dans une ville lointaine où aurait eu une rencontre dans un lieu spécifique au public limité. Et que je ne fais partie ni de ses habitants ni des sélectionnés.

Enfant de banlieue et du siècle dernier qui s'apprêtait à s'achever en quelques lots d'années, j'ai été pourtant éduquée pour partie par le poste, seule ouverture sur le monde, avec la radio (très rationnée) et les livres (moins), qu'à domicile on avait. La télé fut pour moi petite l'amie des jeudi fin d'après-midi.

Mais à présent, étrangement, c'est un monde étranger. Au point d'avoir intégré le fait de n'y avoir plus accès.

Alors qu'il reste parfaitement possible.

Bon courage à celui qui doit s'y coller.

[photo : in situ, et pour une fois un peu bidouillée (par discrétion, pas pour faire joli)]

 

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Vrac vendredi midi

Là, maintenant

 

Mon nez coulait lamentablement, les mouchoirs du jour ayant fait usage, je trouve par terre un paquet neuf.

En sortant du métro, c'est le soir, il est tard, un homme m'aborde comme le font souvent en ville les gens pour demander aux autres s'ils n'ont pas du feu ou une cigarette. Mais c'est un mouchoir dont il a besoin. Je lui tends volontiers le paquet fraîchement trouvé et qui m'a moi-même dépannée.

*    *    *

Je suis terriblement déçue par un livre dont, appréciant l'auteur et ses opus précédents (de délicieuses petites philosophies), je m'apprêtais à aimer la tentative romanesque. Si déçue que je passe 50 pages à me demander s'il n'a pas souhaité s'essayer à une forme de parodie - c'est quelqu'un dont j'aime l'humour -.

La libraire de Montparnasse au contraire parle d'un coup de coeur pour cette oeuvre et qui lui trouve exactement les qualités que je ne lui vois pas. Au point que je doute d'avoir lu le même bouquin. Pour un peu je lui demanderais son exemplaire afin de vérifier que les pages imprimées sont les mêmes.

Ne jamais perdre de vue que rien n'est plus subjectif que la perception d'une oeuvre y compris dans ce qui de prime abord pourrait sembler relativement technique (style et construction).

*    *    *

J'entreprends, sérieuse, une démarche pour mon propre travail ... et me retrouve immanquablement à parler du boulot des copains.

#cestplusfortquemoi

Je suis un élémentaire cher Watson.

*    *    *

Pour la première fois j'ai évoqué Wytejczk sur un mode léger, comme si de rien n'était. Ferais-je enfin des progrès ? Il me manque encore et souvent. Une âme soeur n'a guère de remplaçant(e)s.

Je me demande ce qu'il répondra à quelqu'un qui lui parlera de moi. A-t-il effacé jusqu'à mon souvenir (et si oui, quand même, pourquoi ?).

*    *    *

Il est temps de repartir, on m'attend.


C'est tout à fait ça

Ce matin, de ma cuisine

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Merci une fois de plus à Xavier Gorce pour cet éclat de rire du lundi matin. L'original est par là

J'avoue qu'après avoir passé le week-end pour partie virtuellement là-bas, je me reconnais dans ce manchot qui dès ce matin a repris le cours de sa petite vie, malgré ce que d'aucuns qualifieraient "d'enthousiasme barricadier" (1).

Dans une vie idéale je serais quelqu'un de pleine santé, grand reporter pour un vrai journal (photos ou textes), et j'aurais un vrai amoureux en entier que je quitterais le temps d'aller couvrir ce qui se passe quand quelque chose se passe. Il serait évident que là-bas j'y serais. Dans la réalité mon seul engagement concret fut de tenter d'aider quelqu'un qui s'y était collé avant et ailleurs, et pour qui ça avait mal tourné. De ce peu que j'avais fait j'en suis sortie ma vie secouée et moi exténuée, incapable de retrouver l'élan du moindre engagement, avalée par le quotidien et ses taches successives que je ne sais même plus accomplir avec efficacité.

Comme dirait un ami, Chacun fait ce qu'il peut.

Et depuis 5 ans, je peux assez peu. Ho hisse !

En tout cas depuis vendredi un peuple sait l'effet que fait de retrouver sa dignité et, quoi qu'il advienne, personne ne pourra désormais leur ôter cette conscience.

Le bonheur inouï d'une victoire collective peut donner la force de changer de vie. La peur perdue ne revient pas.

 

(1) sur France Culture paraît-il ce matin, une chronique d'Alexandre Adler. Mais commme j'ai passé mon dimanche après-midi à écouter cette radio, ce matin je n'y étais pas.