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Bloc notes

là maintenant, vite fait

Pour quand je parviendrai, autres chantiers finis, à entamer celui des objets disparus, ou gestes d'antan qui n'ont plus lieu d'être, penser à y inclure ceux dont on aimerait bientôt être débarrassés.

Par exemple ses sèches-mains à soufflerie et qui ne sèchent rien, sauf à y rester 10mn, mais que comme ils font un bruit fastidieux, on ne peut même pas en faire un temps médidatif.

Ici ou là, remplacés enfin, ne serait-ce que par du papier de genre sopalin, mais restent encore en France l'usage le plus courant dans bien des lieux publics.


La résolution d'un micro-mystère

Lu ce matin dans le train


P6010008_4

 

Je ne suis pas collectionneuse de cartes postales anciennes, ni d'au fond rien vraiment, mais je ne dédaigne pas le plaisir d'en regarder aux brocantes, d'en déchiffrer de temps en temps, voire d'en acheter une dont l'image, le texte émouvant ou leur association m'auront ravie.

J'avais bien remarqué qu'étrangement pour parfois la même période et le même lot de destination (cartes envoyées d'un bord de mer français à Paris par exemple), le prix du timbre variait du simple au double. J'avais également remarqué que certaines cartes de la première partie du siècle dernier étaient si peu locaces ("Bons baisers de Jolievilleduborddemer") que ça valait peu la peine prise de l'envoi.

Devant la première perplexité j'avais imaginé un tarif lent très lent et rapide très sérieux avec des garanties d'arrivée. Devant la seconde le fait que l'écrit mettait peut-être nos aïeux mal-à-l'aise qui dans la vie de tous les jours n'y avaient pas tant recours.

Ce matin alors que je lisais dans mon petit bout de train de banlieue que j'emprunte quand je veux croire que je n'habite pas Paris même, grâce à Robert Bober (1) le double mystère fut résolu.

"[...] et dans une boîte, plus soigneusement classé, tout un lot de cartes postales timbrées d'une semeuse. Dix centimes pour les rouges, cinq centimes pour les vertes. "Ça dépend du nombre de mots, explique le marchand. Bons baisers de Nice, c'est cinq centimes, et dix si on raconte sa vie. La signature, ça compte pas pour un mot."

Ça n'est pas si éloigné quoique moins rapide (2) nos MMS et autres textos.

Je me coucherai ce soir moins ignare qu'au matin. Merci Robert !

 

(1) et son "On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux" qui me régale aujourd'hui. Par exemple et entre autres.

(2) encore que

 

 

 


Évacuation

Gare Satin Lazare, 13 heures 40, today


En descendant vers la 14 d'un pas rapide et léger - j'ai aux pieds des escarpins qui me vont bien et suffisamment froid pour avoir envie de me hâter ; j'ai de plus rendez-vous avec la Grande Bibli - je perçois une annonce. Il y est question de la 13 qui est ralentie. À peine plus tard c'est la 14 qui est le sujet, mais pour un vague incident et la promesse d'une autre annonce à suivre.

Au même instant des hommes en uniformes bleu sombre et dont je ne sais reconnaître le sigle (les surveillants de la RATP ? des CRS allégés ?) abordent les vendeuses du petit kiosque de babioles sous la bulle, celui dont la forte fréquentation me plonge souvent dans la perplexité entre l'endroit malcommode où il est situé (plein passage très passant) et ce qui y est généralement proposé (Christophe Colomb offrant de la verroterie aux Indiens).

Ils sont rapides, efficaces et calmes. J'entends "falloir évacuer". Déjà les dames obtempèrent. Un autre groupe de la même compagnie, s'est dirigé vers les guichets, je n'ai pas besoin qu'on me fasse un dessin, c'est une alerte à la bombe, de celles qui fleurissent depuis qu'un des ministres a choisi ce thème récurrent afin de détourner l'attention du n'importe quoi concernant les populations des gens du voyage, laquelle stigmatisation était destinée à faire passer au second plan l'éloignement des retraires, lequel collait à l'affaire Woerth, laquelle faisait elle-même ...

Une dame que viennent de légèrement bousculer les personnes qui remontaient des quais de la 14 alors qu'elle s'apprêtait comme moi à y descendre me demande ce qui se passe. Je dis que la 14 semble interrompue, mais que je n'en sais pas vraiment plus.

