La gouvernante Céleste
06 janvier 2010
Petit Palais, Paris, ce mercredi
J'ai eu aujourd'hui le privilège de revoir une partie du film dont suit un extrait (puisse le lien perdurer).
L'émission date de 1961 ou 1962 et les témoins pour la plupart sont déjà âgés.
Les femmes sont dénommées par prénom + nom de leur mari. Chez certains de ceux-ci eux-mêmes renommés voire "De l'Académie Française", on sent un vague regret de n'être pas entretenus de leur œuvre personnelle mais de celle de Marcel, ce type avouez un peu bizarre qu'ils avaient en leur jeune temps fréquenté.
Jean Cocteau, vif de pensées et bien dans sa peau, fait bonheur parmi l'ensemble des airs compassés.
Et puis il y a Céleste. Céleste Gineste (Albaret) qui visiblement récite un texte qui s'est écrit dirait-on à force de se raconter. Céleste qui ne revendique rien pour elle-même que d'avoir été là.
Céleste qui se laisse encore déborder par l'émotion, 40 ans (dont une guerre) après.
Parce qu'il arrive dans une vie des choses qu'on est incapables d'évoquer sans pleurer.
Si j'avais vu ces images avant ma sale saison 2005/2006, avec cette arrogance qu'on a tant qu'on n'a pas vraiment morflé, j'aurais peut-être estimé qu'elle en faisait un peu trop dans la peine manifeste.
À présent, je sais.
Son Marcel, elle l'aimait.
Et je sais aussi que c'était pour elle une grande difficulté que de témoigner. Mais qu'elle le fait pour lui et qu'à travers la caméra, c'est à lui qu'elle tente encore de parler.
Elle n'est plus là, même si elle a vécu jusqu'à loin. J'aurais tellement aimé pouvoir la remercier. Nous lui devons beaucoup.