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Paris, République, le 4 septembre

Fauvette dit exactement ce que je ressens, Kozlika, Mitternacht et Samantdi l'écrivent très bien aussi, je n'en peux plus de tout ce racisme et cette xénophobie qu'à des fins électoralistes le gouvernement qu'on a en France actuellement sans arrêt revendique et abreuve.

Dans ma propre famille d'origine j'ai vu les ravages au fil des ans de ces politiques, qui caressent les petits blancs dans le sens du poil, On vaut mieux que les autres, n'est-ce pas, qui sont des délinquants (c'est bien connu, et le gars qui m'a volé mon [remplacer par ce que vous voulez] l'autre jour, c'était un [remplacer par le vocable qui vous va, on nous a tout l'été offert un grand choix]). Dès lors, tout le monde reprend à son compte les plus basses affirmations, presque fièrement. Qui tente de les ramener à la raison devient une pauvre vieille bab, l'humanisme, pauvre bécasse, c'est dépassé. L'immigration devient un "problème" quand pour un pays intelligemment gouverné c'est au contraire une force.

Ma mère qui pourtant épousa jadis un étranger au lendemain d'une guerre où leurs pays furent ennemis, s'est mise à prononcer des paroles à la Paul Morand (1) et moi à n'être plus capable de le supporter.

Le rôle des dirigeants, j'en reste persuadée, est de tenter d'élever le peuple, lui offrir une vision plus large que le quotidien souvent rude, ne le lui permet.

Il n'est pas de soulever ses pires bestialités, fournir les boucs émissaires, et pendant ce temps détourner les biens publics à son propre profit ou celui de ses alliés.

Je ne sais pas trop comment, car ma vie est chargée, mais samedi, République, 14 heures, j'y serai (2).


(1) Voir à 53 mn et + si le courage vous en dit ; cela dit à 10 mn sur Radiguet, il n'est pas inintéressant, ce qu'il dit sur l'écriture et par ailleurs la pratique sportive et à la toute fin sur le grand âge est souvent juste et émouvant  ; et à 40 mn il y a un "Je n'ai pas quitté la France, j'étais en Suisse j'y suis resté." qui dans la série "qu'en termes élégants ces choses là sont dites" se pose royalement là.

(2) ou si ça peut pas (trop) longtemps après.


Magique à plus d'un titre

Ce dimanche début d'après-midi, en plein ville mais loin de Paris (Bruxelles, en fait).  CIMG4400

Le week-end avait jusque-là été intense et la fatigue soudain m'avait rattrapée. Il faut dire qu'à me réveiller vers 7 heures du mat afin d'aller nager pour cette seule raison que la piscine était trop belle et bien située, je l'avais un peu cherché.

Je n'osais pas importuner qui aurait pu m'offrir un coin de canapé le temps d'une après-midi, ne sais quand reviendrai, un rayon de soleil appelait les photos, alors je suis allée revoir un parc que j'aime, un de ceux que possède cette ville et qu'à Paris on appellerait Bois ou Forêt.

La chasse-photo s'annonçait bonne, même si pour des raisons d'intendance j'étais par mon ordinateur pourtant léger un peu chargée. 

Un banc m'a tendu les bras, enfin non pas les bras, j'y ai fini (de lire) un livre, reçu une suite de messages amusants et les Notules dominicales de Philippe Didion (1), ce qui est quand même un instant d'un luxe insoutenable, lire les Notules au milieu des grands arbres frémissants sous le vent.

C'était trop de nirvana, le soleil tel un dieu grec susceptible et sauvage en prit ombrage et m'expédia un début de pluie, fort déplaisant pour les Notules, le livre, l'appareil photo et l'ordi. Alors que je cherchais un raccourci que jamais je ne trouva (sic), j'atteignis une auberge abandonnée, trop fatiguée pour poursuivre mon chemin (non, allez, quand même pas), se dressa devant moi l'entrée d'un club de tennis, au mitan d'un petit chemin de campagne en pleine ville.

