Malédiction oulipienne
Paris, République, le 4 septembre

Magique à plus d'un titre

Ce dimanche début d'après-midi, en plein ville mais loin de Paris (Bruxelles, en fait).  CIMG4400

Le week-end avait jusque-là été intense et la fatigue soudain m'avait rattrapée. Il faut dire qu'à me réveiller vers 7 heures du mat afin d'aller nager pour cette seule raison que la piscine était trop belle et bien située, je l'avais un peu cherché.

Je n'osais pas importuner qui aurait pu m'offrir un coin de canapé le temps d'une après-midi, ne sais quand reviendrai, un rayon de soleil appelait les photos, alors je suis allée revoir un parc que j'aime, un de ceux que possède cette ville et qu'à Paris on appellerait Bois ou Forêt.

La chasse-photo s'annonçait bonne, même si pour des raisons d'intendance j'étais par mon ordinateur pourtant léger un peu chargée. 

Un banc m'a tendu les bras, enfin non pas les bras, j'y ai fini (de lire) un livre, reçu une suite de messages amusants et les Notules dominicales de Philippe Didion (1), ce qui est quand même un instant d'un luxe insoutenable, lire les Notules au milieu des grands arbres frémissants sous le vent.

C'était trop de nirvana, le soleil tel un dieu grec susceptible et sauvage en prit ombrage et m'expédia un début de pluie, fort déplaisant pour les Notules, le livre, l'appareil photo et l'ordi. Alors que je cherchais un raccourci que jamais je ne trouva (sic), j'atteignis une auberge abandonnée, trop fatiguée pour poursuivre mon chemin (non, allez, quand même pas), se dressa devant moi l'entrée d'un club de tennis, au mitan d'un petit chemin de campagne en pleine ville.

J'avais déjà entrevu ce club l'an passé mais vu d'en bas, le parc étant escarpé. Je savais donc où je me situais et que le prochain abris potentiel était en fait assez éloigné.

Alors je suis entrée, dans l'idée de négocier une hospitalité provisoire le temps de l'ondée, malgré le handicap de mon jean de jeune et mes tennis bariolées.

J'ai dû faire le tour avant de comprendre que ce que j'avais pris pour une entrée d'une partie privée (ou peut-être un gardien logeait) était en fait l'accès principal. Il y avait là en plus de tout un lot d'autres pièces, portes et escaliers, un bar en bonne et due forme, et un homme derrière qui m'a donnée par son sourire d'accueil l'exacte impression qu'il m'attendait.

Les lieux étaient vides fors quelques joueurs sur une terrasse ou les courts en contrebas.

Ma question de si c'était ouvert au public l'a amusée, pour lui ça allait de soi.

Un thé ? Un café ? Bien sûr comme vous voulez.

Les lieux ont ce charme fou de ceux que le passage du temps semble avoir épargné trois ou quattres décennies durant, sans pour autant oublier de les équiper divinement (un ordinateur récent, une télé à écran géant), des tables et chaises en bois d'antan. CIMG4405

Plus tard je prendrai quelque chose à manger. Il avait vu l'ordi, ou plutôt son sac et sans que j'aie rien à demander m'a offert son mot de passe pour le wi-fi.

Puis, en l'absence de prince charmant assorti (2), j'ai travaillé.

Renouvelé mes consommations, elles coûtaient si peu, c'était stupéfiant.

Voyant que je travaillais sur batterie, l'homme prévenant m'a proposé et prêté son chargeur qui à mon Mac convenait.

Parfois un être humain passait. Peu de mots échangés.

J'ai vérifié, ils n'avaient pas le petit doigt tendu, pas de soucoupe au parking, je n'ai pas eu de dragon à vaincre pour arriver en ces lieux. Les seules personnes que j'avais croisées juste avant la pluie étaient 4 jeunes dont l'un sur un fauteuil roulant et l'autre qui le poussait sans effort malgré une solide montée m'avait saluée d'un grand et lumineux bonjour auquel j'avais tenté de répondre avec le même courage de bonheur.

Est-ce que ç'avait été le mot de passe vers un monde différent ? J'étais peut-être en train de rêver ? Passée dans une septième dimension (au moins) ?

CIMG4402 

C'est alors que je décidai d'attendre. Quelque chose devait survenir, forcément.

(oups, à l'instant où j'écrivais ces lignes, ça vient d'arriver)

[éclat de rire]

(je dois filer, je relirai après)


(1) parce qu'en plus d'être forestiers, ces parcs semblent équipés du wi-fi libre et gratuit.

(2) à moins que le tenancier n'en soit un déguisé.

Le titulaire, lui, est en quasi-arrêt maladie.

[photo : en pour de vrai]

PS : Le titre du billet est une plaisanterie privée



 


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