Rencontre au moment précis
22 juin 2010
Stéphanot était vénère de l'attente chez le coiffeur et d'avoir eu droit à peu de délicatesse, pour ma part j'étais encore triste de ma journée paillasson et pauvre fête de la musique. Depuis plusieurs années semble rompu l'enchantement qui faisait de cette soirée un bon moment de l'année.
Pourtant Roselyne B. avait tout fait dès le matin pour m'égayer, ôtant de sa marionnette des guignols (s'ils existent encore), l'herbe sous le pied de la parodie. Je ne peux pas croire que toute cette affaire soit autre chose qu'un vaste sketch et qu'ils viendront saluer main dans la main et rigolards tous ensemble à la fin.
Parce que sinon, si le ridicule tuait, quelle hécatombe !
Nous passons par inadvertance devant la librairie du Québec, et je repère immédiatement ce petit livre de Dany Laferrière. J'aime le bonhomme, du moins tel qu'il est en homme à qui l'âge a fait du bien, et tel du peu que j'en sais pour l'avoir croisé aux Étonnants voyageurs, sachant quand il le faut amuser une audience mais également parler d'écriture et avec sensibilité de sentiments. J'aime la part que j'ai lue de ce qu'il écrit. Dont L'énigme du retour qui fait partie de mes livres de chevet du moment.
Malgré la réticence de l'adolescent, qui a tenté de me faire croire que la boutique était fermée (et comme il est bon comédien et moi une grosse naïve, j'ai failli marcher), et une cliente compliquée qui me précédait pendant qu'il s'impatientait (1), j'ai acheté le livre.
L'ai ouvert comme pour feuilleter dans le métro du retour.Suis tombée dedans. Ne l'ai plus quitté (2). Ni lui moi.
Il y est bien sûr question de tremblement de terre, et d'Haïti. Mais pas seulement. D'écriture, aussi. En filigrane. J'en oublie mes petites peines d'occidentale écornée.
Merci à lui d'être le grand frère qui replace le monde et les choses à l'endroit, même si "tout bouge autour [...]".
Je me demande si Paris ou Bruxelles par temps de tremblement (de terre) ferait aussi un bruit de train.Et ne tiens pas à connaître la réponse.
[photo : la vitrine prise alors que je croyais la librairie fermée]
(1) Mais voyant que ça durait elle a elle-même proposer de me laisser passer.
(2) Sauf pour quelques nécessités organiques comme manger, puis pour répondre à un ou deux messages, tenter d'éclaircir une sombre histoire de gaz des villes, et écrire ce billet.