J'avais déjà entrevu ce club l'an passé mais vu d'en bas, le parc étant escarpé. Je savais donc où je me situais et que le prochain abris potentiel était en fait assez éloigné.

Alors je suis entrée, dans l'idée de négocier une hospitalité provisoire le temps de l'ondée, malgré le handicap de mon jean de jeune et mes tennis bariolées.

J'ai dû faire le tour avant de comprendre que ce que j'avais pris pour une entrée d'une partie privée (ou peut-être un gardien logeait) était en fait l'accès principal. Il y avait là en plus de tout un lot d'autres pièces, portes et escaliers, un bar en bonne et due forme, et un homme derrière qui m'a donnée par son sourire d'accueil l'exacte impression qu'il m'attendait.

Les lieux étaient vides fors quelques joueurs sur une terrasse ou les courts en contrebas.

Ma question de si c'était ouvert au public l'a amusée, pour lui ça allait de soi.

Un thé ? Un café ? Bien sûr comme vous voulez.

Les lieux ont ce charme fou de ceux que le passage du temps semble avoir épargné trois ou quattres décennies durant, sans pour autant oublier de les équiper divinement (un ordinateur récent, une télé à écran géant), des tables et chaises en bois d'antan. CIMG4405

Plus tard je prendrai quelque chose à manger. Il avait vu l'ordi, ou plutôt son sac et sans que j'aie rien à demander m'a offert son mot de passe pour le wi-fi.

Puis, en l'absence de prince charmant assorti (2), j'ai travaillé.

Renouvelé mes consommations, elles coûtaient si peu, c'était stupéfiant.

Voyant que je travaillais sur batterie, l'homme prévenant m'a proposé et prêté son chargeur qui à mon Mac convenait.

Parfois un être humain passait. Peu de mots échangés.

J'ai vérifié, ils n'avaient pas le petit doigt tendu, pas de soucoupe au parking, je n'ai pas eu de dragon à vaincre pour arriver en ces lieux. Les seules personnes que j'avais croisées juste avant la pluie étaient 4 jeunes dont l'un sur un fauteuil roulant et l'autre qui le poussait sans effort malgré une solide montée m'avait saluée d'un grand et lumineux bonjour auquel j'avais tenté de répondre avec le même courage de bonheur.

Est-ce que ç'avait été le mot de passe vers un monde différent ? J'étais peut-être en train de rêver ? Passée dans une septième dimension (au moins) ?

CIMG4402 

C'est alors que je décidai d'attendre. Quelque chose devait survenir, forcément.

(oups, à l'instant où j'écrivais ces lignes, ça vient d'arriver)

[éclat de rire]

(je dois filer, je relirai après)


(1) parce qu'en plus d'être forestiers, ces parcs semblent équipés du wi-fi libre et gratuit.

(2) à moins que le tenancier n'en soit un déguisé.

Le titulaire, lui, est en quasi-arrêt maladie.

[photo : en pour de vrai]

PS : Le titre du billet est une plaisanterie privée



 



Malédiction oulipienne

Ces jours derniers mais j'y pense maintenant à cause d'un lien qu'on m'a fait suivre et dont je ne saurais garantir la validité scientifique du propos


CIMG4151
 

 Ça tombe que pour un de mes petits chantiers, où je me suis fixée quelques gentilles contraintes mais aux résultats parfois surprenants, si je respecte strictement mon projet je vais devoir écrire un texte court (ou un poème) ayant pour sujet la couleur de mes yeux.

Ben ça va pas être si simple que ça.

À part ça je sens qu'approche le moment où vont être nécessaires des lunettes pour voir d'un peu près, et puisque de toutes façons vieille je m'y sens déjà, c'est presque rassurant pour moi d'être pour une fois (enfin) conforme.

