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Au vol en passant

Dernier mercredi de ce décembre, curieusement.

 

 Il y a des jours comme ça, où l'on remarque de petites choses, soient qu'elles aient décidé d'une date précise et collective pour se manifester, soit qu'on ait été plus attentifs.

Un premier petit gag fut la volatilisation d'un camarade de salles studieuses : il arrivait pour s'installer au bout de la rangée où ma place était réservée à l'instant précis où je me levais pour aller prendre un café. Bref échange, puis j'y vais. Je reviens 5 minutes plus tard, 6 peut-être, plus aucune trace de lui.

(Entre temps j'ai su qu'il s'était simplement trompé de place, sur le coup à cause d'une déformation due à certains enchaînements brutaux de ma vie, je n'ai pas su rire, mais rétrospectivement si).

Et puis il y eut ce distributeur si délicat envers les amateurs de chocolat. Est-ce partout comme ça ? (il me semble que c'est la première fois que j'observe un tel choix)

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Lequel était alimenté par une jeune femme dont la coiffure et le profil rappelaient irrésistiblement LA photo de Virginia.

Était-ce volontaire de sa part d'accentuer ainsi une ressemblance qui y était déjà ?

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Il y eut dans une vitrine devant laquelle je passe souvent et qui n'est pas renouvelée si fréquemment, ce haut qui serait importable pour moi. Pourquoi ne l'ai-je remarqué que ce jour-là ?

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et en haut de cet immeuble que je vois pourtant lui aussi si souvent, cette plante si précisément entourée que tout semble millimétré. A-t-elle été choisie en fonction du balcon ou le retrait prévu pour elle exprès ?

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Et enfin le passage en fin de journée d'un carrosse (probablement promotionnel ?) qui ressemblait à celui de Cendrillon 5 minutes avant la citrouille.

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Certains jours je me demande si je suis encore en vraie vie, ou dans un monde parallèle dont la porte se serait ouverte le 17 février 2006, et que je n'aurais plus quitté depuis, même si au printemps 2009 ça avait failli.

Le côté enchanté qu'a parfois ce monde n'est pas pour déplaire à l'imaginative que je suis, mais la vie entière et vraie me manque cruellement et du bon ce(ux) qui l'étayai(en)t.


[photos prises le mercredi 29 décembre 2010, dans Paris, éparpillées]

 

 

 


Mysterious man

This very morning, later than usual but not so late

 

La fatigue est telle que je n'ai pas le choix, je dois me ménager des poses forcées, même si au moment concerné je me sentirais presque en état de faire quelque chose. Je sais qu'au moment suivant où ma présence en forme sera requise, si j'ai usé mes forces elles n'y seront pas.

Ce matin c'était comme ça, rester au lit jusqu'au bout naturel du sommeil. Ce qui, lorsque toute sa vie ou presque on a été habitué à des réveils contraints vers 6h30 ou 7h signifie se réveiller une première fois puis repartir vers d'autres songes, plus agités et dont parfois on se souvient.

Ç'avait été une nuit avec fièvre, depuis 5 ans j'y suis habituée au point d'avoir à portée de main un tee-shirt de rechange quand le premier est trempé et que passé le pic de fièvre le froid me réveille du vêtement mouillé. Ces nuits de pallud affectif me laissent généralement épuisée. Le sommeil supplémentaire était donc bienvenu.

J'y ai fait des rêves. Je suppose assez mouvementés, les rêves de rendors le sont si souvent.

Toujours est-il que lorsque la lumière du jour naissant délicatement m'a réveillée, j'ai pu sauver une phrase, une phrase, une phrase et une seule, mal foutue et bancale, en anglais :

"I am the man who doesn't like clock."

qu'un homme me confiait. Mais plus rien du tout du reste, tout le rêve ayant été instantanément effacé. Plus aucune trace de qui pouvait être cet homme, ni de son allure. Une vague impression de gens autour d'une table comme pour une assemblée, une réunion, quelque chose de l'ordre du travail, d'un projet et encore plus ténu, que la personne qui avait inspiré le personnage de Wytejczk en était (au moins à un moment donné). Mais peut-être venait-elle du rêve qui avait précédé le dernier.

Ce n'est pas la première fois, c'est même presque fréquent qu'un rêve ne parvient à jeter qu'un seul caillou sur les rives du réveil. Mais je sens que je n'ai pas fini au cours de la journée de m'interroger.

Who the hell was that guy ? And what did he exactly mean ?