En fait c'est mon air décidé qui a dû l'induire en erreur et lui faire croire que j'étais de ceux qui savaient, déterminée que j'étais à emprunter au plus vite la bribe de quai de 14 nécessaire pour filer prendre la 9 avant que tout ne soit bouclé.

 

J'y parviens. L'évacuation pourtant s'amorce au même instant mais dans le plus grand calme. On sent que ceux qui préviennent ont été formés à le faire, et que l'ensemble des gens a pris comme l'habitude - peu de touristes à cette heure-là -, un côté fin de guerre : on obéit aux alertes aériennes, d'accord, mais les abris on s'y rend tranquillement.

Les annonces arriveront après : je ne saurai qu'à Nation qu'il s'agissait bien d'une alerte au colis suspect.

Seules souffriront de mon détour des lettres de banque qu'à la poste je ne pourrai déposer : j'arriverai par la 6 et la poste proche est de l'autre côté.

Ces jours-ci à Paris il faut prévoir en permanence un itinéraire secondaire.

[aucune photo : quelque chose me dit que si j'avais sorti un appareil, si petit soit-il mon geste n'aurait pas été apprécié et à la BNF trois livres m'attendaient]

 

 

 

 


Conseils littéraires (petite annonce)

Un de mes amants amis de solide expérience dans l'édition et lui-même  auteur, travaille également à titre personnel en tant que conseiller littéraire.

Si d'aventure vous avez sous le coude un manuscrit que vous n'osez pas trop faire circuler, qui vous semble encore perfectible, il peut vous en effectuer une évaluation avec commentaires détaillés et pistes de travail.

Me contacter (rubrique "me contacter" dans "à propos de l'auteur"), je transmettrai.

 


Point de vue

un vendredi de file d'attente, Bastille

 

Les attentes désormais sont devenues plus longues, et les attendants moins nombreux : certains du groupe informel que Kozlika avait initié ont tellement pris goût à l'opéra qu'ils sont désormais abonnés, du moins ceux qui en avaient les moyens financiers. Parmi les autres d'aucuns ont quitté Paris, ou ne peuvent plus se libérer comme avant.

Est-ce une impression personnelle biaisée par mes relations amicales ? : mais voilà j'ai l'impression qu'en 5 ans les possibilités des uns et des autres quant à une liberté horaire vis-à-vis de leur travail (J'arriverai tard mais resterai après ; je pose en dernière minute finalement une RTT etc.) se sont réduites comme peau de chagrin.

Par ailleurs il se confirme que les guichets ouvrent plus tard, et le hall d'accueil aussi. C'est donc d'une heure debout dehors que nous payons nos places accessibles, contre une demi-heure l'an passé.

Arrivée à 7 heures j'obtiens le numéro 80 et me retrouve un temps séparée de mes camarades plus matinaux ou logés plus près.

Un groupe de dames discute Mises en scène, sujet inépuisable s'il en est. Des chanteurs, des voix on ne sait que trop combien les sentiments des uns et des autres obéissent à des critères de séduction, bien plus qu'intellectuels. On se hasarde finalement assez peu sur ce terrain passionnel. Comme en amour qui attirera l'un laissera l'autre de marbre. Seul(e)s quelques cas exceptionnels embarquent l'ensemble des amateurs (1).

En revanche les Mises en scène, en  ces années (en cette décennie ? ces décennies ?) où la mode est à la mise en avant du metteur en scène et qui dès lors doit affirmer sa patte par des essais marquants, se prêtent joyeusement à débats.

Celle d'une récente Walkyrie (2) a révulsé les unes et ravi les autres, on y voyait entre autre des danseurs nus et étendus, figurant les soldats morts au combat se faire ramasser et laver par de solides teutonnes aux allures d'infirmières, puis qui se relevaient d'un pas mécanique, prêts à aller hanter d'autres cieux ou lieux. Ils étaient avant lavage entassés par lots et par le biais d'un maquillage efficace remarquablement sanguinolents. Peut-être aussi choisis parmi les plus minces d'une population où sont rares les gros.

Je n'avais vu qu'une chose : un rappel des images qu'on voyait (3) en classe, si ce n'est à la télévision de ces moments terribles de libérations des camps de concentration qu'avaient délaissés les nazis en déroute. Et ces monceaux de cadavres, la peau sur les os.

