Previous month:
décembre 2009
Next month:
février 2010

0 billets

Free the fiction

Certains sujets restent tabous ou considérés comme inabordables au roman, quand il serait grand temps pour des raisons de transmission de la mémoire qu'on passe à la fiction.
Personne ne peut prétendre à l'exclusivité sur un sujet, ni requérir de qui écrit en le prenant pour thème qu'il ait lui-même vécu ce dont il parle.

Il serait temps qu'au lieu de s'en prendre aux jeunes auteurs qui se lancent dans un effort de transmission au delà des témoignages, surtout ceux qui le font avec le plus grand respect, on les encourage vivement à poursuivre sous cette forme les travaux de leurs aînés.

Comme il est question de livres et plus particulièrement des "Sentinelles" de Bruno Tessarech et de "Jan Karski" de Yannick Haenel, j'ai déposé mon billet  Côté papier :

Difficile passage de témoin (entre documentaire et fiction)


Billet doux

un mercredi après-midi, bien jolie librairie

PICT0028

Le mercredi après-midi viennent les enfants. Ceux un peu grands que les parents confiants laissent circuler entre la boutique, le conservatoire ou une salle de sport, et leur maison.

Certains sont des habitués qui passent seulement pour lire, au besoin acheter un manga, qu'on vient ensuite rechercher, avec ou sans trottinette pour l'étape d'après, musicienne (le parent délégué porte aussi un étui d'instrument) ou médicale (la maman a l'air tendu, inquiète ou agacée).

Il y a également ceux et celles qui viennent, argent de poche dûment touché, acquérir un livre depuis plusieurs jours convoité. J'en fus jadis (1), j'en reste émue.

Elle entre seule et décidée, mais timide aussi, comme ceux qui se sentent un peu loin d'être adultes mais plus tard oublieront (qu'ils n'osaient pas parler (devant les vieux, les grands)). Neuf ou dix ans, pas beaucoup plus. À moins que petite pour son âge, comme je le fus longtemps.

- Bonjour, dit-elle très poliment en prenant son élan, pour une suite qu'elle ne parvient à formuler qu'en faisant un pas de côté, soit qu'en me voyant un peu inhabituelle elle se trouve troublée, soit que la timidité justement, lui ai fait oublier l'auteure ou le titre désiré.

- Vous connaissez Verte ? fait-elle finalement, sourire plein d'espoir.

Il est certains instants où l'on se sent miraculeusement compétent(e)s.
- Oui, bien sûr, et le mien de sourire va d'une oreille à l'autre, de Marie Desplechin.

Celui de la petite n'est pas moins absolu,

- En fait, c'est la suite que je cherche.

- Pome ?

- Oui, Pome. Vous l'avez ?

Devant des yeux qui brillent si beau, je formule une prière inconnue à tous les dieux possibles de la terre et du ciel et d'autres mondes entiers. Il faut qu'on l'ait. Je n'ai pas le droit de décevoir une enfant sur ce titre-là. Sa demande est comme un signe ; un ange de Wim venu m'encourager et qui dirait, il ne faut pas, jamais, jamais, désespérer. Les choses peuvent toujours après le pire, s'arranger. Onze ans se sont passés de "l'usine" mécanique à ce moment magique, si seulement je parviens à transformer l'essai.

Onze comme le nombre de joueurs dans une équipe de foot. J'ajoute soudain que dans "Pome" c'est bien il y a un peu des garçons, par rapport à "Verte", et du foot aussi.

- Soufi ? me répond-elle à présent (r)assurée, puisqu'il y a connivence.

Et nous parlons un peu puis je cherche pour elle, ne vois pas l'objet, lui passe "Les yeux d'or" pour qu'elle s'occupe l'attente et se console éventuellement avec ce titre de l'autre absent, vérifie à l'écran, oui, il y en a un, bénis mentalement les amies qui suivent fort bien leurs titres, cherche à nouveau ; trouve finalement.

J'indique le prix, ainsi à la mémoire qu'un passage bien-aimé (1). La petite prend alors son porte-monnaie d'enfant et avec une patience légèrement inquiète de qui craint ne pas avoir assez, compte pièces à pièces, la somme requise. 