 


Treize étrange, décidément

Ce soir, vers 20 heures, ligne 13 toujours

 

Cette fois-ci je rentrais après une journée bien remplie entre différents lieux et travails (le pour les autres et le pour moi). J'avais certes un peu triché, empruntant pour remonter jusqu'à La Fourche un train destiné à Saint-Denis qui respectueux des traditions de saturation était moins chargé que ceux pour Asnières-Les Courtilles-Gennevilliers. Il n'avait pas tardé et à nouveau j'étais assise.

Deux fois dans la même journée, je ne suis pas certaine qu'en 22 ans de vie clichoise ça me soit déjà arrivé.

Mais j'ai dû à La Fourche abandonner et la rame et ce bref privilège, et peu après monter dans un wagon chargé. Je me suis calée avec sacs et livre encore ouvert contre la tranche d'un siège, restait peu de stations à mon parcours et peu de paragraphes au chapitre entamé, ça irait. C'est alors qu'un bel homme jeune et sportif d'allure m'a proposé sa place, lui qui était tranquillement calé contre l'une de celles qui se replient et tranquillement avec un pote ou un cousin (1) discutait. J'ai décliné, je n'allais pas loin, il m'a dit je descends à la prochaine, ça ne me dérange pas, Madame, vous savez, j'ai dit Je descends aussi à la prochaine ou à celle d'après (2), ce n'est pas la peine, mais vraiment merci.

Ce n'est pas la première fois qu'on m'offre un siège sur la ligne 13, quand je fus enceinte aux jours où ce n'était pas la presse infernale (3), il y avait presque toujours quelqu'un pour proposer, parfois je pense parce que j'étais pâle et fatiguée à faire peur.

Mais là j'allais bien, un chapeau couvrait mes cheveux donc on n'en voyait pas les blancs, j'étais vêtue sans style ni âge, et presque plutôt en forme, je crois que c'est simplement parce que je lisais debout en tentant de prendre quelques notes qu'il m'a proposé cet échange, avec en prime un sourire élégant.

Et aussi parce qu'il m'avait vue. Serais-je donc enfin en train de me défantômiser ? 

Ou était-ce aujourd'hui le seul jour de l'année où la ligne 13 devient enchantée, comme pour compenser les 364 autres qui nous voient transportés comme du bétail maltraité ?

 

(1) Ils avaient entre eux cette sorte de ressemblance inimitable qui n'est pas celle, généralement plus forte, de la fratrie.

(2) En temps passé avant d'arriver en nos pénates, en gros, ça se vaut.

(3) Dans ces cas-là on peut à peine respirer, alors de la à remarquer la présence d'un potentiel futur bébé ...


Une impression étrange de 4ème dimension

Ligne 13, ce matin peu après 8h30

 

Alors oui, c'est la semaine d'entre Noël et jour de l'An, alors oui pour la première fois depuis des jours il ne fait ni grand froid ni forte neige, alors oui c'est normal que ça fonctionne et qu'il y ait moins de chalands.

Pourtant déjà hier, ç'aurait dû être le cas et - presque même horaire - j'étais debout un peu coincée, pouvant difficilement bouquiner.

Ce matin, somptueux miracle : une arrivée rapide, et une place, une vraie, pas un fragile strapontin menacé d'affluence, une place, donc, assise.

Sur la ligne 13, dans le sens banlieue vers Paris, à une heure courante de départ au travail.

(Vous avez bien lu et je n'invente rien).

En cours de trajet aucun arrêt intempestif, à peine une légère temporisation à La Fourche, j'ai failli de surprise d'être arrivée si vite, oublier de descendre à Satin Lazare.

Me suis très sérieusement demandée si à force de mener une vie si bizarre, intense et désertée, je n'avais pas basculé dans une 4ème ou 5ème dimension, à moins qu'une guerre nucléaire ou catastrophe écologique n'ait eu lieu dans la nuit sans qu'on m'en ait prévenu.

Heureusement à la station de gare, les pousseurs étaient là, et un message (ô combien) familier : "Par suite d'un problème de signalisation, le trafic est ralenti en direction de Châtillon".

Tout rentrait donc dans l'habituel désordre. Ça tombait parfait, j'étais arrivée.


Un petit parfum d'antan

aujourd'hui, Bibliothèque François Mitterrand, Paris

28122010

 

Après une nuit éprouvante - avec les copains des VRB nous formions une sorte de gang de type Bonnie & Clyde et mettions un vaste pays à feu et à sang (1) ; à un autre moment je retrouvais l'Homme Réconfortant cette fois-ci avec du temps ; bref le genre de réveil par après où l'on est épuisés par une nuit trop active ... rêvée -, j'ai eu un mal fou à émerger.