Et voilà qu'une des dames discutantes, à qui l'ensemble de la mise en scène avait beaucoup plus, vive et joyeuse s'exclame  :

"- Ils étaient beaux, ils étaient nus, ça faisait du bien !"

Je dois manquer un tantinet de sensualité (4). Ou bien c'est la mémoire que j'ai en excès.

 

(1) Nataaaallliiiiiiiiiiiiiiie !

(2)article de Jacques Doucelin sur concertclassique.com

(3) J'emploie le passé uniquement parce que j'ignore ce qu'il en est actuellement. Je sais simplement que pour la shoah mes enfants sont au courant, qu'ils l'étaient déjà, me semble-t-il, à l'école primaire et que je n'avais en tant qu'adulte qui se doit de mettre au courant de ce qui précédait, qu'à répondre à des questions, fournir des compléments.

(4) Ou alors je suis encore plus désexualisée que je ne le craignais. Presque 5 ans après, ça n'est pas exclu.

 

PS : les liens plus tard, ma connexion de l'instant n'est pas tout à fait pratique. De même pour la taille du texte.

PS' : Pour mémoire numéro 80 et 3 guichets consacrés aux réservations ⇒ sortie vers 13h30

 

 

 

 

 


Dans la série : d'avance je m'en pourlèche les babines

ici et maintenant

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Sur une chaleureuse recommandation et qui fait que je suis certaine à 97 % de pouvoir aimer ce livre, deux versions d'un même texte, deux traductions (l'ancienne par A. M. Denham et J. Champ-Renaud la récente par Florence Lévy-Paoloni).

J'attends pour m'y plonger la V.O. et un peu de temps (on ne rigole pas).

Rien ne me semble plus formateur que les lectures comparées des versions d'une même œuvres, différents bains des presque même teintes d'un même tissu.

On notera pour commencer que le prénom dans le titre a changé.

 

Lire la suite "Dans la série : d'avance je m'en pourlèche les babines " »


Je suis ligne 13 ascendant Les Courtilles

Entendu ce matin dans Paris, une femme à qui, je suppose, avait dû l'attendre :

"Il va falloir qu'on regarde dans mon thème astral comment j'arrive en retard même en partant à l'heure".

(Au ton employé et comme je ne la connais guère, j'étais incapable de déterminer si elle parlait sérieusement (!) ou bien pour plaisanter ; je ne faisais que passer et j'ignore la réponse de l'homme auquel elle s'adressait ; peut-être un simple sourire)


Du vieillissement

Ces derniers temps

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Bien sûr il y a les cheveux blancs, ceux donc je suis si fière et qui accompagnent le creusement des rides si délicatement (1).

Mais je crois que pour l'instant le plus spectaculaire du vieillissement, ce sont les lunettes de piscine qui nous restent autour des yeux longtemps après qu'on les a enlevées. Et les paupières de cocker qu'elles nous donnent.

Je me souviens d'un temps pas si lointain où leur marque entre le lieu d'entrainement et le retour à la maison (10 mn de trajet) avait entièrement le temps de s'estomper.

En même temps à force d'entraînement il y a quelque chose de formidablement épatant à constater qu'à près de 50 ans, le corps dans un domaine peut encore progresser : 1500 m pour une reprise avalés sans mollir - ce qui n'est en soi pas grand chose mais pour quelqu'un de ma constitution une très jolie victoire -.

 

(1) enfin quand on est brune ou brun. Le contraste entre le noir et une peau fripée ne pardonne rien. Le blanc ou le gris adoucissent.


Cinq heures dix-huit

Aujourd'hui, Grande Bibli

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Dans ces moments où après une longue apnée de concentration on lève les yeux pour prendre respiration, j'avais remarqué que mon voisin de presque-en-face n'était pas sans charme.

Mais hélas trop jeune, ou moi trop vieille, bref, eussé-je été la même en belle blonde que ça n'aurait rien pu (1).

De toutes façons la perspective d'un emploi prochain me pose une sorte de date limite et j'étais là pour bosser à grandes enjambées (2).

Tant et si bien qu'après avoir fait une pause vers 15 heures 45 parce que je m'étais soudain sentie faible et avais alors compris que j'avais tout simplement oublié de déjeuner, je n'ai plus levé le nez des livres empruntés ou des ordis (3) avant 17 h 18.