Le compte est bon. Je propose un sac inutile et pressens la course jusqu'à la maison pour lire au plus vite. Son merci puis au revoir sont de ceux qui me restent. Effectivement, elle file en courant, petite future sorcière aux grands yeux pétillants.

De joie, pour partager, je suis sur le point d'envoyer un texto. Puis je m'abstiens. Peur de peser. Entrent d'autres personnes. Puis-je vous aider ?


(1) mais en banlieue

(2) note pour plus tard : il faudrait quand même voir à ne pas trop frimer.

[photo : le même jour ; c'est l'hiver à Paris et le square est tout blanc]






 


Something happened

Depuis quelques mois, Martin Winckler sur son blog Chevaliers des Touches, nous propose réflexions sur le travail d'écrire et sujets pour s'y frotter.

Je m'étais promis de ne plus me disperser, j'ai trois sangliers manuscrits actifs en cours, plus les blogs, mes participations au Petit Journal de chez François Bon, et quelques nouveaux projets blogueurs, entre autre celui d'écrire sur la vie quotidienne quand on est atteinte d'une sorte d'anémie particulière dont j'ai hérité (1).

Mais voilà, comme ceux de Dame Kozlika quand elle s'y met, les sujets de Mar(c)tin m'embarquent sans que je puisse différer, le texte est déjà en route alors que je n'ai pas terminé de lire la proposition qu'il nous fait.

Alors après tout, et parce que les contraintes et commandes font toujours du bien à la souplesse de clavier et nous permettent souvent d'aller là où l'on n'aurait pas osé, voilà ma plus récente participation :

Something happened

Merci à lui qui nous fait ainsi progresser (nous = qui veut bien faire l'effort de participer).

(1) J'en vois qui se marrent, ben oui, quoi, il faut bien que je me délasse un brin d'écrire sur les ruptures et les rejets qui mettent en danger, la souffrance au travail, la vie en Italie au temps du fascisme, les coups d'états qui effraient, la malédiction miraculeuse d'être un transfuge social, le vol d'un portefeuille ou comment perdre sa nationalité en regardant Luc Moulet ne pas lire Proust ... Il serait grand temps d'aborder enfin les sujets hilarants. (Plog.)


Sept rendez-vous pour les amoureux

... des livres

Ces jours-ci à Paris ou tout près, sont annoncés :


- samedi 16 janvier à 18h

Lecture d'Avant les monstres de Dominique Fabre à l'hôtel Lutetia
"Lecture publique du recueil de poèmes de Dominique Fabre, dans le cadre des Samedis littéraires du Lutetia."à l'hôtel Lutetia.
En présence de Dominique Fabre (à qui vous pourrez demander une belle dédicace !). Droit d’entrée plein tarif : 10 € ; tarif réduit : 8 €.

Réservations : [email protected] ou [email protected]   


- lundi 18 janvier à 19h à l'Istituto Italiano di Cultura, 73 rue de Grenelle, 75007 Paris

Gilda Piersanti, Simonetta Greggio et Giulio Minghini  (rencontre animée par Fabio Gambaro)

réservations : 01 44 39 49 39     


- lundi 18 janvier à 20 h, à la maison Heinrich Heine, Cité Universitaire de Paris, 27 C Bd Jourdan, 75014 Paris,

lecture-rencontre sur le thème « L’Allemagne : sujet de la littérature française ? »

avec Brigitte Giraud, Alain Lance, Fabienne Swiatly et Cécile Wajsbrot.    

  

- mardi 19 janvier à 19h30 au restaurant Les Fous en l'Ile, 33 rue des Deux Ponts, 75004 Paris

une soirée Mille-Feuilles animée par Frédéric Fredj sur le thème des carnets nomades

avec Collette Fellous, Paul Nizon, Abdellah Taïa, et Minh Tran Huy

repas 21 € hors boissons, réservation indispensable au 01 43 25 76 67 ou [email protected]

 

- mardi 19 janvier à partir de 19h, à l'Astrée, 69 rue de Lévis 75017 Paris, métro Villiers

Claude Pujade-Renaud

pour son livre formidable "Les femmes du braconnier" (si vous appréciez Sylvia Plath vous ne pourrez y échapper)
Il suffit de venir, il y aura de quoi se sustenter en attendant lecture et dédicaces.