[photo : essai en macro avec mon appareil n°3]


Départs différentiés

vendredi matin, dans un train Elle téléphone d'une voix très douce mais vibrante d'indignation. Voisine, je ne peux qu'entendre. Elle explique qu'il lui ont en pleine gare fait sortir tous ses bagages, même les dessous, que tout le monde pouvait voir, qu'ils ont fouillé son sac à main, que quand ils l'ont abordée il lui ont dit - Vous parlez français ? Tu te rends compte, ils supposaient que je ne parlais pas français et ils m'ont dit Passeport ! Et quand j'ai sorti ma carte d'identité, la femme a dit, Oh, elle a une carte d'identité (ton méprisant qu'elle prend en l'imitant), et ils ont tout fouillé tout. À la fin je leur ai dit, mais vous me prenez pour qui ? Une dealeuse ? Ils ont répondu On est la douane, on fouille qui ont veut.

Il y a un silence. L'interlocuteur probablement parle, à qui elle répond :

Je n'ai pas raté mon train, ça va. Et puis la prochaine fois je m'y attendrais.

Puis des mots qui signifient que c'était la première fois qu'on la traitait comme ça et que ça l'avait toute retournée. Et d'ajouter, tu te rends compte, même mes dessous, devant tout le monde en plein milieu.

Et quelque chose de très logique sur des gens qu'on laissait travailler alors qu'ils ne le méritaient pas, des gens comme ça. Tu te rends compte ils étaient surpris que j'aie une carte d'identité.

Elle : une très jolie jeune femme, qui s'exprime parfaitement, toute pimpante, élégante comme quand on est jeune, un jean rapé là où il faut, un joli haut. L'air sympathique et avenante, qui dans son désarroi n'a pas laissé échapper une seule insulte.

Son crime ? Une peau noire comme le 99 % de chez Lindt et peut-être d'attirer les regards par une trop belle allure.

Je n'ai pas osé lui parler, j'ai rarement éprouvé tant de honte d'être de ce pays français qui part à la dérive comme à ses pires années. Je n'aurais pas su trouver les mots pour la réconforter. C'est moi aussi, la vieille blanche pâle probablement européenne depuis une nuit des temps, qu'on avait blessée.


PS : Merci à Kozlika pour le lien vers ce clip SNCF qui tendrait à prouver que certains sont plus égaux que d'autres, même si oui d'accord, l'entreprise des trains n'est pas responsable des dysfonctionnements et dérapages douaniers, je le sais bien.

PS' : Tout, hélas est vrai, dans ce billet pas la moindre transposition. C'est le cas par ici la plupart du temps ; cette fois cependant, je tiens à le préciser.

310810 1341



Complément ("Anne, précisez les limites du temps")

Ça m'apprendra à jouer sur les allusions cryptiques avec des références datant d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaîtreuh , je m'aperçois que les choses comprises avec celles de maintenant prennent un fort autre sens.

Alors voilà, le titre du billet précédent n'a rien à voir avec la soupe vampirique qu'on sert de nos jours aux adolescents, mais tout avec une série américaine culte de la fin des années 50 / début des 60, et qui avec sa cousine moins connue "Le sixième sens" ("Perhaps you are, ESP") et une autre moins subtile (plus orientée films d'action) qui ne naviguait pas si loin, "Au cœur du temps" (un article du blog "souvenirs de notre enfance" et un extrait). N'hésitez pas à aller voir les extraits l'état d'hibernation contrôlé, les vecteurs temporels et le Titanic qui va couler mais seul Tony le sait, c'est quand même quelque chose. "Il peut aussi bien être avant-hier qu'après demain ou dans un million d'années". Et si nous aussi ?


Twilight zone

et éclat de rire

23082010(001) PS : boutade à part : "La belle Adèle" sans être le chef d'œuvre du siècle ni du niveau d'écriture (1) du plus sérieux Séraphine, est un joli plaisir de lecture, en tout cas pour les vieilles aux filles adolescentes.

Comment ça, ça n'était pas le cœur de cible ? ;-)

(1) En même temps c'est un peu normal, la contrainte était d'écrire pour les téléphones portables (et pas seulement les i-muchins contrairement à ce que l'édition papier stipule, mais tout téléphone connectable à l'internet), il fallait donc phrases courtes, vocabulaire bref et découpage en chapitres calibrés.