Dès lors suis arrivée quelques minutes trop tard pour pouvoir profiter pleinement de ma réservation à la bibliothèque : j'ai pu entrer en salle, une autre place au moins restait disponible mais les ouvrages que j'avais réservés étaient repartis se promener.

L'occasion où jamais d'aller enfin voir l'expo. Depardon sur sa France d'autant qu'elle ferme au 9 janvier donc il était temps de se dégrouiller, puisqu'elle était sur place et juste moi aussi.

Bonheur.

Il a capté comme pour sauvegarde, et avec une technique ancienne qui rend les clichés curieux si précis pour l'immobile et flous pour le vivant, si élégamment si grands, il a capté, donc, ici et là en France des endroits tellement quelconques qu'ils en sont remarquables. Du quelconque pas n'importe comment : du quelconque comme on n'en fait plus.

J'eusse aimé venir avec Stéphanot afin de lui montrer le pays(age) de "Quand j'avais ton âge". Hélas précisément il est à celui où l'on se fout de tout sauf d'un jeu video et pour les plus dégourdis d'un(e) petit(e) ami(e).

C'est curieux comme au fond ce qui a changé c'est principalement la corpulence des gens, leur rare présence témoigne de XXIème siècle, pour le reste le photographe semble avoir travaillé pour un cinéaste pointilleux qui s'apprêterait à tourner une histoire se déroulant dans les années 60.

Seul autre indice, à Chambéry le café Enjoy est un cybercafé.

Saisisante cette image de passants regardant vers le haut de leur village une maison flamber. J'ai d'ailleurs mis un temps à comprendre : vers quoi sont-ils tous retournés ?

Admiration aussi pour la conception de l'expo : une première salle les seules images sans dates ni lieux, puis, une seconde et leur reproduction en petit format si net qu'il en ferait mal aux yeux, cette fois on apprend où ; enfin une zone comportant des explications sur le projet lui-même, les références aux illustres prédécesseurs d'Eugène Atget à Andrew Wyeth, les travaux préludaires, un très joli itinéraire de la vie, étapes et intersections ("1987 rencontre de Claudine Nougaret" - pensée - : pourquoi faut-il que chacune des rencontres déterminantes de ma vie tournent au chagrin majeur, fors une seule pour l'instant ; qu'est-ce que je ne fais pas comme il faudrait ou que je fais comme il ne faudrait pas ? -), des cahiers de repérages, des polaroïds gondolés, à Berck-Plage les premiers essais, pour les amateurs éclairés de bons détails techniques.

Bref, une belle bouffée d'intelligence et de réconfort. J'ai, je crois, bien fait de me lever trop tard.

 

[photo : les cahiers de repérages, trouble exprès]

(1) Pas besoin de quoi que ce psy, c'est juste la lecture de "A good man is hard to find" de Flannery O' Connor, sur les conseils hier de mon amie Claude qui m'a fait trop d'effet et l'inclusion d'un commentaire associé à un statut facemuche qu'à ce sujet j'avais tapé.

J'étais trop bien comme tueur, il faudrait que je songe à tueur à gages pour ma reconversion. Libraire, c'est trop mal payé.


Petite collection de coïncidences

à Noël

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J'avais croisé Philippe Caubère plusieurs fois au cours des dernières semaines.

Auparavant, j'avais de lui un souvenir cinématographique impressionné - j'étais allée en 1978 avec ma classe voir son Molière et pour la première fois ce jour-là étais entrée dans une cabine de projectioniste -, un souvenir de théâtre en 2006 mitigé - invitée à une soirée où j'espérais pouvoir revoir Wytejczk, j'avais cependant privilégié une réservation au Rond-Point préalable et n'avais pas su apprécier le spectacle de ce soir-là, trop de "moi je", trop d'attaques envers Ariane Mnouchkine qui n'étaient pas même spirituelles, une partie du public qui riait et moi qui ne comprenais guère pourquoi, un autre moins mauvais - toujours au Rond-Point, l'année d'après -. J'ai découvert un gars qui aime les livres aussi et pas que ça.

C'est tombé comme ça que j'avais en poche quelques sous imprévus (et bienvenus), un brin de temps inattendu aussi.

Je savais qu'il jouait non loin d'où j'étais et suis donc allée voir. L'horaire, ô miracle, coïncidait à l'instant près.