 

- mardi 19 janvier à partir de 20h, à l'Attrape-Cœurs, 4 place Constantin Pécqueur, 75018 Paris, métro Lamarck-Caulaincourt

Marie-Hélène Lafon

pour "L'annonce"
(et boire un coup ?), discuter, poser des questions, obtenir une douce dédicace


- jeudi 28 janvier 2010 à 9h, Fnac Boulogne, 5 rue Tony-Garnier, 92100 Boulogne-Billancourt

Laurent Seksik

pour son ouvrage "Les derniers jours de Stephan Zweig"
rencontre animée par Eduardo Castillo

réservations : [email protected] (on est en dehors des heures d'ouvertures du magasin)(et le café est bon)

Qui me connaît se doutera que je vais pour la semaine à venir souffrir de sérieux problèmes d'absence d'ubiquité. Il est évident qu'on ne peut pas assister à tout, mais au moins pour une des rencontres, secouez l'hiver, éteignez la télé et venez.

Et puis les rencontres c'est très bien pour rendre (un peu) moins insupportables les chagrins d'amour, des fois, ce que je ne vous souhaite pas, que vous en ayez comme moi quelques-uns à écluser.



Comme d'un vieil oncle (bien-aimé) apprendre le décès

Vers 18 heures, avant un Rond-Point qui par ailleurs restera mémorable

Je m'apprête à sortir, jette un dernier coup d'œil à mes messageries, et voilà qu'une brève attire mon regard, Éric Rohmer est mort. Ce n'est pas une surprise il était très âgé et physiquement usé.

Je me sens aussitôt aussi triste que s'il se fût agi d'un vieux monsieur de ma famille, un oncle bien-aimé, pas vu si fréquemment mais tendrement aimé et admiré.

Il est l'un des cinéastes de mes 20 ans. Ça compte. Qu'on le veuille ou non.

Il y a aussi qu'il y a deux ans, je l'avais croisé, et que ce moment reste inoubliable. Il était en compagnie de ses actrices d'antan et il y avait un moment de bonheur de retrouvailles et d'estime et d'affection qui m'avait alors aidée à tenir pendant quelques temps et donné la force d'une rencontre et d'une tentative d'autres retrouvailles le mercredi d'après. Je leur en suis très reconnaissante, même si cette dernière a peu ou prou échoué.

Consciente d'être plus émue que je ne le devrais, en plus que je ne trouvais pas ses films sans défauts (mais néanmoins je les aimais), je voudrais partager le billet qui alors m'était venu. Peut-être aussi pour les plus jeunes et mes propres enfants qui ignorent qui le cinéaste était.


Mon chagrin de bécassine et l'âge du capitaine

"[...] De la même façon que je dois à Marcel Pagnol la révélation que les livres étaient écrits par des êtres humains qu'on appelait les écrivains (2) et non pas par des sortes de robots ou des équipes de travailleurs qui auraient enfilé des mots (3), je dois à deux réalisateurs et aux ciné Actions qui avaient programmé des rétrospectives ou des festivals de leurs films la révélation de l'existence de leur métier.

J'étais étudiante à Paris et découvrais du moins aux mois corrects ou aux jours de grève des restau. U (le prix du repas équivalait presque mais pas tout à fait à celui de l'entrée tarif réduit au ciné) le privilège du choix au cinéma. Jusque-là c'était tel film passe au ciné de ma banlieue on y va si on peut. Il y a une et une seule salle. On ne peut pas enfant si personne ne consent à nous y accompagner, on n'y va pas plus grands parce qu'on a trop de devoirs à faire ou pas assez d'argent (de poche) ou que des parents pointilleux ont décidé que ce film n'était pas convenable, ou qu'on était trop enrhumé(e) pour parcourir les 2 km à pieds.

L'un d'eux est Ernst Lubitsch. [...]