Cette heure pour moi n'est pas neutre : c'était l'heure légale de fin de travail à l'Usine. Laquelle pour les Khââââdres n'était qu'un chiffre abstrait, étant donné que nous terminions couramment 2 bonnes heures plus tard, que ne compensaient pas une certaine tolérance aux horaires du matin.

En dehors du fait que l'horaire était généralement complètement explosé, m'amusait infiniment cet étrange 18, issu de savants calculs lors du passage aux 39 heures (4) et qui parraissait si utopique dans un milieu professionnel ou pour un oui ou un non on passait des heures et des heures en peu utiles réunions, alors à quoi pouvaient bien rimer ces mesures à la minute près quand c'était par lots de 60 qu'on nous les faisait gaspiller.

Bref, je me suis empressée d'attraper mon appareil photo et une vue de mon écran marquant cette heure, symbole pour moi du mauvais vieux temps. Mon bon vieil Olympus ayant été par l'éventuel réparateur déclaré mort pour la photo au champs de bataille du phare de Carteret, j'utilise en ce moment un bon petit Dimage ou ce Casio Exilim aux bonnes capacités mais que je n'ai pas tant en main que mon appareil bien-aimé.

 

Ce n'est donc qu'en "développant" la photo à l'instant que je me suis rendue compte qu'y figurait également l'homme studieux et charmant. Juste assez flou pour que je n'ai pas (trop) de scrupules pour afficher cette photo en forme de gag (5).

Le gag dans le gag étant que s'il s'est rendu compte que je prenais ce cliché il a pu supposer qu'il en était sujet. Alors qu'à cet instant-là je n'y pensais pas, obnubilée que j'étais par le 19 qui menaçait et tout ce que ça me rappelait.

[photo : pour l'instant, la vraie]

 

 

(1)En revanche j'aimerais pouvoir lui demander l'autorisation de cette photo - ce qui était impossible sur le moment puisque j'ignorais l'avoir prise avec mon voisin visible -. En fait je l'ai finalement mise parce que sans l'image le billet perdait une partie de son sens, mais il est évident que si elle gêne en quoi que ce soit je l'enlèverai.

(2) à part ça j'ai lu pendant deux bonnes heures un livre dont je me suis rendue compte après coup que j'en disposais par ailleurs déjà. #quelleidiote

(3) L'un de ceux spécifiques et publics de consultation d'archives ou le mien pour travail courant

(4) Oui 39 heures, c'était une des premières mesures du gouvernement Mitterrand, avec la retraite à 60 ans. Vous vous souvenez, la retraite à 60 ans ?

(5) Mais si elle gêne malgré tout quelqu'un pour une raison précise, je l'enlèverai.

PS : Oui, bien sûr, le titre est un clin d'œil (à un roman plaisant)


Drame en trois dates (ou peu s'en faut)

Père Lachaise, hier

PICT0016 C'est une inscription longue qui attire mon regard, en plus de cette convention à mes yeux insupportable, d'attribuer à une femme jusqu'au prénom de son mari. Se rappeler d'en faire, dans mon cas, à l'occasion, un pseudo rigolo.

Assez vite je comprends : cette dame qui vécu 100 ans fut veuve puis remariée. Comme elle portait déjà un double patronyme, voilà que sur sa tombe figurent quatre noms.

Je lève les yeux. PICT0017

Son premier homme, le Maurice, est mort à 35 ans, pour la France nous dit-on (quoi qu'en 1919 - suite de blessures ? grippe espagnole sur un corps affaibli ? -, "légion d'honneur" du temps où ça avait un sens et que les breloques se méritaient souvent confronté au danger).

Sa Jeanne alors avait 28 ans. La Grande Guerre, la Der des Der (cette bonne blague) les aura donc cueilli dans le meilleur de l'âge et elle aura souhaité 72 ans et une autre guerre plus tard, rejoindre en sépulture son premier bien-aimé. Quelques mots officiels, sans syntaxe ni affects, quelques dates dévoilées parfois en disent long. J'espère que le bon Roger, plus qu'éternel second, second pour l'éternité, n'en fut pas trop chagriné.

On ignore si les uns ou les autres purent avoir des enfants. [photos : in situ]