La solitude à Paris n'est pas sans quelque avantage : on peut au débotté assister à ce qui nous plaît, il est rare qu'une entrée et une seule ne se trouve pas.

Je me suis donc trouvée à assister à une courte pièce ou longue lecture dont en entrant j'ignorais le sujet, "Jules et Marcel", ça s'appelait.

Galabru jouait donc Raimu et Philippe, Pagnol. Ils interprétaient leur correspondance, houleuse comme le sont parfois celles des plus belles amitiées. Un troisième larron intervenait parfois pour ressituer, hé oui, en 2010, ce qui était évident pour un public populaire du temps de mon enfance, car alors Raimu et Pagnol étaient des personnes de grande notoriété, longtemps plus tard nécessite des explications envers un public de privilégiés et qu'on peut pré-supposer cultivé. Ça cabotinait d'un peu partout dans les écrits comme leur dire, mais c'était assorti. Et puis il est toujours plaisant pour un public de voir des artistes suffisamment en phase et amusés pour se livrer à de petites improvisations, c'est le bonheur du théâtre, comme de la musique "en vrai".

J'étais émue du sujet. La veille j'avais écrit quelques mots dont certains au sujet du même Marcel, alors que j'ignorais encore et que j'irai au théâtre et quel serait le thème abordé.

Au fond la meilleure façon de lutter contre les chagrins, surtout ceux que nous infligent ceux qu'on aime (1), c'est de mener une vie si belle que leur absence s'éteint.

Je me souviendrai donc du petit bond de bonheur qu'aura fait le cœur en comprenant de qui il s'agissait, de cette émotion particulière qu'il y a à retrouver sur scène celui avec lequel une heure plus tôt on causait surtout pour quelqu'un comme moi qui ne sait pas vivre dans un seul monde à la fois, alors ces changements de dimensions j'aime profondément ça, et de saluer la gosse que j'étais et qui n'aurait jamais pu s'imaginer 32 ans après que le Molière de l'écran en descendrait tout près.

La femme adulte est triste de d'abandons et d'un corps délaissé. La gamine persistante est ébahie de ce qui en grandissant lui est arrivé. C'est au delà de tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Et pas trace de trahison : la seule concession, un job alimentaire pendant plus de 20 ans.

Comme dirait un grand ami du (trop) lointain sud (2) : on n'est pas rendu. Mais néanmoins : On en est là.

(et c'est fichtre pas si mal que ça).

[photo : marché de Noël sur les Champs Elysées, cette année]

(1) À la relecture, cette phrase me paraît bête : qui d'autre pourrait nous en infliger ? Mais c'est venu comme ça, je laisse le premier jet. Je suis trop sentimentale, autant assumer.

(2) En même temps comme je trouve que la Belgique aussi est trop loin, et que Paris est limite déjà trop petite, mes désirs géographiques semblent inconciliables.

PS : Pour infos pratiques, c'est par ici ou par et attention seulement jusqu'au 31 décembre.


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Joyeux Noël

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Difficile hélas de sourcer, même si je crois reconnaître Voutch, un de mes préférés : celui qui m'a envoyé cette carte ne l'a pas fait (1). C'est d'ailleurs pour moi assez surprenant cet envoi, compte tenu du rôle qu'il joue dans ma vie : est-il à ce point inconscient du mal qu'il m'a fait ? Est-ce une façon de signifier "Allez ... sans rancune" ? Un message derrière ce "pas le moment" (trop tard définitivement ? Ou au contraire : patiente un peu, sait-on jamais ?) ? L'aveu d'une impuissance glissé dans une formidable dose d'autodérision ?

Curieux comme tout est possible avec ce garçon - sauf une seule chose, précisément -.

Toujours est-il que malgré tout j'ai bien ri. Alors surtout pour ceux dont la vie va bien, ce serait dommage de ne pas partager.

Et pour les autres, tentons de survivre par le "mieux vaut en rire". #quandonaquelhumour

 

(1) Mais si ça pose le moindre problème de droits je l'enlèverai.

 

addenda du 28/12/10 : Grâce à Berlioz qui a commenté sur facebook (amusant d'ailleurs de constater combien depuis l'apparition de facebook et twitter les commentaires de blogs se sont délocalisés), voici un peu la source :

Le cadeau de Noël redondant (mais censé faire plaisir) chez Nectar du net.

Il s'agissait donc bien de Voutch, ce dont je doutais peu, mais sait-on jamais.