L'autre est Eric Rohmer. Avec un couple d'amis nous prenons rapidement l'habitude après avoir lors d'une rétrospective rattrapé notre retard, d'aller voir chacun de ses films dés la sortie. J'aime la façon de parler de ses personnages, un peu trop chic propre mais pas tant que ça, j'aime qu'ils se parlent beaucoup mais pour se dire tout autre chose que "T'as pensé à acheter le pain ?", "C'est trop cher", ou "Arrête de lire, viens avec nous". Eventuellement si, "C'est trop cher" ils peuvent se le dire mais pour des plaisirs optionnels ou des locations d'appartement. Ils ne souffrent jamais longtemps du froid ou de la faim, et leur problème de maison ou d'amours c'est d'en avoir trop plutôt que pas (6).

Pour moi c'est reposant, mais pas non plus trop loin. [...]"

la suite par ici


Mimmétisme

Ces jours-ci de grands froids (1)

À force d'être amoureuse de mon petit Olympus, lequel contrairement aux hommes humains me le rend bien du moins pour ce qu'il sait faire (des photos et rien d'autre) et ne me fait jamais défaut sauf par pannes irréductibles (une seule à ce jour en 5 ans de vie commune), je finis par fonctionner comme un appareil photo.

Je marche ainsi à l'aide d'une batterie, laquelle par temps froid se décharge à une vitesse foudroyante. La batterie de l'être humaine ne se recharge efficacement qu'en dormant et en faisant l'amour. Le reste (manger, boire chaud ou des whiskies forts ou de l'elixir China martini) ne sont que des palliatifs qui permettent de faire un brin durer avant épuisement total. 


Je dors donc 15 heures par jour en moyenne en ce moment. Heureusement en fractionné ce qui me permet de maintenir un vague vernis social et d'écrire des bêtises dans mes statuts facemuche comme si j'étais en pleine vie.

Ce qui me permet également de ne pas déshonorer mes rendez-vous prévus. Il me faut simplement dormir avant ET dès en rentrant (beaucoup).

Le hic c'est qu'à l'extérieur (même en lieux fermés et chauffés) je ne tiens pas longtemps, mon autonomie était de 4 heures max en début de semaine, trajet inclus, elle est depuis mercredi soir tombée à 3 et j'ai dû quitter tôt le Paris Carnet ou pourtant j'étais en fort bonne compagnie, ainsi ce soir qu'une librairie accueillante joliment garnie d'amis. Seulement le petit voyant rouge de fin de charge disponible s'est soudain allumé au fond de quelque part de l'intérieur de moi et il m'a fallu entreprendre de rentrer sans tarder sous peine de défaillir en chemin.

J'ai réussi.

C'était moins une.

En plus que le vent s'est levé j'étais à peine rentrée. Je n'aurais pas tenu.

Et à présent, alors que j'ai tant de réponses en attente, deux cartes au moins à envoyer (j'y tiens), 3 billets d'ici à achever, sans parler du long, je dois filer au lit sans sommation (2).

Qu'il s'agisse donc d'humains ou d'appareil photo, il est toujours dangereux d'aimer.


(1) Oui bon, je sais, amis Québecois, Danois, Suédois et Norvégiens et sans doute quelques autres dont j'ignore qu'ils me lisent, notre petit -4°C de parisiens, c'est rien.

(2) Où j'espère arracher au sommeil un moment de lecture, parce que je lis au lit et pas comme d'aucuns dans un fauteuil absent ;-) !



Du mal avec le marketing (j'ai)

hier et aujourd'hui mais en gros c'est tout le temps

PICT0001

Quand dans le métro j'ai vu cette publicité, j'ai cru à un canular.


Mais non, comme me l'a expliqué un ami qui s'y connaît, c'était en pour de vrai. Après consultation lancée sur l'internet.

Comme il dit, on attend désormais :

-"La nuit du premier jour"

- "Le deuxième jour de la première nuit" ...

Je propose pour ma part : "Le petit matin de la première nuit avant la deuxième".

(Cela dit, j'ai croisé deux fois l'auteur dans ma vie, dont une qui fut la source d'un de mes plus mémorable fou-rires (c'est précieux, je lui en suis très reconnaissante et vraiment), il s'est montré très sympathique avec moi les deux fois alors qu'au moins une il aurait pu ou dû se foutre de moi dans les grandes largeurs, et j'ai lu une fois dans un recueil collectif pour Amnesty international une nouvelle de lui qui tenait la route. Mais bon, voilà, je fais partie de ces snobs prétentieux qui apprécient Proust (entre autre et par exemple)) et le marketing pas.)


