Madonna mia
Non je ne suis pas Bidot Jean-Franquois

Qu'as-tu fait, pauvre Christian ?

aujourd'hui dans le métro

26012010(001) Second changement de ceux qui en métro me mènent chez le kiné. La séance était prévue, ce corps vieillissant que d'aucun font surplus, j'y tiens encore un peu puisqu'il a survécu alors je l'entretiens, mais une épaule droite douloureuse me la rend nécessaire. Vraiment. Pressé. Urgent.

Et puis cet homme est maître en tensions qu'on apaise. Comme j'ai encore peiné quelqu'un en voulant secourir, j'en ai grand besoin. Je ne suis pas un Ange de Wim ou bien si maladroit.

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L'attente et le tracas me rendent un brin distraite. 

Mais néanmoins.

Des mots écrits en rouge sur une grande affiche à fond blanc vantant l'expo MacVal de Boltanski Christian attirent mon attention.

J'avais été déjà impressionnée par la couverture médiatique de son Monumenta au Grand Palais. Et là, presque toute la station est pourvue de publicités concernant son travail, navettes depuis le Grand Palais jusqu'au musée excentré. Quel traitement somptueux (1).

Les mots en rouge, en fait, semblent le déplorer.

Mais sur un mode étonnant : l'œuvre n'est pas vraiment attaquée, il n'y a pas d'insultes, rien de l'habituelle agressivité des protestataires, non, simplement un message hélas anonyme, envoyé à l'artiste, presque une forme de post-supplique cryptique à l'adresse d'un ami perdu :

"Quelles compromissions, aberrations, délations, quelles ventes d'amis en esclavage, quels vols ont été tiens ? L'heure toujours, le déluge etc ... tes amis en châtiment à la hauteur ton art ? Qu'as-tu fait pauvre Christian, qu'as-tu osé faire ou ne pas faire ?" dit l'étrange prose.

Ma première pensée est qu'il ne fait pas bon être un artiste reconnu en période de pouvoir contestable. Le succès se trouve immédiatement entaché, que ce soit le cas ou non, par un soupçon de collaboration (2).

La deuxième, qu'on se croirait pour un peu aux USA du temps du Maccarthysme, il y a les termes de délation et vendre ses amis. Charmant climat.

Vivement qu'on change de gouvernement !

Qu'il ne s'agit au fond de sans doute guerre plus que l'expression d'une jalousie, avec traditionnelle pointe de plagiat sous-entendu. Pour avoir vu un jour des amis se fâcher à cause d'une question d'heure vide du décalage horaire printanier sujet d'une de leurs conversations privées, dont un exemple ressortait dans le livre de l'un d'eux et l'autre revendiquait la paternité, je me dis que l'accusation est souvent abusive.

Mais la conclusion ressemble un peu à une bouteille à l'amer, et m'a si fort fait songer que je n'étais probablement pas la seule à avoir l'ombre regrettée d'un Wytejczk dans ma vie, que finalement cette étrange missive m'a touchée. Et que peut-être elle rappellerait au principal concerné qu'il a un vieux pote que ça fait longtemps qu'il n'a pas rappelé et qu'il pourrait être judicieux de ne point attendre après le déluge.


(1) Loin de moi l'idée de sous-entendre qu'il serait immérité, je ne m'y connais pas assez en art moderne et en plus n'ai pour l'instant vues ni l'une ni l'autre des expos et crois que son tout récent bouquin est rudement bien. Je veux simplement constater qu'à l'ordinaire l'art n'est pas si bien traité (et d'ailleurs le déplorer).

(2) Je suis la première à réagir, peut-être à tort, ainsi. Quelques légions d'honneur relativement récentes me tracassent un peu.

[photos de téléfonino in situ]

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