Otez-moi d'un doute
J'aime Bruxelles et ses mystères

Départs différentiés

vendredi matin, dans un train Elle téléphone d'une voix très douce mais vibrante d'indignation. Voisine, je ne peux qu'entendre. Elle explique qu'il lui ont en pleine gare fait sortir tous ses bagages, même les dessous, que tout le monde pouvait voir, qu'ils ont fouillé son sac à main, que quand ils l'ont abordée il lui ont dit - Vous parlez français ? Tu te rends compte, ils supposaient que je ne parlais pas français et ils m'ont dit Passeport ! Et quand j'ai sorti ma carte d'identité, la femme a dit, Oh, elle a une carte d'identité (ton méprisant qu'elle prend en l'imitant), et ils ont tout fouillé tout. À la fin je leur ai dit, mais vous me prenez pour qui ? Une dealeuse ? Ils ont répondu On est la douane, on fouille qui ont veut.

Il y a un silence. L'interlocuteur probablement parle, à qui elle répond :

Je n'ai pas raté mon train, ça va. Et puis la prochaine fois je m'y attendrais.

Puis des mots qui signifient que c'était la première fois qu'on la traitait comme ça et que ça l'avait toute retournée. Et d'ajouter, tu te rends compte, même mes dessous, devant tout le monde en plein milieu.

Et quelque chose de très logique sur des gens qu'on laissait travailler alors qu'ils ne le méritaient pas, des gens comme ça. Tu te rends compte ils étaient surpris que j'aie une carte d'identité.

Elle : une très jolie jeune femme, qui s'exprime parfaitement, toute pimpante, élégante comme quand on est jeune, un jean rapé là où il faut, un joli haut. L'air sympathique et avenante, qui dans son désarroi n'a pas laissé échapper une seule insulte.

Son crime ? Une peau noire comme le 99 % de chez Lindt et peut-être d'attirer les regards par une trop belle allure.

Je n'ai pas osé lui parler, j'ai rarement éprouvé tant de honte d'être de ce pays français qui part à la dérive comme à ses pires années. Je n'aurais pas su trouver les mots pour la réconforter. C'est moi aussi, la vieille blanche pâle probablement européenne depuis une nuit des temps, qu'on avait blessée.


PS : Merci à Kozlika pour le lien vers ce clip SNCF qui tendrait à prouver que certains sont plus égaux que d'autres, même si oui d'accord, l'entreprise des trains n'est pas responsable des dysfonctionnements et dérapages douaniers, je le sais bien.

PS' : Tout, hélas est vrai, dans ce billet pas la moindre transposition. C'est le cas par ici la plupart du temps ; cette fois cependant, je tiens à le préciser.

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