[photo : dans le métro ces jours-ci]

Lire la suite "Du mal avec le marketing (j'ai)" »


La gouvernante Céleste

Petit Palais, Paris, ce mercredi

J'ai eu aujourd'hui le privilège de revoir une partie du film dont suit un extrait (puisse le lien perdurer). L'émission date de 1961 ou 1962 et les témoins pour la plupart sont déjà âgés.

Les femmes sont dénommées par prénom + nom de leur mari. Chez certains de ceux-ci eux-mêmes renommés voire "De l'Académie Française", on sent un vague regret de n'être pas entretenus de leur œuvre personnelle mais de celle de Marcel, ce type avouez un peu bizarre qu'ils avaient en leur jeune temps fréquenté.

Jean Cocteau, vif de pensées et bien dans sa peau, fait bonheur parmi l'ensemble des airs compassés.

Et puis il y a Céleste. Céleste Gineste (Albaret) qui visiblement récite un texte qui s'est écrit dirait-on à force de se raconter. Céleste qui ne revendique rien pour elle-même que d'avoir été là. Céleste qui se laisse encore déborder par l'émotion, 40 ans (dont une guerre) après.
Parce qu'il arrive dans une vie des choses qu'on est incapables d'évoquer sans pleurer.

Si j'avais vu ces images avant ma sale saison 2005/2006, avec cette arrogance qu'on a tant qu'on n'a pas vraiment morflé, j'aurais peut-être estimé qu'elle en faisait un peu trop dans la peine manifeste.

À présent, je sais.


Son Marcel, elle l'aimait. Et je sais aussi que c'était pour elle une grande difficulté que de témoigner. Mais qu'elle le fait pour lui et qu'à travers la caméra, c'est à lui qu'elle tente encore de parler.

Elle n'est plus là, même si elle a vécu jusqu'à loin. J'aurais tellement aimé pouvoir la remercier. Nous lui devons beaucoup.


Vous faire rappeler Arthur

pour dimanche prochain, 10 janvier 2010 de 17h à 19h, si vous le voulez bien

Le groupe de lecteurs du collectif l'Œil Bistre au Comptoir, animé par Marc Le Monnier, poursuit ses activités mais dans un nouveau café


« L’Apostrophe », 23 rue de la Grange-aux-belles, 75010 Paris  (métro : Jacques Bonsergent ou Colonel Fabien).


et carrément, même pas peur, ce sera pour honorer Arthur Rimbaud.
 

« Arthur Rimbaud, l’homme aux semelles de vent, chercha à fuir, là-bas, le confort et le conforme d’une société chloroforme. Il renonça à la littérature, tournant le dos à une société qui ne voulait pas de lui. Pour autant, sa voix poétique et son don de voyance demeurent encore une révolution continue qui illumine nos cœurs d’un athéisme profondément spirituel. » (Marc Le Monnier)

 

Lire la suite "Vous faire rappeler Arthur" »


Mauvaises résolutions (très)

Hier et aujourd'hui, là, maintenant, ici

P1020001

Pour lire ce billet, il convient d'être équipé d'un module second degré confirmé.

Je n'ai hélas aucun téléchargement à vous indiquer

1 - Je n'indiquerai plus aux gens leur chemin. C'est vrai quoi, depuis l'enfance, comme la Mathilde du livre "Les heures souterraines" (1),  j'ai une tête à chemin. Parmi une foule de passants dont certains peu pressés, et alors même que je peux être chargée d'un bagage, de livres ou de commissions, c'est toujours à moi qu'on demande. 