[photo : Fnac Satin Lazare, this very morning, en attendant mes photos justement]


De l'impossibilité du billet léger

Ici et maintenant

J'avais envie en cette rentrée de publier des billets légers. Comme une façon de résister, de dire que tout ne va pas si mal qu'on veut nous le faire croire pour qu'on vote ensuite comme des bêtes effrayées ; de signifier à ceux qui me sont chers et qui traversent les uns et les autres toutes sortes de turbulences - étrangement on dirait que mon année 2005/2006 et les difficultés engendrées me garantissent telles une maladie surmontée, une provisoire immunité -, que tout n'est pas digne de désespérer. Que le bon n'est pas si loin. Qu'ils pourront y reprendre pied dès que le cœur de leurs difficultés sera surmonté.

Seulement voilà. On dirait bien que ça ne veut pas, que l'air du temps a décidé de se fixer flippant.

Ainsi ce billet que je découvre grâce à Matoo (une fois de plus). La semaine de vacances dont je suis tout récemment rentrée ayant été mal pourvue en internet, si coûteux et si lent, j'avais peu suivi les informations. Mais ça tombe que dans l'inévitable voiture des séjours provinciaux, j'avais entendu à la radio l'info et qu'elle m'avait frappée. Même si les pires conséquences ont pu être évitées, j'ai aussitôt pensé, quelle confiance pour eux et entre eux désormais. Comment vont-ils faire pour à nouveau pouvoir travailler si tout et chacun doit être surveillé, soupçonné ?

Songé aussi qu'heureusement qu'aucun d'entre eux ne présentait de faiblesse particulière qui aurait pu rendre létale l'administration du calmant.

C'est seulement en lisant le billet de Mr Cheesecake que j'ai compris quel écho résonnait. En mai 1996, le siège social de l'entreprise pour laquelle je travaillais a brûlé. Mon bureau, entre plein d'autres y était. Du jour au lendemain j'ai perdu des archives professionnelles patiemment constituées qui faisaient de moi quelqu'un d'efficace parce qu'organisée et pourvoyeuse d'une mémoire des travaux précédents, ce qui permettait souvent de gagner un temps précieux. D'autres ont perdu des éléments plus intimes dont ils ont mis longtemps à faire le deuil.

L'incendie était probablement d'origine criminelle, d'autant qu'il fut suivi d'un autre en province dans des locaux d'archivage : la disparition urgente de certains documents tangentait sans doute la raison d'état, allez hop dégageons tout ça. Un scrupule de conscience et peut-être la commodité (moins de monde pour donner l'alerte) avait dû présider au choix d'un week-end pour l'opération. Les seules victimes furent donc brièvement certains des pompiers que des dégagements toxiques avaient intoxiqués.

Eût-il eu lieu en semaine aux heures et jours ouvrés, nous serions probablement pour nombreux morts asphyxiés, les gaines de chauffage ou climatisation portant les produits irrespirables de la combustion. Un pompier rencontré dans les mois suivants lors d'un trajet en métro m'avait confirmé du feu les départs multiples.

Il est ridicule de ré-écrire l'histoire, elle a eu lieu de sa façon et sans drame tant mieux, il reste difficile de faire abstraction du risque frôlé. Cependant en lisant ces mots :

"Le travail, cet endroit où l’on passe le plus clair de notre temps, avec notre lit. Notre seconde maison, un peu. Un endroit devenu source de danger, ou un climat de suspicion s’est installé, face à un ennemi invisible."

je n'ai pu m'empêcher de voir revenir les moments d'un passé que j'avais soigneusement oublié, et me sentir en phase et que ce fait divers n'est pas anodin.  

Bon courage à Mr Cheesecake pour la reprise de son boulot.


Fascination

The Big Picture est une de mes lectures favorites, même si en raison de ce qu'elles décrivent certaines images font mal parfois. En attendant, la série que je découvre aujourd'hui et qui n'est pas liée directement à l'actualité est je trouve fascinante, je ne peux m'empêcher encore et encore de regarder. Un siècle et des kilomètres nous séparent. On dirait pourtant qu'ils sont là.

Russia in color a century ago