Admettons que ça a commencé quand j'avais 12 ans et qu'environ 15 jours par an pour diverses raisons je ne mets pas le nez dehors, et que quand je le fais je renseigne en moyenne 3 personnes par journée (je baisse le nombre courant afin de tenir compte de séjours normands où effectivement je suis moins sollicité qu'à Paris, Bruxelles, ou récemment Marseille). Supposons qu'entre comprendre ce que cherchent les personnes perdues et leur expliquer par où passer ou leur exprimer mon ignorance ça me prenne 3 minutes à chaque fois. J'aurais (sauf erreur) consacré 148 jours et 9 heures de ma vie à renseigner les autres, comme ça, pour rien, gratuit, alors qu'à moi on fait payer le moindre truc utilisé (ou pas : je paie bien la redevance pour une télé que je ne regarde jamais). Tous les bouquins que j'aurais pu lire à la place ! Il ne faut pas que je m'étonne après ça de n'avoir jamais eu le temps de m'initier au bondage

Dès à présent, ne comptez plus sur moi, débrouillez-vous avec vos i-trucs, GSM, PSG et tout ce que vous voulez, ou perdez-vous définitivement.

Je ferai toutefois une exception pour Barack Obama. Des fois que les services spéciaux secrets de sa personnelle sécurité lui aient encore confisqué son blackberry.

2 - Je n'irai pas voter. Ben oui quoi, comment aller voter sans passeport valide ni carte d'identité et vu que je suppose que ça me prendra du temps avant de parvenir à les renouveler.

3 - Je ne recueillerai plus les paquets des voisins en leur absence. C'est vrai quoi, après ils viennent sonner en plein pendant que j'écris et je ne retrouve plus le fil fragile où en funambule incertaine j'évoluais. Y z'iront faire la queue comme tout le monde, avec toutes leurs poussettes, leurs chats, leurs chiens et leurs bébés ou leur canne (pour les plus âgés). Non mais !

4 - Je continuerai à jouer au loto. Selon toutes probabilités, c'est carrément stupide. Mais avec mon vieil abonnement j'ai gagné 431,30 € en 2009, plus de 2000 € en 2008, donc persévérer dans cette voie hasardeuse m'est un peu tentant.

5 - J'arrêterai l'amour. Ben oui quoi si je veux continuer à gagner au loto. En fait je crois qu'il a arrêté moi, tout seul et sans prévenir, ce qui est la plus grande différence entre l'amour et le tabac : les cigarettes ne disparaissent jamais d'elles-mêmes. Le fumeur peut agir sur sa destinée. L'amoureuse non.

Et d'ailleurs ...

6 - Je n'utiliserai pas de préservatifs.

7 - Je n'utiliserai pas non plus de billets de 100 €. Quand j'aurais de grosses sommes d'argent à payer en liquide ce sera uniquement en petites coupures et comptez pas sur moi pour recompter.

8 - J'irai voir un marabout. Je lui demanderai un "retour immédiat de l'être aimé" (ou plutôt un aller) "il courra derrière vous comme un chien derrière son maître désenvoutement, problèmes familiaux, chance aux jeux" non, ça c'est pas la peine, j'ai déjà. D'ailleurs mon quota de chance ayant été épuisé au loto, je tomberai sur un qui sera particulièrement charlatan et n'y parviendra pas. En revanche Wytejczk réapparaîtra. Mais je ne saurai pas si ça vient du marabout ou pas. Et ça sera pour m'intenter un procès d'avoir parlé de lui dans mon blog comme d'autres l'ont fait au cinéma déjà.

9 - Je continuerai à poster des billets et chez les autres des commentaires sans rien relire au préalable. Comme ça je ferai encore plein de fautes et ne me rendrai pas compte des tournures ambiguës que d'aucun interpréteront dès lors tout de traviole. Sur facemuche ma rubrique "ennemis" sera plus peuplée que l'autre. Et ça fâchera sans doute en plus quelqu'un qui sera vexé d'avoir moins d'ennemis que moi. C'est toujours comme ça.

10 - Je ne répondrai pas à mes mails.
Comment ça, je le fais déjà ?

11 - En revanche je répondrai aux cartes et messages de vœux. Ce qui veut dire que de moi-même je n'en enverrai pas (2). Fini de perdre du temps pour des gens qui ne s'en soucient pas. Mais pour ceux qui m'en auront envoyés, je répondrai avec ponctualité en m'adaptant au mode qu'ils auront choisi, du papier à l'écran de l'ordinateur ou de téléphone.

12 - Je laisserai tomber tous ceux qui n'ont pas l'internet ou se refusent de l'utiliser à titre personnel, sauf une deux dames que j'admire. Et pareil pour ceux qui n'ont pas de téléfonino (3). Si on fait tout pour se couper du monde, le monde n'a pas à se compliquer la vie. On va quand même pas en revenir au télégraphe et aux signaux de fumée. Cette mauvaise résolution numéro 12 devrait me permettre l'air de rien de semer les derniers vieux cons qui malgré tous mes efforts de la merveilleuse saison 2005/2006 ne m'avaient pas lâchée.

13 - Je continuerai à être insupportablement lente dans tout ce que fait. Et donc en retard. Tant pis, vous attendrez.

14 - D'ailleurs je ne penserai à lancer mes lessives que le soir après 22 heures, si possible 23. Comme ça je paierai moins cher l'électricité. Tant pis pour les voisins.

15 - Je vivrai avec délectation aux crochets d'un époux ou de la société. Plus question de travailler à autre chose qu'au futur Goncourt de mon prochain amant (horizon 2025 ; de toutes façons en 2010 j'aurai les résolutions 5 et 6 à tenir).

16 - Je boirai comme un trou. D'abord parce que c'est très chic quand on écrit de faire poivrote (n'est-ce pas Marguerite ?), et puis parce que depuis que je sais par Jean-Michel Guenassia que l'absence de troubles face à l'alcool est une maladie, je me dis qu'il est tant que je traite l'absence de mâle par le mal.

16 bis - [censuré]

17 - Je n'achèterai plus les bouquins de ceux qui ne me les feront pas parvenir au moins par SP. Et quand je craquerai ça sera sur Amaz*n, et surtout pas en librairie. Ou alors à la Fn*c. Et si la dédicace n'est pas chouette, j'en dirai tout plein du mal.

18 - Je publierai sans leur autorisation des photos volées et compromettantes des gens. J'en vois qui pâlissent. Hé oui, j'ai (déjà) du stock. Remarquez, hein, ça peut se négocier ...

19 - Je serai encore plus snob. Qui a sussuré, C'est pas possible c'est déjà fait ?

20 - Je n'essaierai plus de réconforter quiconque, ça ne m'attire que des ennuis.

21 - Je deviendrai une chieuse hystérique (4). Il paraît que c'est vachement plus efficace que le marabout.


MAIS

si ça peut en rassurer quelques-uns

Je continuerai à participer aux files d'attente de l'opéra Bastille, parce que ce serait trop bête puisque je n'ai pas à poser de jours de congés, de n'en pas faire profiter les copains et que nous nous y retrouvons en fort bonne compagnie (en plus d'obtenir de bonnes places à la fin).

BONNE ANNÉE

nota bene : L'une au moins des mauvaises résolutions ne devrait strictement rien changer, la probabilité d'une occurrence la concernant tendant grave vers zéro.

malus tracks : Je comprendrai enfin que Bashung est mort et poserai nue dans le calendrier des hétéroblogueuses.

"Toutes les fameuses résolutions prises à l’occasion de la nouvelle année nous engagent à plus de discipline, d’ordre, d’hygiène, de rigueur, alors que rien ne vaudrait mieux pour nous que de mettre plutôt notre petit système en vrac."
Éric Chevillard dans l'Autofictif du 1er janvier



(1) La citation exacte est : "Mathilde a la tête de quelqu'un à qui on demande des renseignements. Depuis toujours on l'arrête dans la rue, on baisse sa vitre quand elle passe, on s'approche d'elle avec cet air embarrassé. Alors Mathilde explique, tend les bras, montre le chemin." ("Les heures souterraines", Delphine de Vigan, (ed JC Lattès p 85)

(2) Sauf à trois personnes d'exception.

(3) Sauf deux mais c'est vraiment que je les aime beaucoup.

(4) J'en vois un au fond qui dit, Tu l'es déjà.
- Tare ta gueule à la récré, espèce de pas terminé !


[photo : quelques antiquités qu'un rangement a exhumées]

Lire la suite "Mauvaises résolutions (très)" »